Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

12 de maig de 2014
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Approximation à l’évolution du républicanisme catalan

L’estiu del 2005, conjuntament amb Josep Lluís Carod-Rovira, vam escriure aqueix article que posteriorment fou incorporat a l’obra col·lectiva, “L’idée républicaine en Europe: XVIII-XXI siècles. Histoire et pensée universelles”, de Paul Baquiast i Emmanuel Dupuy, (L’Harmattan, París, 2007). Es tracta d’una visió panoràmica de la història del republicanisme a escala europea dins la qual vam aportar una síntesi del fet republicà autòcton català.

Les origines

Pour faire une approximation aux origines et évolution du républicanisme catalan, il faut prendre comme point de départ la Guerre de Succession (1705-1714), avec Castille et France d’un côté, et les territoires de l’ancienne Couronne d’Aragon de l’autre. La lutte n’était seulement pour choisir la dynastie qui devait occuper le trône laissé vacant par le dernier monarque de la famille Habsbourg, mais encore elle représentait le choc entre l’absolutisme unitariste basé sur le modèle castillan et la tradition catalane du respect à l’équilibre de pouvoirs entre la Couronne et le Parlement et la fidélité aux constitutions et autres droits (communément appelées “furs” ou “coutume particulière”) des territoires catalans et aragonaises. En gagner la cause des Bourbons, la conséquence fut l’occupation militaire des territoires conquis par les armes et la dérogation des institutions gouvernementales propres et du droit originaire de chacun des territoires à travers des Décrets de Nova Planta. Le Règne de Valence, le Règne de Majorque, le Principauté de Catalogne et l’ancien Règne d’Aragon furent assimilés aux institutions castillanes et la langue catalane fut mise à l’écart de la vie publique.

Sans considérer cet évènement fondamental dans l’histoire de notre pays, il n’est pas possible d’apercevoir le lien profond entre les preuves de résistance contre le despotisme bourbon et le fort désir de récupérer les institutions perdues qui se manifestent durant tout le XVIIIème siècle, le libéralisme politique du début XIXème siècle et le républicanisme qui apparaît avec force à partir de la deuxième moitié de ce XIXème siècle et qui arrive jusqu’à aujourd’hui. Le républicanisme catalan est une manifestation du conflit national hispano-catalan qui commence avec la Guerre de Succession et prend comme philosophie politique dans notre pays une physionomie singulière qui ne naît seulement à partir de l’impact de la Révolution française ni affleure avec la Constitution de Cadiz, mais aussi elle recueille des valeurs collectifs de longue tradition et une attitude de résistance contre l’oppression qui ont des racines profondes dans la mentalité collective des catalans et qui s’adaptent aux termes politiques du républicanisme moderne lorsque celui-ci s’organise en partis politiques et a la possibilité de s’exprimer électoralement.

Les affirmations qui viennent d’être faites ne sont pas en contradiction avec les faits (constatables historiquement) que la presse républicaine fut écrite au début en langue espagnole et que l’espace géographique où instaurer le régime républicain fut tout l’État espagnol. Il faut se rappeler que la langue catalane était complètement écartée de la vie publique, de l’éducation et de la culture de notre pays et il n’est jusqu’à la fin du XIXème siècle que le catalan, malgré être parlé par la totalité de la population, récupère son rang de langue de communication écrite et de prestige culturel. C’est à dire que l’expression écrite des messages politiques républicains ne les convertit pas en des instruments d’un espagnolisme latent, mais il répondait aux conditions d’usage social des langues présentes à cette époque-là. De même, la vocation républicaine pour surmonter la situation de domination politique que l’unitarisme monarchique imposait à notre pays entraînait que le nouvel régime eût une dimension péninsulaire, mais toujours accompagné ce transcendantal changement avec le rétablissement d’un état catalan dans l’ensemble fédéral espagnol. Cette vision du républicanisme catalan sur le problème endémique de l’articulation territoriale et de la distribution du pouvoir politique de l’état espagnol choquera souvent avec les prétentions du républicanisme espagnol majoritairement unitaire et centraliste. Voilà les raisons pour lesquelles le phénomène républicain espagnol ne peut pas être considéré comme un ensemble à partir duquel pouvoir particulariser sa concrétion en Catalogne, mais il faut voir le républicanisme catalan comme un fait substantif avec des dynamiques propres, avec ses interrelations avec l’ensemble espagnol, mais configuré de valeurs et une mentalité qui dérivent d’une société qui a souffert les conséquences de la domination politique à laquelle a été soumise. En consonance avec cette ligne interprétative, nous analyserons les liens et les divergences entre le républicanisme dans chacun des territoires des Pays Catalans, puisque, si bien ils n’arrivèrent pas historiquement à former un ensemble homogène et ont maintenu séparément des liens avec l’ensemble républicain espagnol, ils partirent effectivement de valeurs communs comme celui du travail, le sens de continuité de la communauté, le sens du pacte entre des égaux tellement propre à notre mentalité collective et qui se manifesta dans des déclarations conjointes, des accords de collaboration et des projets partagés entre les divers forces républicaines de Valence, Catalogne et Majorque en plusieurs étapes pendant les XIXème et XXème siècles.

