Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

21 de març de 2016
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Molenbeek, territori perdut de Bèlgica

L’any 2002 un grup de professors d’institut de la regió de París van publicar un llibre col·lectiu que duia per títol “Les territoires perdus de la République” on alertaven de la progressió del masclisme, l’antisemitisme i l’islamisme en el sistema escolar francès abocat a una fallida imminent. L’obra va ser ignorada pels responsables governamentals i la classe política d’aleshores, la mateixa que ara se’n plany d’aqueixos mals que poden en crisi la democràcia republicana.

Una situació encara pitjor es viu al Regne de Bèlgica, on barris sencers com Molenbeek són més aviat un enclau islamista que no pas un districte de la capital de la Unió Europea. Pierre Vermeren és professor d’història del Magrib contemporani a la Universitat de París I (Sorbona) i l’autor de l’article “Comment Molenbeek est devenu le sanctuaire du désastre” publicat el 15 de novembre de l’any passat a Le Figaro, dos dies després dels atemptats gihadistes de París.

El lligam entre el banditisme vinculat al tràfic de drogues i el gihadisme és el trellat que s’ha anat congriant des de fa dècades davant la passivitat de les autoritats, malgrat que la periodista Hinf Fraihi ja ho va advertir en un llibre publicat fa deu anys, “En immersion à Molenbeek“, sense que els dogmàtics d’allò políticament correcte (ignorar l’emergència del gihadsme autòcton europeu) li fessin cas. El Partit Socialista ha practicat en aqueix barri un clientelisme consistent en afavorir l’islamisme, l’agermanament amb Gaza i l’antisionisme fins al punt que la policia belga reconeix haver perdut el control del territori on poden camuflar-se amb la complicitat dels veïns els gihadistes del Califat Islàmic.

Els mitjans de comunicació han preferit ignorar els aldarulls contra la policia belga arran de les detencions d’aqueix cap de setmana dels gihadistes vinculats als atemptats de París i les teories de la conspiració a les quals acudeixen els qui exculpen els autors dels atemptats gihadistes acusant-ne els serveis secrets i els sionistes.

Heus aquí el diagnòstic del desastre belga fet per Pierre Vermeren: “Depuis des années, la Belgique, qui subit le terrorisme islamiste, est pointée du doigt par les services de renseignement européens et maghrébins. Elle abriterait des foyers de radicalisation et de narcotrafic à Bruxelles, à Anvers et en Wallonie. Les autorités marocaines sont très inquiètes devant la radicalisation hors de contrôle de leurs ressortissants, qui versent dans le crime organisé, le salafisme voire le chiisme, en rupture complète avec leur islam. Les géographes questionnent la dynamique de la communauté marocaine de Belgique, majoritaire dans les berceaux du grand Bruxelles, alors qu’à l’inverse de la France et de l’Espagne, la Belgique n’a pas de passé colonial marocain. Pourquoi la Belgique compte-t-elle plus de 500 000 Marocains, 1 habitant sur 20, et pourquoi sont-ils nombreux à verser dans un radicalisme hors de contrôle? L’histoire, l’origine et les activités des Marocains de Belgique expliquent le sanctuaire salafiste de Molenbeek, le Moulin du ruisseau.

En mars 1912, la France place l’Empire chérifien sous «protection», et concède le nord du pays, le «Rif», à l’Espagne. Ce Maroc espagnol est coupé en deux: le pays jebala arabophone à l’Ouest, le pays berbère du Rif à l’Est. Cette montagne méditerranéenne pauvre et très peuplée vit d’expédients et de trafics marchands, à l’instar de la Corse ou de la Kabylie. Des dizaines de milliers de Rifains s’embauchent chaque année en Oranie française pour travailler la vigne ou dans les mines de la région. Les Espagnols laissent faire. Quand, après la Grande guerre, ils se décident à «pacifier» la région, leur armée se fait massacrer à Anoual en juillet 1921 (12 000 morts). Avec les armes récupérées, Abdelkrim proclame un Etat, la République du Rif, et son armée. En cinq ans de guerre, l’Espagne se déchaîne contre les Rifains, qui reçoivent les surplus de gaz moutarde bradés par l’Allemagne. Mais rien ne venant à bout des Rifains, ils portent la guerre au Maroc français. Lyautey est destitué, remplacé en urgence par Pétain, qui mobilise une armada franco-espagnole ultra moderne, qui débarque à Al Hoceima, répétition du 6 juin 1944. Les Rifains, écrasés par des centaines de milliers d’hommes, reprennent leur exode saisonnier vers l’Oranie. Toutefois, Franco sait les utiliser par dizaines de milliers dans sa guerre d’Espagne pour nettoyer et conquérir au couteau les tranchées et les villes républicaines.

