Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

26 de juliol de 2015
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Benjamin Abtan: “Vingt après Srebrenica, qu’avons-nous appris ? “

Benjamin Abtan, antic dirigent de l’Union des Étudiants Juifs de France i actualment president del Mouvement Antiraciste Européen (EGAM), publica al seu bloc ubicat a The Times of Israel, el proppassat 16 d’aqueix mes l’article que reprodueixo tot seguit reflexionant sobre el vintè aniversari de la massacre de la població bosniana a Srebrenica i l’emergència de moviments totalitaris a Europa (, neonazis, xenòfobs i gihadistes) que poden desencadenar una llarga guerra de civilitzacions al vell continent :

Il y a vingt ans, le 11 juillet 1995, les forces nationalistes serbes menées par le général Ratko Mladić entamaient le massacre systématique de plus de 8 000 hommes et adolescents bosniaques. Le génocide de Srebrenica, reconnu comme tel par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, se déroulait ainsi pendant trois jours au cœur de l’Europe, dans la « zone de sécurité » garantie par l’ONU.

Vingt ans après Srebrenica, qu’avons-nous appris ?

D’un génocide, l’autre

Un génocide est toujours le prélude à un autre génocide.

Les très hauts dirigeants politiques et militaires français qui ont soutenu les nationalistes serbes jusqu’à l’élection de Jacques Chirac en mai 1995 ont collaboré avec le régime génocidaire au Rwanda avant, pendant et après le génocide contre les Tutsis en 1994. Entre certains individus alors placés au plus haut niveau de l’appareil d’État français, le Régime de Vichy constituait un lien aussi discret que puissant.

Les États-Unis ont longtemps laissé faire en Bosnie comme ils avaient laissé faire au Rwanda. L’ONU quant à elle, après avoir fui le Rwanda au moment du déclenchement du génocide, laissait se dérouler l’épuration ethnique et le siège de Sarajevo. Les casques bleus néerlandais repoussèrent même les réfugiés bosniaques venus chercher asile dans leur camp pour éviter la mort à Srebrenica, et observèrent sans ciller les escadrons de la mort serbes séparer sous leurs yeux les femmes des hommes et des adolescents, dernière étape avant leurs exécutions.

Aujourd’hui, alors que des centaines de milliers de Syriens se font massacrer, que les Tamouls ont été exterminés au Sri Lanka, que Boko Haram multiplie les massacres au Nigéria, que Daech réalise une épuration ethnique et religieuse, nous savons que ces crimes de masse sont non seulement insupportables en soi, mais qu’en plus ils en annoncent d’autres.

Qu’avons-nous appris de Srebrenica si nous laissons se dérouler sous nos yeux ces massacres sans tout faire pour les arrêter ?

L’indifférence qui tue

L’indifférence qui a permis, au cœur de l’Europe, l’épuration ethnique dont Srebrenica a été l’acmé continue de progresser.

Chaque année, des dizaines milliers de personnes risquent leur vie et souvent la perdent, notamment en Méditerranée, pour fuir des régimes dictatoriaux, des persécutions, la misère, et tenter de rejoindre notre continent où ils espèrent pouvoir construire une vie meilleure.

L’attitude des États européens à leur égard est criminelle : ils continuent à adopter des politiques en sachant lucidement qu’elles aboutiront nécessairement à des milliers de morts.

Qu’avons-nous appris de Srebrenica si nous laissons l’égoïsme et l’indifférence l’emporter, si nous faisons le choix de laisser l’hécatombe se poursuivre à quelques centaines de kilomètres, parfois quelques mètres, de nous ?

Pour que les paroles immanquablement prononcées lors des commémorations ne sonnent pas creux, il nous faut combattre cette indifférence et, dès maintenant, ouvrir nos frontières aux réfugiés.

Le spectre de la « Guerre civile européenne »

Le soutien dont ont bénéficié les nationalistes serbes il y a vingt ans était en partie dû à la représentation selon laquelle ils auraient été le dernier rempart de l’Occident chrétien face à une offensive musulmane dont la Bosnie aurait été le fer de lance.

L’idée de « Guerre civile européenne », en germes dans la guerre de Bosnie, n’a eu de cesse de progresser depuis.

Cette idée est aujourd’hui portée principalement par deux courants politiques, alliés objectifs l’un de l’autre : l’extrême droite nationaliste, dont les différents partis ont adopté une rhétorique raciste anti-musulmane qui est désormais un de leurs points de convergence, et l’islamisme, notamment ses composantes salafistes et djihadistes, qui s’attaque en priorité aux Juifs, aux femmes, à la libre-pensée et à la démocratie.

Cette alliance a été symbolisée par le témoignage d’islamistes en faveur du tueur d’Utoya lors de son procès afin de valider sa vision du monde.

La ligne de front du combat politique se situe non pas entre les musulmans et le monde occidental mais, dans le monde musulman et en Europe, entre les tenants du totalitarisme islamiste et ceux de la liberté, entre les nationalistes et les démocrates.

Qu’avons-nous appris de Srebrenica si nous ne soutenons pas avec vigueur les démocrates dans le monde arabe ou musulman, notamment en Tunisie, en Turquie, en Iran et ailleurs, qui se battent chaque jour contre le totalitarisme islamiste, pour la liberté ? Si, en Europe, nous ne nous engageons pas résolument contre le racisme, contre l’antisémitisme, pour une société plus juste, plus démocratique ?

L’Europe

Enfin, c’est une certaine idée de l’Europe qui est morte lors de la guerre de Bosnie. Une Europe unifiée, garante de la paix, construite sur le refus du nationalisme mortifère et le dépassement des intérêts nationaux vers un horizon démocratique partagé.

Aujourd’hui comme il y a vingt ans, l’Europe abandonne l’espérance historique dont elle pourrait être porteuse en laissant de côté ceux qui croient le plus en elle. Les Ukrainiens mobilisés avec Maïdan pour leur rêve d’Europe, c’est-à-dire un état indépendant, la fin de la corruption et la constitution d’un état de droit. Les démocrates hongrois qui résistent chaque jour à la destruction de la démocratie organisée par Victor Orban. Les jeunes Bosniens rêvant de mettre à bas un système corrompu et figé et de se défaire enfin des accords de Dayton qui les enferment dans un ethnisme étouffant.

Vingt après Srebrenica, la solitude de la Bosnie-Herzégovine résonne avec l’isolement dont elle a souffert pendant la guerre. L’intégrer à l’Union Européenne, quand la Croatie en fait partie et que la Serbie s’apprête à y entrer, permettrait de mettre enfin un point final à la logique de la guerre et de l’épuration ethnique.

Qu’avons-nous appris de Srebrenica si nous n’accompagnons pas le remplacement de la Constitution issue des Accords de Dayton par une Constitution non-ethnique et si nous n’offrons pas une perspective européenne à la Bosnie-Herzégovine ?

Là-bas comme dans d’autres lieux, le passé fait partie du présent. L’Europe a, nous avons, le devoir de tirer les leçons de Srebrenica et d’agir pour permettre aux générations actuelles et futures de se construire enfin un avenir empreint de liberté.

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