Déja en pleine Guerre de Succession, l’année 1713 concrètement, les Députés du Général (institution de gouvernement catalane) proposent dans ses écrits un régime politique qui, si bien accepte la monarchie comme forme de gouvernement, l’absolutisme royal n’est pas du tout acceptable et défendent une co-souveraineté de cette monarchie avec les “Cours Catalanes”, en refermant la validité et vigueur des constitutions et autres droits de la Catalogne, à peine compilées l’année 1704. Après la défaite, les exilés catalans réfugiés dans l’empire autrichien ont continué à faire des gestions pour récupérer les libertés perdues et à inciter les révoltes qui se produisaient à l’intérieur de la Catalogne occupée où apparaissaient des manifestes comme le très connu “Via fora els adormits” (ou “Dehors les endormis”).

À l’intérieur, pendant tout le XVIIIème siècle, on y maintient un régime d’occupation exorbitant, toujours prêt à réprimer les révoltes qui, à partir de 1773, avec l’instauration des recrutements obligatoires, gagnent de la force, et poussent beaucoup de catalans à émigrer vers l’Amérique lorsqu’en 1778 finisse la prohibition d’y faire du commerce, un droit réservé jusqu’alors seulement aux sujets de la Couronne de Castille. L’esprit de liberté qui a caractérisé l’âme catalane pendant des siècles affleure entre les catalans émigrés aux colonies espagnoles en Amérique, où apparaissent beaucoup de partisans de l’indépendance de ces colonies, et même des dirigeants, comme par exemple Domènec Matheu et Joan Larreu en Argentine, ou Joan Baptista Picornell en Venezuela. Cette manière d’agir n’eût pas une répercussion immédiate à l’intérieur de la Catalogne, mais ça illustre l’état d’esprit de la majorité du peuple qui sentait les conséquences et le fléau du régime absolutiste et qui ne montrait pas des sentiments de loyauté vers une Couronne qui les avait privées de sa forme de gouvernement consuétudinaire.

Lorsque se produisit la Révolution Française, il faut analyser doublement son influence sur notre pays: d’un côté, ses idéaux de liberté, égalité et fraternité sont très attirants du point de vue des catalans de cette époque-là, mais en plus ils connectent très bien avec la mentalité sur laquelle se basaient les relations de pouvoir politique dans notre pays. D’un autre côté, malgré tout, la population n’éprouvait pas beaucoup de sympathie vers les français, puisque tout le monde se souvenait de l’origine des Bourbons et de l’intervention décisive des troupes françaises dans la Guerre de Succession. Une preuve de ça est l’énergie que les catalans ont montré pendant la guerre franco-espagnole de 1793-1795, principalement grâce à l’effort des milices populaires, à cause de l’absence presque totale d’appui par la part de l’armée régulière au moment de défendre les terres du Pyrénées.

