Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

12 de novembre de 2018
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La dissortada història dels cristians libanesos

Arran dels actes commemoratius del centenari de l’acabament de la Primer Guerra Mundial molts pobles han recordat els estralls soferts a conseqüència d’aqueix conflicte. Un dels que ha passat desapercebut és l’epidèmia de fam patida a la muntanya libanesa l’any 1915 poblada majoritàriament per cristians maronites que va causar aproximadament cent cinquanta mil víctimes de les quals no en resten més que alguns testimonis gràfics aportats pels avantpassat d’Émile Anthony Issa el-Khoury ahir a l’Orient-Le Jour de Beirut. Fou una gran fam induïda des del poder otomà i coetània del genocidi perpetrat contra el poble armeni i cristians assiris, però silenciada fora del Líban inclús avui dia.

Els cristians maronites eren sotmesos a un règim de marginació pel soldanat turc aliat dels reialmes germànics durant la Primera Guerra Mundial. Vinculats religiosament i culturalment a França alguns joves optaren per fugir per allistar-se a la Legió estrangera francesa, com avui recorda el reportatge de Claire Grandchamps també a L’Orient-Le Jour: “Nés sous l’empire ottoman, morts pour la France: portraits de poilus syro-libanais”.

Post Scriptum, 22 de novembre del 2018.

Avui el Líban celebra la independència trencant amb el protectorat francès l’any 1943 en plena Segona Guerra Mundial, un afita assolida per la confluència del nacionalisme libanès impulsat pels cristians maronites i el nacionalisme àrab segons explica avui a L’Orient-Le Jour, Julien Abi Ramia: “Indépendance du Liban: Khoury et Solh, le pacte des nationalismes“:

La longue marche vers l’indépendance du Liban, célébrée le 22 novembre 1943, s’inscrit dans la fusion de la volonté d’inspiration chrétienne de l’édification d’un Grand-Liban, soutenue par la France, et le pragmatisme des musulmans ayant abandonné la cause d’une Grande Syrie arabe qu’ils ont longtemps défendue. Avec la dislocation de l’Empire ottoman à l’issue de la Première guerre mondiale, ces deux courants vont s’opposer frontalement avant de se rapprocher face à la puissance mandataire française, puis de s’allier grâce aux tenants historiques des deux camps, Béchara el-Khoury et Riad el-Solh, considérés comme les pères de l’indépendance.

Retour sur les différents épisodes de ce conflit qui a obligé les acteurs libanais à définir un Pacte national, sur lequel l’équilibre politique du Liban repose encore aujourd’hui.

La Nahda

Initié trois siècles plus tôt sous le règne de l’émir Fakhreddine II, le premier dirigeant libanais d’importance, le projet d’un Liban indépendant s’accélère à la fin du XIXe siècle. L’émirat du Mont-Liban, territoire de la province syrienne de l’Empire ottoman jouissant déjà d’une certaine autonomie, obtient le statut particulier de moutassarifat (gouvernorat), garanti par les grandes puissances européennes qui sont intervenues militairement pour mettre fin au massacre des chrétiens notamment par des druzes en 1860. Autour du Mont-Liban, les régions de Beyrouth, Tripoli, Saïda et de la Békaa, restent sous domination turque.

La Sublime Porte est sérieusement contestée par l’influence de la France, de la Grande-Bretagne et d’autres puissances au Moyen-Orient qui se matérialise à Beyrouth avec la création, notamment, de l’Université américaine de Beyrouth (AUB) en 1866 et de l’Université Saint-Joseph (USJ) en 1875. Beyrouth forme des élites occidentalisées et devient, avec Le Caire, un centre intellectuel majeur du monde arabe. C’est dans ce creuset que naît le mouvement de la « renaissance arabe », la Nahda. “Le règne autoritaire du sultan Abdul Hamid II (1876-1909) a poussé les arabes nationalistes, majoritairement musulmans, à créer des sociétés secrètes contre le joug ottoman”, explique à L’Orient-Le Jour Christian Taoutel, professeur d’histoire à l’USJ.

