Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

20 de febrer de 2021
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Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires

El novembre de l’any passat un grup d’universitaris va decidir crear l’Observatoire du décolonialismeet des idéologies identitaires per tal de rebatre la penetració d’aqueixa ideologia al món acadèmic, i també al mediàtic i polític. Un fenomen també perceptible entre el progressisme abstracte i banal hegemònic ideològicament a Catalunya en ple procés independentista, i amb efectes pertorbadors per la desorientació estratègica que comporta.

Aqueix és el seu manifest fundacional: Appel de l’Observatoire du décolonialisme et des idéologies identitaires signé par 76 universitaires. Le texte de l’appel est paru sur le site du Point le 13 janvier 2021:

Nous faisons face aujourd’hui à une vague identitaire sans précédent au sein de l’enseignement supérieur et de la recherche. Un mouvement militant entend y imposer une critique radicale des sociétés démocratiques, au nom d’un prétendu « décolonialisme » et d’une « intersectionnalité » qui croit combattre les inégalités en assignant chaque personne à des identités de « race » et de religion, de sexe et de « genre ». Ces sociétés, assimilées à « l’Occident » aux dépens de toute approche géographique et historique rigoureuse, sont condamnées comme coloniales et patriarcales et comme lieux où sévit un « racisme systémique », dans des discours confondant science et propagande. Ce mouvement idéologique procède à une occupation méthodique des postes de prestige savant, ce qui l’a fait sortir de la marginalité malgré l’extrémisme, l’intolérance et la vindicte qui le caractérisent.

Les idéologues qui y sont à l’œuvre entendent « déconstruire » l’ensemble des savoirs. Il ne s’agit pas pour eux d’exercer librement les droits de la pensée savante sur ses objets et ses méthodes, mais de mener la critique des savoirs dans un esprit de relativisme extrême, discréditant la notion même de vérité. Tout savoir est exclusivement réduit à des enjeux de pouvoir, et les sciences sont systématiquement dénoncées du fait des dominations de race, de culture, de genre, qui seraient à leur fondement.

Militantisme et « déconstruction » se conjuguent ainsi pour limiter l’exercice de la rationalité critique et le débat scientifique argumenté. Le nouveau credo du décolonialisme et des idéologies identitaires se répand sur les réseaux sociaux qui l’amplifient, et ses adeptes visent quiconque refuse la conversion : des phénomènes de censure, d’intimidation, de discrimination politique ont instauré des clivages inédits et conduisent de jeunes doctorants à s’aligner sur les nouveaux mandarins sous peine de ne jamais obtenir de postes.

Or, le problème est loin de se cantonner à la profession des enseignants-chercheurs. En effet, la question de la science pose celle de la formation sur laquelle repose l’École, clé de voûte de la République. De plus la conquête méthodique d’une hégémonie culturelle se traduit par une emprise croissante sur les médias, ce qui limite considérablement l’espace du débat démocratique.

C’est précisément parce qu’il est crucial de combattre les discriminations racistes et sexistes dans notre société qu’il est nécessaire de combattre ces nouvelles formes de fanatisme. Celles-ci s’autorisent de nobles causes sans apporter aucune solution valable aux problèmes soulevés. De surcroît, ces nouveaux militantismes fanatiques procèdent à de curieuses inversions. Au nom de l’« antiracisme politique », on revendique des identités raciales et on assigne les individus à leur « blanchité » ou à leur non « blanchité ». En prétendant développer une écriture « inclusive », on entend imposer une orthographe contraire aux fondements de la langue, impossible à enseigner, et donc profondément excluante. Au lieu de développer un savoir situé socialement et historiquement, on prétend enfermer tout savoir dans un genre, une race, une culture ou un âge, qui se trouvent ainsi essentialisés en identités. Ce n’est pas ainsi que l’on combat le racisme, le sexisme ou les inégalités à l’intérieur d’une nation ou entre les nations. Et cet identitarisme qui progresse au sein de l’Université menace en retour de faire progresser d’autres formes d’identitarismes en dehors de l’Université.

En lançant l’Observatoire du décolonialisme et des autres idéologies identitaires qui se présentent comme savantes, nous appelons à mettre un terme à l’embrigadement de la recherche et de la transmission des savoirs. C’est pourquoi nous invitons toutes les bonnes volontés du monde de l’enseignement supérieur et de la recherche à contribuer aux travaux de l’Observatoire, à les diffuser et utiliser ses bases de données, pour constater avec nous le ridicule de ces discours dogmatiques qui ignorent tout de la distance à soi. Pour résister fermement aux intimidations idéologiques qui alimentent l’obscurantisme, il faut défendre le pluralisme et le goût de la discussion sur des bases rationnelles.