La Guerre du Français (1808-1814), déclenchée par l’occupation napoléonienne, remue les structures politiques du régime absolutiste, libère des tensions sociales et politiques endormies, fait que le peuple prenne des armes en marge de l’armée, et que du désordre émergent des idées de liberté. Le rôle de la maçonnerie sera fondamentale comme appui principal aux cénacles libérales qui s’organisent en Catalogne et Valence avec la volonté de promouvoir l’instauration d’un régime constitutionnel, dont les plus avancés veulent républicain.

De libéraux à républicains

Le libéralisme politique à l’État espagnol vit son époque dorée aux Cours de Cadiz, entre 1810 et 1812, où un avant-projet de constitution est débattu. L’avant-projet est le premier de l’époque moderne, et même s’il garde la forme monarchique et le centralisme politique fortement imprégné de nationalisme espagnol, il incorpore des principes qui aident à la démocratisation de la vie publique. Le rétablissement de l’absolutisme avec le retour de Fernando VII en 1814 génère une forte résistance dans le milieu urbain et illustré aux Pays Catalans. C’est pourquoi des auteurs théâtraux, comme Josep Robrenyo, détenu en 1822 à cause de ses créations antimonarchiques, ou Abdó Terrades, qui avait écrit la farce intitulée « Lo rei micomicó » (1838) ainsi que les paroles de « La campana » qui incorporait la mélodie de « La Marseillaise », sont très populaires à l’époque. La domination du neoabsolutisme espagnol sera instable à cause de la corruption et du népotisme de la cour, ainsi que des divisions internes entre les partisans pour la succession dynastique de Charles d’Espagne et les partisans d’Isabelle II, que plus tard éclateront sous la forme d’une guerre civile qui aura lieu de 1833 jusqu’au 1840.

Cette guerre affaiblit l’absolutisme et renforce les aspirations républicaines qui polarisent le mécontentement des classes populaires et la petite bourgeoisie urbaine. Ils sont les protagonistes d’une série de soulèvements connus comme « Bullangues » que ont lieu à Barcelone et à d’autres villes catalanes à partir de 1835. Envers 1848, sous le règne réactionnaire d’Isabelle II, la gauche des libéraux s’articule de façon autonome sous les sigles du Parti Démocrate. C’est dans ce parti où, plus ou moins explicitement, l’option républicaine est défendue, surtout à Catalogne où les partisans de que la future république ait un caractère fédéral sont très nombreux. La révolution de septembre de 1868, initiée avec l’insurrection de l’armée au port de Cadiz, détrône la reine Isabelle II. Auparavant, en 1866, le général Prim avait réussi à faire que les démocrates et les libéraux progressistes accordent à Ostende (Belgique) une alliance qui avait le but non d’établir un régime républicain, mais d’établir une nouvelle monarchie en Espagne qui accepte le jeu démocratique. Les républicains ne font pas partie du pacte d’Ostende. Cette date peut être considérée comme la date de la naissance formelle du républicanisme en tant que force politique indépendante. La coalition monarchique-démocratique promet une nouvelle Constitution, avec suffrage universel, et par conséquent un régime parlementaire ouvert, avec des garanties légales pour une action libre de l’opinion républicaine.

Dans ce contexte, naît le Parti Républicain Démocratique Fédéral d’enceinte étatique. Lors des premières élections, les républicains obtiennent 28 des 37 sièges que correspondent au Principat, c’est à dire 75,6% des élus. Contrairement, dans le reste de l’État les élus républicains arrivent seulement à 18%. Les chefs de file fédéraux catalans Pi i Margall et Figueras habitent à Madrid où visent influer sur la vie politique de la capitale, mais pas un candidat républicain y sera élu. Le seul lieu où les républicains fédéraux ont une vraie influence est en Catalogne. À Valence, il existe aussi un mouvement républicain radical qui, malgré avoir été décimé par la répression militaire exercée autour du soulèvement de l’an 1842, suivant l’exemple de Barcelone, contre le régime du général Espartero, se présente aux comices de l’an 1868 desquels sort gagneur le PRDF aux provinces d’Alicante et Valence. À Mallorca se consolide un noyau de républicains illustrés autour du journal « El iris del Pueblo » fondé l’an 1856, mais le PRDF n’obtient représentation à cette occasion.

