Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

30 d'abril de 2015
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Gregory Copley: “La fin de la guerre israelo-arabe”

L’historiador i analista especialitzat en relacions internacionals de nacionalitat australiana Gregory Copley va publicar abans d’ahir 28 d’abril aqueix article de prospectiva sobre les relacions de col·laboració àrab-israelianes en els temps a venir com a reacció al gihadisme, a l’ascens d’Iran com a potencia regional i als mateixos EUA. L’article va aparèixer originalment al Word Tribune i en versió francesa al Jewish Forum avui mateix:

 

“Il est probable que l’histoire marquera le début de l’année 2015 comme la fin de la guerre israélo-arabe, un conflit qui a duré depuis 1948, lorsque l’Etat moderne d’Israël a été proclamé.

Cependant, la fin de « la guerre israélo-arabe », en aucun cas, ne marque la fin du conflit lancé en vue de la création d’un Etat palestinien séparé, ni la fin du conflit continu contre Israël, mené par la Turquie non-arabe, l’Iran non-arabe, le Qatar, et à un second degré, avec le soutien de la Maison Blanche américaine (mais pas l’ensemble du gouvernement américain, en soi).

La fin de ce conflit général israélo-arabe est le résultat d’un rapprochement croissant des perspectives, entre un certain nombre d’Etats de la Péninsule Arabe et Israël, particulièrement à partir de problèmes autour de l’endiguement des forces djihadistes, et de façon encore plus significative, sur les façons de contenir la domination grandissante de l’Iran sur la région.

Ce repositionnement s’est développé depuis plusieurs décennies, et a largement commencé par les échanges de contacts très discrets entre Israël et Oman, à la fin des années 1970, mais qui se sont particulièrement épanouis, quand l’ancien monarque saoudien disparu, le Roi Abdallah bin ‘Abd al-’Aziz al Sa’ud et le gouvernement israélien se sont rendus compte que leurs préoccupations convergeaient et se chevauchaient, au sujet de l’Iran.

Les Emirats Arabes Unis ont largement suivi l’Arabie Saoudite, à cet égard. La Jordanie s’est montrée constamment pragmatique dans les relations avec Israël et vice-versa.

L’hostilité « arabe » envers Israël ne s’est pas renversée, ou n’a pas décliné de manière continue et uniforme.

Le gouvernement égyptien du Président Anouar al Sadate a entamé une forme de « normalisation » avec Israël, par les Accords de Camp David 1978,mais les relations israélo-égyptiennes sont demeurées purement formelles, tout en maintenant le calme au cours de l’ère du Président Hosni Moubarak (1981-2011) et sont devenues plus pragmatiques, durant le gouvernement d’intérim du Maréchal Mohamed Hussein Tantawi Soliman (2011-12),mais ont fait machine arrière pour être carrément hostiles – tout en poursuivant des relations diplomatiques quasi-normales- du temps du gouvernement des Frères Musulmans, sous Mohamed Morsi (2012-2013).

On n’en est pas seulement revenu à une relation chaleureuse, après le renversement du Président Morsi, par le plébiscite égyptien de 2013 [Le Mouvement Egyptien pour le Changement -Tamarod- a recueilli 22 millions de signatures appelant à la démission de Morsi, conduisant, en définitive à l’installation au gouvernement du Président Abdel Fattah Saeed Hussein Khalil al Sissi] ; Cela a débouché sur une relation israélo-égyptienne fondée sur la mise en oeuvre multidimensionnelle d’intérêts stratégiques mutuels.

La fin de la relation spéciale américano-égyptienne, par l’élection du gouvernement de Sissi en 2014 et le rejet des Etats-Unis par l’Arabie Saoudite, cette même année, ont contribué à rétablir le profond soutien saoudo-émirati (et koweitien) pour l’Egypte, étant donné que tous ces Etats arabes partageaient le rejet de l’Egypte, concernant l’option favorité du Président Barack Obama ( ainsi que du Président turc Recep Tayyip Erdogan et de l’Emir du QatarTamim bin Hamad Al Thani) pour la région : les Frères Musulmans.

