Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

14 de març de 2016
1 comentari

Ali Harb: “L’islam ne peut pas être réformé”

Ali Harb és un filòsof i escriptor libanès que té el coratge l’expressar lliurement el seu pensament en una societat dominada per l’islamisme en la seva versió xiïta mitjançant l’hegemonia d’Hizbol·là i en últim terme l’Iran. Ho fa en una entrevista al suplement de cultura del diari francòfon de Beirut L’Orient-Le Jour denominat L’Orient Littéraire justament ahir, la vigília de la revolta democràtica al Líban contra la presència de l’exèrcit sirià ara fa onze anys.

El seu diagnòstic sobre l’islam contrasta amb l’esporuguiment de la intel·lectualitat europea que no gosa crítica-lo per no ésser estigmatitzat com a islamòfob pel progressisme benpensant, Cal destacar el lligam que estableix entre l’integrisme islàmic i els totalitarismes europeus del segle XX, nazisme i comunisme, citant específicament al general Franco com un dels exemples prominents d’estat totalitari que serveix de precedent als règims islamistes:

Quelle relation l’islam entretient-il avec le terrorisme qui sévit actuellement partout dans le monde ? Depuis les attentats du 11 Septembre, cette question fait souvent la une de la presse et déchaîne des polémiques passionnées, voire haineuses. Certains affirment que le terrorisme est une aberration n’ayant aucun rapport avec l’islam en tant que tel ; ils sont traités d’aveugles. D’autres pensent que cette religion, aux antipodes du christianisme, est fondamentalement violente ; ils sont qualifiés d’islamophobes. Les deux camps font parfois référence à tel ou tel verset du Coran, espérant par ce moyen démontrer la barbarie de l’islam ou bien sa nature tolérante. Mais procéder ainsi, c’est oublier qu’une religion ne peut jamais être réduite à un livre fondateur, puisqu’elle est avant tout une pratique millénaire qui s’est cristallisée en une multitude d’institutions et de formes culturelles ; c’est comme ramener tous les régimes communistes au seul Capital de Marx.

Un tel retour aux textes fondateurs pour y déterrer l’essence d’une religion, Ali Harb refuse de le pratiquer. Selon cet écrivain et philosophe libanais, une simple lecture du Coran montre que celui-ci dit tout et son contraire. Il faudrait donc adopter une méthode différente, aborder l’islam sous un autre angle : en tant que doctrine du salut, c’est-à-dire comme un système de pensée qui, à l’instar du christianisme et du judaïsme, mais également des « religions » du XXe siècle telles que le communisme et le fascisme, prétend détenir la vérité absolue. Pareille approche dévoile un potentiel terroriste bien réel inhérent à l’islam, idée que Harb développe dans son dernier ouvrage, Le Terrorisme et ses créateurs : le prédicateur, le tyran et l’intellectuel.

Il semble que la définition implicite du terrorisme qui sous-tend les thèses de votre livre est assez large, qu’elle s’applique autant à des actes de violence qu’à des systèmes de pensée…

En effet, je pense que le terrorisme est surtout une attitude intellectuelle, celle de l’homme qui se croit le seul possesseur de la vérité absolue, le seul autorisé à parler en son nom. Cette vérité pourrait relever du domaine religieux, politique, social ou moral ; elle pourrait concerner Dieu, la nation, le socialisme, la liberté ou l’humanisme. Le terrorisme est également une manière d’agir : celui qui se croit l’unique possesseur de la vérité se comporte avec l’autre, le différent ou l’opposant, en ayant recours à une logique de l’exclusion, que ce soit au niveau symbolique – le takfir et l’excommunication, la déclaration de quelqu’un comme traitre à la patrie – ou au niveau physique – l’éradication, le meurtre. La devise du terroriste : pense comme moi, sinon je t’accuse et te condamne. C’est en ce sens que le terrorisme est perpétré par le prédicateur détenteur d’un projet religieux, le tyran porteur d’un projet politique, ou l’intellectuel promoteur d’un projet révolutionnaire pour transformer la réalité. Le prédicateur excommunie, le tyran condamne et déclare quelqu’un comme traître, l’intellectuel théorise et le militant ou le jihadiste agit et tue. D’ailleurs, le sort de toute pensée fanatique, de toute doctrine sacrée, est de se transformer en un régime totalitaire ou en une organisation terroriste. Ainsi, des régimes laïques tels que le stalinisme, le nazisme et d’autres, théocratiques, comme le régime de Khomeiny ou le mouvement des Frères musulmans, sont sur un pied d’égalité.

