Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

1 de gener de 2021
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Pierre-André Taguieff: Ce nouvel antisémitisme qui se fiche de la légalité tant il se sent légitime

El proppassat 27 de desembre l’eminent politòleg i filòsof del pensament europeu contemporani Pierre-André Taguieff va publicar al digital Atlantico.fr aqueixa punyent reflexió arran de les amenaces contra una aspirant a miss França pel sol fet que el seu pare era jueu. El menyspreu de la legitimitat i de la legalitat pels qui han fet un dogma de l’antisionisme moralment correcte és un problema a França i també a Catalunya: “Ce nouvel antisémitisme qui se fiche de la légalité tant il se sent légitime”:

“La vision anti-juive des juifs a subi une grande transformation, nous dit Pierre-André Taguieff. Désormais, la nouvelle vague judéophobe s’exprime sans honte sur les réseaux sociaux et s’inscrit dans la vie quotidienne. Comme lors de l’élection de Miss France 2020, le samedi 19 décembre. L’antisémitisme de certains obéissant à une logique militante que légitiment les mouvements politiques d’extrêmes gauche pro-palestiniens, indigénistes et décoloniaux.

En cette année 2020, l’élection traditionnellement bon enfants de Miss France par des Français qui aiment à célébrer la beauté et la grâce féminines, a été gâchée par de violentes attaques antisémites sur les réseaux sociaux, à l’égard d’April Benayoum, élue première dauphine. Largement relayés par les médias, les faits ont suscité l’étonnement et la stupeur. Les journalistes en général, tout comme les politiques et les élus, semblaient découvrir une réalité qui nous est pourtant connue depuis presque dix ans.

Spécialiste de l’histoire des idées, Pierre-André Taguieff avait dès 2002 publié un ouvrage intitulé La nouvelle judéophobie, qui fait date dans l’histoire de l’analyse des idées politiques. L’auteur y constate un « renouvellement des « discours judéophobes » à partir de 1948. On observe, nous dit Taguieff, l’origine historique d’une « nouvelle configuration anti-juive « constituée par deux arguments centraux : 1) « une islamisation progressive » de la haine des juifs (judéophobie) autour de la « cause palestinienne », qui permet du reste de rendre légitime ce nouvel antisémitisme et 2) « la criminalisation des « sionistes » voir leur nazification » qui rend possible un « retournement de la rhétorique antiraciste, contre les Juifs ».

Selon P.A. Taguieff nous assistons à un processus de « métamorphose des composantes » des mythes judéophobes « faisant surgir un nouveau paysage antijuif international dont l’évolution est largement due à l’importance croissante des réseaux sociaux dans le processus de formation de l’opinion ainsi que dans la transmission des représentations et des croyances. »

Parmi les propos diffusés sur la toile, durant toute la soirée de l’élection Miss France, qui ont suscité une vague d’indignation on a donc pu lire : « Tonton Hitler ta oublier d’exterminer Miss Provence» (sic), « Ne votez pas Miss Provence. Raison : elle est JUIVE », « Provence j’arrive pas à la sacquer depuis qu’elle a dit qu’elle était israélienne».

« Islamisation de la haine des juifs » et « criminalisation d’Israël » ces deux composantes de la nouvelle judéophobie analysée par Taguieff affleurent dans ces tweets et autres messages haineux ayant inondé l’événement, jusqu’à la fin de la soirées. Ils sont, selon toute vraisemblance le fait, l’enquête le confirmera d’un public « islamisé ». Consultés par Le Figaro, la plupart des tweets et captures d’écrans semblent issus de jeunes internautes affichant parfois, notamment dans leurs pseudos, des émoticônes représentant des drapeaux palestiniens.

Dans ce « nouvel imaginaire antijuif » nous dit Taguieff, « la cause palestinienne » transformée en « cause arabo-islamique » est devenue une « cause universelle ». Ainsi idéologisée, la haine judéophobe de cet « antisionisme radical » est globalisée et contribue à « la mise en équivalence des mots antiracisme et antisionisme », faisant de tous ceux qui ne détestent pas Israël et tous les Juifs, des infréquentables racistes selon la logique délirante suivante : « être antiraciste c’est nécessairement être antisioniste. » L’antiraciste bien-pensant, est devenu ou peut devenir selon cette logique celui qui se doit de rejeter les juifs. Et tous ceux qui se réclament d’origine juive que ce discours militant « essentialise », deviennent l’incarnation de ce qu’il faut nécessairement combattre.

Il est évident précise encore l’historien des idées que « l’antisionisme radical va de soi dans les diverses mouvances de l’extrême gauche pro-islamiste qu’on caractérise comme décoloniales ou indigénistes, ou islamo-gauchistes, et qui s’inspirent de la littérature dite postcoloniale. Le Parti des Indigènes de la République (PIR), créé en 2010, en constitue la traduction politique la plus connue dans l’espace médiatique. ».

