23 de desembre de 2007
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S’HA MORT ALS 97 ANYS UN MESTRE DE LA LLETRA :JULIEN GRACQ

Vet aquí un text seu magnífic, destaparé una botella de la Veuve per brindar pel teu corpus literari, mestre Julien:
Ou bien maintenir à tout prix la liquidité de la langue, sa disponibilité, en tentant, par une inattention rigoureuse aux affinités des mots, aux liaisons syntaxiques, à tout ce mécanisme verbal qui, si nous n’y prenons garde, s’ingénie à chaque instant à penser pour nous tout seul, de laisser le champ libre à l’" aimantation " intérieure du subconscient. Tentative séduisante, mais qui ne va pas sans des risques certains. La " continuelle infortune " qu’a été selon Breton l’histoire de l’écriture automatique dans le surréalisme tient peut-être à une double exigence, à peu près impossible à satisfaire, et dont les premiers surréalistes, acharnés à aboutir malgré tout, n’ont pas tenu suffisamment compte en effet l’abandon total au " caractère inépuisable du murmure ", à la dictée intérieure, y doit se doubler d’un effort de tous les instants, et qui réclame, lui, l’attention la plus soutenue, pour desserrer les mâchoires du langage, pour paralyser ses mécanismes moteurs, toujours prêts à se substituer à la pensée qui lâche la bride. Une langue, et surtout une langue qui comme la française a beaucoup servi (il s’agit ici de son usage littéraire) tend à ressembler de plus en plus à un système compliqué d’aiguillages entrecroisés – où le mécanicien aux yeux bandés, beaucoup plus souvent que de provoquer quelqu’une de ces magnifiques catastrophes de locomotive renversée dans la forêt vierge dont rêve Breton, risque, plus banalement encore que d’autres, d’aboutir au cul-de-sac ensommeillé d’une voie de garage: on ne l’a déjà que trop vu. (…). L’autre solution (…) vise tout autant que la première à provoquer cette rupture des mécanismes semi-automatiques de la langue qui est la condition même de la création ; mais tandis que les tenants de l’écriture spontanée y tendent seulement afin de laisser la place libre au courant, au " murmure " qui devra disposer désormais de la langue comme d’une matière ductile, les poètes conscients du type valéryen, fort étrangers à cette notion de " champ libre " voient dans la réflexion et le travail sur les données du langage l’unique moyen de libération. Le goût du langage dans ce qu’il a de plus arbitrairement, de plus gratuitement " donné ": rimes, rythmes, clichés, assonances, " gênes exquises " se justifie pleinement – non sans d’ailleurs continuer de nous gêner à notre tour – à une telle manière de voir. On pourrait la caractériser comme la reconnaissance spontanée du besoin d’un cadre rigide préétabli où accrocher ses pensées pour pouvoir en expliciter les virtualités les plus intimes.
(André Breton, quelques aspects de l’écrivain, p. 94 et suivante)

Unes línies d’oracle, l’oracle Gracq:
La richesse d’une langue se mesure, autant et plus qu’à l’étendue de son vocabulaire, à la qualité et à la densité de sa littérature. Chaque emploi notoirement heureux d’un vocable ajoute en effet une facette à sa signification : il a embrayé sur l’esprit selon un angle d’incidence neuf. Et l’ouverture d’une langue à la poésie dépend pour beaucoup de l’aptitude acquise de ses mots au scintillement : les mots dans la poésie troquent presque toute autre qualité contre celle de pouvoir réfléchir la lueur d’un autre. Une langue résonante avant même d’être signifiante se met alors en place, dans le flux continu de laquelle les significations se posent et se déplacent en liberté, du moment qu’elles se répondent. La poésie est, de nature, décloisonnement du vocabulaire. Dans une séquence comme " le vierge, le vivace, et le bel aujourd’hui ", derrière l’autonomie apparente intacte des mots, entre eux les séparations internes ont cédé en profondeur, la chaîne des significations n’a plus réellement de maillons. Dans la séquence "la marquise sortit à cinq heures", si.

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