la torpeur d’un mois d’août espagnol, deux frères s’évadent quelques jours vers le sud. La nature sublime, les paysages paradisiaques du départ font place à une réalité humaine angoissante. Voyage à la dérive, Dies d’ Agost , qui concourt pour le Léopard d’or, évoque l’ Espagne prometteuse d’avant le franquisme. Carine Bernasconi A l’origine, le cinéaste catalan Marc Recha souhaitait réaliser un film sur Ramon Barnils, reporter et directeur du journal Solidaritat Obrera, décédé en 2001. Spécialiste de l’histoire espagnole, ce dernier évoquait fréquemment les années de la République comme une époque bénie. Cette réflexion ayant éveillé l’intérêt et la curiosité du réalisateur, Recha se lance alors dans la préparation du film. Immergé dans son travail de recherche, il ressent une impression de vertige et le besoin de prendre de la distance; il propose alors à son frère, David, de partir vers le Sud et de réaliser un film sur leur périple, avec comme figure tutélaire le fantôme de Ramon Barnils. En résulte ce film poétique et intimiste, qui met en scène deux faux jumeaux, Marc et David, interprétés par le cinéaste et son frère. Entretien avec Marc Recha Quels étaient vos liens avec Ramon Barnils? C’était un ami de l’époque, nous avions fait connaissance lors de mon premier long métrage, El cielo sube. Il était de 30 ans votre aîné, qu’est-ce qui vous attirait chez lui? Le personnage de Marc (celui qu’il incarne lui-même, ndlr) est attiré par les années précédant la dictature fasciste, des années de bonheur, particulièrement pour la population ouvrière de Catalogne. Les habitants avaient alors l’occasion de vivre d’une façon différente. C’était la période de l’industrialisation. La victoire des militaires fascistes a mis un terme à cette époque clémente et prometteuse. Expliquez-nous votre démarche cinématographique? L’idée initiale était de filmer un voyage d’apprentissage mêlant des éléments d’une réalité vécue à des éléments fictifs. Le film est ainsi devenu un voyage à la dérive, entre fiction et réalité. Mais le film était-il scénarisé? A l’époque du tournage, nous étions très attentifs à notre environnement et nous avons profité des aléas du tournage, en les fictionalisant certes, mais sans les programmer. Cette démarche s’inscrit dans la logique du voyage qui nous a poussé, notamment à la fin du film, vers un côté plus intime de la mémoire collective. Au départ c’était quelque chose de gai, d’amusant, le récit des vacances de deux gars, qui partent ensuite à la dérive. Quel est votre rapport à la nature?Nous avons été élevés, mon frère et moi, dans l’ambiance plutôt libertaire des années septante. C’était l’époque du naturisme, du macrobiotique, du végétarisme; les gens privilégiaient le contact avec la nature. Mais les personnages ont un regard changeant sur la nature? Oui car l’environnement n’est pas une carte postale, c’est aussi des paysages urbanisés portant la trace de l’intervention humaine. Cette empreinte, représentée par les usines, les centrales nucléaires, nous renvoie à lamémoire collective. Vous présentez Ramon Barnils comme le moteur du film. Comment le film fait-il le lien entre le spectateur et le journaliste? Il existe plusieurs lectures du film, il y a, d’une part, cette histoire charmante, magique, racontée par la voix off, du voyage de deux frères. Mais il y aussi le côté mystérieux de la mémoire collective où plane le fantôme du journaliste, représentant alors l’idéologie des années 30. Etait-ce un voyage à faire à deux? Il y a quelque chose de très intéressant dans cette relation fraternelle: lorsque Marc disparaît, son frère le cherche et, à travers cette disparitionmomentanée, prend conscience du concept même de l’absence . Dies d’ Agost Fevi, 5/8, 16.15 Répétitions: 6/8, 7/8
<><><><><>20 ans de
à Locarno dans le cadre de l’hommage rendu au cinéma catalan, Angela Bosch, directrice de Catalan Films et TV, nous fait part de son plaisir de se retrouver pour la première fois sur les bords du lac Majeur. Entretien. Commentavez-vousdébuté cette collaboration avec le Festival de Locarno? Le but de Catalan Films et TV est la diffusion de la production cinématographique catalane à l’échelle internationale. Nous essayons de trouver des producteurs et distributeurs non seulement en Europe, mais également en Asie, en Amérique latine ou aux Etats Unis. Le Festival de Locarno est pour nous une extraordinaire opportunité de promouvoir notre cinéma et de pouvoir rencontrer de nouveaux partenaires car la Suisse est au carrefour de l’ Europe! L’ambiance ici est propice au travail et aux nouvelles rencontres car les professionnels du cinéma y viennent détendus et ouverts à de nouvelles perspectives cinématographiques. Qu’attendez-vous de cette édition 2006? Nous avons trois objectifs: apprendre à mieux connaître nos partenaires commerciaux, trouver quels films conviennent le mieux aux distributeurs que nous avons rencontrés et réunir des fonds afin de co-produire certains de nos projets. Nous espérons que le Festival fera office de ?erassembleur” à ces trois niveaux. Comments’est effectuée la sélection des films catalans présentés à Locarno? En tant qu’organisme financé partiellement par l’ Etat, nous avons l’obligation de montrer la totalité de la production catalane. Mais nous sommes libres de choisir quels films conviennent le mieux à tel ou tel festival suivant ses critères artistiques. Nous avons donc choisi, en collaboration avec la direction artistique du Festival de Locarno, quels projets pouvaient correspondre à l’identité de l’événement. ( jg)
|
<><><><>cinéma catalan Présente
|