Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

12 de març de 2024
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El trumpisme, l’altra cara del wokisme ?

Amb pocs dies de diferència dos articles de temàtica coincident m’han cridat l’atenció sobre els punts de convergència i divergència entre el denominat trumpisme i el wokisme, dos fenòmens sociopolítics nascuts als EUA però en ràpida expansió arreu del món occidental.

El primer escrit és de Richard Prasquier, una personalitat eminent entre la comunitat jueva francesa, que el proppassat 7 d’aqueix mes va publicar a Tribune Juive: “De Donald Trump à Judith Butler“.

Ce sont deux luminaires de la pensée contemporaine. Le premier, le monde entier le connait, depuis Washington jusqu’à la Corée du Nord où le 30 juin 2019, dans la zone démilitarisée, il a mis un  pied dans le pays  du dictateur Kim Jong Un. “C’est un grand jour pour le monde”, avait-il dit sobrement, paraphrasant Neil Armstrong arrivant sur la Lune “Un petit pas pour l’homme un grand pas pour l’humanité” …  Il s’agit évidemment de Donald Trump, vainqueur du “Super mardi” des primaires américaines, après lequel sa rivale Niki Haley a jeté l’éponge.

Le problème est qu’il n’a rien changé à la Corée du Nord, la dictature la plus impitoyable de la planète, puissance nucléaire et  grand pourvoyeur d’armement pour l’Iran et  la Russie . D’ailleurs les historiens disent  que la célèbre phrase d’Armstrong n’a jamais été prononcée telle quelle.  Parole, parole, chantait Adriano Celentano dans ma jeunesse…

On attribue à Donald Trump un concept philosophique majeur de notre époque, celui de post-vérité. Il n’a pas inventé le terme, il ne sait probablement pas ce qu’est un concept et n’a certainement jamais ouvert une page de philosophie, mais dès les premiers jours de sa présidence , sa conseillère en communication parlait de “faits alternatifs” quand on lui faisait remarquer que contrairement à ce que disait le nouveau Président,  très peu de personnes avaient  assisté à la cérémonie d’investiture.

Hanna Arendt avait écrit que  la post-vérité, qu’on n’appelait pas encore de ce nom, se caractérise par l’indifférence à la distinction entre mensonge et vérité. Cette tournure d’esprit est d’ailleurs aussi vieille que la société. On la trouve en matière religieuse dès qu’on suspend son jugement sur la vérité ou la fausseté des récits sacrés, auxquels on croit sans y croire. A l’inverse, quand on dit d’un individu qu’il s’engage “aveuglément”  derrière une idéologie ou derrière un homme , c’est aussi qu’il se dispense de toute confrontation à la réalité.

Outre ceux qui le suivent par intérêt ou parce qu’ils partagent certains de ses ressentiments, on retrouve chez les partisans de Trump ceux qui  ne croient pas à l’existence d’une  vérité objective comme ceux qui répètent avec enthousiasme les slogans de leur héros, comme MAGA, Make American Great Again, même si la formule pour rendre l’Amérique grande à nouveau consiste à se désintéresser des affaires du monde et laisser le champ libre à ses ennemis.

Trump lui-même se moque de la vérité, son narcissisme est sans limites et sa trajectoire judiciaire accablante. Mais ce sont là des caractéristiques qui lui servent pour entrainer les individus, humilier les adversaires, affabuler le passé et magnifier l’avenir. Il peut alléguer sans  preuve s’être fait voler l’élection, se dire aussi persécuté que Navalny, se vanter de résoudre le drame ukrainien en 24 heures et prétendre que s’il avait été au pouvoir, le Hamas n’aurait pas osé bouger,  ses admirateurs communient dans ses soi-disant combats et ses soi-disantes épreuves.

