Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

10 de març de 2024
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El tombant identitari del nacionalisme cors

Ahir es va presentar al poble cors Mossa Palatina, autodefinit com a “Muvimentu naziunalistu corsu. Autonomistu, identitariu, liberale”. El diari Corse Matin fa aqueixa ressenya de l’acte: “À Ajaccio, Mossa Palatina lance sa “mise à jour” du nationalisme et frappe fort contre les “traîtres” et l’islamisme“.

Dans un palais des congrès comble et chauffé à blanc par 500 soutiens, le nouveau parti politique mené par Nicolas Battini a organisé son meeting de lancement dans une ambiance décomplexée. Lutte pour “la survie du peuple corse”, contre les “trahisons de ceux élus en 2015”, le wokisme et l’islamisme. Les canons politiques ont tonné pendant 1 h 30 sous de longues acclamations.

Les organisateurs avaient annoncé 400 personnes, celles-ci ont finalement été un peu plus nombreuses. En voyant les 450 places assises du palais des congrès d’Ajaccio prises d’assaut pour le lancement officiel de Mossa Palatina et les personnes debout dans les accès à l’auditorium, les membres du nouveau parti politique ont gagné leur premier pari. Ils ne s’imaginaient peut-être pas susciter autant d’acclamations, bandere au vent, face à une salle, il est vrai, acquise à leur cause. Dans les prises de parole, le refus d’appeler à une quelconque forme de violence a systématiquement tranché avec les coups de massue assénés à la face des principaux “fossoyeurs de la Corse” et de “l’Occident démocratique”, selon les adeptes du “palatinisme” : les nationalistes élus en 2015 qui ne “cessent de trahir la cause” (une phrase répétée à l’envi), les wokistes (les deux ont été souvent mêlés) et les islamistes. Durant 1 h 30, médias et observateurs ont assisté à un assaut idéologique d’une rare intensité contre “la pensée établie” dans toutes ses dimensions.

Contre la majorité nationaliste : “Ci (h)anu traditu, a nostra vindetta si chjama Mossa Palatina”

Jusque dans la playlist diffusée, rien n’a été laissé au hasard : È puru simu quìHosanal’Ancura di a Misericordia ou Le Chemin des Dames pour le répertoire corse ; Les IncorruptiblesLes Chevaliers de Sangreal ou Le Dernier des Mohicans pour le répertoire international.

Sur écran géant, défile la victoire de 2015 pour laquelle les figures de Mossa Palatina ont voté, l’appel à accueillir le bateau de migrants Ocean Viking en 2017, les “théories du genre” à la mairie de Bastia en 2022. Et une réponse : “Ci (h)anu traditu, a nostra vindetta si chjama Mossa Palatina.” La salle exulte une première fois.

“Nous sommes cette jeunesse que vous n’avez pas su protéger, comme vous ne savez pas protéger cette terre qui est la nôtre”

Dans une longue introduction, sous la houlette de Romain Vincetti, directeur de l’associu Palatinu, se sont succédé Lisandru Luciani, fils du président de l’APC Denis Luciani, Jean-Charles Villanova, Paul Marchioni et Anto’Marcu Galloni d’Istria. Les membres de l’exécutif palatinien aux côtés de Fabien Lanfranchi ou de Thomas Selvini ont, chacun dans leur couloir argumentaire, résumé la pensée de leur parti : le nationalisme n’est pas né en 1975 à Aleria mais à la fin du XIXe siècle dans les écrits de Santu Casanova et de Petru Rocca ; “le paradoxe” du FLNC défendant une communauté de destin et taguant en même temps “IFF” ; la “légende” et le “travestissement” du nationalisme et de ses figures.

“Nous sommes cette jeunesse que vous n’avez pas su protéger, comme vous ne savez pas protéger cette terre qui est la nôtre”, a lancé Lisandru Luciani aux “élus”. Le “changement de sociét锓le choc de civilisation inévitable”, ce “basculement démographique” annoncé à “l’horizon 2050 au profit des populations arabo et africano musulmanes” hantent Mossa Palatina. La doctrine d’un “libéralisme conservateur revendiqué” fait pâle figure à côté des coups de boutoir assénés à la majorité nationaliste et “à la bien-pensance”.

