Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

26 de gener de 2016
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Anotacions a l’article de Jean-Pierre Filiu sobre l’actitud de Barack Obama davant el Califat Islàmic

Jean-Pierre Filiu és un prestigiós historiador francès especialitat en el Orient Mitjà contemporani i concretament els moviments islamistes que publica habitualment les seves anàlisis al bloc ubicat a Le Monde. Ahir va escriure un apuntament titulat “L’Amérique en déni de l’État Islamique“, que qüestiona l’actitud del president Barack Obama consistent en negar la realitat de l’amenaça islamista.

Pel que fa a l’amenaça interior del gihadisme als EUA, Obama manté el discurs que fins fa poc encara feien servir els polítics francesos per negar les proporcions de l’amenaça emergent al seu país: es tracta de casos aïllats, llops solitaris, etc… aparentant ignorar la propagació ideològica global del totalitarisme islamista.

Pel que fa a l’acció exterior, la intervenció limitada contra l’ISIS no ofereix resultats tangibles i cedeix a Rússia el lideratge al Pròxim Orient, beneficiant a l’aliat comú que és Iran en detriment d’Israel. La transcendència històrica de l’estratègia d’Obama és enorme ja que trenca amb les intervencions bèl·liques precedents dels EUA en conflictes que s’han resolt favorablement als seus interessos i a la causa de la llibertat: a la Primera Guerra Mundial, derrotant Alemanya, a la Segona Guerra Mundial vencent el nazisme i l’imperialisme japonès, a la Guerra Freda ensorrant l’URSS i ara, quan som en guerra contra la gihad mundial, la primer potència del món lliure actua, fatalment, a la defensiva.

Jean-Pierre Filiu descriu una perspectiva tràgica amb una reflexió lúcida i irònica:

“Les Etats-Unis ont entamé la dernière année de la présidence de Barack Obama dans un étrange état de déni de la menace djihadiste. Celle-ci a pourtant fait irruption dans la réalité quotidienne du pays avec l’attaque de San Bernardino, où un couple de partisans de Daech a tué quatorze personnes, le 2 décembre en Californie. Depuis, il y a eu un attentat déjoué lors du réveillon du Nouvel An à Rochester, dans l’Etat de New York, puis l’agression d’un policier à Philadelphie, le 8 janvier, sans compter les incidents régulièrement rapportés de crimes racistes (hate crimes) que la justice hésite à qualifier d’« actes terroristes ».

Le président Obama persiste néanmoins à nier une menace « spécifique et crédible » sur le territoire américain. Il attribue cette litanie d’attaques à des« individus isolés » ou à des « petits groupes », agissant « de leur propre initiative ». Il refuse d’admettre que Daech, désigné en anglais par son acronyme ISIS, puisse animer des cellules terroristes sur le sol américain. En cela, il faut reconnaître au locataire de la Maison Blanche le mérite de la cohérence dans le déni : il avait déjà martelé en 2009 que Nidal Hassan, l’officier américain qui avait tué 13 militaires sur la base texane de Fort Hood, était un « loup solitaire »… avant d’autoriser un raid mortel au Yémen contre un imam américain actif au sein de la branche locale d’Al-Qaida, accusé entre autres d’avoir encouragé la tuerie de Fort Hood.

Répétons-le : Barack Obama est cohérent dans son déni de réalité. Il ne voulait pas plus admettre en 2009 qu’un idéologue d’Al-Qaida était capable d’inspirer des actions terroristes au sein de l’armée américaine qu’il ne souhaite reconnaître en 2016 la possibilité pour Daech de frapper le territoire des Etats-Unis par le biais de réseaux implantés localement. Reconnaître une réalité aussi dérangeante contraindrait en effet la Maison Blanche à revoir toute sa politique anti-Daech, aujourd’hui limitée à des bombardements aériens en Syrie comme en Irak, avec un appui en Irak aux actions terrestres des forces gouvernementales et des milices kurdes.

Une mission de dix jours à Washington, New York et Boston, à l’invitation de l’ambassade de France, m’a permis de mesurer l’ampleur de ce déni et la paralysie qu’il induit dans le débat américain. Les attaques de Daech contre Paris et sa banlieue, le 13 novembre, ont eu beau susciter solidarité et empathie sur la Côte est, moins vulnérable à cet égard au « politiquement correct » que la Californie (les New-Yorkais ont souvent ressenti le Vendredi-Noir français comme un équivalent européen de leur 11-Septembre). Mais cette vague indéniable d’émotion a échoué à convaincre l’administration Obama de réviser sa politique moyen-orientale et n’a pas plus réussi à affecter les thèmes de la campagne présidentielle.

L’exécutif américain continue en effet de fonder sa stratégie anti-Daech sur trois présupposés profondément erronés : l’illusion que la crise syrienne peut être « gérée » à un moindre coût, la conviction qu’une campagne anti-djihadiste serait plus efficace en Irak qu’en Syrie, et enfin l’espoir qu’un arrangement (deal) avec la Russie est envisageable à court terme. Ces trois hypothèses amènent les Etats-Unis à s’impliquer beaucoup plus en Irak qu’en Syrie, alors même que les djihadistes étrangers convergent vers la Syrie, et non l’Irak, au rythme d’une centaine par semaine, selon des sources françaises.

