Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

22 de juny de 2024
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L’appel des intellectuels: l’arc républicain contre l’antisémitisme

Abans d’ahir, Tribune Juive va publicar aqueixa crida de vint-i-set personalitats de la vida pública francesa a no votar pel nou Front Popular a causa de l’antisemitisme manifest dels seus dirigents:

L’heure est grave ! La situation, dangereuse ! Une nébuleuse politico-idéologique s’étant frauduleusement approprié, sans vergogne, le beau nom de « Nouveau Front populaire » (NFP), dévoyant ainsi, par les accents résolument antisémites de certaines de ses composantes, la glorieuse histoire de l’authentique Front populaire, est aux portes du pouvoir, si nous ne nous y opposons pas avec détermination lors des élections législatives de ces 30 juin et 7 juillet 2024, en France, berceau des Lumières et patrie de la Déclaration des droits de l’Homme.

Cet antisémitisme caractérisé s’est notamment manifesté, parfois avec virulence, dans des partis, sur l’échiquier politico-idéologique situé à l’extrême gauche, tels que La France insoumise (LFI) et le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), qui, lors de l’abominable pogrom de nature génocidaire que les terroristes du Hamas perpétrèrent le 7 octobre dernier à l’encontre des Juifs d’Israël, n’ont jamais condamné ouvertement ce sanguinaire massacre, le réputant même, pour le justifier, l’expression d’un « mouvement de résistance palestinienne contre l’occupation israélienne ». Pis : certains de ces irresponsables dirigeants, au soir même de cet ignoble crime d’une ampleur inédite depuis l’Holocauste, s’en réjouirent, toute honte bue, publiquement.

Ont-ils donc oublié, ces ennemis déclarés d’Israël, suppôts d’un antisionisme qui ne fait que masquer leur antisémitisme foncier, et qui n’en sont pas non plus à une contradiction ni surtout à une ignorance près, que l’illustre fondateur, dans l’entre-deux-guerres (1935-1938), de l’historique Front populaire, Léon Blum en personne, fut aussi l’une des grandes consciences juives de son temps, déporté par les nazis dans le camp de concentration de Buchenwald, et donc fervent défenseur, sous l’impulsion de son fidèle ami Chaim Weizmann, de la création, en 1948, de l’État d’Israël (dont ce même Weizmann fut précisément, dès 1949, le premier président, avec, comme Premier ministre l’immense figure sioniste, père tutélaire de cette mère patrie, de David Ben Gourion lui-même) ?

Ainsi, nous, signataires de la présente pétition, hommes et femmes de bonne volonté, intellectuels authentiquement républicains, de gauche comme de droite (si tant est que ce clivage ait encore quelque pertinence conceptuelle face à l’urgence de ce combat), profondément attachés à ces principes universels et valeurs morales que sont la tolérance et la laïcité, la liberté et la fraternité – l’humanisme, en un mot –, en appelons, afin de sauver notre chère République de cette nouvelle peste rouge-brune, à ne pas voter pour ce mensonger, fallacieux et pseudo « Nouveau Front populaire », véritable imposture en d’aussi tragiques circonstances, et à l’aune même du sens de l’Histoire, politico-idéologique.

Seule notre conscience philosophique et morale, nantie ici de l’inaliénable force d’un impératif catégorique en sa plus haute et noble expression, nous le dicte en ces heures critiques, en dehors de tout esprit partisan ou choix manichéen, contre tout intérêt particulier et pour le bien général.

Jamais nous ne pactiserons avec des antisémites, ni racistes d’aucune sorte !

Jamais nous ne nous allierons avec des pro-Hamas, sanguinaires complices du terrorisme islamiste, ni des anti-Israël, seule véritable démocratie en cette région particulièrement instable du monde, et où de trop nombreux pays, fanatiques théocraties d’un autre âge, pratiquent encore, y compris contre tout réel progrès pour la cause des femmes, l’obscurantiste charia.

Jamais nous ne trahirons notre conscience d’humanistes authentiquement démocrates, ni ne braderons lâchement nos idéaux pour de médiocres et vils calculs de basse cuisine électorale.

Nous laissons cette mortifère collaboration aux indignes professionnels de la compromission la plus infâme.

Oui : Notre honneur, vigilant et non négociable par-delà les nuances de notre propos – dont le refus de nous positionner aux deux extrêmes de l’échiquier idéologique –, se situe au-dessus de quelque opportunisme politique ou ambition personnelle que ce soit.