La présidence de Trump a été marquée par le contraste entre d’une part les initiatives  favorables à Israël, l’ambassade à Jérusalem, les Accords d’Abraham et la dénonciation d’un accord inepte et hypocrite avec l’Iran  et d’autre part les débordements antisémites de certains de ses partisans du QAnon . Par rapport au massacre du 7  octobre, Trump s’était peu exprimé. Il vient de dire qu’il faut laisser les Israéliens finir leur travail. Mais il n’est pas sûr qu’il aurait montré à l’égard d’Israël la même réactivité que Biden aux jours les plus sombres de l’histoire de ce pays, alors que le désengagement extérieur est l’un de ses mantras.

Pour l’autre personnalité américaine dont le nom est apparu dans les medias français,  à un niveau infiniment plus confidentiel, nous  savons comment elle aurait réagi si elle avait été aux “affaires”. Il s’agit de  Judith Butler, probablement la philosophe la plus influente de notre époque, qui a qualifié  les massacres  du 7 octobre  d’ “actes de résistance armée”. Elle devait donner une série de conférences à l’Ecole Normale Supérieure.  Il semble que celles-ci ont été reportées.

Judith Butler, née comme son célèbre mentor Noam Chomsky dans une famille juive très engagée, est la papesse reconnue  du woke ou plus exactement de ces “gender studies” dont l’emprise sur l’université américaine est en train de pervertir la liberté académique et de promouvoir des délires antisémites d’un genre -c’est le cas de le dire- inattendu.

Dois-je l’avouer, je n’ai pas lu ses livres.  Autant ses partisans la mettent au pinacle, autant ses adversaires prétendent que la tortuosité de son style masque la pauvreté de ses arguments en impressionnant le lecteur qui confond difficulté de compréhension et profondeur de pensée. Son premier livre de 1990,  qui reste le plus connu, n’a été traduit en français, sous le nom de “Troubles dans le genre” que 15 ans plus tard, alors que, de Simone de Beauvoir à Monique Wittig, de Jacques Lacan à Michel Foucault, la plupart des intellectuels dont elle s’inspire et qu’elle cherche à dépasser sont d’origine française. Judith Butler a créé le concept de binarité et a été jusqu’au bout de la vision de la différence sexuelle comme une simple assignation sociétale. 1990, c’est aussi la parution du livre de l’universitaire afro-américaine Kimberley Crenshaw qui crée le concept d’intersectionnalité des luttes, cette formule qui permet les regroupements les plus baroques.

Judith Butler coche parfaitement la case consacrée à la haine d’Israël.  Par leur influence, leur agressivité, leur simplisme, leur mépris  du débat, les idéologies antagonistes dont Donald Trump et Judith Butler sont les figures de proue ont finalement un air commun. Il n’augure rien de bon pour l’avenir de la pensée.

I el segon article és el signat ahir per Lilac Sigan al Jerusalem Post: “October 7 denial is the progressive version of Trumpism“. How does one react to accounts of mass rape, mutilation, and savage sexual violence? Some would rather not know about it in order to protect themselves. Others prefer to treat it with disbelief.

Those questioning the investigations of the mass rapes on October 7 instead of questioning the rapists are agents of “alternative facts” and cannot be considered serious journalists. For many, recent events are difficult to swallow, contain, or comprehend. How does one react to horrific accounts of mass rape, mutilation, and savage sexual violence? Some would rather not know about it in order to protect themselves, and some prefer to treat it with disbelief. Still, it happened. It all happened massively on October 7. Those who invest their energy in attempts to blur the incidents should not be referred to as serious journalists.

Israel found itself dumbfounded by the trauma twice: first, when details of the unimaginable massacre were slowly revealed along the weeks following the attacks; and then once more, by the hateful accusations, lack of belief that amounted to complete denial, silence from international women’s organizations, and finally the doubt of “progressive” journalists who keep requesting “more proof”.

What many of the proof demanders fail to understand five months after the horrendous massacre is how overwhelmed Israel was on October 7. People were in a state of shock, including the security forces and emergency teams. It took more than two weeks to even identify all the bodies, configure the number of casualties, and inform the families, let alone understand the magnitude of the horror.

Some of the soldiers that had to deal with the aftermath of the attack in the southern Israeli communities became physically blind for a few days because their brain could not endure the sights they were exposed to. No one was functioning regularly or thinking how he could “prove” the catastrophe to skeptics – people were making an effort to survive the moment and merely digest.

