Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

24 d'agost de 2016
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Algèria: integrisme d’estat i islamisme

Algèria és un estat proper als Països Catalans només geogràficament, ja que els lligams històrics amb l’emigració valenciana i mallorquina es van tallar abruptament arran de la independència l’any 1962. Hores d’ara és un estat fallit econòmicament que només s’apuntala sobre l’explotació dels seus enormes recursos gassístics, corcat per la corrupció i la lluita de clans als si de l’aparell de seguretat, que s’aguanta en base a una peculiar síntesi entre integrisme d’estat i islamisme oficial després d’haver superat una guerra civil arran del cop militar del 1992.

El conflicte creixent entre àrabs i amazics cohesiona islamistes i hereus de l’antic partit únic, (el Front d’Alliberament Nacional), produïnt allò que Karim Akouche ha denominat “schizophrénie algérienne”. A més, Algèria és un estat absolutament antisionista que com Kamel Daoud escriu, empra habitualment les teories de la conspiració més enrevesades per atribuir al Mossad allò que no pot explicar altrament.

Tots aqueixos factors, i encara d’altres, haurien d’atraure l’atenció des de Catalunya estant sobre l’evolució dels esdeveniments a Algèria per les repercussions que eventualment poden afectar al nostre país, on la comunitat algeriana és petita però el factor amazic és molt rellevant. Per això és interessant llegir l’article que L’Orient-Le Jour de Beirut publica avui fruit d’una extensa reflexió de dos politòlegs, la libanesa Linna Kennouche i l’algerià Tayeb el Mestari,  titulada “Algerie: l’islamisme est il soluble dans l’autoritarisme ?

“La photo de Ali Haddad, patron du Forum des chefs d’entreprise (FCE), généralement perçu comme l’homme lige du président algérien Abdelaziz Bouteflika, saluant chaleureusement l’ex-chef du Groupe islamique armé (GIA), Abdelhak Layada, lors d’une cérémonie funèbre en juillet dernier, avait soulevé une vague d’indignation dans la presse algérienne et sur les réseaux sociaux.

Cette poignée de main marque un nouvel épisode dans les tribulations de la politique du régime à l’égard des mouvements et partis à référentiel islamique. Un an plus tôt, le chef de cabinet de la présidence de la République, Ahmad Ouyahia, recevait Madani Mezrag, l’une des figures de proue de la contestation fondamentaliste dont la liste des faits d’armes durant la décennie noire (1991-2000, opposant les différentes organisations islamistes à l’armée algérienne et causant plus de 200 000 victimes et des dizaines de milliers de disparus selon les estimations les plus crédibles) est longue et connue du grand public. Cet ancien chef de l’Armée islamique du salut (AIS) avait été invité à donner son point de vue sur la révision constitutionnelle, rencontre qui précédait de peu l’annonce déconcertante, dans une déclaration publique à la presse au cours de l’été 2015, de son intention de créer un parti politique.

Si la réaction dans les hautes sphères de l’État ne s’est pas fait attendre, confirmant à l’ex-chef du FIS (Front islamique du salut) dissous l’impossibilité d’un retour en politique, l’incongruité de ces déclarations publiques répétées sur la chaîne CNN n’est pas sans lien avec la complaisance dont fait montre le pouvoir, pour s’allier, instrumentaliser ou subordonner les islamistes.

Le référendum du 16 septembre 1999 sur la concorde civile puis la charte pour la paix et la réconciliation nationale du 29 septembre 2005 qui amnistie les crimes de guerre et réintègre à la vie civile ceux qui ont déposé les armes interdit dans son article 26 toute activité politique « sous quelque forme que ce soit pour toute personne responsable de l’instrumentalisation de la religion ayant conduit à la tragédie nationale ». Si, depuis l’indépendance, l’islam a été mobilisé comme ressource politique et facteur identitaire au point d’être considéré comme une composante essentielle de l’idéologie nationale, l’attitude du pouvoir vis-à-vis des islamistes a été tantôt la diabolisation et la gestion répressive des islamistes pour neutraliser leur force de contestation, tantôt l’intégration dans le jeu institutionnel dès lors qu’ils ne posaient pas le problème de la légitimité du pouvoir et n’affichaient aucune volonté de rupture. La charte de réconciliation nationale a également permis de développer un nouveau mode de gestion autoritaire de l’opposition islamiste, par la tolérance à l’égard des partis s’inscrivant dans le jeu de clientèle du pouvoir et la cooptation à titre individuel d’ex-militants du FIS.