Ne laissons donc pas dévoyer, dénaturer ou détourner ainsi, de manière aussi éhontée, scandaleuse sur le plan politico-idéologique et malhonnête au niveau philosophico-éthique, la grande et belle histoire du Front Populaire tel que l’admirable Léon Blum, notoire pilier de la République alors que le pire des fascismes la menaçait dans son existence même, la conçut, socialement, à l’origine !

Il en va de l’avenir de notre démocratie, de notre culture comme de notre civilisation, au sein du concert des nations.

LES SIGNATAIRES

Daniel Salvatore Schiffer : philosophe, écrivain, professeur d’esthétique et de philosophie de l’art

Luc-Olivier d’Algange : écrivain

Marc Alpozzo : philosophe

Gaëlle Atlan-Akerman : journaliste

Marie-Jo Bonnet : historienne, féministe

Pascal Bruckner : philosophe

Hassen Chalghoumi: président de la Conférence des Imams de France

Elie Chouraqui, cinéaste,

Victoria Cohen : psychanalyste

Nadine Dewit: Artiste Peintre

Emmanuel Dupuy : essayiste, président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE)

Luc Ferry : philosophe, ancien ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse

Renée Fregosi : philosophe, politologue

Antoine Gallimard : président des Éditions Gallimard

Dominique Itzkovitch : psychanalyste

François Kasbi : écrivain

Bernard Kouchner : fondateur de « Médecins sans Frontières » et de « Médecins du monde », ancien ministre de l’Action humanitaire et des Affaires étrangères

Nathalie Krikorian-Duronsoy : historienne, philosophe politique

Bérénice Levet : philosophe

Éric Naulleau : écrivain

Michel Onfray : philosophe, directeur de la revue Front Populaire

Michael Prazan: écrivain, documentariste

Sabine Prokhoris : philosophe, psychanalyste

Robert Redeker : philosophe

Pierre-Yves Rougeyron : essayiste, politologue, président du « Cercle Aristote »

Armand de Saint Sauveur: directeur des Éditions Intervalles

Boualem Sansal : écrivain

Jean-Loup Seban : poète, médaille d’or de la Renaissance française, Grand Prix de Poésie de la Société des poètes français (SPF)

Pierre-André Taguieff : philosophe, historien des idées, politiste, CNRS

Alain Vircondelet : écrivain, universitaire

Olivier Weber : écrivain

Jean-Claude Zylberstein : avocat, éditeur, écrivain

Post Scriptum, 26 de juny del 2024.

Un altre article col·lectiu a Le Figaro d’avui: «En République, la lutte contre l’antisémitisme est une question de principe». À l’aune de la campagne des élections législatives, plusieurs philosophes et sociologues, dont Dan Arbib et Dominique Schnapper, appellent à combattre «inconditionnellement» l’antisémitisme d’extrême gauche et d’extrême droite, pour ne pas «briser la communauté nationale».

La question de l’antisémitisme envahit la campagne pour les législatives. Jamais il n’aura autant été question des Juifs. En fait-on trop ? A-t-on tort d’alerter sur le fléau de l’antisémitisme et d’y voir un motif de disqualification rédhibitoire de certaines personnalités, de certains projets ou de certains partis ? Il serait tentant de reléguer l’antisémitisme aux confins des préoccupations de l’heure, d’en faire un problème secondaire qu’on peut toujours laisser en suspens le temps d’un nécessaire accord pour «lutter contre la bête immonde».

Grave erreur. Car l’antisémitisme n’est pas un «problème secondaire» ! Il n’est pas non plus un problème communautaire, qui n’affecterait que les Juifs (pourquoi accorderait-on plus de place aux Juifs qu’aux autres ?) ou qu’on pourrait résoudre par un surcroît d’attention ou de compassion envers eux («Nous vous protégerons»). Non, l’antisémitisme est l’un des meilleurs critères, sinon le meilleur, pour mettre à l’épreuve les convictions républicaines d’un parti ou d’un individu. Car l’antisémite, en repoussant le Juif, lui refuse la participation à la communauté des citoyens : ce faisant, il brise la communauté nationale et liquide rien de moins que l’universel du corps politique. Ce dernier ne tient en effet qu’à condition d’être un, de tourner vers l’unité l’assemblée des citoyens tous soumis à la même loi, détenteurs des mêmes droits et des mêmes devoirs. Qu’une partie du corps politique soit désignée à la vindicte d’une autre, et c’est l’universel qui est en faillite. Dès lors, désigner le Juif comme coupable revient tout simplement à liquider le peuple français, et partant à se disqualifier soi-même pour gouverner au nom dudit peuple.