Le 18 mai du 1869, à la ville de Tortosa, Valentí Almirall réussit à faire signer aux représentants de la Catalogne, la Valence, les îles Baléares et du Aragon un pacte fédéraliste visant à une articulation de l’État espagnol sur la base de la reconnaissance des anciennes nationalités. Almirall, lui-même, fonde le journal « El Estado Catalán ». Pendant ce temps, en Espagne on cherche un roi constitutionaliste et on le trouve dans la figure d’Amadeo de Savoie, qui est rapidement proclamé par les Cours en 1871. Mais, le général Espartero est assassiné par des inconnus et le nouveau monarque ne survit pas à la conspiration contre lui des absolutistes et républicains tacitement alliés. En 1872 les carlistes commencent une nouvelle guerre et le roi abdique en 1873. À ce moment, les Cours proclament la République et laissent aux futures Cours constituantes déterminer le caractère de celle-ci. Le régime est soutenu par des bases très faibles et instables, au milieu d’une guerre avec les carlistes et avec une armée suspecte d’être déloyale. D’un autre côté, à Barcelone, les revendications ouvrières et les pressions pour proclamer l’État Catalan sont très fortes et cessent seulement par les promesses faites par Pi i Margall et le président Figueras. Ils promettaient que les futures Cours reconnaîtraient d’une façon démocratique l’État catalan Fédéral et disaient que ce n’était pas convenable de l’imposer par la voie des faits.

Les Cours constituantes se forment ainsi, après d’unes élections où les diverses candidatures républicaines résultent majoritaires. Mais, un coup d’état militaire restaure la monarchie des Bourbon en 1874.

Républicains et nationalistes

On peut extraire plusieurs conclusions du périple 1868-1873 : que les résultats électoraux donnent l’hégémonie républicaine à la Catalogne de façon réitérative, ce qui ne se produit pas dans le reste de l’Etat, où le républicanisme est minoritaire et surtout caractérisé par un unitarisme et un centralisme que le différencie nettement du fédéralisme dont ses théoriques corréligionaire catalans sont imbibés. La dissociation entre les uns et les autres sera une constante à partir de cette première expérience de gouvernement républicain.

Le régime bourbon rétabli, petit à petit le Partit Republicà Democràtic Federal (Parti Républicain Démocratique Fédéral), d’un grand succès populaire à ses débuts, s’évanouit à cause des conditions politiques adverses et de sa fragilité interne. A la suite de sa disparition émergent deux tendances : une de droite et unitaire et une autre de gauche et fédéraliste, ayant beaucoup de points en commun avec le socialisme et le syndicalisme ouvrier émergents.

A partir du dernier quart du XIXème siècle, de façon parallèle à la renaissance culturelle et linguistique sur tout le territoire des Pays Catalans, on commence à construire des entités civiques dans beaucoup de localités catalanes qui regrouperont les fédéralistes, les catalanistes, les républicains et les syndicalistes. C’est aussi à partir de cette période que les secteurs les plus développés de catalanisme et de républicanisme commenceront à s’auto-organiser politiquement, indépendamment des partis politiques espagnols, et au début du XXème siècle des formations politiques telles que la Unió Federal Nacionalista Republicana (Union Fédérale Nationaliste Républicaine) (1910) et le Partit Republicà Català (Parti Républicain Catalan) (1917) font leur apparition pour tenter de regrouper cette vaste base sociale. Le catalanisme républicain naît comme une option différenciée des formations précédentes dont le domaine d’action était tout l’état espagnol, mais aussi comme une alternative à la Lliga Regionalista (Ligue Régionaliste), qui exerçait une politique de régénération espagnole depuis la Catalogne. Toutes ces reformulatons politiques s’articulaient dans une période historique connue comme la Restauration monarchique, un régime caractérisé par son conservatisme, son centralisme, le poids du pouvoir militaire et la décadence en tant qu’ancienne puissance coloniale, qui en 1898 perd le Cuba et les Philippines. Ce concours de circonstances s’oppose à la renaissance culturelle et à la croissance économique catalanes, rendant de plus en plus divergentes les dynamiques nationales de la Catalogne et de l’Espagne, en favorisant l’émergence des premiers groupes manifestement indépendentistes, comme la Federació Democràtica Nacionalista (Fédération Démocratique Nationaliste) (1919) et plus tard Estat Català (Etat Catalan) (1922).