Ce qui a émergé, c’est, maintenant, un bloc solide d’Etats nouvellement alliés (ou mutuellement intéressés) : Israël, l’Egypte, l’Arabie Saoudite, la Jordanie, les Emirats et, à un certain point, le Koweit. Oman et le Maroc disposent de leurs liens séparés avec Israël. Ils ne sont pas tous du même avis sur toutes choses. Oman est prudent, comme toujours, à propos de l’Arabie Saoudite, particulièrement en ce moment, du fait de la gestion par Riyad de la situation au Yémen (et, en effet, les Omanis, Musulmans Ibadi, agissent en édifiant des ponts en direction de l’Iran sur bien des sujets, car l’Ibadisme est antérieur à la fois au Sunnisme et au Chiisme). Le Maroc est inquiet à cause du soutien historique de l’Arabie Saoudite à l’idéologie radicale Wahhabite. Et ainsi de suite.

De façon significative, dans le « camp antisioniste », l’Iran est fermement en désaccord avec la Turquie et le Qatar, et se méfie de l’Administration Obama dans tous les domaines. L’hostilité de l’Iran envers Israël, est, en tout cas, un problème relativement récent et pas un de ceux – comme dans le cas de « la guerre israélo-arabe »- qui a jailli en 1948. L’Iran/la Perse a entretenu une relation profonde et importante avec Israël qui remonte à quelques 2.500 ans. Il se pourrait qu’iol en aille à nouveau ainsi, une fois ce présent conflictuel  se serait dissipé :

L’Iran a toujours cherché à disposer d’un pied ferme en Méditerranée et y est parvenu grâce à ce qui est, aujourd’hui, Israël, tout en maintenant, également des liens puissants avec les Juifs de la région, depuis la mise à sac du Premier Temple de Jérusalem, par Nabuchodonosor II, après le siège de Jérusalem en 587 avant l’ère ordinaire. Les tirbus juives captives se sont graduellement implantées vers l’Est au sein de l’Empire Perse.

A la périphérie de ce tableau du monde arabe, on trouve la forte relation d’Israël avec l’Ethiopie, survenue à une époque où :

– a) Djibouti cherche à fusionner avec l’Ethiopie (à laquelle elle appartenait avant d’être louée par l’Empereur Menelik II d’Ethiopie à la France pour une durée de 99 ans) ;

– et b) une prudente relation de travail commence à émerger entre l’Ethiopie et l’Egypte, à propos du partage des eaux du Nil.

Ainsi, pas à pas, l’Ethiopie semble logiquement disposée – surgissant à nouveau en tant que facteur maritime important en Mer Rouge – à se joindre un jour ou l’autre, à ce nouveau bloc.

Ce qui est en train d’apparaître, dans ce nouveau cadre, c’est la création d’une région nouvellement renforcée, au sein de laquelle l’investissement mutuel et le commerce ont déjà commencé à s’épanouir.

Les prêts et investissements de l’Arabie Saoudite, des Emirats et du Koweit à l’Egypte, en 2014-2015, ont marqué le départ d’un véritable investissement commercial en Egypte, qui comprendra probablement le financement du « Nouveau Caire », construit entre la vieille ville existante du Caire et le Canal de Suez, dans les toutes prochaines années, également dans une période où la grande expansion du Canal apparaît : un Canal de Suez élargi et plus ouvert aux navires – d’autant plus importante en matière de navigation – est sur le point d’être inauguré en août 2015. Un tel bloc commercial, s’il voit réellement le jour, sera une élément stabilisateur pour la région, ainsi qu’à l’égard de l’ensemble de l’Est de la Méditerranée et des liaisons maritimes de l’Océan Indien et du Pacifique. Et il se pourrait bien qu’il se dégage de toute influence occidentale (c’est-à-dire américaine) forte.

A l’extérieur du monde arabe, l’hostilité mutuelle turco-iranienne se poursuit ( mais reste feutrée, ménagée avec prudence). Comment cela se terminera sera déterminant pour comprendre jusqu’à quel point la Turquie survivante décidera (certainement, dans l’après-Erdogan) de se joindre, ou non, aux bénéficies mutuels de la région.”

