Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

20 de juliol de 2018
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Manfred Gerstenfeld: “Masochisme israélien et hypocrisie hollandaise”

Jewish Forum va publicar ahir un punyent article de Manfred Gerstenfeld (sovint esmentat en aqueix bloc) titulat “Masochisme israélien et hypocresie hollanaise”:

Il existe des différences culturelles radicales dans la façon dont les pays, même les démocraties, enseignent leur passé. J’ai appris beaucoup à l’école, aux Pays-Bas, à propos des Indes néerlandaises – devenue plus tard l’Indonésie – qui était encore une colonie. Pourtant, on ne nous enseignait rien du tout sur la guerre de Java, à la moitié du dix-neuvième siècle, quand l’armée néerlandaise a massacré 200.000 autochtones, dont des dizaines de milliers étaient des civils[1].

Au contraire, mon petit-fils aîné est scolarisé dans un lycée de Jérusalem et on lui a demandé d’écrire au sujet du massacre de Deir Yassin en 1948. Au cours d’intenses combats, environ 200 Arabes, dont des civils, ont été tués par les combattants de l’Irgun Zwai Leumi. L’étendue de ces atrocités a gravement été exagérée pour des motifs politiques, à la fois par des Juifs et des Arabes. Pourquoi a t-on imposé ce devoir à mon petit-fils? Deir Yacin n’illustre pas particulièrement la façon général dont Israël a mené une guerre de survie existentielle.

Beaucoup de crimes de guerre extrêmes par leur barbarie demeurent dissimulés ou minimisés, dans l’histoire enseignée aux Pays-Bas. J’ai appris peu de choses sur la guerre de 1873-1914 à Atjeh, dans les Indes néerlandaises. Les colonisateurs ont tué environ une centaine de mille d’autochtones, selon les estimations.

Hendrik Colijn y occupait le poste de lieutenant. IL deviendra plus tard cinq fois Premier Ministre[2]. En novembre 1894, il écrivait à son épouse que, dans le cadre de la politique générale, il avait ordonné à ses soldats de tuer neuf femmes et trois enfants qui imploraient pitié[3]. Mais ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

En 2017, l’historien néerlando-suisse Rémy Limpach a publié un livre de 870 pages sur les crimes de guerre hollandais qui se sont déroulés lors des deux soit-disant “opérations de police”, en 1947 et 1948, dans les Indes Hollandaises contre les combattants indépendantistes et des bandes criminelles.

Il en concluait que les crimes de guerre néerlandais qui se sont déroulés là étaient structurels et non contingents comme on l’a prétendu auparavant. Le livre offre de nombreux exemples de Hollandais déclenchant des incendies, torturant et exécutant des prisonniers, ou massacrant tout autant femmes et enfants. Il a bénéficié de plusieurs recensions,mais il n’y a eu aucune réaction importante au sein de la société néerlandaise.

A la fin des années 1960, un jeune historien hollandais, Cees Fasseur, a officiellement été chargé d’enquêter sur ces “opérations de police”. Il a adis plus tard le caractère superficiel de cette recherche[4]. Ce n’est qu’aujourd’hui, alors que tous les auteurs de crimes hollandais sont morts ou très âgés qu’a débuté une étude de fond sur la période de la décolonisation.

Durant de nombreuses décennies, presque personne ne s’est soucié des crimes de guerre hollandais. Un capitaine néerlandais Raymond Westerling, avait pour mission de “pacifier” certaines régions de l’île de Sulawesi. En 1974, il a déclaré à un journaliste, en sirotant un verre dilué de whisky, qu’il avait traîné en cour martiale 350 otages et qu’il les avait personnellement exécuté[5]. Depuis 1971, c’était Dries van Agt, qui est devenu plus tard le Premier Ministre de Hollande, qui était Ministre de la Justice. Aucune action contre Westerling n’a jamais été entreprise. Van Agt est le principal incitateur antisioniste de tous les Pays-Bas.

Une interiew de Westerling a ét& filmée en 1969, dans laquelle il a avoué ses crimes de guerre. Toutes les chaînes de TV hollandaises ont refusé de la programmer. Elle a finalement été diffusée en 2012[6].

En 1987, l’historien Ad van Liempt a écrit un article sur un massacre au cours des “opérations de police”, qui s’est soldé par 364 morts parmi les Indiens Hollandais[7]. Il m’a dit que cet article n’avait provoqué aucune réaction. En 1997, il a écrit un livre : Train of Corpses (Le Train des cadavres), qui raconte comment les Hollandais avaient affamé jusqu’à la mort près de la moitié des prisonniers Indiens de Hollande transportés dans un train.