Gestion répressive et compromis
Historiquement, le facteur identitaire religieux a été une ressource de mobilisation importante dans la résistance à la colonisation. L’islamisme tire ainsi sa légitimité du rôle joué par l’islam dans l’histoire des luttes de décolonisation ainsi que dans le prestige des combats réformistes du début du vingtième siècle. Après l’accession de l’Algérie à l’indépendance et à mesure que se renforçait le déficit de légitimité du régime à la fin des années 70, le nationalisme culturel se transforme en fondamentalisme contestataire mettant en cause la gestion du pouvoir et l’accaparement de la rente par l’armée à travers un discours empreint d’éthique justicialiste. L’ouverture politique décrétée à la suite de la révolte de 88, et dans la foulée, les réformes de libéralisation économiques allaient à la fois renforcer le discours contestataire religieux et permettre au Front islamique du salut à ancrage populaire (agréé en 89) de se poser comme candidat à la succession au pouvoir.

Si comme le rappelle le sociologue algérien Lahouari Addi, le FIS n’a jamais incarné une force en rupture avec les fondements idéologiques du système politique, et qu’à l’image du pouvoir cette opposition se construisait sur un vide politique. Son efficacité mobilisatrice tenait à un enracinement profond dans les masses populaires, totalement absentes des préoccupations des « libéraux » et de leur discours séculaire. En dépit de l’absence de ressources idéologiques et du défaut d’une vision politique d’ensemble qui le présenterait comme une alternative crédible au pouvoir, le FIS apparaissait d’abord comme l’expression d’une volonté populaire de briser le monopole des élites sur le pouvoir et d’accès d’une frange significative, marginalisée, à la représentation politique et à une redistribution plus équitable de la rente.

Dans un contexte où la libéralisation a été perçue comme la fin de l’intervention de l’État dans le champ économique, et donc synonyme de paupérisation généralisée, « le vote des masses populaires pour le FIS était parfaitement rationnel », note M. Addi. L’arrêt du processus électoral en 1991, qui avait vu la victoire écrasante du parti islamiste aux premières élections législatives libres, débouche sur la dissolution du parti en 1992 et une décennie de guerre civile dévastatrice. Cette séquence historique n’en demeure pas moins éclairante quant à l’attitude du pouvoir face à l’opposition la plus organisée et la plus massive : la légalisation et l’inclusion des partis politiques à référentiel islamique n’est acceptée qu’à partir du moment où ces derniers n’incarnent pas une menace stratégique pour l’équilibre et la reproduction du système. Dès lors que la dynamique contestataire de cette opposition devient menaçante, la neutralisation s’effectue sur le mode radical de la répression généralisée. Or, pour restaurer la paix civile et éloigner le spectre d’une nouvelle guerre, les modalités de gestion de ces opposants politiques ont évolué avec l’accession au pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika qui a privilégié la stratégie du compromis.

Compétition contrôlée
Si le FIS est apparu comme un acteur central de la contestation du pouvoir et a cherché à s’en emparer, porté par la légitimité populaire, d’autres partis islamistes comme Hamas ou le Mouvement de la réforme nationale (Islah) né d’une scission avec le mouvement Ennahda, ont été très tôt légalisés, prenant place dans un espace politique relativement fermé et contrôlé par l’État. Bien que l’article 52 de la Constitution de mars 2016, reprenant les dispositions de l’article 42 de la Constitution précédente, interdit explicitement la mobilisation du référent religieux dans la compétition pour le pouvoir, la participation électorale de ces partis est autorisée depuis 1995. Sans leur dénier leur capacité mobilisatrice, ils sont happés par la concurrence entre partis et n’incarnent pas une véritable opposition en compétition pour le pouvoir.

