Marc Bloch (1886-1944), l’eminent historiador francès d’origen jueu, combatent voluntari a la Segona Guerra Mundial, va deixar escrites les seves reflexions sobre la desfeta de l’estiu del 1940 en un assaig titulat “L’Étrange Défaite”, editat pòstumament a la seva execució a mans dels col·laboracionistes que no suportaven la seva condició d’actiu resistent i de jueu. Fou el primer analista a assenyalar la responsabilitat de les elits franceses que feia temps anhelaven un règim com el de l’Alemanya nazi o l’Itàlia feixista i, abocats a una guerra que no volien de cap manera, van preferir la victòria del nazisme abans que un eventual triomf del front popular. El resultat fou que el règim de Vichy encapçalat per Petain va rebre el suport majoritari, no solament de la burgesia, sinó d’un ampli ventall de la classe política que optar per la rendició i l’adopció d’un feixisme a la francesa tot col·laborant activament amb els ocupants alemanys a combatre la resistència i els aliats.
Avui, l’historiador Julien Broch publica un breu però punyent article a Le Figaro apel·lant a la introspecció sobre la situació política de França: “80 ans après sa mort, nous aurions besoin de Marc Bloch pour nous instruire sur nos propres errements”.
Emmanuel Macron a annoncé samedi 23 novembre l’entrée prochaine au Panthéon de l’historien et résistant Marc Bloch. Tout un symbole. «Un mot, pour tout dire, domine et illumine nos études: comprendre», déclarait celui à qui on entend rendre hommage. Né en 1886 à Lyon, Marc Bloch a été habité par ce souci dès ses jeunes années, puis à l’École normale supérieure, et même lors de ses séjours à Leipzig et Berlin pour voir comment les Allemands concevaient l’histoire.
L’histoire justement,Blochl’a enseignée à Montpellier et à Amiens, jusqu’à la guerre de 1914-1918, au cours de laquelle il a été mobilisé en tant qu’officier, à Strasbourg entre 1919 et 1936, puis, consécration ultime, en Sorbonne. Il l’a pratiquée aussi, en nous laissant trois ouvrages essentiels, qu’on continue à lire et à étudier, y compris hors de France:Les rois thaumaturges(1923),Les caractères originaux de l’histoire rurale française(1931), ou encoreLa société féodale(1936). Sans compter les multiples articles et comptes rendus qu’il a fait paraître dans la revueLes Annales, qui entendait alors rénover la discipline historique, et les conférences qu’il a faites à l’étranger (Londres, Oslo, Paris…).
En 1941, alors qu’il se trouve dans la Creuse pour retrouver «un peu d’équilibre de l’âme», Bloch entreprend une réflexion sur la façon de faire de l’histoire. Si ce travail est resté inachevé, il sera publié ultérieurement, grâce à Lucien Febvre, sous le titreApologie pour l’histoire ou métier d’historien.Marc Blochnous y met en garde contre l’écrasement du temps, le dédain pour ce qui nous a précédés. Si le passé se comprend à la lumière du présent, il n’en est pas moins vrai que le présent n’est bien intelligible qu’en scrutant le passé. Encore faut-il savoir se défaire de son propre moi, de ses préjugés. Une rigueur intellectuelle est aussi nécessaire, d’où la nécessité, selon lui, de dispenser une bonne formation, ouverte à la pluridisciplinarité et à la méthode comparative, aux futurs historiens.
Déjà dans les années 1930, avec le groupe desAnnales,il prenait le contrepied de la génération antérieure – l’école méthodique –, celle qui dominait l’université, en plaidant la prise en compte des documents non écrits et des témoignages involontaires, le souci de la psychologie collective, de l’organisation sociale, de la vie politique et de l’activité économique, le tout dans le temps long, contre les tenants d’une histoire traditionnelle surtout préoccupée des événements singuliers. Cela ne peut que nous rappeler la nécessité de faire de l’histoire sérieusement, à l’aide de preuves authentiques, et donc à ne pas céder aux tentations d’une histoire fantasmée ou revancharde.
En septembre 1939, Bloch est rattrapé par l’histoire: il est mobilisé au cours de la Drôle de guerre, assiste à la Débâcle de mai-juin 1940. Témoin de l’effondrement militaire et politique, mais aussi de scènes d’exode, le novateur convie ses concitoyens à un effort de lucidité. Il le fait en entreprenant la rédaction deL’étrange défaite, dans lequel il analyse les causes du marasme: faiblesses militaires, déséquilibres politiques et sociaux, insuffisances – voire davantage – du personnel politique, des représentants des milieux économiques et financiers, mais aussi des élites intellectuelles.
Sans doute aurions-nous besoin, 80 ans après la mort de Bloch d’un observateur impartial et méticuleux pour nous instruire sur nos propres errements face à une crise aussi protéiforme que durable. D’autant que notre écosystème médiatique privilégie la quantité sur la qualité de l’information, voire la pensée en silos, leprimat de l’émotion. Rien qui soit de nature à nous fonder pour vivre, nous rappeler ce qui nous unit, à identifier la racine de nos maux pour mieux s’y attaquer.
