Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

20 d'abril de 2024
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Georges Bensoussan :”Les pogroms en Palestine avant la création de l’État d’Israël (1830-1948)”

L’historiador jueu francès Georges Bensoussan acaba de publicar per encàrrec del think tank Fondapol l’opuscle titulat “Les pogroms en Palestine avant la création de l’État d’Israël (1830-1948)“, on analitza les massacres de jueus durant el segle XIX durant el domini del soldant otomà sobre la terra ancestral  del poble hebreu per tal de delmar-ne el nombre i sotmetre’l a la condició de “dhimmis” (protegits, en àrab). En una entrevista al setmanari Le Point (reproduïda ahir per Tribune Juive) Bensoussan enllaça els pogroms dels anys 1830, 1920-1930 et de 1948, amb la tragèdia del 7 octobre 2023.

Heus aquí els capítols dedicats als atacs àrabs contra els jueus del segle XIX, que desmenteixen per si sols la brama segons la qual la presència jueva a “Palestina” té un origen colonial:

“Au XIXe siècle, sous l’Empire ottoman, les Juifs de Palestine résident principalement à Jérusalem, Safed et Tibériade. Haïfa et Saint-Jean-d’Acre comptent de plus petites communautés. À Jérusalem, comme souvent dans l’espace arabo-musulman, la condition juive est marquée par un climat d’humiliation et de crainte diffuse dont témoigne au XIXe siècle le voyageur juif Abraham Yaari dans son livre Voyages en Eretz Israel5 : « Les Arabes sont violemment hostiles aux Juifs, et persécutent les enfants d’Israël dans les rues de la ville. Si un notable ou même des gens de basse classe portent la main sur des Juifs, nous n’avons pas le droit de porter en réponse la main sur eux, que ce soit des Arabes ou des Turcs, car ils sont de même religion. Si un Juif est frappé, il doit prendre une attitude de suppliant et ne pas riposter par des paroles méchantes, de peur de recevoir encore plus de coups, car, à leurs yeux, nous sommes des gens de rien. Les séfarades se comportent comme cela parce qu’ils en ont déjà l’habitude. Mais les ashkénazes ne sont pas encore habitués à être frappés par les Arabes, et ils répondent par des injures s’ils peuvent parler leur langue. Sinon, ils gesticulent en colère, et alors ils reçoivent encore plus de coups. […] C’est la même chose pour les incirconcis (c’est-à-dire les chrétiens) qui sont en exil [sic] comme les Juifs, sauf que les incirconcis ont beaucoup d’argent, car ils en reçoivent des royaumes d’Europe, et avec cet argent ils peuvent soudoyer les Turcs. Les Juifs n’ont pas assez d’argent pour faire de même, ils sont donc encore un peu plus « en exil » ».

En 1831, la « Syrie du Sud » (c’est ainsi qu’on désigne en terre arabe la province que les Occidentaux dénomment « Terre sainte » ou Palestine) et dont Safed fait partie, est annexée par Méhémet-Ali, vice-roi d’Égypte. La communauté juive de Safed, l’une des plus importantes du pays, est depuis longtemps à majorité juive comme en témoigne vers 1625 l’orientaliste italien Franciscus Quaresmius qui écrit de Safed qu’elle est « habitée principalement par les Hébreux, où ils ont leurs synagogues et leurs écoles ». La communauté se renforce avec l’arrivée de Juifs russes (1776-1781) puis de Juifs originaires de Lituanie (1809-1816).

Le progressisme de Méhémet-Ali et la réaction arabe : le pogrom de 1834

Safed fait partie du vilayet6 (wilaya en arabe) de Sidon, et les Juifs du vilayet résident principalement à Safed et à Tibériade. À partir de 1831, la gouvernance égyptienne de la « Palestine », déléguée par Méhémet-Ali à Ibrahim Pacha, entraîne une modernisation qui bouleverse les équilibres sociaux traditionnels entre les communautés, et, in fine, un soulèvement de la population rurale arabe qui va focaliser sa violence sur les Juifs.

