Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

31 d'agost de 2016
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Jean-Pierre Filiu: “Jean-Pierre Chevènement connaît en effet un certain monde musulman”

El president de la República francesa vol crear una fundació de l’Islam de França per integrar la població  musulmana que bascula entre els preceptes de la sunna i els de la legalitat republicana i ha pensat en el veterà polític Jean-Pierre Chevènement per assumir-ne la direcció. Una tasca a fer a l’intern de la dislocada societat francesa més que no pas cara a l’exterior mantenint relacions diplomàtiques amb les elits dels estats àrabs que exerceixen algun grau de tutela sobre els  descendents dels seus súbdits emigrats a França.

La trajectòria política de Chevènement resumeix el periple de l’esquerra francesa panarabista i antiisraeliana, uns mèrits que no són suficients pels islamo-gauchistes i els inquisidors antiracistes oficials que s’han apressat a desqualificar-los per les seves opinions recents sobre el seu projecte d’islam “republicà”.

Jean-Pierre Filiu, (politòleg referenciat sovint en aqueix bloc) refuta la idoneïtat del seu nomenament en aqueix article al seu bloc publicat avui a Le Monde:

 

C’est faire un mauvais procès à Jean-Pierre Chevènement que de lui dénier une certaine connaissance du monde musulman. Ce qui est en revanche problématique, c’est le caractère biaisé et partiel de l’expérience accumulée par celui qui préside, depuis janvier 2011, l’Association France-Algérie.

La désignation d’une Française ou d’un Français de culture musulmane à la tête de la Fondation pour les œuvres de l’islam aurait traduit une volonté de rupture bienvenue avec une gestion traditionnellement paternaliste. M. Chevènement, en appelant récemment les musulmans de France à se faire « discrets », n’a pas envoyé le meilleur signal pour dissiper de légitimes appréhensions.

En vue d’asseoir son crédit, M. Chevènement a mis en avant des séjours « au Caire, à Alger, il y a quarante ou cinquante ans ». L’ancien ministre de l’Intérieur ne cache pas sa nostalgie pour les grandes figures du nationalisme arabe qu’étaient Gamal Abdel Nasser, au pouvoir en Egypte de 1954 à 1970, ou Houari Boumediene, à la tête de l’Algérie de 1965 à 1978 (avec Abdelaziz Bouteflika aux Affaires étrangères). Cette nostalgie d’une époque révolue ne favorise pas forcément l’imagination et l’inventivité indispensables pour contribuer à une nouvelle réalité de l’islam de France.

Saddam Hussein, qui détient le pouvoir absolu en Irak de 1979 à 2003, influence durablement M. Chevènement, et ce dès l’époque où ce dernier anime l’aile gauche du PS, le CERES (Centre d’études, de recherches et d’éducation socialistes). M. Chevènement se rend pour la première fois en Irak en 1975, alors que Saddam Hussein, numéro deux du régime, n’a pas encore écarté le président Ahmed Hassan Al-Bakr. Il est impressionné par la liberté affichée par les femmes, ainsi que par les « belles routes », alors que Michel Rocard, en Irak à la même époque, sent déjà un « système totalitaire » (ces citations sont extraites d’entretiens accordés aux auteurs de Chirac d’Arabie, Grasset, 2006).

M. Chevènement, ministre de la Recherche en mai 1981, mobilise ses fidèles dans tous les ministères pour porter la relation franco-irakienne à des niveaux inégalés. Tarek Aziz, le vice-premier ministre irakien d’alors, qui visite officiellement Paris en janvier 1983, ne manque pas d’y rencontrer longuement un ami aussi engagé. C’est ensuite comme ministre de l’Education nationale que M. Chevènement est associé, à partir de 1985, aux activités des « Amitiés franco-irakiennes ». De retour au gouvernement comme ministre de la Défense, en mai 1988, il n’aura pas un mot sur les massacres à l’arme chimique que Saddam Hussein vient de perpétrer à l’encontre des populations kurdes.