Quoique juif, Bloch peut continuer à enseigner en 1941 et au début de l’année 1942, ce qu’il fait à Clermont-Ferrand, à Montpellier. Mais voilà, en novembre 1942 laWehrmachtenvahit la zone libre. En patriote attaché aux valeurs supérieures qui traversent l’histoire de notre pays, et au-delà de la civilisation, Bloch prend alors le chemin de la clandestinité, de la Résistance dans la région lyonnaise. Capturé par les nazis à la veille de la Libération, il sera torturé puis fusillé. Sans doute peut-on espérer que sa panthéonisation nous rappellera que l’histoire est le patrimoine de tous, que nous avons besoin d’historiens véritables, et non improvisés ou faisant primer le militantisme, pour mettre en récit et en explication ce que nous vivons, ce qui nous hante, avec tout le recul et le sérieux qui conviennent.”
Salvant les distàncies, com he explicat en l’apunt “L’estranya desfeta“, les deduccions de Marc Bloch són aplicables a la recerca d’una explicació a la sobtada i majoritària claudicació dels dirigents independentistes al mateix octubre del 2017 divulgant, immediatament, la brama que el referèndum d’autodeterminació del Primer d’Octubre havia estat una desfeta nacional catalana. Sense autocrítica per la manca de preparació d’estructures d’estat durant els anys de procés independentista, ni reflexió honesta i oberta a partir de la realitat dels fets, jurídica i política, el discurs propagandista de la derrota ha esdevingut hegemònic al cap de quatre anys amb la complicitat del poder espanyol i els subalterns nostrats.
Post Scriptum, 2 de desembre del 2024.
Henri Beaumont publicà el proppassat 29 de novembre aqueix article escaient a Causeur: “Les étranges défaites. Marc Bloch et Boualem Sansal résistent”.
Mayday, SOS, coquin de sort! Le Titanic Europe des copains d’abord a heurté l’iceberg Trump. Le présent est angoissant, le futur déprimant. Remplaçante, sur le banc de touche de l’histoire, dans la mauvaise conscience et l’auto-flagellation, la France se console en surjouant les défaites du passé : l’occupation, le vent mauvais, les bêtes immondes, la décolonisation… Pour égayer les fins de parties, les démons des éditions de minuit et les tubes des années de braise (44-54), surpassent ceux des années 80. Après les utopies, les uchronies et dystopies.Destinée… Les années noires font le buzz sur les rezzous sociaux,France Culture. Les débâcles, humiliations nationales, marronniers maléfiques, excitent les zouaves d’UFR, indigénistes indigents, tirailleurs-au-flanc, guérilléros de Collège de France, dé-constructeurs, héraults d’une histoire de France sans Histoire et sans France: la grande armée des rentiers de la repentance, compagnons de la décomposition nationale. Les incendiaires, champions du «vivre ensemble»!
Les tribus de l’émancipation intersectionnelle ont passé un accord de non-agression, un pacte (germanopratin) islamo-wokiste, contre-nature, à l’image de celui du 23 août 1939. À la recherche de la burka bio à visage humain, deux fanatismes – rose et vert – se donnent la main pour abattre l’ennemi commun, l’Occident libéral, blanc, coupable, masculin, maudit. Leur forfait accompli, les règlements de comptes à venir entre barbus et écoféministes misandres ne manqueront pas de ragoût. Sandrine Rousseau et Virginie Despentes (qui aime la kalach des assassins de l’Hyper-Casher) iront plaider la cause queer à Kaboul.Hidjab-Vie-Liberté… Annie Ernaux bientôt docteur «doloris causa» de l’université Al-Azhar ? Boualem a dit Bigeard, comme c’est Bigeard…
Boualem Sansal a été arrêté par les paras de la 10e DP du FLN et déféré au parquet antiterroriste d’Alger pour atteintes à la sûreté de l’État et à l’intégrité nationale. L’Algérie s’iranise. Dans son dernier opus (Le français, parlons-en !),l’écrivain dézingue au MAT 49 les passeurs de valises de billets, la rente mémorielle, les tabous franco-algériens.
«Au lendemain de son indépendance, l’Algérie disposait d’un patrimoine unique, moitié fourni par la nature, moitié par la colonisation qui avait bien équipé la demeure en infrastructures diverses, et jouissait d’un immense prestige dans le monde (…) Las, ses dirigeants de plus en plus médiocres et corrompus ont dilapidé le patrimoine et mis l’Algérie sur une ligne de déclin rapide qui a fait d’elle une proie facile pour l’internationale islamiste et les oligarques internationaux. Et depuis… elle s’enfonce et disparaît par petits bouts, par le séparatisme qui se développe en Kabylie et dans le Sahara et par l’émigration massive (…); dans le cerveau de l’Algérien on a installé deux logiciels incompatibles, un logiciel ultranationaliste construit sur une base fausse et une vision héroïque du futur, et un logiciel religieux archaïque qui porte une vision apocalyptique du monde. À qui se vouer ?» (Le Figaro).