Le Kremlin, loin d’être mis en garde contre les dégâts provoqués par sa version de la « guerre globale contre la terreur », est courtisé par la Maison Blanche. Pire, au lieu d’exiger l’arrêt des bombardements russes sur l’opposition syrienne, les Etats-Unis suspendent l’approvisionnement en armes de l’insurrection pour l’obliger à négocier avec le régime Assad en position de faiblesse. Cette politique calamiteuse aboutit inévitablement au renforcement des réseaux transnationaux de Daech, qui semble par ailleurs en mesure de s’emparer, après Rakka, d’une deuxième capitale provinciale en Syrie, la ville de Deir ez-Zor, soumise à un siège implacable des commandos djihadistes.

Les journalistes qui ont pu longuement interroger le président Obama au sujet de la menace djihadiste en ont retiré la conviction que la politique actuelle, malgré ses failles béantes, ne serait révisée qu’en cas d’attentat majeur sur le sol des Etats-Unis. Il est lamentable que seule une tragédie de cette nature puisse amener Washington à sortir de l’ornière actuelle. On relèvera avec amertume que le Vendredi-Noir français n’aura en tout cas pas suffi à entraîner un tel examen de conscience au sommet de l’Etat américain. Comme si les Etats-Unis étaient devenus incapables d’adopter une voie médiane et raisonnable entre la sur-intervention de type Bush junior et la sous-intervention privilégiée par Obama.

Il est pourtant une profession américaine qui parle sans fard de Daech et de sa menace : ce sont les comédiens des shows de Manhattan, qui brodent avec aplomb sur les horreurs djihadistes afin de susciter l’hilarité plus ou moins gênée de leurs spectateurs. Les uns suggèrent aux animateurs de club de gymnastique de s’inspirer des entraînements djihadistes pour lancer une nouvelle « mode », les autres déclinent le terme d’ISIS, déesse égyptienne, pour tourner en dérision les machos du djihad. On a bien envie de rire aux éclats, pendant qu’il en est encore temps. Mais, une fois sorti du cabaret, on ne peut que s’inquiéter du déni persistant qui frappe les décideurs supposés « sérieux » et « responsables ». Wake up, America (Amérique, réveille-toi) !

Post Scriptum, 3 de febrer del 2016.

Aqueixa informació apareguda avui al digital israelià Debka confirma l’opinió de Jean-Pierre Filiu sobre la connivència del president Obama amb la intervenció militar russa pro-Assad.

Post Scriptum, 19 d’agost del 2016.

En aqueix apunt d’avui mateix publicat al seu bloc de Le Monde i titulat “Comment l’Amérique d’Obama ment sur la menace jihadiste” Jean-Pierre Filiu insisteix a alertar de la desastrosa estratègia dels EUA, per falsa i claudicant, davant la progressió rampant del gihadisme:

Barack Obama persiste à falsifier la réalité des faits au Moyen-Orient avec la même impudeur que son prédécesseur l’avait fait pour justifier en 2003 la désastreuse invasion de l’Irak. Le président américain intoxique le monde entier sur l’état effectif de la menace jihadiste afin de justifier une politique pourtant défaillante. La commission du renseignement de la Chambre des représentants vient de dénoncerune intoxication systématique au cours des deux dernières années.

La campagne présidentielle aux Etats-Unis est pourtant bien pauvre sur le sujet, entre les outrances de Donald Trump, qui accuse Obama d’avoir contribué à lafondation de Daech, et la défausse de l’actuel président, qui se dit confiant dans les chances d’Hillary Clinton de venir enfin à bout de Daech. Il n’est donc pas inutile de souligner les mensonges de l’administration Obama sur l’état de la menace jihadiste.

MENSONGES SUR LES PERTES

Le général américain Sean Mac Farland, qui dirige les opérations de la coalition occidentale anti-Daech, vient d’affirmer que 45.000 combattants jihadistes auraient été tués depuis le début des bombardements de la dite coalition, en août 2014, dont 25.000 depuis septembre 2015. On s’étonnera qu’il y ait encore des combattants de Daech en Syrie et en Irak, puisque les Etats-Unis prétendent en avoir éliminé avec leurs alliés un nombre supérieur à celui de leurs estimations antérieures les plus élevées.

Rappelons comment les autorités américaines en sont arrivées à proférer un aussi énorme mensonge. En juin 2015, le numéro deux de la diplomatie américaine,Antony Blinken, déclare à Paris qu’au moins dix mille combattants de Daech, le bien mal nommé « Etat islamique », ont été tués par la coalition menée par les Etats-Unis en neuf mois. Une telle affirmation suscite des haut-le-cœur chez les experts militaires, qui estiment alors à un millier, et au maximum à mille cinq cent, le nombre de jihadistes tués. Qu’à cela ne tienne, le chiffre de vingt mille jihadistes tués est avancé par Washington dès la fin de l’été 2015, soit un doublement en deux mois  du bilan avancé par Blinken!

