Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

15 de desembre de 2013
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Anotacions a l’article de Thomàs Loubière: “Six clés pour comprendre le conflit en République centreafricaine”

El proppassat 5 d’aqueix mateix mes, Thomàs Loubière, publicava un extens reportatge a les pàgines de Le Monde sobre un conflicte tan sagnant com ignorat, el que pateix la població de l’antiga colònia francesa coneguda actualment com a República Centreafricana que enfronta, essencialment, la minoria musulmana amb la resta de la població cristiana i animista.

 

Après le Mali, où les troupes françaises sont toujours déployées, Paris s’apprête à envoyer des soldats en République centrafricaine (RCA). Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté, jeudi 5 décembre, une résolution française ouvrant la voie à une opération de maintien de la paix, après de violents affrontements qui ont fait au moins 140 morts dans la capitale du pays, Bangui. Ces événements s’ajoutent aux tueries de la nuit du lundi 2 décembre près de Bangui où au moins 12 civils, des éleveurs peuls musulmans, ont été tués à la machette par des milices « antibalaka » opposées à l’ex-rébellion de la Séléka au pouvoir depuis le mois de mars.

Le lancement de l’opération « Sangaris », opération militaire française pensée pour sécuriser la République centrafricaine en appui de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), est imminent. En prélude à cette intervention, l’ancienne puissance coloniale, a acheminé des renforts vers la capitale centrafricaine. Bangui a vu arriver, dès le jeudi 28 novembre, les premiers avions militaires qui doivent décharger le matériel nécessaire à l’opération.

Des coups d’Etat à répétition

La France, qui dispose sur place d’un contingent de 410 hommes depuis 2002, est déjà intervenue à plusieurs reprises en RCA depuis l’indépendance, en 1960, de ce pays profondément instable et en proie à des coups d’Etat et des guérillas récurrents. Le dernier épisode en date est le renversement, en mars, du président François Bozizé par les rebelles de la Séléka. M. Bozizé avait lui-même accédé au pouvoir par un coup d’Etat, en 2003. Mais il n’a jamais été capable d’étendre son autorité sur le nord du pays, une région reculée et historiquement hors du contrôle du pouvoir central.

L’autorité de François Bozizé a commencé à vaciller après sa réélection contestée, en 2011, à la présidence. Fin 2012, plusieurs mouvements de rébellion du Nord se sont unis pour former la Séléka – « alliance » en sango, langue officielle avec le français. Malgré la signature d’un accord de paix en janvier, la Séléka s’empare de Bangui et renverse M. Bozizé en mars. Michel Djotodia s’autoproclame président pour une période de transition de trois ans.

Comment le chaos s’est installé

Très vite, et malgré le soutien du Tchad et du Congo-Brazzaville, le nouvel homme fort de la Centrafrique se révèle à son tour incapable de tenir les rênes du pouvoir. La Séléka, une coalition de groupes très hétérogènes appuyés par des mercenaires étrangers, des brigands et des coupeurs de route, éclate. Elle sera officiellement dissoute à la mi-septembre. En l’absence d’un commandement unifié et fort, les exactions contre les populations civiles se multiplient.

 Les organisations non gouvernementales dénoncent des pillages et des atteintes au droit de l’homme. « Les bandes armées se livrent à des razzias et des massacres. Des villages sont brûlés, pillés. Les habitants sont tués ou sont en fuite dans la brousse », explique à l’AFP Jean-Marie Fardeau, de l’organisation Human Rights Watch, avant de mettre en garde : « On peut parler d’une stratégie criminelle de ces groupes, mais il n’y a pas de coordination entre eux, pas de planification. » Et il est pour l’instant impossible de connaître le nombre de morts qu’a engendrés ce conflit.