Post Scriptum, 7 d’agost del 2017.

Les optimistes previsions de Gregory Copley no s’estan complint, ans al contrari, com explica l’analista israelià Herb Keinon en aqueix article d’ahir a la versió francesa del Jerusalem Post: “Israël, le mal-aimé“:

L’incident de l’ambassade d’Israël à Amman est révélateur de la situation de l’Etat juif au Moyen-Orient. Les gouvernements des pays voisins – du moins certains d’entre eux – ont besoin d’Israël. Ils sont intéressés par sa coopération dans les domaines de la sécurité et du renseignement, et apprécient même la lutte que notre pays mène contre les grandes menaces régionales que sont l’Iran et le terrorisme islamiste. Leurs populations, en revanche, haïssent l’Etat juif.

Deux versants d’une même équation

La première partie de cette équation explique pourquoi le roi Abdallah II de Jordanie a laissé partir l’agent de sécurité de l’ambassade, en dépit de sa réaction d’autodéfense qui l’a mené, après qu’il ait été poignardé, à tuer son agresseur ainsi qu’une tierce personne de manière accidentelle.

La seconde partie de l’équation éclaire la réaction déchaînée de la population jordanienne à la libération du garde. Si elle peut s’expliquer partiellement par le fait que deux Jordaniens ont été
tués – dont l’un qui de toute évidence n’était pas impliqué –, il y avait dans cette colère bien plus qu’un désir de justice ou même de vengeance. Elle reflète l’hostilité profonde envers Israël de la part de nombreux Jordaniens. Preuve en est le vibrant hommage rendu par le parlement jordanien aux trois Arabes israéliens ayant assassiné deux policiers israéliens le 14 juillet. « Qu’Allah ait pitié de nos martyrs, qui ont semé et arrosé la terre pure. C’est grâce aux sacrifices des jeunes Palestiniens qui continuent à combattre au nom de la nation que nous relèverons la tête », a dit le président de l’assemblée pour les terroristes abattus. Preuve en est également, les manifestations de colère à Amman et dans d’autres villes du pays contre l’installation des détecteurs de métaux aux entrées du mont du Temple, au cri de « Qu’il est bon de tuer des soldats à Jérusalem ».

Le souverain a laissé l’agent de sécurité rentrer en Israël parce qu’il sait l’importance d’une bonne coopération entre les deux pays, aussi bien dans le domaine militaire que du renseignement ou des ressources en eau et en gaz. L’Etat juif joue ainsi un rôle crucial dans la survie du royaume hachémite, de même que les Etats-Unis et l’Arabie saoudite. Le roi le sait, mais le peuple moins, pour la bonne raison qu’Abdallah se garde bien de le crier sur les toits. S’il est vrai que la Jordanie a également une importance stratégique pour Israël en tant que zone tampon à sa frontière orientale, la relation des deux voisins n’est pas symétrique.

Entre le marteau et l’enclume

Abdallah II veut de cette relation avec Israël et a besoin qu’elle se poursuive. Dans le même temps, il est sensible à l’opinion de la rue. Face à son peuple en colère, il a dû jouer des muscles, ce qui explique son emportement contre Netanyahou en rentrant de l’étranger le 27 juillet. Cela explique aussi la menace jordanienne de ne pas autoriser la réouverture de l’ambassade israélienne tant que le garde ne sera pas passé en jugement.

Malgré ces considérations, le roi a fait de son mieux pour essayer de résoudre les deux crises. La question du garde a été résolue en 30 heures ; celle du mont du Temple a été plus épineuse, en grande partie parce que la Jordanie s’est évertuée à apaiser les tensions que d’autres – du Hamas à l’Autorité palestinienne, en passant par la branche nord du Mouvement islamique en Israël et le président turc Recep Tayyip Erdogan – s’évertuent à attiser. Le fait qu’Abdallah se soit tellement impliqué pour résoudre les deux crises témoigne de la solidité des liens d’Israël avec la Jordanie. Du moins avec le pouvoir, à défaut de sa population. Idem en ce qui concerne l’Egypte. Ces gouvernements sont conscients du caractère crucial de leurs relations avec l’Etat juif, mais ce sentiment ne passe pas auprès de l’opinion publique. Ici se situe l’ambivalence du statut d’Israël.

