Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

22 de juny de 2016
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Anotacions a l’article de Matthieu Chaigne: “France: déjà la guerre civile ?”

Ahir Le Figaro publicava tres d’informacions impactants: d’una banda, el director de la seguretat interior, Patrick Calvar, alertava del perill de guerra civil a França i d’altra banda, l’analista Matthieu Chaigne (co-fondateur de Délits d’Opinion, observatoire de l’opinion publique et des sondages), publicava aqueix article interrogant si “France: déjà la guerre civile ?“. En tercer lloc, i no per això menys important, entrevistava a l’islamòleg Gilles Kepel (les obres del qual he ressenyat en aqueix bloc) que opinava que “L‘État Islamique vise l’installation de Califat sur les ruines de l’Europe”.

Per la seva part, Le Monde del dilluns passat publicava també un article de Marc Lazar en el mateix sentit: “L’ultragauche est engagée dans un logique de confrontation avec l’État”.

Després del doble assassinat de dos policies amans d’un gihadista de l’ISIS a Magnanville, les conseqüències possibles de l’aprofundiment de les fractures  culturals, econòmiques i religioses poden arribar al punt d’un conflicte multidimensional al si d’un dels principals estats de la UE, i més quan la guerra contra el gihadisme autòcton és la una realitat quotidiana.

Ja fa un mes que vaig publicar un apunt titulat “França (i també Catalunya) laboratori dels nous conflictes emergents a Europa”, els esdeveniments de les darreres setmanes han confirmat els pitjors pronòstics i demà la decisió del govern prohibint les manifestacions sindicals contra el projecte de llei de reforma del mercat de treball pot aguditzar a crisi en els termes que Matthieu Chaigne exposa:

Est-ce que la France peut s’enfoncer dans une guerre civile, le pays se déchirer entre ses communautés?

Est-ce qu’une escalade incontrôlable de violence pourrait, demain, pousser des individus à prendre les armes?

En d’autres termes, est-ce que Daech serait en mesure d’exporter sa guerre hors des frontières du Califat? Alors que l’Organisation islamique connaît un net recul sur ses bases arrières, rendant de plus en plus hypothétique la création d’un Etat autonome, son plan de bataille est entré dans une seconde phase: espérer que les attentats menés par les fous de Dieu finissent par engendrer une vague de violence incontrôlable au cœur de l’Occident.

Or, le terreau n’a jamais été aussi propice sur le territoire français. A tout moment, l’étincelle peut embraser des esprits particulièrement à vifs.

Il y a d’abord cette inquiétude latente qui s’est insidieusement installée au cœur du pays.

Cette bataille, Daech l’a incontestablement gagnée. Le virus de la peur s’est propagé au rythme des attentats. Toutes les études convergent: aujourd’hui, une écrasante majorité de Français avoue être angoissée au quotidien pour soi et ses proches. Un climat qui a conduit presque un quart des Français à changer ses habitudes. Baisse de fréquentation des restaurants et des bars, musées amputés d’une partie des touristes, fan zones à moitié vides: les indicateurs quantitatifs corroborent le sentiment de lourdeur qui transpire des villes. Un cancer de la suspicion généralisé, qui amène chacun à voir dans l’autre une menace potentielle.

Et qui nourrit le deuxième ingrédient de l’embrasement: la défiance. Une défiance qui puise ses racines sur un déracinement culturel. Aujourd’hui, une majorité de nos compatriotes considère «qu’on ne sent plus chez soi comme avant en France» selon une étude Ipsos. Un chiffre qui monte à 98% chez les électeurs FN et 73% chez les électeurs Républicains. Dans leur ligne de mire, les vagues migratoires successives qui menaceraient la culture nationale. La théorie du remplacement, portée par les mouvances d’extrême-droite infuse peu à peu la société Française. Ce serait «eux ou nous». Dans cette vision binaire de la société, plus de place pour la coexistence. Le racisme s’est imposé. Les Français sont les premiers à l’admettre. Plus de deux tiers jugent que ce phénomène est présent dans la société, touchant bien sûr les individus d’origine étrangère, mais aussi de plus en plus «les Français de souche».