L’antisémitisme discrédite par conséquent l’extrême gauche pour les mêmes raisons qu’il discrédite l’extrême droite. Il n’est pas moins grave chez les uns que chez les autres. Alors pourquoi ceux-là mêmes qui demeurent infaillibles dans leur lutte contre l’extrême droite ferment-ils les yeux sur l’antisémitisme de gauche ? Pourquoi le considèrent-ils comme un détail négociable ? Aucun «contexte» (pour reprendre un mot tristement populaire dans cette gauche compromise) ne saurait excuser la blessure infligée au corps politique que constituent les atteintes aux Juifs. L’antisémitisme de gauche ne vaut pas mieux que l’antisémitisme de droite : il est à combattre, inconditionnellement. Un point c’est tout.

Signataires :

Dan Arbib, philosophe, enseignant-chercheur à l’ENS

Dominique Schnapper, sociologue, membre honoraire du Conseil constitutionnel

Perrine Simon-Nahum, philosophe et historienne, directrice du département de philosophie de l’ENS

Catherine Kintzler, philosophe, vice-présidente honoraire de la Société française de philosophie

Jean-Michel Muglioni, philosophe, vice-président honoraire de la Société française de philosophie.

Souad Ayada, philosophe, ancienne présidente du Conseil supérieur des programmes au ministère de l’Éducation nationale

Post Scriptum, 27 de juny del 2024.

El proppassat 21 va aparèixer a Le Monde aqueix article col·lectiu: « Une partie de la gauche radicale a disséminé un antisémitisme virulent et subverti les valeurs qu’elle prétend défendre ».

Il y a désormais un 7 octobre (2023) comme il y a eu un 11 septembre (2001), tant l’horreur suscitée par les deux événements est singulière et se détache du contexte dans lequel ils se sont produits. A quelques kilomètres de Gaza, sur le territoire de l’Etat d’Israël, le Hamas et ses alliés ont massacré 1 192 personnes et commis de multiples viols, avant d’emmener près de 240 personnes, bébés, enfants, femmes, hommes et vieillards, en otages.

L’antisémitisme a explosé dès le lendemain du pogrom : avant même l’entrée de l’armée israélienne à Gaza, on a pu entendre, en France et ailleurs, le slogan, inscrit dans les chartes du Hamas et de ses alliés, appelant à la disparition de l’Etat d’Israël ; en France, 1 676 actes antisémites ont été recensés en 2023 (quatre fois plus qu’en 2022), qui mobilisent les plus vieux motifs du répertoire antisémite à peine transposés : la domination de la finance juive sur le monde, l’emprise des juifs sur les médias qui étoufferait les voix des Palestiniens, la duplicité des juifs français.

Conséquence : au quotidien, la réassignation constante des Français juifs à leur origine et la multiplication d’un antisémitisme à bas bruit qui commence par des blagues, continue par des « dérapages », des jeux sur les noms propres, et finit par des insultes, des menaces, des actes de malveillance.

Que s’ajoute l’amalgame entre les juifs et Israël ou entre les Israéliens et leur gouvernement, et l’on comprend que l’antisionisme est presque toujours le signifiant de l’antisémitisme : c’est cela qui pousse à huer une chanteuse israélienne pendant l’Eurovision, à empêcher une jeune étudiante juive d’entrer dans un amphithéâtre, à déprogrammer des conférenciers israéliens d’ailleurs critiques à l’égard de leur gouvernement ; c’est cela qui pousse aussi à exiger le boycott des universités israéliennes, pourtant l’un des principaux foyers d’opposition au gouvernement Nétanyahou et d’engagements pour la paix, comme l’étaient les kibboutz décimés par le Hamas.

Toujours coupables

Tous ces raisonnements ont la même logique : les juifs sont toujours coupables, quels que soient les faits et la complexité de leur qualification.