Le terrorisme islamiste a-t-il subi l’influence de ces régimes totalitaires ?

Les promoteurs des nouveaux projets religieux ont sans doute été influencés par les exemples de Franco, d’Hitler et de Mussolini, par leurs moyens de gouverner et leurs techniques de contrôler les hommes en les mobilisant et les remodelant pour en faire un troupeau scandant inlassablement un même slogan. Ce dualisme du dirigeant déifié et de la foule qui l’adore est une création assez récente. Mais d’un autre côté, les régimes totalitaires, malgré la modernité et la laïcité de leurs projets, sont une rémanence de la pensée religieuse, comme en témoigne la sacralisation de leurs doctrines et de la figure du dirigeant unique.

Dans quel sens dites-vous qu’un musulman modéré et tolérant est une chose qui n’existe pas ?

Toute religion monothéiste est en soi, de par sa définition même, un réservoir inépuisable de pratiques violentes. C’est l’une de ses potentialités toujours présentes, une sorte de virus logé au sein de ses gènes culturels. Tant que la religion est fondée sur l’exclusion de l’autre, sur le dualisme du croyant et de l’impie, du fidèle et de l’apostat, il est impossible de la comprendre autrement. Dans l’islam, la violence est encore accrue par un dualisme supplémentaire, celui de la pureté et de la souillure. C’est le scandale de la pensée religieuse islamique : le non-musulman est un être souillé, impur ; c’est une des plus viles formes de violence symbolique. De là vient mon affirmation qu’il n’y a pas de musulman fidèle aux dogmes et pratiques de sa religion qui soit modéré ou tolérant, sauf s’il est hypocrite, ignorant de sa doctrine ou en a honte. L’exemple le plus flagrant est la relation entre sunnites et chiites. L’ouverture de ces deux groupes, l’un vis-à-vis de l’autre, ne s’est pas faite, après des siècles de conflits et d’hostilité, grâce à de prétendues valeurs de modération et de tolérance qui seraient inhérentes à leurs doctrines, mais à cause de leur intégration dans les institutions de la société moderne : l’école, l’université, le marché économique, l’entreprise… Et lorsque chacun a régressé vers sa doctrine originelle, le conflit a éclaté de nouveau, mais d’une manière encore plus cruelle et destructrice, comme en témoignent actuellement les guerres dévastatrices entre les milices sunnites et chiites, ce qui me fait dire que nous sommes en présence de deux « religions » plus hostiles l’une à l’autre qu’envers l’Occident ou Israël. Tel est le sort de celui qui tient radicalement à préserver la pureté de son identité et de ses origines : exercer le racisme, l’extrémisme et la violence sous leurs formes les plus horribles. Ainsi, les jihadistes sunnites et chiites sont pareils, tous étant fondamentalement takfiristes, mus par la vengeance et la volonté d’éradiquer l’autre.

Vous dites que les religions ne deviennent tolérantes qu’après leur défaite. La seule solution pour nos sociétés serait-elle donc de vaincre l’islam comme l’Europe a vaincu le christianisme durant le siècle des Lumières ? Ou bien l’islam peut-il être réformé ? 