Lorsque la guerre d’Algérie ralentit puis interdit la migration vers l’Algérie en 1956, la misère s’abat sur le pays, poussant les plus téméraires vers le Nord. Les houillères françaises du nord en plein boum embauchent des milliers de Marocains du Rif, où ils rejoignent les kabyles. A l’inverse de ces derniers, originaires de la région la plus francophone d’Algérie française, les Rifains berbérophones, voire hispanophones, ne pratiquent qu’un français minimaliste. Ils se réfugient dans leur religion austère et conservatrice, hermétique au réformisme musulman qui gagne le Maroc français. Pire, à l’indépendance du Maroc, quand le Rif se soulève pour ses libertés, le Rif fait l’objet d’une guerre livrée par les forces armées royales d’Oufkir et du futur Hassan II, en 1958 et 1959, aidées par l’armée française. Le Rif reçoit cette fois du napalm. On relève des milliers de morts. La haine que se vouent les Rifains et le roi du Maroc est si forte qu’en 38 ans de règne (1961-1999), Hassan II ne se rend pas dans le Rif, refuse d’y investir et d’équiper le pays. Il ne lui laisse que le monopole du kif accordé par son père.

Peuple abandonné et livré à lui-même, les Rifains émigrent comme leurs aînés. Ils s’installent dans le nord, puis suivent l’emploi vers les houillères de Wallonie, et enfin dans les Flandres et aux Pays-Bas en plein boom. Le Benelux et le Nord Pas de Calais comptent en 2015 près d’1,5 millions de «Marocains», en majorité Rifains. Après 1968 et la chute de la French Connection, les chimistes corses passés dans le Rif transforment le chanvre en pâte base pour l’exportation. La commercialisation du haschisch suit l’émigration rifaine, ouvrant les portes des marchés européens en Espagne, en France et au Benelux. Avec Anvers, la Belgique devient une plaque tournante. Le commerce et le trafic de drogue deviennent inséparables, et ces activités pallient les licenciements qui frappent en masse mineurs, sidérurgistes et salariés du textile. Les Rifains se concentrent dans des quartiers qui s’homogénéisent à Roubaix, Tourcoing, Bruxelles-Molenbeek, Rotterdam, Liège… Une partie de cette jeunesse belge frappée par le chômage et la crise se tourne vers le fondamentalisme religieux, alors que la police belge n’a aucune expérience en la matière, à l’inverse de la police française plus expérimentée, et qui laisse travailler les services marocains auprès de leurs ouailles.

Austérité ancestrale et culture insulaire, hostilité viscérale au régime marocain et à son islam, rejet de l’Etat qui rappelle la Sicile, liberté religieuse à tous vents, réseaux mafieux structurés par 40 ans de business (10 milliards de $ de chiffre d’affaires annuel) au profit des maffias du Rif et de leurs obligés, du Maroc au Benelux, liberté de mouvement depuis Schengen, absence de surveillance policière efficace, antécédents historiques désastreux, ressentiment, culture de la violence dans un univers hostile, chômage de masse… la base arrière de Molenbeek a une très longue histoire. Pour la première fois, il va peut être falloir poser la question de l’économie de la drogue.

Post Scriptum, 4 d’abril del 2016.

Gabriel Albiac publicà el proppassat 27 de març un punyent article “Un réquiem por Europa” al diari madrileny ABC descrivint les seves impressions arran d’una visita a la població de Molenbeek després dels atemptats de Brussel·les.

Post Scriptum, 3 de setembre del 2018.

Segons informa avui el digital La Croix diversos partits belges intenten evitar la concurrència a les eleccions municipals de l’octubre vinent del partit Islam (Intégrité, Solidarité, Liberté, Authenticité, Moralité), de caràcter islamista i d’inspiració xiïta que l’any 2012 ja van aconseguir un conseller a la població de Molenbeek.

Post Scriptum, 11 de gener del 2019.