Les crises de leadership récurrentes à l’intérieur du mouvement Islah, affaiblissant le parti, tout comme la scission intervenue au sein du Mouvement de la société pour la paix (MSP) et la création par ses dissidents du Front du changement national 2011 (FCN) sous l’égide d’Abdelmadjid Menasra, sont l’illustration d’une forte fragmentation de la mouvance islamiste, qui neutralise leur potentiel de mobilisation contestataire. En revanche, des mouvements comme Wafa ou Rachad n’ont pas été agréés par l’État alors même qu’ils mettent en avant le principe de la non-violence dans la transformation de l’ordre politique. Cette interdiction serait sans doute levée si ces mouvements renonçaient à se présenter comme une force de rupture. La différence tient donc au fait que ces deux organisations « recyclent » d’anciens cadres politiques du FIS n’ayant pas renoncé à la transformation radicale du système politique.

Des ex-militants du FIS dissous ont, quant à eux, pu être réintégrés à la vie politique à titre individuel, en se présentant sous une nouvelle étiquette politique dans l’esprit hérité du projet de réconciliation nationale. Madani Mezrag, lui-même, consulté dans le cadre de la révision constitutionnelle, apparaît comme une interlocuteur fréquentable, dès lors qu’il n’affiche pas ses velléités de retour sur la scène politique. Le FIS, dont le caractère populaire a historiquement permis une mobilisation politique de masse et s’est imposé comme une véritable force d’opposition face à l’État-FLN, n’a plus les ressources politiques et symboliques pour prétendre à un retour sur la scène politique. Pulvérisé par le pouvoir, désavoué par les couches populaires y compris ses ex-militants, dont certains sont devenus bénéficiaires de la rente et des largesses économiques du système pour rentrer dans les rangs, le FIS a laissé placé à un vide, qui selon le chercheur Amel Boubakeur a été occupé par la Daawa Salafiya : « Devant l’instrumentalisation par l’État des formations islamistes officielles cooptées ou neutralisées en fonction de la conjoncture politique du pays, ce salafisme non oppositionnel et populaire représente pour beaucoup une alternative à la crise de représentativité du champ politique algérien actuel. »

Post SCriptum, 2 de juliol del 2017.

Aqueix article breu però punyent del dibuixant i assagista franco-algerià Damien Gonzalez, titulat “Migrants en Algèrie: la guerre des hshtags”, publicat el proppassat 29 de juny a Jeune Afrique explica una realitat silenciada a Europa: el racisme àrab contra els immigrants de l’Àfrica Negra que miren d’arribar a Europa i han de restar a Algèria.

Post Scriptum, 4 de setembre del 2017.

Avui, The Times of Israel es fa ressò de la repressió del règim contra la minoria ahmadis, dissidents del sunnisme, en aqueix article titulat “Accusés d’hérésie, les ahmadis d’Algérie prient clandestinement“.

Post Scriptum, 16 d’octubre del 2019.

Segons informa avui el periódic digital ObservAlgerie les autoritats han clausurat les esglésies cristianes -protestants- obertes de fa pocs anys a la Cabília.

Post Scriptum, 26 d’abril del 2024.

El proppassat 23 d’aqueix mes Le Figaro publicava aqueixa informació: “Alors qu’un pasteur algérien comparaît, ce 23 avril, en appel pour avoir organisé une « réunion religieuse non autorisée » et célébré un culte illicite en Algérie, Thibault van den Bossche, expert à l’European Centre for Law and Justice, alerte sur la situation des chrétiens d’Algérie.