The barbaric sexual violence was trickled to the public slowly. The victims and their families’ privacy was taken into account, and the amount of cases was massive. So the information was carefully hinted or bypassed through Telegram channels here and there, for those who could stomach it. The massacre was a disaster zone, and simply too much for the authorities or the public to handle.

Come November, things were already quite clear. The fact that there were countless incidents of rape, gang rape, and mutilation of male and female sexual organs as a way of warfare became well known. Once some of the hostages returned during the short ceasefire at the end of November, more evidence of sexual violence emerged. Israelis had no choice but to deal with the news, whereas some Western media outlets and anti-Israeli social media influencers found quite a despicable way to deal with the horrors: Denial.

True and evident stories were ignored or labeled as “debunked” or “unconfirmed” by those who did not want to believe them. Many news outlets did not want to frustrate potential audiences, especially young and angry ones, and decided to play safe and report “both sides” equally – the Israeli reports of the horrors right next to the Hamas denials.

Israel has had to work incredibly hard just in order to get the attention of the UN, who failed to even condemn the inconceivable crimes of Hamas on October 7, and had to be hard-pressed in order to eventually set an investigation of the massive sexual crimes.

Finally, media channels began to expose the Western public to the sexual horrors. The most comprehensive investigation was conducted and published by the New York Times, which was surprising, seeing that the Times is considered very anti-Israeli by many Jews.

But now it seems that so-called progressive journalists, inside and outside of the Times, have the audacity to question not the barbaric conduct of Hamas, or what it could mean about the Palestinian ability to self-govern, but rather how the Times investigation was conducted and by whom, attempting to show it isn’t credible enough.

Post Scriptum, 18 de març del 2024.

Avui a Le Figaro, : «On peut détester Donald Trump, mais on doit détester plus encore l’injustice qui nous menace tous».

Je l’écris d’emblée. J’étais loin de prendre pour argent comptant les accusations de Donald Trump reprochant à la justice américaine, dans les nombreuses poursuites à son encontre, une malhonnêteté empreinte d’illégalité. D’abord parce que j’ai sans doute le tort d’imaginer l’herbe judiciaire plus verte ailleurs que dans le pays où j’exerce et où la justice actuelle me désespère. Ensuite, parce que l’ancien président et nouveau candidat américain a tellement tendance à voir partout des complots à son endroit, que, tel Pierre criant chaque jour au loup, j’avais tendance à ne plus écouter Donald Trump.

Certes, j’avais considéré que l’inflation de procédures à l’encontre d’un dur à cuire était contre-productive et le transformait en martyr. Ce n’est pas pour autant que je tenais ses poursuivants, tous trois démocrates, pour maladroits ou, pire encore, pour malhonnêtes. Mais je dois reconnaître qu’après avoir lu des journaux comme Le Monde et le New York Times, peu suspects de «trumpisme» excessif, ou encore le Wall Street Journal, j’ai acquis la conviction que le complotiste incendiaire était victime d’un complot judiciaire.

Commençons par le procureur Alvin Bragg. Celui-ci a eu l’idée discutable – et discutée – de poursuivre l’ancien, et peut-être futur, président américain pour avoir versé la somme équivalant à 119.000 euros à une ancienne actrice de cinéma pornographique avec laquelle il aurait entretenu un commerce en principe moralement interdit à un homme marié. Un esprit chagrin aurait pu reprocher à la dame un médiocre chantage, mais force est de constater que les médias américains n’ont pas l’esprit chagrin et que la femme passerait pour un peu pour victime. Et la somme pour acheter le silence ayant peut-être été réglée par une société du groupe Trump – selon la déclaration de Michael Cohen, ancien avocat de Donald Trump, l’ayant dénoncé pour sauver sa peau (ce qui pourrait également chagriner) – le procureur y voit un abus de bien social.

