Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

14 de gener de 2024
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Shmuel Trigano: “L’antisémitisme global, une nouvelle modalité de la haine des Juifs”

Shmuel Trigano, (Blida, Algèria, 1948), és un sociòleg i filòsof jueu nacionalitzat francès que avui publica a Tribune Juive aqueix punyent article:

En ce jour scandaleux où le supposé “Tribunal” de La Haye juge l’Etat d’Israël pour “génocide”, une reconsidération de la nature de la haine des Juifs s’impose.  C’est en effet une nouvelle modalité de cette haine qui s’est mise en place.

Jusqu’à présent se sont succédés l’antijudaïsme chrétien et musulman, puis, avec la modernité, l’antisémitisme, et enfin, avec la post-modernité, l’antisionisme. A chaque fois, la haine s’est déclinée dans un registre spécifique (la religion, la République/l’Etat, la nation ). Dans tous les cas ce sont les Juifs comme peuple qui sont visés.

Nous voyons qu’aujourd’hui se constitue sous nos yeux une nouvelle modalité de cette haine que l’on peut définir comme “globale”, j’entends par là intrinsèquement liée à la “globalisation” et à son ordre socio-politique international, on pourrait dire “planétaire”. En d’autres termes, la haine n’est plus arc-boutée contre la nation mais l’humanité.  “Déconstruite”, (le credo “académique” du postmodernisme !), elle recèle plusieurs niveaux de réalité.

1) Elle ne déclare plus haïr les Juifs, mais les Israéliens mais ce sont les Juifs non Israéliens qui sont de facto aussi ciblés dans tous les pays occidentaux, car il n’y a plus de Juifs dans les pays arabo-musulmans ou si peu. 900 000 Juifs ont été chassés et spoliés de 1940 à 1970. Ils sont en quelque sorte toujours traqués par le monde musulman, parmi eux les 600 000 Juifs qui durant cette période se sont réfugiés en Israël, mais aussi ceux qui ont trouvé refuge, 300 000, notamment en France, dans les pays où s’est installée par la suite une population immigrée.

2) Elle se présente comme une lutte anticoloniale et une résistance nationale alors qu’elle mène une guerre de religion, supposée progressiste – anticolonialisme oblige – , qui est devenue le cheval de Troie de la politisation de l’islam dans les pays occidentaux. L’origine de cette simulation remonte aux années d’après-guerre quand l’Union soviétique entretenait une tension larvée avec le monde libre dans la mouvance du Tiers monde et des non-alignés. C’est en 1964 dans la Roumanie de Ceausescu que le KGB[1] créa la “nation palestinienne” résistante au colonialisme occidental. On affubla Arafat (qui n’était pas un “Palestinien” mais un Arabe égyptien) de l’habit du guerillero à la Che Guevara, dans l’objectif de séduire les “idiots utiles” (expression de Lénine) de la gauche européenne.

Il en est resté quelque chose comme on le voit aujourd’hui dans la confusion monstrueuse qui célèbre au nom des supposés idéaux de la gauche progressiste la cause islamiste et des organisations palestiniennes totalitaires et terroristes

3) Elle mène des opérations sur deux terrains à la fois : les opérations terroristes d’un côté, une action judiciaire internationale, en Israël même et dans les pays de la diaspora arabo-musulmane, de l’autre. Les actes terroristes sont perpétrés à la façon de meurtres rituels, de sacrifices humains (par des terroristes qualifiés de “martyrs” de la foi) , au nom de Dieu tandis que la tentative judiciaire de mettre les Juifs au ban de l’humanité devant le Tribunal de La Haye et les instances de l’ONU, vise à exclure les juifs de la communauté des citoyens des États occidentaux. Je pense en France aux deux propositions de loi présentées au parlement par le parti LFI, visant à déclarer et reprouver l’apartheid israélien. A l’ONU comme à Paris, le but est le même : délégaliser les Juifs pour mieux les exclure, les éliminer, éradiquer l’État d’Israël, “juridiquement” et “moralement”.