En Algérie, seulement 4 des 46 églises de l’Église protestante d’Algérie (EPA) sont encore ouvertes. Les autorités algériennes ne se cachent plus pour priver arbitrairement les chrétiens algériens d’exercer librement leur foi, ne reconnaissant ni leurs édifices pour le culte, ni leur agrément pour se constituer en association religieuse. Chaque réunion pour le culte, chaque assemblée chrétienne à proximité d’une église fermée, devient alors interdite. Le pasteur Youssef Ourahmane, vice-président de l’Église protestante d’Algérie, en a fait les frais. Condamné en septembre puis novembre 2023 pour avoir «célébré un culte non autorisé», dans un «édifice non permis à cet effet», le pasteur Youssef Ourahmane risque un an de prison. En mars 2023, il avait supervisé une retraite avec quelques familles chrétiennes dans un complexe paroissial qui abritait une chapelle fermée de force par les autorités. Il attend maintenant le verdict de la Cour d’appel de Tizi Ouzou, ce 23 avril.

Aujourd’hui, les chrétiens algériens sont dans un flou juridique entretenu à dessein par les autorités. D’une part, l’article 51 de la nouvelle constitution algérienne de 2020 dispose que «la liberté d’opinion est inviolable» et que «la liberté d’exercice des cultes est garantie, elle s’exerce dans le respect de la loi». Cependant, ces libertés ne vont pas jusqu’à inclure la liberté de conscience, constitutionnalisée dès 1989 mais retirée en 2020. Ce recul des libertés sape le droit de croire ou de ne pas croire et de changer sa religion pour les musulmans.

D’autre part, par l’ordonnance du 28 février 2006, l’Algérie reconnaît, sans le nommer, le culte chrétien. En effet, l’ordonnance encadre l’exercice des «cultes autres que musulmans» (article 1) et elle «garantit le libre exercice de culte» dans le cadre du respect «de l’ordre public» et «des bonnes mœurs», tout en rappelant la primauté de l’islam, religion de l’État (article 2). En réalité, cette ordonnance vise essentiellement à restreindre les conversions vers le christianisme, de plus en plus nombreuses depuis le début des années 2000.

En effet, l’ordonnance de 2006 donne un cadre législatif très contraignant pour l’exercice du culte chrétien, notamment en ce qui concerne la reconnaissance officielle des lieux de culte (articles 5 et 7). Pour l’agrément des associations religieuses chrétiennes, il faut également se soumettre à une loi supplémentaire, celle du 12 janvier 2012 sur les associations. Toutes les associations chrétiennes déjà existantes ont alors été obligées de s’enregistrer de nouveau pour se conformer aux nouvelles dispositions plus sévères, alors que les autorités algériennes peuvent refuser arbitrairement un enregistrement.

De plus, l’ordonnance de 2006 impose des dispositions pénales rigoristes concernant l’apostolat, puisqu’il est interdit de «convertir un musulman à une autre religion» ou même d’«ébranler la foi d’un musulman» (article 11). Ainsi, concrètement, quiconque «fabrique, entrepose, ou distribue des documents imprimés ou métrages audiovisuels» chrétiens est passible d’un emprisonnement de deux ans à cinq ans, rendant même impossible l’existence d’une librairie chrétienne. Enfin, les Algériens chrétiens souffrent aussi de l’absence de liberté d’expression, puisque leurs propos peuvent facilement être assimilables à du blasphème, lourdement puni pénalement (article 144 bis 2 du Code pénal algérien).

Les lois algériennes sont un trompe-l’œil. Non seulement les autorités algériennes ferment et mettent sous scellés les églises, mais plus encore elles poursuivent les responsables si leurs communautés ne cessent pas de se réunir. Pire encore que le cadre juridique lui-même, son application abusive attente aussi bien à la liberté d’association que de réunion des chrétiens algériens, et in fine, à leur liberté de religion. L’Algérie doit donc respecter ses engagements internationaux en matière de droits de l’homme ; et la France et l’Union européenne, avec les moyens dont ils disposent, devraient y veiller. Les chrétiens algériens ne constituent en rien une menace pour le pays, mais y sont au contraire une source de paix.

 

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