C’est dans ce Liban à construire en plein éveil que Béchara el-Khoury et Riad el-Solh, dont les pères ont occupé de hautes fonctions dans l’administration ottomane, naissent en 1890 à Beyrouth et en 1894 à Saïda. Les jeunes Béchara et Riad étudient au collège des Pères jésuites à Beyrouth, attenant à l’USJ, qui deviendra en 1953 le collège Notre-Dame de Jamhour, après avoir déménagé sur les hauteurs de Baabda.

Trois courants nationalistes

En ce début du XXe siècle, trois courants nationalistes, développés en Orient et en Occident, émergent. Le nationalisme libanais, porté majoritairement par les chrétiens maronites, qui prône l’édification d’un Liban viable ; le nationalisme syrien, en faveur d’une Grande Syrie au sein de laquelle le Liban jouirait d’un statut d’autonomie ; et le nationalisme arabe, qui prône la construction d’une grande nation arabe. Ces deux derniers nationalismes sont tous deux portés majoritairement par les musulmans. “Les chrétiens libanais, majoritairement maronites, avaient peur du panislamisme induit par le nationalisme arabe, voire d’une répétition des massacres de 1860. Ils étaient en faveur d’un Grand Mont-Liban”, explique Christian Taoutel.

Béchara el-Khoury quitte le Liban pour Paris en 1909 pour des études de droit. Pendant trois ans, il y fera la connaissance de quelques députés français qu’il tentera de gagner à la cause libanaise qu’il a épousée. A son retour, Khoury s’inscrit au barreau et entre dans le cabinet d’avocats d’Emile Eddé, qui participe, lui aussi, à des mouvements revendiquant l’indépendance du Liban.

Dans l’ouvrage de référence de Patrick Seale, Riad el-Solh : la lutte pour l’indépendance arabe (2010), le journaliste britannique raconte que Riad el-Solh, dont la jeunesse à Istanbul a été marquée par la culture politique ottomane, s’engage dès 1913 dans les sociétés secrètes arabistes, selon un paradoxe typique dans le milieu des notables sunnites durant cette période.

La Grande famine

Pendant la Première guerre mondiale, l’Empire ottoman est aux prises avec les nationalistes qui souhaitent s’émanciper, ainsi qu’avec la France et la Grande-Bretagne qui veulent faire plier un allié de l’Allemagne.

Dans ce contexte, les Ottomans font la chasse aux indépendantistes libanais et aux nationalistes arabes. Au Liban, les forces turques saisissent des documents réclamant l’élargissement des frontières du Liban et son indépendance. Le nom de Béchara el-Khoury y figure. Pour échapper à une condamnation à mort, ce dernier quitte le Liban en 1915 et trouve refuge en Égypte où il se mêle au cercle des nationalistes libanais. De leur côté, Reda el-Solh et son fils Riad, considérés comme suspects par les Ottomans, sont exilés à Smyrne, l’Izmir actuelle.

En 1915, les Alliés imposent un blocus maritime sur Beyrouth pour faire plier l’Empire. Dans la foulée, Constantinople décide de réquisitionner les rares denrées produites au Liban au profit de l’armée ottomane. L’effet de ces mesures, conjugué à une invasion de sauterelles, marque le début de la Grande famine. En trois ans, elle fait plusieurs dizaines de milliers de morts. La Montagne libanaise perd le tiers de sa population. “La Grande famine a réveillé tout le monde”, souligne M. Taoutel. La construction territoriale d’un Grand-Liban, qui regrouperait le Mont-Liban exsangue, le grenier à blé de la Békaa et les ports marchands de Tripoli, de Beyrouth et de Saïda, apparaît comme une évidence.

L’Etat du Grand-Liban

Avec la fin de la Grande guerre en 1918 et le démantèlement de l’Empire ottoman, un nouvel ordre est mis en place dont les conséquences touchent le territoire libanais. Conformément aux accords de Sykes-Picot, signés entre la France et la Grande-Bretagne qui se partagent les territoires sous domination ottomane, le Liban passe sous mandat français. Béchara el-Khoury rentre à ce moment-là. Protectrice séculaire des chrétiens d’Orient et pays d’accueil de nombreux nationalistes, la France se range derrière l’idée d’un Grand-Liban, soutenue par l’Eglise maronite et le Conseil administratif du Mont-Liban, organe politique consultatif local du temps de la moutassarifat. Pour la majorité des musulmans, la création d’un Grand-Liban serait le résultat d’un découpage artificiel de la région.

