Si le clan Assad, au pouvoir depuis 1970, et ses deux grands alliés sont les seuls responsables directs de cette tragédie, les responsabilités internationales et régionales indirectes sont nombreuses.
Hésitations : depuis le début de la révolution et jusqu’à fin 2012, les Nations unies, les États-Unis, l’Union européenne et la Ligue arabe se sont montrés hésitants face aux crimes du régime. Leurs hésitations l’ont ainsi encouragé chaque mois à tester les « nouvelles limites » de sa barbarie. Elles ont également conforté Moscou dans ses positions, et ont poussé Téhéran à montrer plus de détermination dans son soutien aux Assad, prolongeant en conséquence le calvaire.
Tantôt « les craintes pour les minorités » étaient le prétexte de ces hésitations (comme si le despotisme et les massacres contre la « majorité » sont les garants des « minorités » !), tantôt la position géostratégique de la Syriequi menace d’une déstabilisation généralisée dans la région servait de justification pour l’attentisme, et tantôt c’était la peur des islamistes et du « chaos » qui conduisait la communauté internationale à parler de « dialogue » et de « solution politique ». Comme si un clan qui utilise les chars, l’aviation et les missiles Scud contre les civils de « son » pays pour se maintenir au pouvoir est concerné par un dialogue politique permettant d’éviter le chaos !
Islamophobie : en focalisant sur « l’islamisme » face à la laïcité (attribuée faussement au régime Assad), des leaders politiques occidentaux et des observateurs et « experts » ont éludé la question de la dictature et des libertés. Et même à supposer – comme ils le prétendent – que la révolution syrienne soit « islamiste » ou qu’elle « s’est islamisée », cela légitimerait-il les bombardements, la torture d’enfants et l’égorgement de familles entières ?
Ainsi, les hésitations comme les complicités ont permis au régime syrien de survivre pendant deux ans en comptant d’autre part sur des aides colossales, en argent comme en armes, du camp qui le soutient…
Des signes positifs
Mais la révolution syrienne continue. Sa détermination à arracher la liberté ne cesse de surprendre. De larges parties du pays sont aujourd’hui libérées, et la persévérance des révolutionnaires commence malgré la douleur à porter ses fruits. On peut observer depuis janvier 2013 un début de changement dans certaines attitudes internationales et régionales. La Ligue arabe, la France et la Grande-Bretagne appellent ouvertement aujourd’hui à l’armement de la révolution pour en finir avec cette situation tragique. Cela est accompagné par la reconnaissance de la coalition de l’opposition comme seul représentant légitime de la Syrie. Une prochaine reconnaissance similaire par les Nations unies serait un coup très dur pour le régime. Ce dernier serait isolé, privé de toute tribune diplomatique et médiatique, et réduit en une force d’occupation militaire, une machine de mort qui n’a plus que sa puissance de feu.
La révolution syrienne nous a donc mis, peuples et gouvernements, pendant plus de deux ans, devant nos responsabilités éthiques et politiques. Il a malheureusement fallu attendre la fin de la deuxième année pour que certains soient à la hauteur du courage et des sacrifices des Syriens…
Quelle honte ! Et quelle révolution !
Post Scriptum, 15 de maig del 2013.
Enllaço una altra anàlisi sobre la revoltasiriana, l’article “Syrie, de la révolte au déchirement”, de Peter Harling i Sarah Birke, publicat abans d’ahir a Le Monde.
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