Van Liempt m’a raconté que nombreux étaient ceux qui considéraient comme scandaleux qu’il ait osé écrire un livre relatant cet épisode[8]. Un cinéaste que je connais a réalisé un film en 1995 sur les meurtres de masse de l’armée hollandaise, de centaines d’hommes dans un village de Rawagede. Il me disait alors que les autochtones mentionnaient que des crimes identiques étaient survenus dans les villages voisins[9].

Dans sin livre de 2013, My Promised Land, Ari Shavit raconte l’histoire d’un soit-disant crime intentionnel de civils arabes qu’il prétend avoir été commis par les forces de Défense Israéliennes en juillet 1948 à Lod. Trois universitaires israéliens, Martin Kramer, Efraim Karsh et Benny Morris ont débattu autour de ce que prétendait Shavit. Aucun des trois ne considère sa version comme exacte[10].

Le New Yorker a pré-publié une version écourtée du chapitre de Shavit. Le rédacteur en chef aurait pu remplir une année entière de publications sur les crimes hollandais meurtriers qui se sont déroulés en Indonésie exactement à la même période.

En 1995, les soldats hollandais de l’ONU ont fui vers la capitale croate, Zagreb, depuis le village musulman bosniaque de Srebrenica qu’ils étaient censés protéger. Au cours d’un véritable génocide, les occupants Serbes bosniaques ont tué 8372 civils, hommes de 13 à 77 ans : égorgés et bâillonnés. Leurs corps maltraités et morcelés ont été jetés dans plusieurs fosses communes… Un tribunal hollandais a désigné les Pays-Bas comme civilement responsables de centaines (300) de ces meurtres[12].

L’historien néerlandais, Henri Beunders, a écrit qu’alors que les Bosniaques se tenaient à genoux dans le sang, les soldats de la glorieuse Hollande étaient à Zagreb barbotant dans la bière jusqu’aux chevilles, applaudis par leur Prince couronné, le Premier Ministre et le Ministre de la Défense, qui tous savaient pertinemment qu’ailleurs le sang giclait à flots[13].

Au cours d’une bataille en Afghanistan près de Chora en 2007,les soldats hollandais ont tué un nombre estimé entre 50 et 100 civils[14]. Le gouvernement hollandais a admis qu’il ne savait pas exactement combien de civils avaient été tués par ses avions et ses hélicoptères entre 2006 et 2010, dans la province afghane d’Uruzgan[15].

En 2018, le gouvernement hollandais a reconnu que ses avions ont tué des civils au cours de la guerre contre Daesh, en Irak et en Syrie. Alors que les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie ont fourni des informations sur la mort de civils pendant cette guerre,les Néerlandais se sont obstinément refusés à le faire[16].

La culture hollandaise de l’hypocrisie dans le traitement des points noirs monstrueux dans son passé contraste grandement avec la culture masochiste israélienne, qui consiste à souligner ce que les Israéliens ont fait de mal, et qui apparaît bien pâle face aux crimes des Hollandais. Dans cette culture il convient parfaitement que les gouvernements hollandais successifs ont obstinément refusé de reconnaître les graves défaillances de leur gouvernement en exil à Londres, a cours de la Seconde Guerre Mondiale, envers les Juifs de Hollande persécutés et assassinés. Tous les autres pays d’Europe occidentale, dont Monaco et le Luxembourg, ont reconnu ce qui s’était passé. Plusieurs d’entre eux ont présenté lurs excuses à leurs citoyens juifs.

Post Scriptum, 9 de desembre del 2018.

Jewish Forum publica avui una entrevista entre Manfred Gerstenfeld i la periodista holandesa Els Van Diggele arran del llibre testimoni que ha escrit arran la seva estada d’un any als territoris palestins.

Post Scriptum, 22 de febrer del 2019.

Manfred Gerstenfeld aprofundeix sobre l’antisemitisme holandès publicant el proppassat 20 de gener aqueix report titulat “The Netherland’s Profound Hypocrisy on the Jews”, aparegut als Perspectives Paper número 1.068 del BESA Center. I avui, alertant dels càntics antijueus habituals camps de futbol holandesos: “Pervasive Antisemitism in Dutch Stadiums”, als Perspectives Paper, número 1.094, del BESA Center.