Mais ce qui paraît le plus frappant dans les messages antisémites envoyés lors du concours de miss France c’est au fond, le sentiment non pas tant d’impunité qui parait les accompagner, puisqu’ils sont anonymes, que la consternante impression que leurs auteurs s’adossent à une légitimité politique rendant leur propos recevables à l’égal d’une opinion comme une autre. De sorte qu’au fond la légalité ils n’en ont cure.

Cela est confirmé par la tonalité de certains débats : « Dans son pamphlet racialiste Les Blancs, les Juifs et nous, l’indigéniste Houria Bouteldja, (porte parole du PIR), pose cette question rhétorique : « Le philosémitisme n’est-il pas le dernier refuge de l’humanisme blanc ? », rappelle Taguieff.

Et ceci oblige à constater qu’une alliance objective des idées politiques existe de fait, entre une certaine gauche, faisant de l’immigré le nouveau prolétariat, et les récentes théories multiculturalistes contre l’humanisme universaliste qui, par relativisme s’accordent avec l’islamo-gauchisme. Cette connivence débouchant, par ailleurs, sur une critique radicale du libéralisme tant économique que politique.

C’est pourquoi dans les rangs des « gilets jaunes », fait remarquer Taguieff, même si « ce mouvement protestataire n’était pas globalement orienté par la haine des Juifs, (…) on observe les effets cumulés de l’imprégnation complotiste et de la banalisation de la rhétorique « antisioniste », qui s’ajoute aux infiltrations du mouvement par les salafistes et les Frères musulmans. (…) dans les groupes en effervescence, les freins moraux se relâchent ».

Ne regarder que du côté d’une certaine extrême-droite s’avère dès lors tout à fait contre-productif, si l’on souhaite lutter contre cette nouvelle judéophobie militante, nous prévient Taguieff : « Par un paradoxe historique qui reste à analyser, l’islamisation des passions antijuives est entrée en interaction avec l’instrumentalisation de l’antiracisme par les nouveaux milieux judéophobes, qu’on rencontre principalement à l’extrême gauche, où la diabolisation d’Israël et du « sionisme » s’est fixée. Ce sont ces interactions et ces convergences observables, voire ces connivences, qui m’ont conduit, dès le début des années 2000, à forger l’expression « islamo-gauchisme » (La judéophobie des modernes, Odile Jacob, 2008)

Comment prémunir la société d’une telle libération de cette nouvelle parole antisémite, autant que d’une certaine islamisation des esprits, en particulier chez les jeunes Français, quelle que soit leur origine ethnique ou culturelle?

La tâche risque de s’avérer immense, d’autant que sur ces questions sociales et politiques, on ne peut que constater, une certaine faillite de notre système scolaire, confronté à ces nouvelles formes de violence intellectuelles et morales, pouvant déboucher sur des actes monstrueux. L’égorgement de Samuel Paty l’a horriblement prouvé au nom du terrorisme islamiste.

Nous devons avoir à l’esprit que toute forme de haine dirigée contre une ethnie, ou un peuple peut, d’opinion, se transformer en acte. Telle est la loi du genre humain, les passions conduisent souvent à l’action. Et les idéologies, comme le communisme ou le nazisme, l’histoire nous le montre, ont dans le passé eut pour rôle d’en accélérer le mouvement, faisant passer les théories à la pratique.”

Post Scriptum, 11 de novembre del 2023.

Tal com ja va advertir Pierre-André Taguieff, els manifestant pro-palestins i els antisionistes de tota mena que els donen suport creuen que la seva causa és una veritat absoluta que cap crítica ni cap legalitat pot contravenir, per això després de la massacre del 7 d’octubre redoblen els atacs contra Israel per imposar el seu relat contra la realitat i la història.

Abans d’ahir, a Le Monde, dos pretigiosos intel·lectuals (sense parangó entre els catalans) exposen els termes reals del conflicte en curs i el caràcter antisemita dels suports accidentals al jihadisme palestí. Jean Szlamowicz et Pierre-André Taguieff : « Israël est une nation agressée depuis son origine par des pays qui veulent sa destruction et l’annihilation de la souveraineté juive ».

Dans une tribune au “Monde”, les deux universitaires s’indignent de l’argumentation selon laquelle la politique conduite par Israël serait la cause de l’agression commise par le Hamas le 7 octobre, car, disent-ils, “cette accusation est la même, sempiternellement, quel que soit le gouvernement”.

Après les massacres sadiques perpétrés par le Hamas en Israël le 7 octobre, les discours se sont mis à nouveau en place pour fustiger la victime et la transformer en bourreau. La compassion n’aura pas duré longtemps.

Pourtant, le fanatisme sauvage qui a animé les assassins du Hamas est un cataclysme qui aurait dû ébranler les antisionistes routiniers. Quand on torture les parents devant leurs enfants avant de les brûler vifs et qu’on massacre des nourrissons, on n’est plus dans le champ politique. Oser travestir cela en résistance légitime révèle une abjection particulière de l’idéologie antisioniste et met au jour son vrai visage.