Le caractère farfelu de telles « informations » apparaît encore plus crûment dans la « fourchette » donnée par Mac Farland pour le nombre de combattants actuels de Daech en Syrie et en Irak : entre 15 et 30.000, on appréciera le flou du commandant en chef de la coalition. Le Pentagone comptabilise plus de 14.000 frappes de la coalition, dont les deux tiers en Irak, ce qui donnerait une moyenne invraisemblable de trois jihadistes tués par bombardement. L’ONG Airwars  avance pour sa part un bilan d’au moins 1580 civils tués dans ces bombardements.

MENSONGES SUR LES PRIORITÉS

Obama a engagé ses forces armées en Irak en août 2014, avant d’étendre ses opérations à la Syrie le mois suivant. La coalition elle-même est composée de la France, de la Grande-Bretagne, de l’Australie, des Pays-Bas, du Canada, ainsi que de la Belgique et du Danemark (qui n’agissent qu’en Irak), de la Jordanie, de la Turquie, de l’Arabie, de Bahreïn et des Emirats, dont la participation, limitée à la Syrie, est plus symbolique qu’effective.

C’est en Irak que se porte l’effort principal des Etats-Unis contre Daech, avec, à la tête du contingent américain d’officiellement 3830 militaires, le général Gary Volesky, qui en est à sa cinquième mission dans le pays. Cette focalisation sur le théâtre irakien a eu des effets dévastateurs sur la lutte contre Daech en Syrie. J’avais ainsi rapporté comment une unité syrienne, pourtant formée et armée par les Etats-Unis, avait été privée au début de cet été d’un soutien aérien crucial du fait du transfert des aéronefs concernés vers l’Irak et Fallouja.

On peut par ailleurs s’interroger sur l’efficacité de cette stratégie « D’abord l’Irak » (Iraq first). Le tableau ci-dessous diffusé par le Pentagone fait état de plus de cinq cents tanks et véhicules blindés de Daech détruits au 31 mai 2016 par la coalition. Or les partisans de Baghdadi avaient saisi plus de 2300 blindés divers dans la seule ville de Mossoul en juin 2014, selon le Premier ministre irakien lui-même. L’arsenal jihadiste n’a donc été que très relativement affaibli dans la perspective des batailles futures.

Enfin, accorder la priorité à l’Irak sur la Syrie est ne rien comprendre à la dynamique de recrutement international de Daech, dont la Syrie, et non l’Irak, est le moteur. Alors même que le monde entier se dit mobilisé contre Daech, les « montées au jihad » se poursuivent depuis les cinq continents à destination de la Syrie. Le couloir qui mène les combattants jihadistes de la frontière turque à Raqqa aurait dû être la cible prioritaire de la coalition. Au contraire, elle a laissé les révolutionnaires locaux, arabes et sunnites, sans soutien extérieur face à une offensive de Daech pour consolider ce corridor stratégique (en rouge foncé sur la carte ci-dessous du Pentagone).

MENSONGES SUR LES ALLIANCES

Ces mensonges sur les priorités correspondent à des mensonges sur les alliances. Les forces spéciales américaines ont fait depuis longtemps en Syrie le choix d’une collaboration avec la branche locale du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan, pourtant en guerre ouverte avec le pouvoir turc depuis plus d’un an. La guérilla kurde a constitué le noyau dur et la hiérarchie opérationnelle des Forces démocratiques syriennes (FDS), qui se sont étoffées de milices supplétives arabes.

La récente prise de Manbij par les FDS représente un incontestable succès contre Daech. Mais la population, arabe et sunnite, malgré son soulagement, s’inquiète des visées à long terme sur la ville de ceux qu’elle appelle « les Kurdes ». Elle les accuse déjà d’avoir fourni des coordonnées GPS erronées aux bombardiers américains, ce qui expliquerait le niveau effarant des pertes infligées dans la population civile. On rappellera que la victoire kurde de Tall Abyad, prise à Daech au début de l’été 2015, s’était accompagnée d’une véritable «purification ethnique» à l’encontre des populations non kurdes.

Enfin, Washington continue à coordonner en Syrie ses frappes avec la Russie et a sans doute été prévenue à l’avance des récents bombardements russes menés à partir du territoire iranien. Un accord plus formel entre Washington et Moscou est toujours sur la table. Un humanitaire britannique, actif sur le terrain à Alep, met en garde contre le caractère « diabolique » d’éventuelles frappes conjointes des Etats-Unis et de la Russie contre le nord de la Syrie. Washington vient d’ailleurs de donner des gages à Moscou en contraignant les forces anti-Assad à suspendre leur offensive contre Sheikh Miskeen, dans la province méridionale de Deraa.

Le futur locataire de la Maison blanche héritera d’une situation calamiteuse face à Daech. Il ou elle sera contraint, avant de pouvoir concevoir et mettre en œuvre une politique anti-jihadiste digne de ce nom, de démêler le vrai du faux dans l’accumulation de mensonges d’Etat cautionnés par Obama. La tâche s’annonce rude.

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