Les prémices d’un conflit religieux

En plus de ces exactions, un conflit à teneur confessionnelle se profile. Le département d’Etat américain évoque même une situation « prégénocidaire », terme qui ne fait pas consensus chez les observateurs. Les membres de la Séléka sont essentiellement de confession musulmane, pratiquants ou non, alors que la population centrafricaine est composée à 80 % de chrétiens. Le conflit a cristallisé les sentiments d’appartenance religieux et, après les pillages de la Séléka, des groupes d’autodéfense chrétiens – les antibalaka, « anti-machette » en sango –, qui avait déjà été formés ponctuellement par l’ancien dirigeant Bozizé, se sont regroupés en septembre. Ils s’en sont pris aux populations musulmanes, assimilées aux anciens rebelles.

 Dès lors, les clivages religieux sont devenus saillants et ont alimenté un cycle de ripostes. « On assiste à des représailles ciblées à la fois contre des villages chrétiens et musulmans, et les civils en sont les premières victimes », analyse le responsable de Human Rights Watch. Même s’il existe de longue date des conflits traditionnels, d’ordre tant économique que religieux, entre éleveurs nomades musulmans et paysans sédentaires chrétiens, cette situation est inédite dans un pays où les populations vivaient mélangées dans les mêmes quartiers et les mêmes villages.

Lire aussi : En Centrafrique, massacres et représailles entre chrétiens et musulmans

Une situation humanitaire alarmante

Selon l’ONU, sans « action rapide et décisive », la crise risque d’«échapper à tout contrôle ». Les troubles politiques et sécuritaires ont entraîné une crise humanitaire : sur les 4,6 millions d’habitants de la RCA, 2,3 millions sont en « situation d’assistance humanitaire ». Le bureau onusien de la coordination des affaires humanitaires, l’OCHA, dénombre 400 000 déplacés internes et 68 000 réfugiés centrafricains dans les pays voisins, principalement en République démocratique du Congo. Quelque 1,1 million de personnes sont également touchées par l’insécurité alimentaire.

La mission de l’armée française

L’intervention française devrait commencer « dans les jours qui viennent » a déclaré jeudi 5 décembre le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, le jour où l’aval de l’ONU pour la dite opération est attendu. Rapide et efficace, ce sont les mots d’ordre implicite de la mission « Sangaris » qui verra  se déployer en RCA « 1200 » soldats français selon Laurent Fabius. Les grandes lignes de la mission ont été données par les responsables français. « Ce que nous devons faire, c’est trouver une solution humanitaire qui passera par une phase sécuritaire, qui débouchera ensuite sur une transition politique dont on sait qu’elle n’est pas facile dans ce pays depuis, hélas, trop d’années », a déclaré M. Hollande.

Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, a quant à lui évoqué une intervention qui « n’a rien à voir avec le Mali ». L’objectif ne serait pas de mettre hors d’état de nuire tel ou tel groupe armé, mais plutôt d’endosser un rôle de gendarme. « Là, c’est l’effondrement d’un Etat et une tendance à l’affrontement confessionnel. (…) Il s’agit d’arrêter la catastrophe en République centrafricaine et de reconstruire un pays qui n’existe plus », a-t-il expliqué. Une mission ambitieuse, donc, qui s’annonce difficile à remplir dans « la période brève, de l’ordre de six mois à peu près », qu’a définie le ministre.

Sur le terrain, la mission militaire française devrait se concentrer sur la sécurité des principaux axes routiers et des grandes agglomérations. Le contingent français, qui compte déjà plus de 600 hommes sur place, sera chargé notamment de sécuriser l’aéroport de Bangui et les routes par où transiteront les convois humanitaires. « Dès que le président de la République aura donné le top, les choses vont aller très vite », a souligné Laurent Fabius. Les bases françaises permanentes du Gabon et du Tchad sont susceptibles d’être mobilisées pour alimenter la mission « Sangaris » en Centrafrique alors qu’un détachement de 350 militaires de l’armée de terre a débarqué dans le port de Douala au Cameroun lundi 2 décembre, près à s’enfoncer dans les terres pour rejoindre Bangui.

