Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

18 de març de 2015
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Sobre l’atemptat al Museu del Bardo a Tunísia

Dos ciutadans catalans figuren entre els dinou turistes assassinats avui a Tunis a mans d’un escamot gihadista en un dels atacs més sagnants des que fa quatre anys grups salafistes, més o menys vinculats a Al Qaeda i ara al Califat Islàmic, declararen la guerra al nou règim constitucional sorgit de la primavera àrab que va enderrocar la dictadura del president Ben Ali.

Aqueix matrimoni de jubilats barcelonins metrallats avui al museu de Bardo són els primers catalans morts pel totalitarisme islamista. Ara la societat catalana i les institucions que representen el nostre país tenen el deure moral de sostenir les famílies de les víctimes d’aqueix terrorisme que amenaça la llibertat i la identitat dels pobles, també del català.

Aqueix atemptat d’avui té, però, una transcendència multidimensional que afecta des de la mateixa Tunísia que transita dificultosament entre l’islamisme i la democràcia  al conjunt de l’estratègia erràtica d’Occident per fer front a l’emergència del Califat Islàmic, no solament al Pròxim Orient sinó al Magrib.

L’enderrocament de Gaddafi, iniciat per una revolta popular però culminat militarment per França, ha conduït a la fallida del precari ordre estatal existent fins al punt que hores d’ara és un immens territori al centre del Mediterrani on campen els grups gihadistes com el que avui ha atacat a Tunis.

Post Scriptum, 19 de març del 2015.

Reprodueixo l’editorial del periòdic Jeune Afrique del 15 de març titulat significativament “Attention à la Tunisie”, on el director Béchir Ben Yahmed alertava sobre els perills que ronden la Tunísia democràtica:

Cet éditorial a été publié dans le n°2827 de Jeune Afrique, paru le 15 mars, soit 3 jours avant l’attentat du Bardo.

Tout observateur chevronné de la scène internationale ne le sait que trop : ce qui se dit, se répète et semble faire consensus n’est pas forcément vrai.

Cela se vérifie en ce moment même pour la Tunisie, dont on nous assure depuis des mois qu’elle va bien, qu’elle est, de tous les pays arabo-africains du Printemps arabe, celui qui a le mieux réussi sa transition démocratique. Elle serait entrée dans l’ère radieuse du redressement ; les turbulences et les périls seraient derrière elle.

Ce n’est pas totalement faux, mais derrière ces apparences se cache une réalité très préoccupante. J’estime en tout cas qu’il est de mon devoir de rompre avec l’optimisme ambiant pour signaler que des menaces sérieuses se profilent à l’horizon.

Oui, la Tunisie s’est dotée à la fin de 2014 d’une Assemblée des représentants du peuple (ARP) et d’un président élus au suffrage universel ; ils appliquent une Constitution louée pour son modernisme démocratique et dont les Tunisiens sont fiers.

Mais que donnera-t-elle à l’épreuve du réel ?

Désigné dès le 5 janvier, le Premier ministre a mis un mois à constituer son gouvernement ; en place depuis six semaines, ce dernier n’a pas encore pris les rênes du pouvoir.

Les “pays frères” du monde arabo-musulman et ceux de l’Occident euro-américain ont tous manifesté leur amitié à la Tunisie et promis de lui apporter le soutien politique et financier dont elle pourrait avoir besoin. Mais l’on sait que les actes ne suivent pas toujours les paroles…

Le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD) ont fait savoir de leur côté que la Tunisie pouvait compter sur leur aide ; en attendant, le pays a pu lever sur le marché international, sans difficulté et à un bon taux, 1 milliard de dollars.

Dans quelques jours, le 20 mars, à l’occasion de l’anniversaire de son indépendance, en 1956, nous entendrons de la part de ses dirigeants du moment et de ses amis des autocongratulations et des éloges de circonstance.

Mais lorsque les lampions de la fête se seront éteints, les Tunisiens se trouveront en face de sombres réalités dont j’énumère ci-dessous les principales.