Entre 1917 et 1924 se produit la première expérience d’autonomie politique Catalane de la Catalogne moderne, quand les quatre régions Catalanes se regroupent pour former la Mancomunitat de Catalunya, sous la présidence d’Enric Prat de la Riba. Celui-ci, malgré ne pas avoir disposé de beaucoup de temps, a mené à bout une œuvre de gouvernement modernisatrice, ouvertement démocratique en dépit des limitations de l’ordre juridique espagnol, éveillant ainsi parmi les élites économiques et politiques catalanes les désirs d’autonomie politique et de progrès. Au niveau espagnol, le régime monarchique prend le chemin autoritaire et en 1923, le général Primo de Rivera, depuis Barcelone, donne un coup d’Etat qui expulse le gouvernement de Madrid, instaurant une dictature qui supprime immédiatement la Mancomunitat de Catalunya. Ainsi s’ouvre une étape marquée par la persécution du syndicalisme ouvrier libertaire (majoritaire en Catalogne et à Valence) et contre le nationalisme Catalan, qui alors se radicalise et choisit la voie de l’insurrection, en suivant l’exemple victorieux des républicains irlandais.

1928 représente un point de repère dans l’évolution du nationalisme Catalan, avec la célébration à l’Havane (au Cuba) de l’Assemblée du Séparatisme Catalan, où on a approuvé un projet de Constitution Provisoire de la République Catalane qui devait entrer en vigueur à la chute du régime bourbon, après lequel s’installerait en Catalogne un régime républicain indépendant. La désastreuse guerre d’occupation que l’Espagne tient dans la partie du Maroc qui lui a été livrée sous forme de Protectorat accélère davantage l’érosion de la dictature, qui cèdera sa place à une période de pouvoirs partagés où le régime tente de se légitimer en convoquant des élections municipales en avril 1931.

1931-1939 : ERC gouverne en Catalogne

A la chute de la monarchie, la République Catalane est proclamée grâce à la victoire des candidatures de gauche à Barcelone, mais les nouvelles autorités républicaines de Madrid et le manque de stratégie et de cohésion interne dans le parti gagnant des élections, Esquerra Republicana de Catalunya (Gauche Républicaine de Catalogne), ont collaboré à faire que la formule finale ait été celle d’un régime autonomique qui a pris le nom de Generalitat de Catalunya. ERC avait été fondé un mois avant les élections, naissant de la confluence de trois courants politiques : le républicanisme traditionnel de base populaire, l’indépendantisme d’Estat Català et le progressisme des classes moyennes illustrées des zones urbaines. Le leader d’ERC a été Francesc Macià, qui auparavant dirigeait Estat Català, et l’idéologie de la formation était un mélange des trois courants fondateurs. Le projet du Statut d’Autonomie pour la Catalogne, approuvé par le Parlement Catalan et ratifié par la majorité de la population, partait de l’idée fondamentale du droit à l’autodétermination du peuple Catalan. Lorsqu’il a finalement reçu l’approbation de la Cour Espagnole, en 1932, cette mention était disparue du document. Malgré ceci, ERC, soit-ce en coalition avec l’Unió Socialista de Catalunya (Union Socialiste de Catalogne) ou en solitaire, gagne toutes les élections municipales, Catalanes ou Espagnoles jusqu’en 1936. L’œuvre de gouvernement d’ERC a été brève et semée d’obstacles, mais très productive en ce qui concerne l’amélioration de la situation des classes populaires, de la condition féminine et de la culture catalane, ce qui a fait de ce gouvernement un des plus avancés d’Europe dans une époque où celle-ci était parsemée de régimes autoritaires. En 1936, le général Franco se soulève contre la République et commence une sanglante guerre civile qui a duré trois ans et qui a démoli la Generalitat et son œuvre constructive sur le plan national et social.