L’une des principales décisions de Méhémet-Ali est en effet de favoriser les Juifs et les chrétiens, jusque-là laissés-pour-compte, dans la gestion et l’administration de ses provinces, y compris de la vallée du Nil et de la « Palestine ». Il cherche également à s’entourer de nombreux Occidentaux pour mener à bien des réformes d’importance et des travaux de grande envergure.

C’est donc sous son règne que les Juifs ashkénazes obtiennent l’annulation du décret ottoman qui leur interdisait de s’installer à Jérusalem. De là, la colère des principaux notables, aussi bien des dignitaires religieux islamiques que des chefs ruraux locaux qui, de Naplouse à Hébron, et de Jérusalem à Jaffa voient leur pouvoir désormais strictement contrôlé par l’administration de Méhémet-Ali d’Égypte et non par Istanbul. Plus encore, envoyé par Méhémet-Ali, le gouverneur Ibrahim Pacha met en œuvre une réforme fiscale capitale qui introduit l’égalité devant l’impôt : de quoi ulcérer les privilégiés ramenés au droit commun, et bouleverser l’équilibre social dès que ces derniers ne pourront plus vivre, comme jadis, de l’impôt payé par les non-musulmans. S’ajoutent à cela de nouvelles taxes sur les récoltes, en particulier sur les récoltes d’olives qui demeurent une production majeure de la région.

Enfin, poursuivant dans la même veine réformatrice, Ibrahim Pacha instaure la conscription obligatoire par tirage au sort pour toute la population. C’est un motif de mécontentement supplémentaire dans une paysannerie massivement majoritaire. Cette politique d’ouverture à l’égard des minorités chrétiennes et juives provoque le courroux à la fois des milieux conservateurs et populaires, soudain contraints d’admettre la disparition de la condition discriminée des Juifs qui constituait jusque-là la seule marque de leur supériorité présumée. Ils fomentent et dirigent alors une insurrection pour s’en débarrasser en visant les non-musulmans et, en particulier, les Juifs qui vont en payer le prix fort. C’est dans ce contexte qu’au mois de mai 1834, la révolte éclate dans les régions de Naplouse, Hébron, Bethléem et Safed. Les paysans, furieux, probablement excités par un prédicateur local du nom de Muhammad Damoor qui s’autoproclame « prophète islamique », s’attaquent aux Juifs, détruisent leurs maisons et multiplient toutes sortes de violences. Le pogrom proprement dit débute le 15 juin 1834. Il dure trente-trois jours. C’est un carnage. Les villageois arabes et bédouins ainsi que les habitants de Safed (dont des Turcs) qui se sont armés, massacrent les Juifs et violent leurs femmes. On compte probablement plus de cinq-cents morts. Les synagogues sont pillées avant d’être incendiées, les objets précieux volés ou détruits. Dans son livre Les événements du temps (Korot Ha Itim), le rabbin Menahem Mendel de Kamenitz témoigne de ces violences : « Le dimanche 18 Sivan, les pillards en provenance des villages voisins (de Safed) se sont déchaînés. Les habitants d’autres localités se sont joints à eux. Avec des épées et des outils meurtriers, ils se sont jetés sur les Juifs, les ont écrasés par terre, leur ont arraché leurs vêtements, aux hommes comme aux femmes, les ont chassés tout nus de la ville et ont mis à sac leurs possessions. Il n’en est rien resté. Ils ont même lacéré les rouleaux de la Torah ainsi que les talettim et les tefilin7