Les poursuites envers la victime d’un chantage, dénoncé par son avocat, paraissent donc, dans ces conditions particulières, pour le moins particulièrement disproportionnées, au regard de leur coût et de leur publicité. Mais voilà que l’article du Monde écrit que le procureur Alvin Bragg aurait seulement été payé «indirectement» par le milliardaire internationaliste George Soros. Donald Trump se permettrait pourtant de l’accabler d’injures et de reproches, à caractère nécessairement «antisémite». J’ignore de quelle manière «indirecte» le procureur new-yorkais a été payé. Mais je ne savais pas qu’un magistrat pouvait être payé, même indirectement, par un adversaire acharné de son accusé, sans être convaincu de dépendance dans le meilleur des cas et de corruption dans le pire des cas. En outre, j’avoue être chaque fois assez choqué – pour ne pas dire outré – lorsque je lis que tout grief proféré à l’encontre du milliardaire hongrois précité, quand bien même sa judéité ne serait en rien évoquée, serait constitutif d’antisémitisme. Je ne crois pas que Benyamin Netanyahou – ou l’auteur de ces lignes – bénéficie d’un tel privilège. Et c’est heureux.

Il y a ensuite la procureure Fani Willis, en Géorgie, qui poursuit Donald Trump pour le délit autrement plus sérieux que d’avoir tenté de modifier le résultat des élections. Or, nous avons appris que la procureure démocrate poursuivant le candidat républicain, entretenait des relations avec le procureur Nathan Wade, payé grassement 650.000 dollars pour enquêter à l’encontre de son célèbre accusé. Les deux tourtereaux sont, de surcroît, partis dans les Caraïbes et en Californie pour passer des vacances somptueuses. Un juge d’Atlanta, pour tenter de sauver Fani Willis, a d’ores et déjà débarqué son enquêteur particulier. Le mot de mœurs judiciaires de république bananière pourrait venir à l’esprit le moins outrancier.

Il y a enfin la procureure de New York, la mirobolante Letitia James, qui poursuit l’ancien président pour avoir surestimé la valeur de ses actifs, notamment immobiliers. Ce qui est contesté par l’intéressé. Comme le reconnaît sans barguigner le journaliste du Monde, chacun s’accorde à reconnaître que l’exigence démesurée de réclamer à son accusé le paiement d’une caution de 450 millions de dollars lui a fait perdre son crédit. Mais c’est surtout le caractère politicien et idéologique de la poursuivante démocrate afro-américaine, extrêmement à gauche, qui ruine sa crédibilité et autorise le soupçon de partialité. C’est cette procureure qui décrivait l’administration sous Donald Trump comme «trop masculine, trop claire, trop viciée». Une juge de notre syndicat du «Mur des cons» n’aurait certainement pas mieux dit.

Pire encore, en 2018, lors de sa campagne électorale pour le poste, Letita James prononça ces fortes paroles à l’encontre d’un président élu, encore en exercice : «Je n’ai qu’un mot à dire. Donald Trump, nous allons le poursuivre en justice. Nous allons l’emmerder. Il va connaître mon nom personnellement».

Nous en sommes arrivés à un tel point de partialité, que le très à gauche New York Times a été contraint d’écrire avec un euphémisme controuvé : «Son franc-parler à l’égard de Donald Trump montre la tension entre le devoir d’impartialité d’un procureur et les avantages politiques d’attaquer un républicain». Et le Wall Street Journal, plus direct : «Laetitia James sacrifie l’État de droit pour avoir Trump». J’ajoute que les trois procureurs démocrates sont noirs et que Trump n’est pas le dernier à souligner le contexte racialiste de poursuites menées, dans un cadre aussi partial idéologiquement que suspect financièrement.

À notre connaissance, le public français est largement tenu dans l’ignorance de ces circonstances extravagantes, pour des raisons qui tiennent de l’indignation idéologique sélective. On peut parfaitement détester Donald Trump pour d’excellentes raisons, mais on doit détester plus encore la fraude, le parti pris et l’injustice qui nous menacent tous. Le complotiste semble victime d’un complot de juges qui lui rendent bien involontairement un immense service. Le public français se doit de le savoir. Le scandale est qu’il n’y a pas scandale.

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