C’est donc le portrait d’une société fracturée qui se dessine, et sur lequel l’extrémisme islamiste cherche dorénavant à importer sa guerre. Il peut pour cela compter sur un troisième ingrédient, peut-être le plus explosif: le continuum perçu entre islam et islamisme.

Une part croissante de Français ne fait plus de différence entre islam et islamisme. 37% parmi les électeurs FN, un cinquième parmi l’ensemble de nos compatriotes estimant que nous sommes en guerre, ne montrent pas seulement les djihadistes du doigt, mais également l’Islam selon les données d’Ipsos.

Cette confusion des esprits se nourrit de l’image très contrastée de l’islam en France. Une religion qui peine, aux yeux de nos compatriotes, à se fondre dans le sillon de la République. Pour trois quarts des Français, la religion musulmane chercherait à imposer son mode de fonctionnement aux autres. Ainsi, peu à peu – et même si cela ne concerne encore qu’une minorité de Français – Islam et terrorisme finissent par ne faire plus qu’un.

Mettre Islam et islamisme sur le même plan, c’est forcément aller vers une guerre civile. Confondre Islam et Islamisme, c’est demain légitimer une attaque d’une mosquée comme vengeance à un attentat de Daech. C’est acter le début d’une escalade incontrôlable, entraînant les majorités silencieuses à se positionner entre deux extrémismes.

Trop silencieuse? Parfois accusée de ne pas prendre ses responsabilités, la communauté musulmane a dans sa grande majorité une position sans équivoque: ainsi une étude menée par Ipsos en 2016 démontrait que seuls 2% des musulmans avaient une bonne image de Daech, 78% une mauvaise image. Mais 16% déclaraient ne pas assez connaître Daech pour se prononcer… Si la tentation du pire existe aussi dans la communauté musulmane, elle est encore minoritaire.

De part et d’autre, le poison de la discorde menace. Au bord du précipice, le pays saura-t-il trouver la ressource nécessaire pour demeurer uni?

Demeurer unis, c’est d’abord pour les Français imaginer autour de quelles valeurs se rassembler.

Demeurer unis, pour les Français, c’est savoir précisément quelle place assigner à chaque chose. Aux citoyens, à l’Etat, aux religions.

Demeurer unis, c’est enfin partager un même objectif: autour de quelles conquêtes unir des voix singulières?

Des défis qui ressemblent fort au combat de la dernière chance pour le prochain Président.

Post Scriptum, 19 d’agost del 2016.

Un grup de professors universitaris, alt funcionaris i empresaris aplegats sota el nom col·lectiu “Les Arvernes”, publicà abans d’ahir un article a Le Figaro titulat “Les cinq decisions à prendre pour vaincre le terrorisme islamiste”. El mateix dia, Gilles Platret, alcalde de Chalon sur Saône, hi publicava aqueix punyent article apel·lant al patriotisme francès: “Islamisme: voulons-nous vraiment gagner la guerre de 30 ans qui commence ?:

“La France en guerre impose de puissantes obligations à l’ensemble du peuple français. L’état de guerre n’a rien d’anodin. Il est, selon le mot de Clausewitz, «un acte de violence dont l’objet est de contraindre l’adversaire à se plier à notre volonté». Les islamistes l’ont compris de longue date. Et nos gouvernants?

A voir les atermoiements du gouvernement, une question ne cesse en effet de nous tarauder: nous donnons-nous les moyens de gagner cette guerre? On peut en douter pour deux bonnes raisons. D’abord parce que le pouvoir en place semble avoir peur lui-même de la guerre. Ensuite parce qu’une fraction – minoritaire mais influente – des élites françaises feint de ne pas avoir compris que la guerre qui vient d’éclater sera l’affaire de toute une génération.