Dans le reste des Pays Catalans, suivant le mouvement initié par ERC, le parti Esquerra Valenciana (Gauche Valencienne) est fondé en 1934, parti qui arrivera à avoir un député au Congrès Espagnol dans les rangs de la coalition du Front Popular, mais aligné avec le groupe de gauche Catalane avec les députés d’ERC. En 1934 le groupe Esquerra Republicana Balear a été aussi constitué, de façon que chaque territoire des Pays Catalans construisait des formations politiques homologables entre elles, réalisant ainsi la reconstruction d’un domaine national d’action politique déchiqueté après plus de deux-cents ans. Par contre, les tensions entre le nationalisme républicain Catalan et les gauches Espagnoles étaient constantes, même pendant la guerre, par cause de l’esprit centraliste du républicanisme Espagnol. Cette séparation s’est aggravée pendant le long exile qui s’est suivi à la victoire des armées franquistes, jusqu’en arriver à une presque rupture de relations.

Le républicanisme Catalan sous le Franquisme (1939-1975)

La longue durée de la dictature du général Franco a modifié la physionomie du pays, car elle a porté à l’exile des milliers de Catalans, et les générations qui ont grandi sous sa domination ont été forcées au silence et à l’oubli de l’expérience républicaine. La dictature du général Franco a instauré, à partir de la fin de la guerre, en 1939, un régime fasciste agressivement espagnoliste et uniformisateur qui s’est transformé petit à petit en un régime totalitaire et technocratique à partir de sa consolidation pendant les années cinquante, à l’abri de la guerre froide quand il a été admis dans le bloc occidental. Pendant la longue période où s’est déroulé le franquisme, les forces qui étaient hégémoniques pendant la République sont entrées dans un procès de lente décadence : ainsi, la gauche laïque, non dogmatique et catalaniste que représentait ERC cède son poste à la gauche autoritaire, dogmatique et espagnoliste représentée par le Parti Communiste d’Espagne (en Catalogne c’était le Parti Socialiste Unifié de Catalogne qui agissait) et, en moindre mesure, aux diverses formations politiques socialistes qui, au fil des années, convergeront dans le PSOE.

Quand, au début des années 60, renaît l’opposition à la dictature, elle provient essentiellement de ces nouvelles formations, ERC restant en position minoritaire, apparemment sans aucune chance d’adapter ses propositions aux changements sociaux et démographiques dirigés par une société catalane qui recevait une forte immigration provenant du sud de l’Espagne et qui devenait plus urbanisée et industrialisée que pendant les années trente. La gauche, désorganisée comme parti et sans aucune capacité pour pénétrer au-delà des cercles générationnels qui s’y étaient maintenus fidèles, sans aucune référence politique reconnaissable au-delà de la Catalogne, a perdu du terrain par rapport à la gauche socialiste et communiste. Les petits groupes indépendantistes d’orientation marxiste issus pendant les années soixante indépendamment d’ERC voyaient le vieux groupe républicain comme une force étrangère à leur projet politique. Les nouvelles générations voyaient comment le souvenir des années dorées d’ERC s’associait à la période la plus sanglante de la guerre et de la révolution. A la vue de cette situation, les secteurs de la bourgeoisie qui avaient souffert ces circomstances, ainsi que leurs héritiers, qui contrôlaient les moyens de communication, ont décidé d’en profiter pour favoriser d’autres forces politiques de gauche, mais d’ordre, comme le communisme du PSUC et les socialistes du Moviment Socialista de Catalunya (Mouvement Socialiste de Catalogne), pour préparer la transition vers une démocratie comparable aux occidentales. Dans ces conditions, le républicanisme Catalan a joué un rôle minoritaire dans les changements politiques des années soixante-dix et quatre-vingt, agissant comme une force subalterne de la nouvelle autonomie Catalane capitalisée par Convergència i Unió (Convergence et Union) (Le catalanisme libéral et démocrate-chrétien), qui a gouverné la Catalogne depuis 1980 jusqu’en 2003, la période pendant laquelle l’autonomie politique de la Catalogne s’est consolidé.