L’islam ne peut pas être réformé. Les tentatives de réformes qui se sont succédé depuis plus d’un siècle, que ce soit au Pakistan, en Égypte ou ailleurs, ont toutes échoué et n’ont engendré que des modèles terroristes. C’est pourquoi je ne compte pas sur le renouveau du discours religieux réclamé par certains musulmans et même certains laïques. La seule issue est la défaite du projet religieux tel que l’incarnent les institutions et les pouvoirs islamiques avec leurs idées momifiées et leurs méthodes stériles. Par ailleurs, je suis très critique à l’égard du concept de « tolérance », l’un des scandales de la pensée religieuse en général, puisqu’il implique une sorte d’indulgence de la part du croyant envers l’autre différent de lui, tout en considérant en son for intérieur que cet autre est un pécheur, un impie et un renégat, ou même une honte pour l’humanité. Ainsi, la tolérance annule toute possibilité de dialogue ; seule la pleine reconnaissance d’autrui permet à quelqu’un de briser son narcissisme, de dialoguer avec l’autre, de l’écouter et d’en tirer bénéfice afin de créer des espaces de vivre-ensemble d’une manière fructueuse et constructive.

Peut-on comprendre la montée actuelle du terrorisme comme un signe du dynamisme et de la vitalité de l’islam, ceci étant donné que vous considérez la violence comme une des potentialités inhérentes à toute religion monothéiste ?

Parler de la vitalité du phénomène religieux nous ramène à une formule célèbre attribuée à Malraux et concernant le « retour du religieux ». La religion est évidemment de retour, mais c’est un retour terrifiant qui a transformé le jihadiste en un prince terroriste, en un monstre et un bourreau. Mais il ne faut pas se laisser ensorceler par des mots tels que « retour » ou « vitalisme ». Tout phénomène ou activité possède deux aspects : initialement bénéfique, il peut dégénérer et produire des effets nocifs si l’on ne réussit pas à le modifier pour le faire évoluer. C’est ce qui arrive actuellement en France : son modèle social et économique, le meilleur en Europe, s’est usé et a maintenant besoin d’être renouvelé, ce que la France semble incapable de faire. Pour toutes ces raisons, je dis que le projet religieux de l’islam, ainsi qu’il a été reformulé il y a plus d’un siècle, n’exprime ni vitalité ni créativité ; il se réduit à une simple régression vers le passé, une réaction, motivée par un désir de vengeance contre l’Occident qui a réveillé la civilisation islamique de son sommeil. Je dis également que le projet de l’islam contemporain a échoué partout où des islamistes se sont emparés du pouvoir, et que des organisations terroristes comme Daech et ses semblables travaillent eux-mêmes à leur propre destruction et à celle du projet religieux en général. J’entends par là que les sociétés arabes devraient traverser tous ces malheurs, ces catastrophes, ces massacres et ces guerres civiles afin de se convaincre que l’islam n’est plus valable pour construire une civilisation développée et moderne. Il n’y a pas de réconciliation possible entre l’islam et la modernité ou l’Occident. Le projet islamiste d’établir un califat et le règne de la charia est une régression par rapport aux acquis de la civilisation. La seule issue, s’il y’en a une, pour sortir de cette impasse, c’est d’accomplir un travail d’autocritique, de désislamisation, afin de retirer le qualificatif d’« islamique » à nos partis politiques, nos États et nos sociétés. Seulement alors serons-nous capables de s’ouvrir à l’autre, de traiter avec notre tradition et le monde qui nous entoure d’une manière constructive et créative, et de contribuer ainsi au progrès de la civilisation.

Quelle est la nature de la relation entre le terrorisme et les régimes arabes qui se prétendent laïques ?

Les régimes arabes n’ont jamais été ni laïques, ni démocratiques, ni progressistes. Ces mots ne sont que des slogans vides de sens dont la fonction est de légitimer la prise du pouvoir. Ces régimes engendrent le terrorisme qui, à son tour, leur fournit une raison d’être, une justification pour se maintenir au pouvoir et exercer encore plus d’oppression.

Pourquoi dites-vous que les élites intellectuelles ont contribué à la montée du fondamentalisme religieux ?

