15 de juny de 2008
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ELISENDA VIGILA EL SEU AMOR

Només puc entendre aquesta obsessió d’escriure com una malaltia, dius a Bernat que té els ulls plorosos davant una plagueta plena de borratxos de tinta mont-blanc negra.

Per què, Elisenda, aquesta insistència ferotge? No veus que estic fet un ecce homo?
Per què vols que m’enfonsi més si ja he tocat fons?, et contesta amb veu rogallosa un Bernat mig cec per la claror violenta del sol d’estiu.
Estic com a desfermada, no puc suportar veure’t com et cremes els ulls i la vida damunt uns papers plens de gargots mentre la mar ens espera, mig xiscla una Elisenda vestida amb un maillot complet de color taronja i amb la pell molt blanca.
(No t’agrada que faci anar llatina aquesta història mig rosa, mig negra que no record com vaig titular fa uns quants posts?
És com retrobar uns personatges aturats dins la capseta dels malsendreços i posar-los en marxa. Donar corda?)
Francisca dibuixa entre les planes d’un bloc molt gran en què ha copiat dos poemes. Li fa mal aquella veu d’Elisenda que crida Bernat perquè l’acompanyi a prendre un bany al caló dels Antigons. Tu l’aixecaries dins els braços, baixaries amb ella els trenta quatre escalons que et duen al mar, i ella ni tan sols t’ha dit que partia. Hem de dur unes vides molt independents, et va amollar el primer dia, no vull interferències. I tu acceptares com signa les condicions de rendició el guerrer abatut.
(:::)

Francisca dibuixa personatges de Rustin envoltant les paraules plenes de música de Baudelaire i Alfred. Un porc que plora, per exemple


  1. Le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui

    Va-t-il nous déchirer avec un coup d’aile ivre
    Ce lac dur oublié que hante sous le givre
    Le transparent glacier des vols qui n’ont pas fui !

    Un cygne d’autrefois se souvient que c’est lui
    Magnifique mais qui sans espoir se délivre
    Pour n’avoir pas chanté la région où vivre
    Quand du stérile hiver a resplendi l’ennui.

    Tout son col secouera cette blanche agonie
    Par l’espace infligée à l’oiseau qui le nie,
    Mais non l’horreur du sol où le plumage est pris.

    Fantôme qu’à ce lieu son pur éclat assigne,
    Il s’immobilise au songe froid de mépris
    Que vêt parmi l’exil inutile le Cygne.

    Baudelaire


  2. Alfred de Vigny

    Le cor
    I

    J’aime le son du Cor, le soir, au fond des bois,
    Soit qu’il chante les pleurs de la biche aux abois,
    Ou l’adieu du chasseur que l’écho faible accueille,
    Et que le vent du nord porte de feuille en feuille.

    Que de fois, seul, dans l’ombre à minuit demeuré,
    J’ai souri de l’entendre, et plus souvent pleuré !
    Car je croyais ouïr de ces bruits prophétiques
    Qui précédaient la mort des Paladins antiques.

    O montagnes d’azur ! ô pays adoré !
    Rocs de la Frazona, cirque du Marboré,
    Cascades qui tombez des neiges entraînées,
    Sources, gaves, ruisseaux, torrents des Pyrénées ;

    Monts gelés et fleuris, trône des deux saisons,
    Dont le front est de glace et le pied de gazons !
    C’est là qu’il faut s’asseoir, c’est là qu’il faut entendre
    Les airs lointains d’un Cor mélancolique et tendre.

    Souvent un voyageur, lorsque l’air est sans bruit,
    De cette voix d’airain fait retentir la nuit ;
    A ses chants cadencés autour de lui se mêle
    L’harmonieux grelot du jeune agneau qui bêle.

    Une biche attentive, au lieu de se cacher,
    Se suspend immobile au sommet du rocher,
    Et la cascade unit, dans une chute immense,
    Son éternelle plainte au chant de la romance.

