Els reptes estratègics, de governança i d’identitat de la Unió Europea haurien de ser objecte de debat en la campanya per les eleccions eeuropees del mes vinent. De moment, és evident que no hi ha una posició comuna ni sobre la guerra de Rússia contra Ucraïna, ni en relació a la penetració de l’expamsionisme xinès, per exemple. Tampoc sobre el model de governança de les institucions comunitàries. Em sembla interessant aqueix manifest publicat avui per Le Figaro: «L’Union européenne doit s’écarter de sa dérive dirigiste, bureaucratique et idéologique».
Les peuples unis au sein de l’Europe peuvent être fiers des acquis de civilisation obtenus au cours des siècles: le respect de la liberté et de la dignité de la personne humaine, la propriété individuelle, l’économie de marché et l’État de droit. Mais cette union n’a pas effacé une grande diversité entre les pays. C’est une particularité européenne d’avoir mêlé des institutions et des cultures différentes et concurrentes. La multiplicité des territoires, des mœurs, des religions, a créé une véritable concurrence institutionnelle, les règles du jeu social ont varié avec les pays. Voilà pourquoi il a été déraisonnable de transformer une souhaitable union des peuples en un empire, en un État supranational. Il est temps de conforter l’Europe des libertés.
L’objectif est ambitieux, parce que l’organisation actuelle de l’Union européenne a mis entre les mains de la Commission européenne des pouvoirs considérables: elle codétient le pouvoir exécutif et elle a l’initiative législative. Aussi son intervention n’a-t-elle cessé de s’accroître. Les politiques communes se sont multipliées dans tous les domaines, de l’agriculture à l’environnement, en passant par la fiscalité, la consommation, etc. Chaque année des milliers de textes viennent s’ajouter au «droit européen» et s’imposent aux États membres de l’Union européenne.
Au défi économique de la mondialisation, Bruxelles a répondu par les réglementations et la bureaucratie, les déficits et l’endettement. Les disciplines budgétaires et monétaires n’ont jamais été respectées en dépit d’un autoritarisme de façade. C’est aussi un autoritarisme de façade que Bruxelles a opposé au défi social de l’immigration de masse, au risque d’une implosion de l’Union. Voilà pourquoi il est grand temps d’alléger les institutions européennes et de redonner la priorité à la pratique des libertés et droits individuels.
Une Europe des libertés doit revenir à des institutions organisées suivant le principe de subsidiarité: ce que peuvent faire les individus et les collectivités intermédiaires (municipalités, départements, régions, États nationaux) prime sur ce que veut faire l’Union européenne. Une Europe des libertés implique aussi la reconnaissance mutuelle des normes, dont le principe a été largement obéré par une harmonisation législative exponentielle.
Une Europe des libertés assurera une meilleure protection sociale des Européens s’ils ont un libre choix de systèmes d’assurance sociale et de retraites. En conservant la compétition fiscale entre États, elle allègera un fardeau fiscal nuisible à leur économie comme à leur développement personnel. Elle rendra possible la libre circulation des personnes, des biens, des services, des entreprises, des capitaux. Elle développera les échanges culturels et sociaux.
Que ceux qui entendent cet appel se joignent à nous pour alerter l’opinion publique et persuader les Européens qu’ils ont une chance historique à saisir et qu’ils ne doivent pas remettre leur sort entre les mains de ceux qui, par intérêt personnel ou partisan, ont réduit les libertés et détruit l’espoir du progrès et de la paix”.
Post Scriptum, 12 de juny del 2024.
Els resultats de les eleccions eeuropees d’avui arreu de la Unió Europea reflecteixen la fallida dels partits d’esquerres i l’augment dels partits civilitzacionals que prioritzen la preservació dels valors, la identitat, les formes de vida i treball autòctones front a la pressió dels totalitarismes orientals, l’islamisme, l’antisemitisme i el wokisme. Interpretar-ho com un retorn al feixisme o al nazisme és una excusa de mal pagador.
Compateixo el parer de Mathieu Gallard, directeur d’études à Ipsos France, ahir a Le Figaro: «Il n’y a pas eu de vague populiste en Europe, malgré une progression significative de la droite radicale». Malgré un large succès du RN en France et de Giorgia Meloni en Italie, le scrutin du 9 juin n’a pas fondamentalement bousculé le rapport de force au Parlement européen.
LE FIGARO.- En dépit de résultats spectaculaires en France, en Allemagne ou en Italie, les projections du Parlement européen ne montrent pas de déferlante des mouvements de droite radicale. Au total, tous groupes confondus, ces formations pourraient désormais réunir autour de 170 sièges, soit près de 24% des 720 sièges du Parlement. Faut-il relativiser la «vague populiste en Europe» ?
Mathieu GALLARD.- Comme nous le disions depuis mars dernier, il n’y a effectivement pas eu de cette «vague populiste» tant annoncée lors de ces élections, mais une progression significative de la droite radicale qui, comme vous le précisez, représentera au mieux un quart des élus au Parlement européen. C’est dans la continuité de la tendance des derniers scrutins, puisque la droite radicale comptait pour environ 9% des députés européens en 2004, 12% en 2009, 16% en 2014 et 19% en 2019. De ce point de vue, bon nombre d’observateurs ont été incapables de constater combien la situation française était singulière en Europe : chez nous, la droite radicale (Rassemblement national et Reconquête !) va remporter 35 sièges, soit onze de plus que dans le Parlement sortant.