Ils y ont contribué de deux manières. Premièrement, par l’échec de leurs projets de modernisation et de réforme. Leur attitude était utopique. Ils se sont comportés avec les idées qu’ils ont proposées d’une manière simpliste, les prenant pour des vérités absolues, des modèles préétablis n’ayant besoin d’aucune modification pour pouvoir s’appliquer à la réalité. Tandis qu’une idée, en passant d’une personne à une autre, d’une société à une autre, doit subir une sorte de transformation créative afin qu’elle puisse être efficacement implémentée dans un domaine ou un autre. Deuxièmement, certains intellectuels ont soutenu les régimes despotiques, dans leurs deux versions laïque et théocratique, sous prétexte que ceux-ci luttaient contre l’hégémonie des grandes puissances étrangères et à leur tête les États-Unis. Le plus fameux parmi ceux qui ont défendu cette position est probablement Chomsky, qui considère que la crédibilité de l’intellectuel se mesure en fonction de son opposition à la politique des États-Unis. Il a tracé le chemin à beaucoup d’intellectuels arabes qui se sont ainsi jetés dans les bras des tyrans.

 

Post Scriptum, 21 de març del 2016.

Aqueix apunt reproduint l’entrevista a  Ali Harb ha estat traduït al castellà pel meu amic Luis Martínez Garate i publicat per Nabarralde.

  1. Un intento de traducción al español de este interesante artículo:

    ¿Qué relación mantiene el Islam con el terrorismo que hoy arrasa en todo el mundo? Desde los ataques del 11 de septiembre, el problema a menudo hace que la prensa y las polémicas desatadas sean apasionadas, incluso de odio. Algunos argumentan que el terrorismo es una aberración sin relación con el Islam como tal; son tratados de ciegos. Otros piensan que la religión, en las antípodas del cristianismo, es inherentemente violenta; los califican como islamófobos. Ambas partes veces se refieren a un verso del Corán en particular, con la esperanza de demostrar la barbarie del Islam o su naturaleza tolerante. Pero hacerlo es olvidar que la religión nunca puede reducirse a un libro fundador, ya que es principalmente una práctica antigua que ha cristalizado en una multitud de instituciones y formas culturales; es como llevar todos los regímenes comunistas de Marx al único ‘Capital’.

    Ali Harb se negó en la práctica a tal retorno a los textos fundadores para desenterrar la esencia de la religión. De acuerdo con el escritor y filósofo libanés, una simple lectura del Corán muestra que dice todo y su contrario. Por lo tanto, sería necesario un método diferente, acercarse al Islam desde otra perspectiva: como doctrina de la salvación, es decir, como un sistema de pensamiento que, como el cristianismo y el judaísmo, también como las “religiones” del siglo XX como el comunismo y el fascismo, tiene pretensiones de verdad absoluta. Tal enfoque revela un verdadero potencial terrorista inherente al Islam, una idea que desarrolla Harb en su último libro, ‘El terrorismo y sus creadores: el predicador, el tirano y el intelectual’.

    -Parece que la definición implícita del terrorismo detrás de las tesis de su libro es bastante amplia, se aplica igualmente a los actos de violencia que a los sistemas de pensamiento…
    De hecho, creo que el terrorismo es ante todo una actitud intelectual, la del hombre que piensa que es el único poseedor de la verdad absoluta, el único autorizado para hablar en su nombre. Esta verdad podría mostrarse en el dominio social religioso, político o moral; que podría afectar a Dios, la nación, el socialismo, la libertad y el humanismo. El terrorismo es también una manera de actuar: uno que cree que el único poseedor de la verdad se comporta con el otro, el diferente o el oponente, usando una lógica de exclusión, ya sea nivel simbólico -el ‘takfir’ y la excomunión, la declaración de alguien como un traidor a su país- o físicamente -la erradicación, el asesinato-. El lema del terrorista: piensa como yo, que si no te voy a acusar y condenar. Es en este sentido como el terrorismo es perpetrado por el titular de un proyecto religioso predicador, el portador tirano de un proyecto político, o el promotor intelectual de un proyecto revolucionario para transformar la realidad. El predicador excomulga, el tirano condena y declara a alguien un traidor, teoriza el intelectual y el militante o yihadista, mata. Por otra parte, el destino de cualquier pensamiento fanático, cada doctrina sagrada, se está convirtiendo en un régimen totalitario o una organización terrorista. Por lo tanto, los regímenes seculares tales como el estalinismo, el nazismo y otros, teocráticos, como el régimen de Jomeini o los Hermanos Musulmanes, están en pie de igualdad.