    Ames des Chevaliers, revenez-vous encor?
    Est-ce vous qui parlez avec la voix du Cor ?
    Roncevaux ! Roncevaux ! Dans ta sombre vallée
    L’ombre du grand Roland n’est donc pas consolée !

    II

    Tous les preux étaient morts, mais aucun n’avait fui.
    Il reste seul debout, Olivier prés de lui,
    L’Afrique sur les monts l’entoure et tremble encore.
    “Roland, tu vas mourir, rends-toi, criait le More ;

    “Tous tes Pairs sont couchés dans les eaux des torrents.”
    Il rugit comme un tigre, et dit : “Si je me rends,
    “Africain, ce sera lorsque les Pyrénées
    “Sur l’onde avec leurs corps rouleront entraînées.”

    “Rends-toi donc, répond-il, ou meurs, car les voilà.”
    Et du plus haut des monts un grand rocher roula.
    Il bondit, il roula jusqu’au fond de l’abîme,
    Et de ses pins, dans l’onde, il vint briser la cime.

    “Merci, cria Roland, tu m’as fait un chemin.”
    Et jusqu’au pied des monts le roulant d’une main,
    Sur le roc affermi comme un géant s’élance,
    Et, prête à fuir, l’armée à ce seul pas balance.

    III

    Tranquilles cependant, Charlemagne et ses preux
    Descendaient la montagne et se parlaient entre eux.
    A l’horizon déjà, par leurs eaux signalées,
    De Luz et d’Argelès se montraient les vallées.

    L’armée applaudissait. Le luth du troubadour
    S’accordait pour chanter les saules de l’Adour ;
    Le vin français coulait dans la coupe étrangère ;
    Le soldat, en riant, parlait à la bergère.

    Roland gardait les monts ; tous passaient sans effroi.
    Assis nonchalamment sur un noir palefroi
    Qui marchait revêtu de housses violettes,
    Turpin disait, tenant les saintes amulettes :

    “Sire, on voit dans le ciel des nuages de feu ;
    “Suspendez votre marche; il ne faut tenter Dieu.
    “Par monsieur saint Denis, certes ce sont des âmes
    “Qui passent dans les airs sur ces vapeurs de flammes.

    “Deux éclairs ont relui, puis deux autres encor.”
    Ici l’on entendit le son lointain du Cor.
    L’Empereur étonné, se jetant en arrière,
    Suspend du destrier la marche aventurière.

    “Entendez-vous ! dit-il. – Oui, ce sont des pasteurs
    “Rappelant les troupeaux épars sur les hauteurs,
    “Répondit l’archevêque, ou la voix étouffée
    “Du nain vert Obéron qui parle avec sa Fée.”

    Et l’Empereur poursuit ; mais son front soucieux
    Est plus sombre et plus noir que l’orage des cieux.
    Il craint la trahison, et, tandis qu’il y songe,
    Le Cor éclate et meurt, renaît et se prolonge.
    “Malheur ! c’est mon neveu ! malheur! car si Roland
    “Appelle à son secours, ce doit être en mourant.
    “Arrière, chevaliers, repassons la montagne !
    “Tremble encor sous nos pieds, sol trompeur de l’Espagne !

    IV

    Sur le plus haut des monts s’arrêtent les chevaux ;
    L’écume les blanchit ; sous leurs pieds, Roncevaux
    Des feux mourants du jour à peine se colore.
    A l’horizon lointain fuit l’étendard du More.

    “Turpin, n’as-tu rien vu dans le fond du torrent ?
    “J’y vois deux chevaliers : l’un mort, l’autre expirant
    “Tous deux sont écrasés sous une roche noire ;
    “Le plus fort, dans sa main, élève un Cor d’ivoire,
    “Son âme en s’exhalant nous appela deux fois.”

    Dieu ! que le son du Cor est triste au fond des bois !

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