Lire aussi : «  Centrafrique : l’opération « Sangaris », intervention « coup de poing »

Un mandat de l’ONU

Sans l’aval des Nations unies, la France aurait du mal à légitimer une nouvelle opération dans son ancienne colonie, mais le vote, jeudi 5 décembre d’une résolution au Conseil de sécurité lui permet d’appuyer les troupes de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique, la Misca.

C’est sous l’impulsion de Paris que les quinze pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont décidé d’agir. La résolution est placée sous le chapitre VII de la Charte de l’ONU, qui prévoit le recours à la force. Elle autorise la Misca à se déployer avec comme objectif le rétablissement de la sécurité et la protection des civils. Celle-ci remplacerait ainsi la Force multinationale d’Afrique centrale (Fomac), engagée par les pays de la région.

Lire aussi : «  Le Conseil de sécurité autorise une intervention française en République centrafricaine »

Officiellement, les militaires français devraient appuyer la Misca, qui manque de financements et peine à se former. Cette Mission internationale doit compter, à terme, 3 600 hommes mais elle n’en rassemble pour l’instant que 2 500, mal équipés et mal entraînés. Selon la résolution, sa montée en puissance sera financée par un fonds géré par l’ONU et alimenté par des contributions volontaires des Etats.

« Une transformation éventuelle de la Misca en opération de maintien de la paix de l’ONU » est également prévue par la résolution en cas de nécessité. Suivant un schéma déjà appliqué pour le Mali, cette transformation demanderait une nouvelle décision du Conseil de sécurité. Mais certains de ses membres, à l’instar des Etats-Unis, rechignent, notamment pour des raisons de financement, à lancer d’emblée les forces onusiennes dans une nouvelle opération complexe et dangereuse en Afrique, quelques mois seulement après le déploiement de 6 000 casques bleus au Mali.”

Post Scriptum, 30 de novembre del 2015.

La visita del Papa Francisco a la República Centreafricana té un caràcter pastoral envers la població cristiana per promoure una reconciliació amb la comunitat islàmica del país després d’anys de sanglants conflictes interreligiosos, una actitud que el dignifica i que resta a l’espera d’un gest de similar envergadura per part d’algun dignatari musulmà eminent. Aqueix reportatge publicat ahir pel setmanari francès L’Express il·lustra encertadament les claus de la conjuntura actual i les perspectives de futur d’un conflicte encara obert.

Post Scriptum, 24 d’agost del 2018.

El conflicte multidimensional de la República Centreafricana suma una nova variant arran de la intervenció russa esbombada mediàticament arran de l’assassinat de tres periodistes russos que investigaven aqueixa operació d’estat fins ara encoberta (veure la crònica del cas a Le Monde del 3 d’aqueix mes).

Avui, el politòleg Florent Parmentier és entrevistat al digital francès Atlantico sobre aqueixa qüestió: “Comment les assassinats de journalistes russes en Centreafrique lèvent le voile sur les intentions de Moscou en Afrique“:

Atlantico : L’assassinat, le mois dernier, de 3 journalistes russes en République centrafricaine alors que ceux-ci venaient enquêter sur le rôle grandissant de Moscou dans le pays, a pu attirer l’attention sur les velléités russes sur le continent africain. Comment évaluer la situation, faut-il voir ici une volonté de Moscou de revenir sur le continent après une période de retrait consécutive à la chute de l’URSS ? Quels en sont les enjeux pour Moscou ?

Florent Parmentier : L’URSS s’était immiscée dans toutes les luttes pour la décolonisation du continent (y compris la lutte contre l’Apartheid), avait formé un certain nombre d’élites, entretenait des relations avec un certain nombre de pays devenu des clients.
Lors de la chute de l’Union soviétique, l’Afrique a fait partie des premières régions abandonnées, tout comme l’Amérique du Sud.