De sa cachette, le rabbin Israël de Shklov fait parvenir plusieurs lettres aux consuls d’États étrangers en poste à Beyrouth. Il les informe en détail des épreuves endurées par plusieurs de leurs ressortissants, sujets juifs « protégés » par des puissances étrangères. En réaction, les consuls encouragent Ibrahim Pacha à se rendre à Safed pour y mater la rébellion. Celui-ci charge de cette mission l’émir des Druzes8, Emir Bashir qui, depuis le Liban où il réside, descend en Galilée. À la mi-juillet 1834, l’émeute reflue et la plupart des émeutiers s’enfuient. Plusieurs de leurs chefs, arrêtés, sont exécutés en pleine rue. Quand les Juifs de Safed retournent chez eux pour récupérer ce qui a échappé au pillage et à la destruction, et en dépit de l’aide fournie par les consuls à leurs sujets les plus démunis, la plupart d’entre eux se retrouvent ruinés, ayant sauvé moins de 10% de la valeur de leurs biens. La seule imprimerie hébraïque de toute la province de Syrie – Palestine, qui avait été mise sur pied trois ans plus tôt par un Juif ashkénaze, (Israël Bak, 1797-1834), est détruite.

La violence déborde rapidement Safed et gagne la Judée, plus au sud. Ibrahim Pacha rassemble quelques milliers de soldats égyptiens et marche vers Jérusalem. Le cheminement est extrêmement difficile, entravé par les insurgés maîtres des villages qui surplombent la route. Arrivé dans la ville sainte, Ibrahim Pacha libère six-cents soldats égyptiens qui s’étaient enfermés dans la citadelle et brise finalement la révolte. Les autorités ottomanes, elles, avaient laissé faire les émeutiers.

Les pogroms d’août 1838

Le pogrom de 1834 connaît une réplique en août 1838. Pendant trois jours, les Druzes descendus des hauteurs du Hauran et du Liban, assistés des Arabes, se révoltent à leur tour contre le pouvoir égyptien et pillent à nouveau la communauté juive de Safed. On assiste à la même désolation qu’en 1834. Des Juifs sont égorgés, des maisons pillées, des synagogues profanées, des femmes violées. De nombreux Juifs s’enfuient vers Saint-Jean-d’Acre ou Jérusalem, laissant dans la ville moins de mille familles. Le futur secrétaire du grand philanthrope juif anglais Sir Moses Montefiore, Louis Loewe, est alors en Palestine. Il apporte son témoignage : « En plus de tout ce qu’ils ont pillé, les Druzes exigent des Juifs une somme équivalente à 2.500 livres anglaises que, bien entendu, les Juifs n’étaient pas en mesure de payer. Les Druzes s’emparent alors du rabbin qui dirige la communauté ashkénaze, un vieillard, ils lui attachent les mains et les pieds et placent la lame d’une épée nue sur son cou. Ils menacent de lui couper la tête si l’argent ne leur est pas versé immédiatement. Celui-ci ne demande pas qu’on épargne sa vie qu’il est prêt à sacrifier pour sauver sa communauté. Tout ce qu’il demande, c’est qu’on verse un peu d’eau propre sur ses mains pour qu’il puisse dire une prière et proclamer que Dieu est juste dans toutes ses voies. Alors, tous les présents lancent un cri déchirant, et les Druzes eux-mêmes semblent avoir été touchés. Ils retirent l’épée et finissent par accepter un arrangement avec la communauté, lui donnant le temps de trouver à emprunter la somme exigée9.

Les pogroms de Safed en 1834 et 1838 sont de nature confessionnelle comme le seront en 1860 les massacres des chrétiens du mont Liban perpétrés par des Druzes. Entre le 9 et le 17 juillet 1860, parties du Liban et des hauteurs du Golan, les émeutes gagnent Damas où près de six-mille chrétiens sont massacrés, près du tiers de la population chrétienne de la ville abandonnée aux assassins par le gouverneur ottoman, Ahmed Pacha. Ce massacre va précipiter l’exode des chrétiens vers l’Europe, l’Afrique et les Amériques, mais aussi vers l’Égypte, où de nombreuses familles chrétiennes d’origine syrienne et libanaise s’installent à la fin du XIXe siècle.

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