Signataires:

Michel Albouy, émérite Université de Grenoble – Roland Assaraf, CNRS – Claudine Attias-Donfut, émérite Cnav – Samir Bajrić, Université de Bourgogne – Fabrice Balanche, université Lyon-2 – Isabelle Barbéris, CNRS – Sami Biasoni, doctorant École normale supérieure – Yves Bottineau, émérite université Paris-7-Diderot – Jean-François Braunstein, université Paris-1-Panthéon-Sorbonne – Jean-Marie Brohm, émérite université Montpellier-2 – Pierre-André Buvet, université Sorbonne-Paris-Nord – Sylvie Catellin, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines – Joseph Ciccolini, APHP Marseille – Catherine Louveau, émérite université Paris-Sud – Georges Copinschi, Université libre de Bruxelles – Charles Coutel, Université d’Artois – Jacques de Saint-Victor, université Sorbonne-Paris-Nord – Gilles Denis, Vigilance Universités – Albert Doja, Université de Lille – Jean Dupèbe, université Paris-Nanterre – Michel Erman, Université de Bourgogne – Michel Fichant, émérite Paris-Sorbonne – Renée Fregosi, université Paris-1-Panthéon-Sorbonne – Édith Fuchs, Institut d’études politiques de Paris – Alexandre Gady, université Paris-Sorbonne – Monique Gosselin-Noat, université Paris-Nanterre – Yana Grinshpun*, université Sorbonne-Nouvelle – Hubert Heckmann*, Université de Rouen – Emmanuelle Hénin, Sorbonne Université – Nathalie Heinich, CNRS – Catherine Kintzler, Honoraire université de Lille – Mustapha Krazem, Université de Lorraine – Marcel Kuntz, CNRS – Andrée Lerousseau, Université de Lille – Arnaud Larcheret, Arabian Gulf University – Anne-Marie Le Pourhiet, université Rennes-1 – Franck Lessay, émérite université Sorbonne-Nouvelle – Laurent Loty*, CNRS – Jean-Marie Maguin, université Paul-Valéry – Joseph Martinetti, Université de Côte d’Azur – Éric Maulin, Université de Strasbourg – Samuel Mayol*, université Sorbonne-Paris-Nord – Adel Mtimet, Université de Gabès en Tunisie – Frank Muller, émérite Université de Strasbourg – Serge Niémetz, Université de Lorraine – Bruno Ollivier, émérite Université des Antilles – Fabien Ollier, directeur des éditions QS – Laetitia Petit, Aix-Marseille Université – Rémi Pellet, Université de Paris – René Pommier, honoraire Paris-Sorbonne – André Quaderi, Université de Côte d’Azur – Gérard Rabinovitch, Institut européen Emmanuel Levinas – François Rastier, émérite CNRS – Nicolas Robert, université Grenoble-Alpes – Gilbert Romeyer–Dherbey, Sorbonne Université – François Roudaut, Université de Montpellier – Bernard Rougier, université Sorbonne-Nouvelle – Xavier-Laurent Salvador*, Sorbonne-Paris-Nord – Georges Elia-Sarfati, Université de Strasbourg – Pierre Schapira, Sorbonne Université, CNRS, IMJ-PRG – Bruno Sire, Président honoraire université Toulouse-1-Capitole – Isabelle Starkier, université Évry-Paris-Saclay – Jean-Paul Sermain, université Sorbonne-Nouvelle – Jean Szlamowicz*, Université de Bourgogne – Vincent Tournier, Sciences po Grenoble – Pierre-André Taguieff, CNRS – Véronique Taquin*, classes préparatoires, Paris – Pierre-Henri Tavoillot, Sorbonne Université – Thibault Tellier, Sciences po Rennes – André Tiran, émérite Université de Lyon – Dominique Triaire, Université de Montpellier – Shmuel Trigano, émérite université Paris-Nanterre – Pierre Vermeren, université Paris-1-Panthéon-Sorbonne – Wiktor Stoczkowski, EHESS & encore: Philippe d’Iribarne, anthropologue – Christophe de Voogdt, Historien – Jean-René Ladmiral, traductologue – Patrick Henriet, Directeur d’Études.