S’il s’agit d’un retour – confirmant l’orientation prise par Vladimir Poutine lors d’un voyage en 2006 au Maroc et en Afrique du Sud, le continent, lui, n’a pas attendu Moscou pour évoluer. Au-delà des Etats-Unis et des puissances européennes, le continent africain a observé la montée en force de nouveaux acteurs, au premier rang desquels on retrouve la Chine et l’Inde, mais pas uniquement, comme le Japon ou le Canada.

Le soft power soviétique n’agissant plus – même si son héritage n’est pas nul en termes de clients de l’armement russe – la Russie, avec ses ressources contraintes, a fait le choix de se positionner en Afrique sur une vision totalement nouvelle et différente de ses concurrents, en s’appuyant sur ses points forts. C’est ainsi que la Russie s’affirme aujourd’hui comme un leader militaire, en proposant des armes avec un rapport qualité-prix adapté aux marchés africains. C’est l’enjeu également du développement du mercenariat russe, avec l’émergence de compagnies militaires privées proches des oligarques. Enfin, la Russie a l’expérience du règlement de conflit, mais également des acteurs de premiers plans pour les ressources, les hydrocarbures, le nucléaire…

La Russie entend donc se positionner comme un acteur de sécurité alternatif pour le continent africain, accompagnant le développement de la route de la Soie chinoise grâce à de juteux contrats. Ainsi, elle trouve un positionnement par rapport à la Chine qui n’est pas que de dépendance.

Concernant la République centrafricaine plus précisément, comment analyser cette présence russe dans les relations entre Bangui et Paris ?

La Russie est effectivement présente en République centrafricaine, par le biais de ventes d’armes, d’instructeurs militaires et de 170 « conseillers civils » arrivés à Bangui pour entraîner l’Armée et la Garde présidentielle. Le Président centrafricain Faustin Archange Touadéra disposait d’un nombre limité d’options : les Français de Sangaris partis, les 12 000 Casques bleus de la MINUSCA ayant des règles d’engagement contraignantes, l’aide militaire russe a été accueillie avec bienveillance au sein de la population.

Pour autant, Bangui assure que cette nouvelle coopération – ou plutôt cette coopération renaissante – ne se fait pas au détriment de ses partenaires traditionnels. Ce sont pourtant bien au détriment des armes françaises que les armes russes ont été vendues… Ce processus s’inscrit dans une logique décrite de diversification géopolitique de l’Afrique et de menaces croissantes.

En quoi cette progression de l’influence russe sur le continent pourrait-elle modifier la donne ? Quelles sont les principaux Etats concernés, en pensant notamment à la RDC, à l’Ethiopie ou au Mozambique qui ont tous conclu des accords militaires avec Moscou ?

La Russie reste un acteur économiquement limité en Afrique pour le moment, mais on peut anticiper que son importance va croître rapidement. En effet, avec les Spetsnaz arriveront également des hommes d’affaires à l’affût d’opportunités dans les mines de dimants, les gisements de pétrole et de matières premières, dans un contexte incertain et tendu qu’ils ont pu connaître au moment de la transition russe. Des groupes comme Géoservice dans les infrastructures ferroviaires, Gazprom et Rosneft dans l’énergie, Rusal dans les mines, Rosatom dans le nucléaire…

Si les guerres de libération s’éloignent, la Russie vient toutefois avec une vision souverainiste qui peut plaire à des pouvoirs installés ainsi qu’à une partie de la jeunesse, et ce d’autant plus que Moscou dispose d’un peu moins d’une cinquantaine d’Ambassades localement. Parmi les Etats concernés, la Guinée est également présente, et d’autres Etats pourraient être intéressés à terme, à partir de ces points d’entrée. Les gouvernants conserveront un œil sur l’évolution de la situation en Syrie, ainsi qu’en Ukraine.

Post Scriptum, 21 de febrer del 2022.

Bloc Afrikarabia, informació sobre la República Democràtica del Congo i Àfrica Central.

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