Le républicanisme Catalan contemporain

Vers les mi-années quatre-vingt, ERC a commencé un processus de renouvellement promu par l’incorporation progressive d’anciens militants des groupes indépendantistes créés pendant les années soixante, dont le résultat a été l’élargissement progressif de la base sociale et électorale de la formation, jusqu’en arriver à être la troisième force politique de la Catalogne en nombre de députés et le deuxième parti du gouvernement. A la suite des élections autonomiques de 2003, ERC a été le moteur de la coalition gouvernementale constituée avec le Partit dels Socialistes de Catalunya (Parti des Socialistes de Catalogne) et Iniciativa per Catalunya-Verds (Initiative pour la Catalogne-Verts), qui a rendu Président le leader socialiste Pasqual Maragall avec un programme de progrès sociaux et nationaux concrétisé par l’approbation, de la part du Parlement Catalan, d’un projet de Statut d’Autonomie qui est en cours de négociation et d’approbation dans la Cour Espagnole.

De même, le travail pour la récupération du nationalisme de gauche au País Valencià et aux Iles Baléares a été repris, un phénomène qui ne s’est pas produit dans la gauche républicaine Espagnole, qui reste dans la marginalité. A la suite des élections générales de 2004 qui ont donné la victoire au PSOE depuis le Parlement Espagnol, ERC a contribué à la transformation de l’Espagne dans un Etat plurinational ayant une alliance parlementaire avec les socialistes, et depuis le Parlement Européen elle entête une ligne politique progressiste et solidaire avec tous les peuples d’Europe, non pas avec l’Europe dogmatiquement étatiste qui est proposée dans le projet de Constitution auquel ERC a dit non.

L’ERC actuelle a mis à jour les valeurs propres de la tradition républicaine catalane : la laïcité, la dignification du travail, le sens de continuité de notre communauté nationale, la compatibilité des libertés individuelles et des collectives, la fraternité dans le rapport interpersonnel, l’égalité des droits et des devoirs entre hommes et femmes, etc. Le républicanisme tente de se consolider comme une option politique majoritaire, différencié qualitativement aussi bien du libéralisme que de la social-démocratie, c’est une force qui mise sur l’initiative des personnes, considérées individuellement et socialement, dans tous les domaines, depuis l’économique au culturel et civique, une force qui ne croit pas à l’interventionnisme étatiste, mais à la création de richesses et à la démocratie sociale, fidèle à la démocratie libérale et aux apports positifs de la tradition libertaire catalane, plus proche des thèses du travaillisme Anglais que de celles du socialisme Méditerranéen. Son idéologie ne se base pas sur des approches ethniques, mais civiques, démocratiques, inclusives, croyant à la volonté d’appartenance à la communauté catalane. Un de ses facteurs essentiels d’intégration est la langue catalane, que parlent environ dix millions de personnes dans les Etats Espagnol et Français et qui devient un élément de cohésion social apte pour l’incorporation progressive des nouveaux-venus qui arrivent dans notre pays provenant de différentes cultures. Dans ces conditions, ERC aspire, pour les prochaines années, à redevenir la principale force politique de la Catalogne et pouvoir disposer à nouveau de l’opportunité de gouverner notre pays en suivant les principes de liberté, solidarité et autodétermination nationale.

 

  1. És un bon article! Trobo a faltar una mica la lluita contra la dictadura de Primo de Rivera: si el moviment d’alliberament nacional “se radicalise et choisit la voie de l’insurrection, en suivant l’exemple victorieux des républicains irlandais”, caldria haver enraonat de la Bandera Negra o, si més no, de Prats de Molló…
    Per cert, i encara que només fos una al·lusió, però potser podríeu haver citat aquella primera República Catalana que va durar uns quants dies el mes de gener del 1641 (sobretot en un text en francès, oi?)

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