Jewish Forum, edició francesa, es va fer ressò ahir d’un vídeo de fa deu anys on apareix l’imam de la mesquita de Molenbeek, Mohamed Toujgani, (actualment president de la Lliga d’Imams de Bèlgica) apel·lant a cremar “els sionistes”: Voilà ce que le futur président des imams de Belgique prêchait en 2009, comme le montre cette vidéo de 31 minutes (sous-titrée) restée accessible sur YouTube : “Seigneur, Maître des Mondes, déverse la frayeur dans le cœur des sionistes oppresseurs. Seigneur, emplis leurs cœurs de frayeur. Seigneur, fais trembler la terre sous leurs pieds. Seigneur, fais que le sang des martyrs soit une arme sous les pieds des sionistes oppresseurs, et que ce sang soit un feu ardent qui les brûle et un vent qui les fustige. […] Ô Seigneur, démolis-les.”

Président de la Ligue contre l’antisémitisme, Joël Rubinfeld découvre cette vidéo qui, dit-il, avait échappé à l’époque mais “prend aujourd’hui tout son sens” alors que s’ouvre à Bruxelles le procès de Mehdi Nemmouche. “Comme ceux de l’Hyper Cacher et contre Charlie Hebdo à Paris, l’attentat du Musée juif ne tombe pas du ciel. Il est le fruit de l’enseignement de fabriques de djihadistes, de fabriques de terroristes, qui, par la parole, ont incité des jeunes à passer à l’acte. Le passage à l’acte est précédé par la libération de la parole. L’attentat, c’est le résultat. L’origine, c’est ce genre de discours. Ce genre de prêche arme le bras des assassins.”

L’imam Toujgani employait le mot “sioniste” qui pour la LBCA, “est une manière de désigner les juifs sans tomber sous le coup de la loi”. Répétons que les propos datent de 2009 et sont à replacer dans le contexte de la situation à Gaza. Depuis lors, des interventions publiques de l’imam Toujgani tendent à montrer que ce dernier a changé. Il y a deux ans, l’imam incitait les jeunes à “prendre garde à l’appel du djihad”. Nommé en 2017 président de la Ligue des Imams de Belgique, il affirme maintenant dans les réseaux sociaux vouloir prôner la cohabitation pacifique et citoyenne entre les différentes communautés.

Mais il appelait en 2009 “à brûler les sionistes”, insiste Joël Rubinfeld. Donc : avant que soit perpétré l’attentat du Musée juif. “Jusqu’à Nemmouche, on pouvait plaider l’ignorance. Aujourd’hui, on ne peut plus plaider l’ignorance. On savait que des imams ont prêché la haine en Belgique mais j’avais très peu vu de ces prêches filmés sur vidéo et diffusés sur YouTube où ils se trouvent d’ailleurs toujours. L’imam Toujgani est imam à Molenbeek. La mosquée Al-Khalil est la plus grande de Bruxelles, de Belgique, d’Europe. Et j’ajoute qu’elle administre des écoles.”

Post Scriptum, 4 de març del 2019.

L’historiador rifeny Aziza Mimoun és entrevistat avui per Causeur: “L’islam radical est arrivé dans le Rif par la Belgique”.

Post Scriptum, 3 de maig del 2022.

Avui, a Le Figaro: «Molenbeek: quand un député socialiste n’y reconnaît plus la Belgique». Le président du parti socialiste flamand a déclenché une polémique après avoir déclaré qu’il ne se «sent pas en Belgique» à Molenbeek. Le sénateur honoraire belge Alain Destexhe voit, dans ces réactions indignées, un aveuglement face à l’échec de la société multiculturelle.

Post Scriptum, 12 de desembre del 2022.

Alain Destexhe publicà ahir al Gatestone Institute, “Les Emeutes de la Coupe du Monde de Football en Belgique : un Symbole de l’Echec de la Politique Migratoire“.

Post Scriptum, 17 d’octubre del 2023.

Avui, a Le Figaro, “Attentat à Bruxelles: «La Belgique est devenue le laboratoire de l’islamisme». Pour le sénateur honoraire Alain Destexhe, le monde politico-médiatique belge vit encore largement dans le déni des conséquences de l’islamisation du pays”.

Post Scriptum, 20 de febrer del 2024.

Avui, a Le Figaro, Sourate du Coran au Parlement bruxellois. Comment la gauche belge s’est progressivement soumise à l’islamisme».

  1. “Molenbeek” no vol dir “le moulin du ruisseau”, sinó “le ruisseau du moulin” (recordem que el neerlndès és una llengua germànica; cf. l’alemany “Mühlenbach”).

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