Toute chance de succès dans une guerre repose sur un postulat absolu: l’envie furieuse de la gagner. A la guerre, le hasard a naturellement sa place. Mais il ne peut remplacer ni le courage ni le patriotisme. La Nation tout entière doit donc se constituer en tant que telle. La guerre contre l’islamisme n’est pas l’affaire des seuls soldats de l’opération Sentinelle, si valeureux et revêtus de la confiance collective qu’ils soient. La guerre contre l’islamisme est l’affaire de chaque Français car c’est la France, en tant que République libre, qui est ciblée par les attentats djihadistes. C’est la République française, comme perpétuelle déclaration de guerre à l’obscurantisme, qui est directement visée par les terroristes.

Or, c’est au moment où il faudrait galvaniser le peuple français, le fortifier par tous moyens, faire à nouveau de lui ce peuple de citoyens-soldats qui détrôna les puissants, que le président de la République et le gouvernement s’acharnent à tout faire pour affaiblir la population. Ils ne semblent obsédés que par une seule chose: préparer l’opinion à leurs revers futurs. Entendez: aux prochains attentats qu’ils n’auront pas su déjouer. Voix tremblante et larme à l’œil, on les voit répétant à l’envi: «il y aura de nouveaux morts!» Mais ce n’est pas aux Français qu’il faut promettre la mort, c’est à l’islamisme!

Comment avec un pareil gouvernement imaginer gagner une pareille guerre? Ses atermoiements sont légion. L’indivisibilité de la République doit-elle être mise en avant? La majorité socialiste se montre incapable de prononcer même la déchéance de nationalité. La situation dicte-t-elle des mesures de salut public? On fait un procès au chef de l’opposition lorsqu’il propose d’adapter notre législation aux dramatiques circonstances présentes. L’unité de la Nation doit-elle être confortée? Le pouvoir persiste à manier l’islam comme un ferment de division.

Car c’est là l’un des plus graves reproches qu’il faut adresser à nos gouvernants. Le retour de la question de l’organisation de l’islam dans le débat public est le triste signe que les priorités n’ont pas été saisies. Ou plutôt qu’elles ont parfaitement été saisies sur le plan électoral. Le pas de deux de MM. Hollande et Valls sur la thématique «comment aider l’islam à financer de nouvelles mosquées» masque mal la manœuvre électoraliste.

Franchement, l’heure n’appelle-t-elle pas davantage à la fermeture de certaines mosquées qu’à l’ouverture de nouvelles? Malgré les gesticulations du ministre de l’Intérieur, le gouvernement se montre incapable de fermer administrativement un grand nombre de salles de prières dont il sait pertinemment qu’elles sont mitées par des salafistes recrutant des profils djihadistes. Les estimations sont de 100 mosquées salafistes qu’il conviendrait de fermer d’urgence. Le gouvernement le sait et il ne fait rien.

Au lieu de cela, sentant approcher les échéances de 2017, et avec elles le spectre de sa fin probable, il tente de recoller les morceaux du vote musulman en agitant le chiffon vert du financement des mosquées nouvelles. Tantôt on annonce qu’on va tordre le cou à la loi sur la laïcité de 1905 par un concordat, tantôt qu’on va se mêler de réactiver la Fondation pour l’islam de France dont le pouvoir se propose, n’ayant peur de rien, de désigner lui-même le président.

Au-delà des gesticulations politiciennes, ce que le gouvernement refuse de comprendre, c’est qu’il est urgent que l’Etat retrouve le chemin de la neutralité religieuse, que le rôle de la puissance publique n’est pas d’aider, de près ou de loin, les musulmans à financer leur culte car c’est à eux seuls de le faire. Président et Premier ministre devraient méditer cette sentence de George Washington, qui estimait à juste titre qu’ «il y a tyrannie et crime à forcer un homme de payer des impôts pour l’entretien et la propagation d’une foi qui n’est pas la sienne».

Le rôle de l’Etat, c’est de contrôler que l’exercice de la foi ne dépasse pas les bornes de la loi. Et c’est loin d’être gagné d’avance dans un pays où 73% des musulmans considèrent que la charia devrait s’imposer à la loi républicaine (1). Ce n’est donc en rien à la République de faire ses preuves vis-à-vis de l’islam. C’est à l’islam de faire ses preuves vis-à-vis de la République. Cette dernière ne doit pas organiser l’islam, elle doit en contrôler les excès.