Depuis le reproche théologique faisant d’eux les meurtriers de Jésus jusqu’au diagnostic de tare raciale, en passant par l’accusation de meurtre rituel et d’empoisonnement des puits, les juifs sont la cible persistante d’une diffamation ontologique. Tel est le lot éternel des juifs : on trouve toujours de bonnes raisons de s’en prendre à eux. Cet inextinguible appétit d’animosité judéophobe s’incarne aujourd’hui dans une désapprobation politique principielle qui voue Israël au dénigrement. Le socle de l’accusation envers Israël tient en vérité à peu de choses, si ce n’est à son rabâchement qui a fini par en diaboliser la seule évocation.

La “solution à deux États” déjà réalisée

Or, Israël n’est pas un “État d’apartheid” : c’est une nation parmi les plus multiculturelles qui existent, et où des partis pro-arabes peuvent siéger au Parlement.

Israël n’est pas “colonial” ou “impérialiste” : c’est un confetti territorial grand comme deux fois l’Ile-de-France, cerné par des puissances hostiles qui veulent sa disparition. Le foyer national juif promis en 1917 (déclaration Balfour) et par la SDN en 1920 (traité de San Remo) avait une étendue bien plus importante. La Grande-Bretagne a profité de son mandat pour en retrancher une partie et créer la Jordanie : la “solution à deux États” a donc déjà été réalisée et le camp islamique ne présente jamais la Jordanie comme un “occupant”.

D’ailleurs, la Cisjordanie/Judée-Samarie, occupée par la Jordanie (1948-1967), n’était pas non plus l’objet d’une revendication nationale “palestinienne”. Quand Gaza était aux mains de l’Égypte (1948-1967), on ne l’accusait pas non plus d’occupation et d’expansionnisme : ces accusations ne valent que pour la présence juive.

Israël est une nation agressée depuis son origine – en 1948, 1967, 1973 – par des pays qui veulent sa destruction et l’annihilation de la souveraineté juive. Le 7 octobre nous a montré la réalité sanglante de ce projet, animé par une haine radicale, dénué de contenu politique, sans la moindre ambition positive pour les populations arabes. On peut imaginer ce qui se passerait en cas de défaite militaire d’Israël à l’échelle nationale.

Hypocrisie

Ce n’est pas la politique d’Israël qui serait la cause de son agression, car cette accusation est la même, sempiternellement, quel que soit le gouvernement. Des pogroms ont toujours eu lieu dans le monde arabo-musulman (notamment à Hébron, en 1929) et leur travestissement en cause politique n’est qu’une hypocrisie. Parler de résistance ou de liberté pour présenter le camp arabo-musulman comme victime d’une injustice est un déni de la réalité idéologique et culturelle.

Yasser Arafat (1929-2004) lui-même, par exemple lors de son discours à la mosquée de Johannesburg en mai 1994, prenait soin de rappeler que les négociations de paix avec Israël étaient de même nature que le traité d’Houdaybiy a conclu, en 628, par Mahomet avec les autorités mecquoises [ces dernières, hostiles à la prédication de Mahomet, autorisaient le prophète de l’islam et ses fidèles à se rendre en pèlerinage à La Mecque] : une stratégie pour assoupir l’ennemi et l’attaquer au moment opportun. Comment concevoir la paix avec un tel ennemi ?

Le complotisme faisant d’Israël le responsable de son agression est une théorie à rapprocher de la thèse négationniste de Mahmoud Abbas, soutenue à l’université de Moscou, qui, tout en atténuant l’importance de la Shoah, en attribuait la responsabilité aux juifs.

Le discours antisioniste accuse Israël d’être un État sécuritaire mais exonère les assassins massacrant des enfants : cette dynamique d’atténuation des crimes arabes et d’exagération des manquements israéliens aboutit à un renversement total.

Le “oui, mais”

A Harvard ou à Cornell [universités américaines], on s’en prend physiquement aux juifs. En France, on marque les maisons des juifs. Dans le métro parisien, on y chante “Nique les juifs” sans que personne se lève pour intervenir. Quand il y a une manifestation, ce n’est pas pour soutenir les juifs massacrés par le Hamas, c’est pour appeler à étendre la lutte contre les juifs.

Comme pour Charlie Hebdo ou Samuel Paty, on parvient, in fine, à trouver que l’islamophobie est la responsable de ces crimes. Si on condamne donc les exactions djihadistes, c’est pour les justifier dans la foulée : le “oui, mais” ne sert plus à construire des nuances, mais à dissimuler lâchement une apologie du terrorisme.

Ce sont ces faux-fuyants et cette mauvaise foi qu’il faut désormais démasquer. Car nous sommes tous responsables de laisser s’étendre la contagion des discours trouvant sans cesse des détours et des atermoiements pour excuser l’hostilité islamiste. Sans un sursaut moral, l’animosité s’incarnera dans des passages à l’acte qui deviendront collectifs et se déchaîneront ici, en France, sur les juifs et sur les autres – et même sur les tièdes qui auront permis que prolifèrent le mensonge, l’indifférence et la haine.

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