Dans les autres grands pays, les résultats sont de fait très différents. La progression de l’extrême droite est souvent réelle, mais somme toute limitée, comme par exemple en Allemagne avec un gain de cinq sièges pour l’AfD, ou en Espagne avec un gain de deux sièges pour Vox. Il y a aussi de nombreuses situations de stabilité, parfois masquées par des reconfigurations dans l’espace de l’extrême droite : en Italie, la Lega et Fratelli d’Italia avaient respectivement 23 et dix élus au Parlement, et la situation s’inversera dans le prochain puisqu’ils en auront huit et 24 – mais leur résultat global restera stable (ils perdent un eurodéputé). La situation est assez similaire en Pologne ou aux Pays-Bas où le nombre total de députés de partis de droite radicale n’évolue pas malgré des reconfigurations parfois notables. Le succès du Rassemblement national (aidé par Reconquête) cache donc un paysage européen assez différent.
L’extrême droite aura-t-elle une «minorité de blocage» au Parlement européen ?
En tant que telle, non. Elle ne pourra pas s’opposer efficacement à des votes adoptés par l’actuelle «grande coalition» formée par les chrétiens-démocrates et les conservateurs du Parti populaire européen (PPE), les sociaux-démocrates du groupe Socialistes et Démocrates (S&D) et les libéraux et les centristes du groupe Renew, qui conservent une majorité absolue de sièges. D’autant plus que les écologistes tendent assez souvent à rejoindre ce bloc majoritaire.
Néanmoins, la situation pourrait être compliquée par les évolutions récentes à droite. D’un côté, certains partis de l’aile droite du PPE se sont radicalisés ; d’un autre côté, Giorgia Meloni s’est «recentrée» – au moins au niveau européen et s’est rapprochée de Ursula von der Leyen. Il sera certes très difficile pour une «coalition de droite» d’émerger de manière durable et structurelle tant il n’y a rien en commun entre les partis les plus modérés du PPE comme les chrétiens-démocrates néerlandais ou les ailes rhénanes et berlinoises de la CDU allemande d’un côté et les partis les plus radicaux du groupe Identité et Démocratie ou des Non-inscrits comme l’AfD allemande, le Chega portugais ou la Konfederacja polonaise. En revanche, le PPE disposera de beaucoup plus de moyens de pression sur ses partenaires libéraux et sociaux-démocrates pour influencer le travail en commission.
Peut-on pour autant conclure que le PPE est le grand vainqueur de ces élections européennes ?
Il me semble effectivement que le déplacement à droite du centre de gravité au Parlement européen et la position du PPE, qui est de loin le premier groupe (même s’il reste stable en termes d’élus), en fait plus que jamais le groupe central au Parlement. Ce n’est pas un immense succès pour lui du point de vue électoral, mais ça l’est du point de vue politique. Une question reste toutefois ouverte : celle de la réorganisation au sein de la droite radicale : on a beaucoup parlé de la fusion des deux groupes Conservateurs et Réformistes Européens (droite radicale conservatrice) et Identité et Démocratie (extrême droite populiste) en un seul. Ce n’est pas impossible, mais ça n’est pas non plus très probable.
Une autre option qui est parfois discutée et qui serait vraiment très bénéfique pour le groupe PPE, ça serait l’arrivée en son sein de Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, laquelle entraînerait sans doute dans son sillage quelques autres partis de droite radicale compatibles avec les conservateurs et les chrétiens-démocrates. Si cela se produisait, le PPE deviendrait de très loin le principal parti du Parlement et disposerait d’un poids encore plus grand face aux autres groupes de la «grande coalition». Sans parler du bénéfice pour Giorgia Meloni, aussi bien sur sa scène politique intérieure qu’au niveau européen.
Pour exister face à d’éventuelles coalitions entre les droites classiques et radicales, peut-on imaginer un front commun entre la gauche et les libéraux ?
La difficulté, c’est que même un bloc allant du groupe The Left (gauche radicale) au groupe Renew (centristes et libéraux) ne dispose pas d’une majorité, et qu’ils y parviennent à peine en y ajoutant les partis non-inscrits qui penchent à gauche (le M5S italien, par exemple). Ça ne veut pas dire que ce «front commun» ne peut pas être efficace : sur les questions sociétales, sur les enjeux liés à la préservation de l’État de droit, et parfois sur les questions environnementales ou internationales, il pourra parfois se reformer, au besoin en détachant du groupe PPE ses partis les plus modérés. Mais la conclusion principale de ces élections, c’est qu’il n’existe pas de majorité alternative durable à la grande coalition entre centre droit, centre gauche et libéraux.
Post Scriptum, 19 de juny del 2024.
Avui, a Le Figaro: Pour Philippe Fabry, historien des institutions et des idées politiques, la France a exporté son présidentialisme dévoyé au cœur des instances européennes. C’est l’une des raisons pour lesquelles, explique-t-il, la période de turbulences que nous connaissons pourrait avoir des répercussions en Europe. «Après la crise institutionnelle française , une crise similaire à l’échelle de l’Union européenne ?»
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