Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

28 de març de 2024
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Pierre-André Taguieff: “Les intellectuels pro-Hamas, des ‘compagnons de route’, des ‘idiots utiles’ ou des ‘complices’?”

Ahir, a Le Figaro, Pierre-André Taguieff, eminent politòleg francès, denúncia un  cop més l’islamo-guachisme pro-palestí que ha derivat després de la massacre del 7 d’Octubre en un component més de l’antisemitisme on convergeixen tots els totalitarismes contemporanis.

On connaît le mot de Chamfort : « En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu, et on persécute ceux qui sonnent le tocsin. » Sonner le tocsin, c’est avertir d’un danger, après avoir fait un travail d’éveilleur, qui consiste à se montrer vigilant, c’est-à-dire attentif aux signes révélateurs ou annonciateurs. Mais il y a vigilance et vigilance, il y a l’authentique et la simulée. Les véritables vigilants, ceux qu’on peut considérer comme des lanceurs d’alerte, dès lors qu’ils pointent des menaces jugées négligeables ou inexistantes (islamisme, immigration non contrôlée, antisémitisme, etc.) par les tenants du politiquement correct, sont régulièrement taxés « d’extrême droite », disqualifiés en tant que « réacs », dénoncés comme « racistes » ou « fascistes », etc. C’est ainsi qu’on fabrique des infréquentables et des parias.

Pour les nouveaux inquisiteurs et délateurs se reconnaissant dans le camp « antifasciste » et « progressiste », il faut être non plus tant « absolument moderne » que « de notre époque », dans laquelle tout change, s’échange et se mélange. Le « nouveau monde » est marqué par la normalisation des « identités fluides », inévitablement « hybrides », et l’idéalisation de l’ouverture de toutes les frontières (« nous sommes tous des migrants »). Il faut donc ressembler aux derniers venus, ceux qui, selon le système médiatique, sont censés peupler ladite époque et se ressembler tous dans des sociétés de plus en plus « fluides » ou « liquides ». Or, l’époque est wokiste. C’est là sa morale et sa politique, dont la dimension religieuse ou gnostique a été reconnue et analysée par le philosophe Jean-François Braunstein. Dès lors, qui n’est pas wokiste ne peut être qu’un vestige de « l’ancien monde », donc « de droite » ou « d’extrême droite ».

La vigilance wokiste illustre une forme moralisante ou vertuiste de l’aveuglement militant, celui qu’on rencontre aujourd’hui dans les milieux intellectuels, médiatiques et politiques qui se veulent « de gauche », vraiment et totalement. Ils forment les troupes de l’extrême gauche émergente, une gauche postcommuniste (ou postmarxiste) qui s’est convertie à la politique des identités ou plus exactement des « minorités », et que j’appelle « la gauche gauchiste », une gauche sans projet autre que la lutte contre « l’extrême droite » dans tous les recoins des sociétés démocratiques occidentales. Cette obsession antidroitière conduit à des attitudes paranoïaques : ceux qui ont professionnalisé la chasse à « l’extrême droite » en viennent à l’inventer quand ils n’en découvrent aucune trace. Ils prennent ainsi leurs fantasmes pour la réalité qu’ils jugent intolérable.

Ce qui est frappant, en particulier dans les milieux de la nouvelle gauche intellectuelle, c’est l’extension de cette pathologie cognitive qu’est l’aveuglement idéologique, lié à un style d’activisme qui se réclame de la « résistance » plutôt que de la révolution. On peut l’analyser comme une forme d’aveuglement volontaire, qui ressemble fort à une servitude mentale volontaire, comme l’a bien vu le philosophe Yves Charles Zarka. Il s’agit d’un nouveau type d’aveuglement idéologique, postcommuniste, engendré par la combinaison d’un certain nombre de causes, anciennes ou émergentes (antiracisme, antifascisme, anticapitalisme, anti-impérialisme, anticolonialisme, antisexisme, antisionisme, anti-islamophobie, anti-occidentalisme ou hespérophobie, etc.), qui exercent une séduction intellectuelle en même temps qu’elles suscitent de l’indignation et du ressentiment envers les coupables désignés. La « cancel culture » en est la codification : on ne discute pas avec les « infréquentables », on les dénonce pour les exclure, les mettre hors d’état de nuire. La culture de l’annulation a chassé, non sans la criminaliser, la culture du débat.

L’intolérance et le fanatisme idéologique se sont donc installés dans le champ culturel comme dans le champ politique, où ils sont devenus attrayants. Affectant en priorité les intellectuels dits « progressistes », en particulier les jeunes universitaires et les étudiants engagés dans des groupes contestataires plus ou moins radicaux (c’est-à-dire à la fois intransigeants et violents), cet aveuglement est l’effet d’une totale soumission à la nouvelle idéologie dominante, qui est intersectionnaliste, décoloniale, identitaire et racialiste, néoféministe et pro-LGBTQIA+, islamophile et anti-islamophobe, propalestinienne et antisioniste. La bêtise idéologisée, au discours fleuri et sophistiqué, ne cesse de s’étendre depuis la vague déconstructionniste qui lui a donné des lettres de noblesse. C’est ainsi que se fabriquent de nouvelles générations d’« idiots utiles » se prenant pour des « terreurs » théoriques connaissant le sens de l’Histoire.

Aveuglés par leurs prétentions et leur vanité, ces nouveaux « idiots » politiquement instrumentalisables sont surtout utiles aux islamistes, qui, grâce à eux, ont acquis un statut victimaire tout en prenant la figure de « résistants ». La transfiguration des islamo-terroristes du Hamas en « résistants » en témoigne. C’est là le principal héritage idéologico-médiatique du mégapogrom du 7 octobre 2023, celui qu’a retenu la gauche gauchiste fascinée par la « résistance armée » de l’organisation djihadiste antijuive, dont les actions criminelles illustrent désormais le « bon » terrorisme, celui que les intellectuels de gauche n’ont cessé d’applaudir depuis les années 1950.

Ces mixtes de nationalisme et d’islamisme, du FLN algérien aux organisations palestiniennes comme le Hamas ou le Djihad islamique, séduisent toujours les mouvements d’extrême gauche qui, tels en France le NPA ou LFI, y projettent leur désir idéologisé de libération ou d’émancipation des peuples opprimés, c’est-à-dire, en dernière analyse, leur désir de révolution mondiale. Ils ont remplacé le prolétariat, trop « blanc » et « réac » à leur goût, par les « résistants » islamistes et plus particulièrement islamo-palestinistes. Un tel angélisme risque de les transformer en compagnons de route, voire en complices plus ou moins conscients, des groupes terroristes les plus sanguinaires. La gauche gauchiste reprend piteusement l’héritage de Sartre, celui de la préface aux Damnés de la terre (1961) de Frantz Fanon, alors que nous devrions revisiter d’urgence celui de Camus.

 

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