Post Scriptum, 9 de febrer del 2020.

Manfred Gerstenfeld continua seguint de prop l’actitud d’Holanda envers l’antisemitisme autòcton, passat i present, i avui JForum publica en versió francesa aqueix article seu: “Shoah. Les Pays Bas admetten à demi-mots leur lâcheté”:

Le Premier Ministre hollandais, Mark Rutte, a, assez soudainement présenté des excuses plutôt tardives, au nom de son gouvernement, pour les défaillances des autorités néerlandaises envers les Juifs au cours de la Seconde Guerre Mondiale[1]. Il l’a fait au cours d’une allocation, durant les commémorations nationales de la Shoah à Amsterdam, le 26 janvier. Cet événement se démarque radicalement de la politique menée durant de lonfgues années, où lui et ses prédécesseurs trouvaient diverses raisons pour s’empêcher d’admettre la vérité à propos de la mauvaise conduite répandue par la Hollande en temps de guerre. Cela correspond à une culture bien enracinée de l’élite néerlandaise, qui évite fréquemment de reconnaître quelque erreur que ce soit, dont les plus graves. Cette attitude permet à l’élite hollandaise de faire la morale à autrui de manière arrogante.

Par cela, même si cela se présente bien tardivement, le seul gouvernement d’Europe occidentale qui ne l’avait pas encore fait, va ainsi pouvoir commencer à dire la vérité sur la façon dont les dirigeants de sa nation ont trompé leurs citoyens juifs pendant l’occupation allemande. En Europe occidentale, les Pays-Bas ont été le pays qui a connu le pourcentage le plus élevé de victimes juives au cours de la Shoah. Quand les Allemands ont conquid la Hollande en 1940, il y vivait 140.000 Juifs ; 102.000 d’entre eux ont été assassinés par les occupants au cours de la guerre.

Ceux qui ont été déportés vers les camps de la mort en Pologne, ont été arrêtés par des policiers néerlandais, transportés par des trains hollandais et gardés par la police militaire des Pays-Bas dans le camp de transit de Westerbork. La plupart de ces Juifs déportés provenaient de familles qui avaient vécu aux Pays-Bas depuis plusieurs siècles.

En 1995, le Président français Jacques Chirac avait déclaré lors d’un aveu public de la vérité bien plus détaillé que celui récent de Rutte : “La France a commis l’irréparable. Elle a trahi sa parole et livré ceux qu’elle protégeait à leurs bourreaux. Nous maintenons à leur égard une dette inoubliable[2] “. Deux ans plus tard, le Premier Ministre socialiste français, Lionel Jospin s’était montré encore plus explicite en disant : “Pas même un seul soldat allemand n’avait été nécessaire pour commettre ce déshonneur[3]“.

En mars 1995, quelques mois avant la reconnaissance de la vérité par Chirac, la Reine Beatrix des Pays-Bas de l’époque s’est rendue en visite en Israël. Elle s’était exprimée devant la Knesset en disant qu’il y avait eu beaucoup de Hollandais pour résister contre les Allemands, mais qu’il y avait des exceptions et que “Le peuple des Pays-Bas n’avait pas pu empêcher la destruction de ses fidèles concitoyens juifs[4]“. C’était une version passée au blanchiment de la vérité. Elle aurait dû ajouter quelque chose comme : “Même les choses limitées que nos autorités auraient pu faire, elles ne l’ont pas fait. Notre gouvernement en exil à Londres s’est abstenu de donner des instructions aux responsables néerlandais sur la façon d’agir face au ordres des Allemands concernant la persécution des Juifs. Ma Grand-Mère, la Reine Wilhemine a aussi gravement manqué à ses devoirs élémentaires. Elle n’a pas fait appel à la population hollandaise afin qu’elle aide les Juifs qui voulait trouver des cachettes”.

Rutte est premier Ministre des Pays-Bas depuis 2010. Il a paralysé tous les efforts de voir le gouvernement offrir des excuses à la communauté juive néerlandaise. En janvier 2012, le quoitidien hollandais à présent disparu, De Pers, a consacré sa page de une et une seconde à la question des excuses[5]. Cet article était basé sur deux interviews tirées des annexes de mon livre de 2011 : Judging the Netherlands: The Renewed Holocaust Restitution Process 1997-2000.[6].Dans ce livre, les anciens vice-Premiers Ministres Els Borst – assassinée en 2014 – et Gerit Zalm, déclaraient qu’ils soutiendraient publiquement LE gouvernement hollandais si celui-ci présentait ses excuses à la communauté juive.