1) Le pays est passé d’une République à une autre, d’un régime présidentiel avec un parti dominant, voire unique, à un régime parlementaire de petits partis sans expérience du pouvoir, aux orientations divergentes.

Les deux principales formations politiques représentées au Parlement, Nidaa Tounes et Ennahdha, sont traversées par des secousses annonciatrices de divisions.

Le vote des lois et les décisions gouvernementales s’en trouvent considérablement ralentis et l’on se lamente déjà en Tunisie sur les deux mois perdus par un gouvernement qui tarde à agir.

On rappelle en particulier qu’il succède à un gouvernement de transition qui, en plus d’un an, n’a pu que gérer le provisoire, et s’est refusé à entreprendre les réformes dont le pays a besoin et qui sont, depuis quatre ans, en souffrance.

Il ne reste au nouveau Premier ministre, Habib Essid, et à son gouvernement que deux mois avant le mois de ramadan inhibant et l’été avec sa “séance unique”.

On est en droit de craindre une nouvelle année perdue et une aggravation de la situation.

2) De l’avis de tous les observateurs, l’autorité de l’État s’est considérablement affaiblie au cours des dernières années, en même temps que se sont aiguisées les attentes des gens et de leurs représentants syndicaux (ouvriers, fonctionnaires, patrons).

Les exigences des uns et des autres augmentent et les moyens de les satisfaire diminuent : “Le pays devient ingouvernable”, dit un observateur averti, qui prévoit de graves et inévitables remous sociaux.

3) La moitié du budget est affectée aux salaires, et aux diverses subventions allouées à l’énergie et aux produits de première nécessité.

Plusieurs pays mieux gouvernés, dont l’Égypte, le Maroc et l’Indonésie, ont profité de la baisse du prix du pétrole et du gaz pour supprimer les subventions à l’énergie. Mais le gouvernement tunisien n’a pas osé le faire.

Les déséquilibres structurels des finances de l’État et des échanges extérieurs s’aggravent au fil du temps : 2015 sera la cinquième année “blanche” d’affilée en matière d’investissements, tant intérieurs qu’extérieurs.

De ce fait, l’économie est presque atone, privant le gouvernement de toute marge de manoeuvre financière.

4) L’Algérie voisine, où le président tunisien a fait son premier voyage à l’étranger, est affaiblie par la baisse du prix des hydrocarbures et par la santé fragile de son président. Elle ne peut donc plus aider la Tunisie.

Mais c’est son autre voisin, la Libye, qui fait planer les plus graves menaces sur la sécurité et l’équilibre social de la Tunisie. Les tensions à la frontière entre les deux pays s’exacerbent, aggravées par le nombre croissant de ceux qui fuient la Libye pour chercher refuge en Tunisie.

Nul ne sait comment évoluera la situation en Libye et si la Tunisie pourra faire face aux inconvénients de ce voisinage.

5) On commence à s’alarmer dans les cercles dirigeants de la Tunisie des progrès que fait dans le pays la “petite corruption”, inconnue il y a dix ans et qui tend à s’installer pour devenir un fléau national.

Autre fléau, la circulation de la drogue, dont l’importation par toutes les frontières est favorisée par la faiblesse de l’État et par les progrès de la corruption.

La République tunisienne a vu le jour en 1957 et a connu son premier grand changement en 1987, trente ans plus tard : son premier président, Habib Bourguiba, qui avait eu le tort de se faire nommer, en 1975, président à vie, a été écarté par une “révolution de palais”.

En 2017, elle célébrera ses soixante ans. Comment évoluera-t-elle d’ici là et dans quel état sera-t-elle dans mille jours ?

S’ils veulent durer et bien mériter de leur patrie, ceux qui ont hérité du pouvoir au début de cette année doivent se mettre au travail sans plus tarder et s’attaquer aux maux dont elle souffre et dont on n’a énuméré ci-dessus que les plus criants.


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