L’erreur fondamentale du gouvernement – et, hélas, d’une partie de ses opposants – tient à l’oubli de ceci: nous ne gagnerons la guerre que si nous reformons l’unité du peuple. Traiter aujourd’hui le problème musulman en tant que tel, c’est une fois de plus désagréger le peuple. Laissons la religion dans la sphère privée, veillons sévèrement à ce qu’elle respecte nos lois, mais ne l’attirons jamais dans la sphère publique. Ce n’est pas l’Etat qui a couvert la Chrétienté d’un «blanc manteau d’églises», selon la belle expression de l’an mil. Il n’y eut ni impôts étatiques ni fondation pour édifier les églises de France, c’est l’initiative privée qui a dressé jusqu’au ciel la quasi-totalité des clochers français.

Plus nous traiterons les musulmans et leur culte différemment des autres croyants et des autres religions, plus nous nous éloignerons de la solution. Et c’est là le défi majeur: nous parviendrons à éliminer les djihadistes du sol national, mais il nous restera à éradiquer les ferments de la division que quatre décennies de politique communautariste ont obstinément nourris. La multiplication des accommodements ayant le culot de se dire «raisonnables», la discrimination ayant le culot de se dire «positive», la relégation honteuse des symboles nationaux, tout ceci, sous le couvert des bons sentiments, en nous éloignant de la solution, nous a précipités dans un abyme de problèmes.

Nous avons cédé aux pressions des communautés par faiblesse ou par électoralisme – l’autre nom de la faiblesse en politique. Et l’on a vu des maires aménager le menu des cantines en fonction des interdits religieux, d’autres financer des salles pudiquement appelées «culturelles» dans les mosquées, d’autres enfin accepter des horaires différents selon les sexes dans certains services publics. La liste est longue de nos renoncements.

C’est pourquoi cette guerre qui s’est révélée à l’opinion sous les balles de Charlie Hebdo ne sera pas tranchée en quelques mois. C’est la guerre d’une génération. Si nous voulons la gagner, il nous faut retisser le peuple français et travailler à son unité, là où il a été sciemment fragmenté. Hormis une minorité agissante, c’est ce à quoi aspirent les Français dans leur ensemble.

Dans sa magnifique chanson «Les Loups sont entrés dans Paris», Serge Reggiani disait vrai: «Les hommes avaient perdu le goût de vivre et se foutaient de tout». Voilà pourquoi la bête a fini par regarder vers Paris… Le terreau de la guerre, c’est notre aveuglement passé. La condition de la victoire, c’est de retrouver le chemin de l’unité nationale. En commençant par l’apprentissage de l’amour de la France à tous les écoliers de notre pays.

La haine de la France, que des décennies de renoncement ont encouragée, n’est pas une fatalité. Elle peut être éradiquée. Il faut pour cela une seule chose, qu’il appartient à chacun de cultiver et de répandre: le courage du patriotisme.

(1) «Religious fundamentalism and out-group hostility among muslims and christians in Western Europe», étude publiée en décembre 2013 par le professeur Ruud Koopmans du Social Science Center de Berlin. A noter que, dans cette même étude, seuls 7,5% des Chrétiens français considèrent que l’Evangile doit primer sur les lois de la République.”

Post Scriptum, 19 d’octubre del 2016.

El magistrat honorari Phlippe Bilger publica avui a Le Figaro un article en la línia dels precedents en aqueix mateix apunt titulat “Il y a en France comme un parfum de révolution“.

Post Scriptum, 1 de maig del 2021.

El proppassat 21 d’abril va aparèixer a la revista Valeurs Actuelles una carta oberta signada per militars francesos, a la reserva i en actiu, adreçada als governants en termes comminatoris per que inverteixin les dinàmiques internes que poden dur a una guerra civil a França: La « Pour un retour de l’honneur de nos gouvernants » : 20 généraux appellent Macron à défendre le patriotisme.

Post Scriptum, 26 de març del 2023.

Abans d’ahir a Vilaweb: «Sur mon balcon, la haine» : le témoignage d’un lecteur du Figaro après les violences à Paris“.

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