Lors la conférence de la paix de Paris du 18 janvier 1919, les délégations libanaises demandent la création d’un Grand-Liban indépendant de la Syrie et la protection de la France. Les chérifiens, représentés par l’émir Fayçal, fils du chérif Hussein de la Mecque qui a mené bataille pour les Anglais contre les Ottomans, demandent l’indépendance de la Syrie, qui comprendrait les territoires libanais, et refusent le mandat français. Riad el-Solh se range à cet avis.

Fayçal n’obtient pas satisfaction et signe le 6 janvier 1920 un accord avec la France qui reconnaît le mandat sur le Liban et sur la Syrie. En retour, la France s’engage à prêter son concours à la Syrie et à garantir son indépendance. En mars, les plus exaltés des partisans de l’émir, réunis au Congrès syrien, le proclament roi du royaume arabe de Syrie qui regroupe le territoire syrien, le Liban et la Palestine. Le père de Riad el-Solh, Reda, est nommé ministre de l’Intérieur du royaume. Son fils se range aux côtés des partisans qui se révoltent contre les Français en Syrie et dans l’Anti-Liban. L’insurrection est matée en quatre mois par les troupes mandataires françaises. Le royaume n’existe plus. Après l’occupation de Damas par les Français en août 1920, Riad el-Solh est condamné à mort, mais réussit à fuir le Liban.

Le 1er septembre 1920, le Haut-commissaire du gouvernement français au Levant, le général Henri Gouraud, proclame la création de l’État du Grand-Liban qui regroupe le Mont-Liban, les régions côtières de Tripoli au Nord, et de Saïda au Sud, puis la Békaa.

L’inflexion de Solh

Pendant ces quelques mois décisifs, avant de quitter le pays, Riad el-Solh, partisan d’une indépendance de la Syrie et du Liban, œuvre à construire un terrain d’entente entre les courants irréconciliables. “Après avoir joué les médiateurs entre les autorités de Damas et les membres du Conseil administratif du Mont-Liban récalcitrants à l’influence française, Riad el-Solh réussit à convaincre ces derniers de se ranger du côté de l’indépendance du Liban et de la Syrie” dans le cadre d’un accord avec la France, explique à l’OLJ Carla Eddé, vice-recteur aux relations internationales de l’USJ et spécialiste de cette période.

En 1924, Riad el-Solh rentre un temps au Liban où il devient journaliste avant de s’envoler pour l’Europe où il défend la cause arabe, notamment pendant la révolte druze (1925-1927) lancée à Damas, ainsi que dans les régions de la Békaa et du Liban-Sud, par Sultan el-Atrache, partisan d’une grande Syrie unifiée. La révolte est sévèrement matée par la puissance mandataire.

En 1926, l’Etat du Grand-Liban devient la République libanaise après la promulgation d’une Constitution établissant un régime parlementaire. Béchara el-Khoury est nommé ministre de l’Intérieur au sein du premier gouvernement de cette nouvelle République. Deux ans plus tard, Riad el-Solh rentre au Levant. Le 26 janvier, il écrit dans le quotidien al-Ahd al-jadid : “Je préfère vivre dans une hutte, au sein d’une patrie libanaise indépendante, que colonisé dans un empire arabe”. “A la fin des années 1920, tout le monde réalise qu’aucun des deux camps ne peut imposer sa volonté à l’autre”, explique Carla Eddé.

Khoury tend la main aux nationalistes

En 1932, la suspension de la Constitution de 1926 par les autorités mandataires françaises pour empêcher l’accession d’un sunnite à la présidence de la République, comme les musulmans le réclamaient après le recensement effectué cette année-là, brise une certaine unanimité chrétienne sur laquelle le mandat s’était jusque-là appuyé.