Un fait établi

Après pratiquement 70 ans d’existence, Israël a imposé sa présence dans la région. Cependant comme le signalait l’ancien président égyptien Hosni Moubarak dans une interview au magazine allemand Der Spiegel au milieu des années 1990, l’Etat hébreu n’est rien moins qu’« un couteau planté dans le cœur des nations de cette région ». Là se trouve la différence entre reconnaître Israël comme un fait établi – comme l’a fait Yasser Arafat dans une lettre envoyée à Yitzhak Rabin en 1993 – et le refus perpétuel de l’ancien chef de l’Autorité palestinienne de reconnaître Israël comme l’Etat-nation du peuple juif. Ce qui reviendrait, en effet, à reconnaître le droit de ce dernier à exister. Un fait établi est une chose que vous pouvez imaginer voir disparaître, mais un droit légitime est une chose dont vous devez vous accommoder.

Les gouvernements égyptien et jordanien sont parvenus à la conclusion qu’Israël était une donnée inamovible dans la région, et qu’il peut, de surcroît, leur être d’une aide précieuse. C’est pourquoi ils coopèrent. Les populations, en revanche, ont une autre approche, nourrie depuis des décennies par l’idée qu’Israël est un oppresseur, un usurpateur, un instrument de l’Occident colonialiste et un épisode passager dans l’histoire de la région. Un paradoxe qui a engendré une énorme anomalie dans les relations de l’ancien président égyptien Hosni Moubarak avec Israël.

D’un côté, le Rais a scrupuleusement respecté l’accord de paix, et de l’autre, il a laissé se développer une presse violemment anti-israélienne et même antisémite. Une contradiction certes, mais qui servait les intérêts de Moubarak : le pays profitait, d’un point de vue stratégique, de la paix avec Israël, tandis que le fait d’entretenir la haine contre lui offrait l’occasion à Moubarak de détourner l’attention du public de ses abus de pouvoir, et des véritables problèmes du pays ayant abouti aux événements de 2011, et à sa destitution.

L’ambiguïté permanente

Selon certaines sources, l’Arabie saoudite et Israël entretiennent actuellement une étroite coopération sécuritaire en raison des menaces communes représentées par l’Iran et le terrorisme djihadiste, qu’il soit d’obédience chiite ou sunnite. Les Saoudiens, cependant, ne peuvent reconnaître publiquement cette coopération. Au lieu de cela, ils retirent des rayons des supermarchés les fruits d’origine israélienne et bloquent l’accès aux sites Internet évoquant une certaine normalisation avec l’Etat juif. Cela se comprend très bien. Après avoir expliqué à leur population pendant 70 ans qu’Israël était l’incarnation du mal et un cauchemar passager pour le monde musulman, les dirigeants du royaume ne peuvent se réveiller un beau matin en annonçant : « Notre ennemi n’est finalement pas si terrible que ça. Signons un accord avec lui. »

Tout cela montre les limites de l’idée de Benjamin Netanyahou de transformer la coopération d’Israël avec des Etats sunnites, tels l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Bahreïn, le Koweït, la Jordanie et l’Egypte, en un partenariat régional facilitant l’aboutissement d’une paix avec les Palestiniens. Les masses arabes n’ont montré aucune propension à accepter une paix avec Israël, au moins tant que la question palestinienne n’est pas résolue. Et les gouvernants n’invoqueront jamais la légitimité d’Israël devant leurs citoyens, de crainte que ceux-ci ne remettent en cause leur propre légitimité.

Dans la situation actuelle, l’Etat juif coopère discrètement avec les régimes sunnites, ce qui est profitable aux deux parties, mais sans recevoir en retour ce dont il a besoin : le message qu’il n’est pas le diable.

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