La Cour internationale de justice a émis un avertissement, en janvier, estimant qu’il existe « un risque réel et imminent qu’un préjudice irréparable soit causé » à la population de Gaza et elle a invité le gouvernement israélien à « prendre toutes les mesures pour éviter des actes de génocide ». De nombreux mouvements, qui proféraient depuis le début une accusation de génocide, ont aussitôt voulu confondre cet avertissement avec un jugement définitif.

De même, les requêtes déposées par le procureur de la Cour pénale internationale, qui n’a pas retenu le chef d’accusation de génocide, ont été comprises et revendiquées comme des jugements définitifs. Approximations, simplification, distorsions, mépris pour le sens juridique et historique des mots alimentent la haine et la violence dans nos sociétés, en particulier dans les lieux d’apprentissage et de savoir. Nos universités, où s’enseignent en principe la complexité, l’esprit critique et la méthode dialectique, paraissent incapables de résister à la confusion entre l’affirmation radicale des opinions et l’examen critique des faits.

C’est dans les universités que l’accusation d’Israël comme Etat colonial, génocidaire, et d’apartheid a envahi les discours. L’anticolonialisme (souvent associé à l’anti-occidentalisme) est devenu l’argument central de l’analyse du conflit, ce qui conduit à effacer le caractère pivotal du 7 octobre. Dans cette vision partiale et partielle, il n’y a ni riposte ni guerre ; ce qui a lieu est présenté comme la continuation, l’aggravation d’une oppression coloniale ancienne.

Instrumentalisation du souvenir de la Shoah

Ceux qui désignent Israël comme un Etat colonial font du 7 octobre l’expression de la « résistance » des Palestiniens et nient la légitimité de l’Etat lui-même, dont la reconnaissance, rappelons-le, a été un des fondements de la reconstruction du monde après 1945. Ils renouent avec le fantasme de la disparition de l’Etat d’Israël, qui est au cœur des revendications du Hamas, du Hezbollah, de l’Iran et de leurs alliés.

Qu’on nous comprenne bien : nous sommes horrifiés par ce qui a lieu à Gaza, par la conduite de la guerre du gouvernement israélien, par le désastre de la colonisation en Cisjordanie. Nous ne parlons pas de cela ici. Nous parlons du fait que l’accusation de génocide transforme Israël en bourreau par un retournement qui déplace et instrumentalise le souvenir de la Shoah : c’est le même mécanisme qui fait des Israéliens des nazis, et de tous les juifs leurs complices.

Et voici qu’on arrache les photos des otages israéliens, qu’on « oublie » qu’il y a des Français parmi les otages retenus par le Hamas, qu’on ignore les violences sexuelles du 7 octobre, pourtant revendiquées par ceux qui les ont commises.

En faisant de l’ensemble de cet argumentaire l’axe principal de son discours politique, une partie de la gauche radicale a disséminé un antisémitisme virulent et subverti les valeurs qu’elle prétend défendre à un moment particulièrement périlleux où l’extrême droite arrive au pouvoir en France et en Europe. C’est dans ce contexte que nous appelons les universitaires à faire entendre leur voix et à dénoncer avec force la montée de l’antisémitisme dans notre pays.

Liste des signataires 

Charles Dreyfus, vice-président de la Maison Zola-Musée Dreyfus ; Sophie Houdard,professeure en littérature française, Sorbonne-Nouvelle ; Judith Lyon-Caen, historienne, directrice d’études (EHESS) ; Claudia Moatti, professeure émérite d’histoire romaine à l’université Paris-VIII, professeure à l’University of Southern California ; Jean-Yves Mollier, professeur émérite d’histoire contemporaine, université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines ; Pascal Ory, de l’Académie française, professeur émérite à l’université Panthéon-Sorbonne ; Michelle Perrot,professeur émérite d’histoire contemporaine, université Paris-Cité ; Christophe Prochasson, historien, directeur d’études (EHESS) ; Jacques Revel, historien, directeur des études émérite (EHESS).

Post Scriptum, 30 de juny del 2024.

Avui, a Tribune Juive, la rèplica a la desinformació dels mitjans islamo-gauchistes: “Dans son édition du 26 juin, “Le Monde” évoque la tribune “L’appel des intellectuels : l’arc républicain contre l’antisémitisme” publiée dans “Le Point” et “Tribune juive”. Daniel Salvatore Schiffer, auteur du texte, répond point par point“.

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