L’essayiste est lucide sur son pays d’accueil. « La France n’est plus la France ni des Lumières, ni des Trente Glorieuses… mais celle des ennemis de la France et de son peuple… C’est un pays à la ramasse qui vit sur des gloires passées». La Bérézinaaurait trois causes : «(1) L’immense, l’insupportable, la scandaleuse, l’incompréhensible médiocrité de son personnel politique ; (2) le poids gigantesque d’une immigration de très bas niveau qui refuse de s’intégrer par esprit de supériorité religieuse et parce qu’elle n’y voit aucun intérêt, que les Français eux-mêmes ne voient plus ; (3) l’enracinement sur son sol d’un islam profondément archaïque, issu en retour de bâton de ses ex-colonies, dont on ne voit pas où et comment il trouverait les moyens de se réformer et devenir cet islam des Lumières que ses chantres appellent de leurs vœux sans savoir de quoi ils parlent et sans chercher à deviner la suite» (Le Figaro).
Les Barbapapa deTélérama, dé-coloniaux de Sciences Po, s’étouffent. Boualem Sansal après le Goncourt de Kamel Daoud! Gallimard, officine «Macronito-sioniste» file un mauvais coton Vichy. Les réacs, vipères lubriques, l’OAS, ne passeront pas! Un bon Algérien ne devrait pas dire ça, ne devrait pas blesser les bons sentiments de Benjamin Stora, l’irénisme d’une gauche à l’Hamas sur l’islamisme, ses décapiteurs d’infidèles, kouffars, écrivains, professeurs, Salman Rushdie, Samuel Paty, Dominique Bernard. Le camp de l’émancipation, du progrès et de la rééducation, n’a jamais manqué de leaders éclairés : Lénine, Staline, Mao, Castro, Pol Pot, Khomeiny, Ortega, Maduro…
Marc Bloch est sans filtre sur la déroute de mai 40 et les atavismes hexagonaux. «Jusqu’au bout, notre guerre aura été une guerre de vieilles gens ou de forts en thèmes, engoncés dans les erreurs d’une histoire comprise à rebours : une guerre toute pénétrée par l’odeur de moisi qu’exhalent l’École, le bureau d’état-major du temps de paix ou la caserne. (…)Ce n’est pas seulement sur le terrain militaire que notre défaite a eu ses causes intellectuelles. Pour pouvoir être vainqueurs, n’avions-nous pas, en tant que nation, trop pris l’habitude de nous contenter de connaissances incomplètes et d’idées insuffisamment lucides ? Notre régime de gouvernement se fondait sur la participation des masses. Or, ce peuple auquel on remettait ainsi ses destinées et qui n’était pas, je crois, incapable, en lui-même, de choisir les voies droites, qu’avons-nous fait pour lui fournir ce minimum de renseignements nets et sûrs, sans lesquels aucune conduite rationnelle n’est possible ? Rien en vérité».L’Etrange défaiten’est pas digérée.
Qu’il s’agisse d’éducation, de défense, de finance, d’industrie, depuis trois générations, nous cabriolons dans les dénis, corporatismes, pourtousisme pipeau, une culture de l’excuse, l’idéal victimaire; sans oublier l’individualisme, la crétinisation numérique, le séparatisme, trois derniers clous du cercueil. L’État, l’Europe, hors sols, impuissants, sans cap ni forces de propositions, bâtissent des termitières de gouvernances, lignes Maginot de trajectoires, directives, normes, règlements, à l’instar de notre état-major en 40. Les chansonnettes des sociologues de France Inter sur «l’en commun», le toutlemondisme, la verticalité élastique et les trémolos de Malraux d’opérette, place du Panthéon, n’abusent personne.
La France en s’ébattant
La montagne Sainte-Geneviève, c’est la Roche de Solutré d’Emmanuel Macron. Tous les ans il panthéonise. Le bon filon, c’est l’occupation: Joséphine Baker, Simone Veil, Missak et Mélinée Manouchian, bientôt Marc Bloch. Auprès des grands hommes, femmes admirables, Jupiter reconnaissant cherche un deuxième souffle, une aspiration. Dans les années vingt, le Docteur Voronoff garantissait une seconde vigueur en greffant des testicules de grands singes.La Vie des autres,La Vie antérieured’Emmanuel Macron.
« J’ai longtemps habité sous de vastes principes
Que les soleils malins teignaient de mille feux
Et que de grands piliers, droits et cotonneux,
Rendaient pareils, le soir, aux votes qu’on agrippe.
Les foules, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d’une façon solennelle et mystique
Mes tout-puissants raccords et sa riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes vœux.
C’est là que j’ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu, qui rassure, du vague, des splendeurs
Et des footballeurs nus, tout imprégnés d’odeurs,
Qui me rafraîchissait le front avec des palmes,
Et dont l’unique soin était d’approfondir
Le secret douloureux qui m’avait fait élire ».
(D’après Charles Baudelaire)
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