    -¿El terrorismo islamista ha sido influenciada por estos regímenes totalitarios?
    Los defensores de los nuevos proyectos religiosos, sin duda, han sido influenciados por los ejemplos de Franco, Hitler y Mussolini, por su sistema de gobierno y control técnico mediante la movilización de hombres y transformarlos en un canto sin descanso en un rebaño cantando el mismo lema. Esta dualidad del líder deificado y de la multitud que lo adora es una creación bastante reciente. Pero, por otro lado, los regímenes totalitarios, a pesar de la modernidad y el laicismo de sus proyectos es una persistencia del pensamiento religioso, como lo demuestra el carácter sagrado de sus doctrinas y la figura del líder único.

    -¿En qué sentido se dice que un musulmán moderado y tolerante es algo que no existe?
    Cualquier religión monoteísta en sí misma, por su propia definición, es un depósito inagotable de prácticas violentas. Esta es una de su potencialidades siempre presente, un tipo de virus alojado dentro de sus genes culturales. Mientras la religión se base en la exclusión de la otra, sobre la dualidad del creyente y el ateo, el fiel y apóstata, es imposible entender lo contrario. En el Islam, la violencia se incrementa aún más por un dualismo adicional, el de la pureza y la impureza. Este es el escándalo del pensamiento religioso islámico: los no musulmanes están manchados, son impuros; esta es una de las formas más viles de violencia simbólica. De ahí mi afirmación de que no hay fieles musulmanes a los dogmas y las prácticas de su religión que sean moderados o tolerantes a menos que sean hipócritas, ignorantes de su doctrina o vergonzantes. El ejemplo más claro es la relación entre suníes y chiíes. La apertura de estos dos grupos, uno frente al otro, no se ha hecho después de siglos de conflicto y hostilidad debido a supuestos valores de moderación y tolerancia que serían inherentes a sus doctrinas, sino debido a su integración en las instituciones de la sociedad moderna: la escuela, la universidad, el mercado económico, la empresa… y cuando todo el mundo volvió a su doctrina original, estalló el conflicto de nuevo, pero de una manera más cruel y destructiva, como se ha demostrado actualmente por las guerras devastadoras entre las milicias suníes y chiíes, que me hace decir que estamos en la presencia de dos “religiones” más hostiles entre sí que no hacia occidente o Israel. Tal es el destino de una persona que desea preservar radicalmente la pureza de su identidad y sus orígenes: ejercer el racismo, el extremismo y la violencia en sus formas más horribles. Por lo tanto, los jihadistas sunitas y chiítas son iguales, todos son básicamente ‘takfiristas’, impulsado por la venganza y el deseo de erradicar al otro.

    -Usted dice que las religiones no se vuelven tolerantes hasta después de su derrota. ¿La única solución para nuestras sociedades sería derrotar al Islam como el cristianismo fue derrotado Europa durante la Ilustración? ¿O bien puede ser reformado el Islam?
    El Islam no puede ser reformado. los intentos de reforma que se han sucedido durante más de un siglo, ya sea en Pakistán, en Egipto o en otro lugar, han fracasado y han dado lugar a modelos terroristas. Es por eso que no cuento con la renovación del discurso religioso exigido por algunos musulmanes e incluso algunos laicos. El único problema es la derrota del proyecto religioso tal como lo encarnan las instituciones y los poderes islámicos con sus ideas y métodos momificados estériles. Además, soy muy crítico con el concepto de “tolerancia”, uno de los escándalos del pensamiento religioso en general, ya que implica una especie de indulgencia por parte del creyente hacia el otro diferente de él, al tiempo que considera en su corazón que éste es un pecador, malvado y un renegado, o incluso una vergüenza para la humanidad. Por lo tanto, la tolerancia anula cualquier posibilidad de diálogo; sólo el pleno reconocimiento de los demás permite que alguien rompa su narcisismo al interactuar unos con otros, para escuchar y para beneficiar en crear espacios de convivencia de un modo fructífero y constructivo.