Post Scriptum, 3 d’abril del 2021.

Ahir a Le Figaro, Wiktor Stoczkowski, un dels universitaris promotors d’aqueix observatori, considera que la perillositat dels estudis descolonials rau en la promoció d’una societat permanentment conflictiva entre els dominants i els dominats sense perspectives de solució més que amb l’extermini dels primers. Aqueixa lectura reduccionista de l’antagonisme real al si de les societats obertes occidentals deriva de les tesis desconstructivistes de Bourdieu i s’oposen a la visió pro-solidària que defensava Durkheim: “La controverse sur les études décoloniales oppose deux visions du monde.

Post Scriptum, 19 d’abril del 2021.

Per Emmanuel Rastier, director de recerca al CNRS, avui a Le Figaro, aqueixes ideologies convergeixen en llur discurs victimista filant la culpabilització d’Occident mitjançant l’acusació d’islamofòbia: «La proximité historique entre les mouvances islamistes et décoloniales dépasse le cadre universitaire».

Post Scriptum, 4 d’abril del 2023.

Le Figaro del 31 d’agost del 2022:  “Dans son ouvrage court et incisif Cancel!, l’universitaire Hubert Heckmann décortique le phénomène de la cancel culture, importé des États-Unis, et le danger qu’il représente en France. Réduire une œuvre à un rôle de message politique, c’est ne pas comprendre la littérature, ajoute-t-il. La «cancel culture» fabrique-t-elle une génération d’ignorants?

Post Scriptum, 5 de desembre del 2023.

La manifestation contre l’antisémitisme du 12 novembre a réuni essentiellement des cheveux gris. Où sont les jeunes ? Dans les universités, il est clair que les étudiants arborent plus facilement le keffieh que la kippa. Dans une tribune récente, publiée sur Mediapart et complaisamment relayée par les listes de diffusion des sciences sociales, des universitaires se plaignent de voir surgir une censure sur les universités qui interdirait de critiquer Israël. Fichtre, on peine à croire que la ferveur pro-israélienne soit si étouffante.

Si on y réfléchit, ce problème n’est pas nouveau. Les mouvements totalitaires ont toujours fasciné. Ils ont toujours reçu le soutien des jeunes et des étudiants. Dans les années 1960-1970, on se passionnait pour le maoïsme chinois et les Khmers rouges cambodgiens. Le col Mao ou la casquette prolétarienne étaient de rigueur. Entre les deux guerres, c’était le fascisme italien et le national-socialisme allemand qui suscitaient l’enthousiasme des jeunes, comme l’avait fait auparavant la révolution bolchévique.

On a prétendu que, dans les régimes totalitaires, la jeunesse était endoctrinée par les associations de jeunesse. Certes, mais il ne faudrait pas oublier que les jeunes ne sont pas simplement des victimes : ils ont aussi contribué activement à l’avènement de ces régimes, perçus en leur temps comme « modernes » et « progressistes ».

Il y a certainement mille raisons à cet attrait pour la folie totalitaire : plaisir de la contestation, goût pour la radicalité, fascination pour la violence, relativisation de la mort, quête d’idéaux, dédain pour la démocratie libérale, soif de reconnaissance, conformisme, etc.

Il reste qu’une question demeure : pourquoi cet attrait continue-t-il d’être aussi puissant dans les pays occidentaux ? Comment ne pas y voir un échec du projet européen lui-même puisque l’Europe a prétendu se bâtir sur les ruines du totalitarisme avec l’espoir de tourner définitivement la page des heures sombres de notre histoire ?

Il faut dire que l’Europe elle-même n’est pas dénuée d’ambiguïté. Celle-ci s’est bien gardée de délégitimer la logique révolutionnaire portée par le communisme avec la même vigueur qu’elle a rejeté le fascisme. Et, aujourd’hui encore, l’UE et les États membres s’avèrent bien incapables, par calcul ou par idéologie, de désigner l’islamisme comme un ennemi. La proposition d’Emmanuel Macron de créer une coalition contre le terrorisme a recueilli un silence poli dans les capitales européennes.

Le résultat est là. Alors que l’expérience passée des régimes totalitaires était censée avoir définitivement immunisé la jeunesse européenne contre ce genre de périls, tout semble à refaire. Le retour des idéologies totalitaires sur les campus devrait terrifier les autorités politiques et académiques et les inciter à trouver des solutions pour casser urgemment ces logiques mortifères avant qu’elles échappent à tout contrôle.

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