4) Le narratif de cette haine s’abreuve à deux mensonges : la Nakba, le génocide supposé des Palestiniens lors de la création d’Israël en 1948, et l’apartheid dont souffriraient aujourd’hui les Palestiniens. Deux mensonges, deux malversations de la réalité historique. C’est une croyance propre à la haine palestinienne des Juifs et il ne sert à rien de l’éprouver au fil de la réalité historique, comme cela l’a été mille fois sur le plan de l’histoire et des faits. Ces mythes visent à se conférer à soi-même une condition victimaire qui sollicite l’apitoiement de l’Occident et justifie la violence.

5) Ces nouveaux motifs idéologiques n’empêchent pas le recyclage des motifs archaïques de l’antisémitisme : le complot mondial et le meurtre rituel d’enfants non juifs. Le Juif tueur d’enfants, on l’aura remarqué, est particulièrement présent dans la couverture médiatique de  Gaza notamment.

6) Outre l’islam et le gauchisme résiduel des progressistes, le fonds idéologique qui porte la diffusion de la nouvelle haine des Juifs dans les pays occidentaux est l’idéologie post-moderniste. C’est au terme d’une analyse du “Nouvel antisémitisme”[2] que j’avais abouti à l’identification de l’idéologie qui le fondait : le post-modernisme, l’idéologie dominante de notre époque[3]. Ambitionnant de modifier la condition humaine (transhumanisme, genres, etc), cette idéologie ne pouvait que déboucher, à la lumière de l’histoire, sur l’enjeu de l’Humain dans la condition juive. La figure du juif ennemi du genre humain, monstre à éradiquer, est en effet connue. C’est le massacre du 7 octobre du Hamas en Israël qui nous a montré son ignoble réalité et son actualité.

7) Le champ d’action de cette nouvelle haine est “le village global”, les institutions internationales dans lesquelles ses activistes majeurs bénéficient de la majorité automatique que leur assurent les 57 pays arabes, membres de l’ONU, promoteurs de surcroît de “l’alliance des civilisations” dont le but est de proposer un cadre trompeur (culturel !) aux rapports des Arabo-musulmans aux sociétés européennes confrontées à une immigration de masse en provenance du monde musulman, enfin les réseaux de communication internationaux est un des champs privilégiés de cette attaque. Cet état de fait est parfaitement mesurable si l’on compare (sur le plan des droits de l’homme) le nombre d’actes anti-israéliens de ces institutions avec l’inexistence de réactions aux turpitudes de nombreux États musulmans ( et autres) de la planète.

8) Le centre de la campagne mondiale contre Israël est à Ramallah, “l’Autorité palestinienne”, à 15 km de Jérusalem. Il bénéficie dans tous les pays occidentaux de relais associatifs qui y font de l’agit-prop. Cette agitation anti-israélienne repose sur les populations musulmanes immigrées et sur les courants gauchistes postmodernistes. Un changement majeur se produit ainsi en Occident : la haine des Juifs est peu présente dans les rangs de l’extrême droite mais active à l’extrême gauche, elle n’a plus tant de fonds chrétien mais musulman. Elle rejoint ainsi les milieux postmodernistes qui cultivent la haine de l’Occident, de leurs nations respectives qu’ils entendent démembrer, “déconstruire” dans l’exaltation des populations immigrées et l’abaissement des populations occidentales, ce qui implique un renversement du régime démocratique fondé sur le principe de la majorité et non sur la promotion des minorités. Le mensonge idéologique du palestinisme (Nakba, apartheid, etc) est censé justifier “moralement” la manifestation dans le domaine publique et civique des originaires de l’immigration, ainsi encadrés par la mouvance progressiste. C’est le dispositif du cheval de Troie dont le premier acte est de cibler les citoyens juifs d’Occident (par une série d’attentats) pour intervenir “légitimement” et “légalement” sur la  scène publique et politique des pays dont ils sont dans le meilleur des cas des citoyens récents.