M. Chevènement se démène au contraire pour lever les réticences de Bercy à de nouveaux contrats d’armement avec l’Irak, qui sort épuisé de la guerre déclenchée en 1980 par Saddam contre l’Iran. Le rééchelonnement de la dette irakienne à la France, acté en septembre 1989, est loin de régler tous les contentieux. Qu’à cela ne tienne : en janvier 1990, M. Chevènement reçoit à dîner Saadoun Hammadi, dépêché par Saddam à Paris, et il se rend peu après à Bagdad pour un long entretien avec le président irakien, dont il retient la phrase suivante : « Nos pays se comprennent car ils sont adossés à des millénaires d’histoire. »

C’est dire que la nouvelle de l’annexion du Koweït par l’Irak en août 1990 prend M. Chevènement de court. Malgré le casus belli que constitue l’occupation par l’armée irakienne de l’emprise diplomatique de la France à Koweït, M. Chevènement démissionne en janvier 1991 en protestation contre la participation de son pays à la coalition de libération du Koweit. Il revendique depuis, avec une constance qui force le respect, sa position envers Saddam Hussein et il fait figurer sur son blog ce récit de son entrevue de novembre 1994, alors qu’il porte au dictateur irakien un message du premier ministre Edouard Balladur :

« Voilà donc Saddam Hussein. Cette vie pleine de bruit et de fureur ne prend sens qu’à la lumière du rêve arabe de forcer les passages de l’Histoire, à partir de ce pays forgé par la violence. Entrevoyant et le rêve fracassé et le bilan désastreux pour l’Irak de quinze années de guerre, je suis frappé par la diction mesurée et précise de l’homme, sa maîtrise de soi, le regard distancié qu’il paraît garder sur la marche du monde. »

Depuis la chute de Saddam Hussein et son exécution en 2006, M. Chevènement a reporté sur Bachar Al-Assad une partie au moins de sa fascination pour les despotes supposés éclairés. Certes, il qualifie en septembre 2013 Assad de « dictateur brutal », mais c’est pour mieux réduire la révolution syrienne à « une féroce guerre interconfessionnelle ». Il met en doute la responsabilité du régime dans les bombardements chimiques de Damas. Deux ans plus tard, il nie jusqu’à l’existence d’une troisième voie en Syrie : « Entre Bachar Al-Assad et Daech [l’acronyme arabe de l’organisation Etat islamique] ou Al-Qaïda, nous n’avons le choix que de mauvaises solutions. Mais il y en a une qui est pire, c’est Daech et Al-Qaïda. »

La boucle est bouclée, le peuple syrien a tout bonnement disparu de cette équation mortifère et Bachar Al-Assad s’impose par défaut. Un tel raisonnement est en phase avec les accusations de « terrorisme » lancées contre toute l’opposition syrienne par Vladimir Poutine. Rappelons que M. Chevènement, nommé, en novembre 2012, représentant spécial de la France pour la Russie par le ministre des Affaires étrangères, ne trouve que des avantages à l’intervention russe auprès du régime Assad. « La coopération entre l’armée russe et l’armée syrienne de Bachar Al-Assad fonctionne », martèle-t-il en novembre 2015, ajoutant que « l’argument du dictateur, c’est toujours un mauvais argument ! Il vaut mieux avoir un Etat, même avec tous les défauts. »

En conclusion, il est indéniable que M. Chevènement connaît bien un certain monde musulman, celui d’Abdelaziz Bouteflika, de Saddam Hussein et de Bachar Al-Assad. Mais il aurait sans doute mieux valu qu’il ne connaisse rien du tout de cette partie du monde pour exercer sereinement les fonctions dont le gouvernement entend l’honorer dans l’islam de France.

Post SCriptum, 29 d’agost del 2017.

El balanç de la gestió de la fundació dedicada a crear un islam a la francesa no pot ser més decebedor, segons aqueix article d’avui a Le Figaro: “La montagne a accouché d’une souris”.

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