    -¿Podemos entender el actual aumento del terrorismo como un signo del dinamismo y la vitalidad del Islam, dado que usted considera la violencia como uno de los potenciales inherentes a cualquier religión monoteísta?
    Hablar de la vitalidad del fenómeno religioso nos remonta a una famosa frase atribuida a Malraux sobre el “retorno de la religión”. La religión está, obviamente, de nuevo, pero es un retorno aterrador que ha transformado en un príncipe al yihadista en un príncipe terrorista, en un monstruo y verdugo. Pero no hay que dejarse hechizar por palabras tales como “vuelta hacia atrás” o “vitalismo”. Cualquier fenómeno o actividad tiene dos aspectos: inicialmente beneficioso, puede degenerar y producir efectos nocivos si no conseguimos modificarlo para hacerlo evolucionar. Esto es lo que está sucediendo en Francia: su modelo social y económico, el mejor de Europa, se ha gastado y ahora necesita ser renovado, lo que Francia parece incapaz de hacer. Por todas estas razones, digo que el proyecto religioso del Islam, como se ha reformulado hace más de un siglo, nol expresa ni vitalidad ni creatividad; se reduce a una simple regresión al pasado, una reacción, motivada por un deseo de venganza contra Occidente que ha despertado de su sueño a la civilización islámica. También digo que el proyecto del Islam contemporáneo ha fracasado siempre que los islamistas tomaron el poder, y que las organizaciones terroristas como Daech y ellos mismos un trabajan ellos mismos para su propia destrucción y la del proyecto religioso en general. Me refiero a que las sociedades árabes deberían atravesar todas estas calamidades, desastres, matanzas y guerras civiles con el fin de convencerse de que el Islam ya no es válido para construir una civilización desarrollada y moderna. No hay reconciliación posible entre el Islam y la modernidad o el Occidente. El proyecto islamista para establecer un califato y el imperio de la sharia es una regresión de los logros de la civilización. La única forma de salir si hay alguna para salir de este callejón sin salida es llevar a cabo un trabajo de autocrítica, de desislamización, para eliminar el calificativo “islámico” en nuestros partidos políticos, nuestra Estados y sociedades. Sólo entonces seremos capaces de abrirnos el uno al otro, para hacer frente a nuestra tradición y el mundo que nos rodea de una manera constructiva y creativa, y de este modo contribuir al progreso de la civilización.

    -¿Cuál es la naturaleza de la relación entre el terrorismo y los regímenes árabes que dicen ser laicos?
    Los regímenes árabes no han sido ni laicos ni democráticos ni progresistas. Estas palabras son sólo eslóganes vacíos cuya función es legitimar la toma del poder. Estos esquemas generan el terrorismo, que a su vez les proporciona una razón para ser una justificación para permanecer en el poder y todavía ejercer más opresión.

    -¿Por qué dice que las élites intelectuales han contribuido al aumento del fundamentalismo religioso?
    Ellos han contribuido de dos maneras. En primer lugar, el fracaso de sus proyectos de modernización y reforma. Su actitud era utópica. Se comportaron con las ideas que han propuesto una manera simplista, tomándolas por verdades absolutas, modelos preestablecidos que no necesitan modificación alguna para ser aplicable a la realidad. Mientras que una idea, que pasa de una persona a otra, de una sociedad a otra, se somete a una especie de transformación creativa de modo que puede ser implementada de manera efectiva en un área u otra. En segundo lugar, algunos intelectuales han apoyado a los regímenes despóticos, tanto en sus versiones laicas y teocráticas, con el pretexto de que estaban luchando contra la hegemonía de las potencias extranjeras y a su cabeza los Estados Unidos. El más famoso entre los que defendían esta posición es probablemente Chomsky, quien considera que la credibilidad del intelectual se mide en términos de su oposición a la política de Estados Unidos. Ha marcado el camino para muchos intelectuales árabes que de este modo se han arrojado en brazos de los tiranos.

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