Ce même jour, les députés du Parti des Libertés, Geert Wilders et Raymond de Roon ont posé des questions parlementaires au Premier Ministre. Ils lui ont demandé pourquoi les Pays-Bas ne présentaient pas d’excuses à la communauté juive pour le mauvais comportement du gouvernement au cours de la Shoah. Peu de temps après, l’Associated Press a publié deux articles sur ce manque de reconnaissance et d’excuses du gouvernement hollandais, qui s’était fait épinglé par de multiples organes de presse à travers le monde, des USA à la Chine[7].

Rutte s’en est sorti avec une réponse à côté de la plaque. Il a fait référence à une déclaqration du gouvernement hollandais datant des années 2000[8]. Cependant, les excuses présentées à la communauté juive par l’Etat à cette époque n’avaient aucun lien avec la période de la guerre. Elles avaient trait au processus formaliste, bureaucratique et dénué d’empathie, pris par le processus des restitutions d’après-guerre. Même ces excuses n’étaient que des demi-vérités, alors qu’elles prétendaient que cette attitude inacceptable n’avait pas été intentionnelle, excepté dans un seul cas. Il y avait, cependant, déjà beaucoup de cas bien renseignés, dans lesquels on constate que la politique néerlandaise d’après-guerre envers les Juifs était tout-à-fait délibérée.

Rutte a aussi répondu que son gouvernement ne voyait aucune raison de présenter des excuses, parce qu’il n’y avait pas de conseil assez soutenu de la part de la communauté juive pour qu’il en aille ainsi[9]. C’est une réponse extrêmement maladroite et mal conçue. Les victimes n’ont pas à demander des excuses aux successeurs légaux de ceux qui ont gravement failli. On attend de ceux qui sont en faute qu’ils présentent leurs excuses de leur propre initiative.

En 2012, un sondage démontrait que deux-tiers du peuple hollandais s’opposaient au fait que leur premier Ministre présente ses excuses à la communauté juive pour la mauvaise conduite de leur gouvernement en exil à Londres en temps de guerre. Seulement 27% des sondés étaient en faveur d’excuses de ce genre[10].

Au début de 2015, les parlementaires Joram van Klaveren et Louis Bontes, du petit parti Voor Nederland, ont, à nouveau, demandé à Rutte de présenter ses excuses à la communauté juive, pour les errements du gouvernement en temps de guerre.[11]. Dans sa réponse, Rutte a sèchement mentionné la déclaration désinvolte de la Reine Béatrix de Hollande devant la Knesset, en 1995[12]. S’il y avait eu à l’époque au moins un journaliste hollandais qui avait vérifié ce que disait la Reine, il aurait pu publier que le gouvernement de son pays ne tenait sur rien du tout.

Les excuses aussi soudaines que récentes sont importantes. A présent, les successeurs des autorités déficientes et les victimes -dont certaines seulement sont encore en vie – sont d’accord sur l’histoire de cette lâcheté. Les excuses de Rutte sont demeurées d’une nature plutôt générale. On devra encore attendre pour assister aux excuses des chefs de la police -puisque la plupart d’entre eux ont été des collaborateurs de tout premier plan pour les occupants – et de la Cour Suprême dont les prédécesseurs du temps de guerre ont failli de façon radicale envers les Juifs. Rutte aurait aussi dû mentionner que le gouvernement était responsable de la lâcheté de la Reine Wilhemina et de bien plus encore. Ces sujets peuvent représenter un défi pour ses futurs discours.

Post Scriptum, 25 de maig del 2021.

Avui, a The Times of Israel: Pays-Bas: des universitaires appellent à un boycott d’Israël après les combats. 564 universitaires – dont une chercheuse dans un institut de recherche sur la Shoah – ont demandé au gouvernement de rompre ses liens économiques, politiques et militaires.

Post Scriptum, 12 de març del 2024.

Avui, Jerusalem Post publica aqueix article de Dani  Dayan, actual director de Yad Vashem, assenyalant el significat de la inauguració d’aqueix museu enmig de l’augment de l’antisemitisme arreu d’Europa: “The Holocaust museum in the Netherlands was desperately needed. Today, amid the passage of time, we are once again witness to an all too familiar and worrying trend of antisemitism and ignorance”.

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