Nicolas Battini a ménagé son entrée. Et c’est finalement sous la très pompeuse bande originale Conquest of Paradise du film 1492 que le président de Mossa Palatina apparaît, triomphant. Le modeste pupitre du palais des congrès n’a rien des côtes américaines conquises par Christophe Colomb et la croix chrétienne. Qu’importe. C’est sous une pluie d’acclamations qu’il a lâché ses coups dont l’ancien membre de Femu a Corsica ne faisaient plus mystère ces derniers mois.

Les wokistes déboulonnent les statues du passé ? Nicolas Battini veut la tête d’un Riacquistu façonné par une pensée de gauche “mortifère et obsolète”

Son roman national, c’est celui de l’empire colonial français, “bâti par nos grands-pères et nos grands-oncles”. C’est celui des soldats de 14-18 morts pour la France et, selon lui, heureux de leur sort. C’est Paoli qui adhère aux aspirations de la Révolution française avant de rompre avec elle, notamment, “au nom de la défense du culte catholique”, face à Robespierre. “Vous n’entendez pas cela dans la bouche de ceux qui veulent le faire passer pour un homme de gauche”, lâche-t-il.

C’est également l’héritier d’U Babbu, Napoléon, “titan de l’histoire”, bien sûr. C’est aussi le légendaire Ugo Colonna, chevalier romain prétendument venu en Corse pour en chasser “l’Islam conquérant”. Autant de références qu’il met au service d’un argumentaire à la sulfateuse contre les “criminels reniements (nationalistes, ndlr) des dernières années”. Les wokistes déboulonnent les statues du passé ? Nicolas Battini veut la tête d’un Riacquistu façonné par une pensée de gauche “mortifère et obsolète”.

Gilles Simeoni n’aura eu “qu’un bien fait” : “Avoir permis la marginalisation de la violence politique.” Pour le reste, le président de l’exécutif de Corse a tout faux, selon Nicolas Battini. Non satisfait de lui avoir déjà répondu lorsque Gilles Simeoni avait qualifié les membres de Palatinu de “sbires de l’extrême-droite”, le président de Mossa Palatina a récidivé : “Nous n’acceptons pas que les petits-fils de pétainistes avérés donnent des leçons aux petits-fils de résistants.”

Trois ennemis : le jacobinisme, le wokisme et l’islamisme, cette “peste insidieuse qui se répand”

Selon Nicolas Battini, “l’ennemi est tricéphale” : le jacobinisme, “négation de ce que nous sommes” ; le wokisme, “sectaire et totalitaire” ; l’islamisme. Ce dernier a occupé une très large partie de son discours dénonçant cette “peste insidieuse qui se répand” avec la “complicité de l’élite bourgeoise”, cette “tyrannie” qualifiée encore de “maladie”“Condamnez l’immigration massive ou bien vous condamnez l’âme du peuple corse”, a-t-il lancé.

Jamais avare de références religieuses et dans une volonté permanente de concentrer une partie de ses attaques contre Gilles Simeoni, Nicolas Battini cloue au pilori “saint Gilles de Lozzi récitant l’Évangile selon saint Matthieu” dont la politique favoriserait l’accueil de migrants. Pas très catholique. “La charité bien ordonnée commence par soi-même”, rétorque-t-il.

Dans sa volonté de “briser le discours qui paralyse notre sociét锓d’abattre le barrage mental”, il étrille la “communauté de destin” – dont le débat né au sein du nationalisme est une victoire idéologique qu’il s’attribue – qui est devenue une communauté de résidence : “Folie que tout cela !”

Aux “flots démographiques” venus du continent et non du sud qui créeraient des déséquilibres fonciers, culturels et linguistiques, Nicolas Battini oppose une réponse radicale : “Les populations européennes sont infiniment plus compatibles entre elles.”

Le terme de “croisade” pour conquérir Bastia aux prochaines municipales ? Il l’assume et va plus loin : “Pierre Savelli n’est pas un nomade Seldjoukide, il est Corse autant que nous.” Mais le maire de Bastia se comporterait, selon lui, en “grand moufti” avec sa “politique communautariste” qu’il s’agirait de “déloger”.

Rires et acclamations se mêlent encore dans la salle qui répond à une question de son nouveau chef, revenant comme un gimmick : “Serez-vous à nos côtés ?” Les supporters de Mossa Palatina savaient ce qu’ils étaient venus chercher au palais des congrès d’Ajaccio. Ses opposants savent désormais, douloureusement, à quoi s’attendre.

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