Béchara el-Khoury crée le Destour, le parti constitutionnel. En face, Emile Eddé, partenaire privilégié de la France mandataire, crée le Bloc national. La rupture entre les deux hommes, qui souhaitent pourtant tous deux l’indépendance du Liban, porte sur l’attitude à adopter face au mandat français. Contrairement à Emile Eddé, baigné de culture française, Béchara el-Khoury est plus tourné vers la culture arabophone. L’accession de son rival à la présidence de la République libanaise en 1936 convainc définitivement Béchara el-Khoury de tendre la main aux musulmans. Béchara el-Khoury bénéficie du soutien du patriarche maronite Antoine Arida qui, lui aussi, prend ses distances avec les autorités mandataires à la suite de plusieurs crises sur le terrain économique comme celles des tramways et du tabac, et désire mettre fin aux différends entre Libanais et nationalistes arabes.

En septembre 1936, les nationalistes arabes syriens reconnaissent, dans le traité franco-syrien qui vient d’être signé, la frontière entre le Liban et la Syrie, abandonnant par là même l’idéal d’une grande nation arabe ou syrienne. Leurs compagnons libanais doivent, dès lors, accepter la légitimité du Grand-Liban de 1920.

Le Pacte national

Plusieurs responsables politiques et intellectuels chrétiens et musulmans, dont un cousin de Riad el-Solh, Kazem el-Solh, jettent alors les bases d’une coexistence islamo-chrétienne. Plusieurs textes sont rédigés. La Deuxième Guerre mondiale va donner l’ultime impulsion. Lors de la campagne de Syrie en 1941, les forces britanniques et celles de la France libre délogent les forces vichystes du Levant. Le commandant des forces de la France libre, le général Georges Catroux, proclame et reconnaît la Syrie et le Liban comme deux États “souverains et indépendants”. Le patriarche Arida réclame une indépendance “effective” du Grand-Liban, exigeant que le pouvoir exécutif revienne aux Libanais.

Face à la volonté de la France de garder un certain contrôle de la situation au Liban, Béchara el-Khoury et Riad el-Solh se rapprochent du général Edward Spears, ministre plénipotentiaire de Grande-Bretagne en Syrie et au Liban. Après avoir emprunté des chemins parallèles pendant des années, les deux hommes lancent le Liban vers l’indépendance. En 1942, ils se réunissent à plusieurs reprises sous le patronage de Londres et des États arabes et se mettent d’accord sur la construction d’un Liban indépendant et souverain, à visage arabe et à égale distance des pays occidentaux et de ceux de la région.

La légende veut que les deux hommes dressent les grandes lignes définitives du Pacte national non-écrit lors d’une rencontre à Aley le 19 septembre 1943, après des élections législatives victorieuses. Béchara el-Khoury est élu président et Riad el-Solh Premier ministre.

La majorité parlementaire, dirigée par le tandem Khoury-Solh, vote l’annulation des articles de la Constitution libanaise relatifs au Mandat. La puissance mandataire riposte et jette en prison, à Rachaya, le chef de l’Etat, celui du gouvernement et ses membres. Après des manifestations populaires, la France, sous la pression de la Grande-Bretagne, libère ceux que l’on surnommera les pères de l’indépendance du Liban après 10 jours de captivité, le 22 novembre 1943. C’est à cette date que le Liban célèbre son indépendance.

“Lorsque Georges Naccache écrit en 1949 que ‘deux négations ne font pas une nation’, il désigne les non à l’Occident et à l’arabisation. En réalité, ces deux négations sont assorties de deux affirmations, les oui à une alliance privilégiée avec les pays occidentaux et le monde arabe. Il s’agissait là d’un seuil minimal”, explique Carla Eddé. “Il était ensuite à charge au tandem Khoury-Solh de le mettre en pratique”.

Post Scriptum, 4 de setembre del 2020.

Els cristians del Líban han estat les principals víctimes de la catàstrofe del 4 d’agost al port de Beirut. Per dissuadir-los d’emigrar i preservar els seus interessos cal que l’Estat libanès no sigui unitari i centralitzat, sinó confederal, argumenta l’universitari Hicham Bou Nassif en un article aparegut a Le Figaro el proppassat 1 d’aqueix mes: “Il n’y a d’avenir, pour les chrétiens du Liban, que si l’Etat devient confédéral».

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