9) Le palestinisme assure ainsi à la “centrale palestinienne” de Ramallah un pouvoir digne[4] d’un “empire ” aux dimensions mondiales qu’elle perdrait si elle était réduite à ce qu’elle est objectivement, une population de “tribus”, les Hamoulot, concentrées sur un territoire limité, en proie aux vendettas et aux “crimes d’honneur”, comme en témoigne réellement l’actualité y compris parmi les citoyens arabes israéliens. Il est clair que l’instance créée de toutes pièces par les “Accords d’Oslo”, l’Autorité palestinienne, n’est pas intéressée (comme les Occidentaux et la gauche des idiots utiles veulent le croire) à être l’embryon d’un État qu’il serait suicidaire de lui concéder de toutes façons et qui déjà aujourd’hui revendique à travers les slogans de ses supporters en Occident un territoire allant “du Jourdain à la Mer”, figure de style qui occulte la destruction de l’État d’Israël que cela implique.

10) Le bluff palestinien ne tient que grâce au soutien de l’Occident. C’est d’ailleurs lui qui est la destination principale du discours et de la manipulation palestiniens. C’est sur lui, en fonction de lui, que se règle l’argumentation palestiniste. C’est le résultat de toute une histoire et de son résidu métapolitique, d’origine religieuse, mais aussi du sentiment de culpabilité d’après la Shoah qui dérive du rapport compassionnel et narcissique qui va de pair avec l’idée que la mémoire de la Shoah est universelle et non particulariste (c‘est-à-dire juive). Du point de vue palestinien, c’est le mythe de la Nakba qui remplit cette fonction. Il détourne la compassion pour Israël sur les Palestiniens, les “victimes des victimes” (Edward Saïd) et donc contre le bourreau israélien. La compassion occidentale sur la Shoah est ainsi détournée sur les victimes de la  Nakba. Le mythe de l’apartheid , quant à lui, gère la culpabilité du colonialisme occidental dont ont été “victimes” les musulmans et dont Israël est le produit et l’incarnation hier et dans le temps présent, campant ainsi une figure nazie et coloniale à la fois, dans son essence même et donc sans correction possible. Le fait même d’exister pour Israël constitue une violence et une inhumanité en soi. Le massacre du 7 octobre a traduit dans les faits – la désécration de la personne humaine – la nature de cette violence et sa nature islamo-fasciste. Par où l’on retrouve le mufti de Jérusalem, haut dignitaire nazi, qui préparait l’extermination des Juifs d’Orient en Judée-Samarie qui aurait pu se produire si Rommel l’avait emporté en Afrique du Nord sur les Anglais et les Français. Par où l’on retrouve aussi la thèse révisionniste sur la Shoah, soutenue en URSS par Mahmoud Abbas, le chef actuel de l’Autorité palestinienne…

11)Toute cette construction idéologique a un effet gravissime sur la sécurité des Juifs dans le monde entier, y compris en Israël (où la menace d’incursions semblables à celle du 7 octobre est agitée par ses personnalités palestiniennes (comme Gibril Radjoub). Elle donne à leur ennemi un permis “moral” et idéologique de tuer ceux qui exterminent “les enfants” et “les femmes” de Gaza, les ennemis du genre humain, en quelque sorte !

La haine globale des Juifs fait planer une menace considérable et réelle sur les Juifs du monde entier. Il faut l’affronter comme une guerre déclarée à tous les Juifs. Il ne suffira pas en effet de s’en remettre aux instances politiques et judiciaires tierces pour contenir la menace. En diaspora, en Occident, il faut nouer des alliances avec les forces qui partagent le même combat en prônant l’attaque contre le discours palestiniste au lieu du fatalisme.  Au Moyen Orient il faut que les israéliens reconnaissent la nature de cette guerre, une guerre de religion, pour s’y confronter de façon plus efficace.

La normalisation (des juifs) qui a inspiré l’édification de l’État jusqu’à ce jour a fait son temps. Il faut en effet être au moins deux pour y croire et la mettre en œuvre. Le 7 octobre a montré que les adversaires d’Israël ne considéraient pas les juifs comme des êtres humains… Le dépeçage des corps torturés témoigne de ce que les meurtriers ont voulu porter atteinte à l’image humaine des suppliciés.

Notes

[1] Selon les révélations de l’espion soviétique passé à l’ouest, Jan Pacepa…

[2] Cf. Shmuel Trigano, Quinze ans de solitude, Juifs de France, 2000-2015, Berg International, 2015

[3] Cf. Shmuel Trigano, La nouvelle idéologie dominante, le postmodernisme, Hermann, 2012

[4] Selon l’expression de l’essayiste Lee Smith

 

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