Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

5 de juny de 2025
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Georges Bensoussan: “Les personnalités qui accusent Israël de «faillite morale» sont d’abord soucieuses de leur respectabilité sociale et médiatique”

Georges Bensoussan, respon a les preguntes  de Causeur, (numéro 135,  juny 2025), “A-t-on le droit de défendre Israël ?“, que avui Tribune Juive reprodueix: 

« Le sionisme est au premier chef une question politique, et c’est au nom du politique qu’on peut soutenir, ce que je crois, que la ligne actuelle le met en péril et avec lui la pérennité de l’État d’Israël.

Mais pas au nom d’une supposée « éthique juive » contemplant en surplomb la morale des « gens ordinaires ».

Or, ces derniers jours, les anathèmes et les invectives ont fusé de part et d’autre à propos d’un texte de portée morale sur la guerre en cours à Gaza, signé par le rabbin Delphine Horvilleur.

Ce texte méritait-il ici un tel excès d’éloges ?

Et là un tel niveau de vindicte alors qu’il ne s’agissait que d’une prise de position issue d’un étroit cénacle, celui que Daniel Sibony nomme les « Juifs sublimes » ?

Mais il est vrai que ce texte reprenait aussi en filigrane, sans les nommer mais en les cautionnant forcément, même et peut-être à son corps défendant, les pires accusations portées contre l’État d’Israël.

Depuis cette publication, plusieurs tribunes dont celles de Charles Rojzman et de Jean Szlamowicz, ont démonté avec pertinence ce discours.

Mais c’est à un autre titre que cette affaire est intéressante car, bien davantage que son propos, il semble que ce soit aussi la personne de Mme Horvilleur qui a déclenché cette levée de boucliers, dévoilant au grand jour un divorce entre ceux qui vivent au jour le jour, et parfois en le payant au prix fort, l’aventure israélienne, et ceux qui, de loin, la soutiennent avec ardeur et bonne foi.

La violence dont Mme Horvilleur a été l’objet m’a fait d’ailleurs penser un instant à la haine qu’à la fin de l’Ancien Régime et au cours des premières années de la Révolution, la reine Marie-Antoinette avait suscitée contre sa personne, en partie par l’arrogance, réelle ou supposée, qu’on lui prêtait.

Le rejet de la tribune de Mme Horvilleur a mis en lumière le gouffre qui sépare les  « gens de peu » de la « communauté juive » et ceux qu’il faut bien appeler ses notables.

Certes, les Juifs constituent ce groupe minoritaire solidaire à force d’être souvent rejeté en bloc.  Pour autant, il ne cesse d’être aussi un groupe social. C’est pourquoi, au-delà de son texte lui-même, tout se passe comme si Delphine Horvilleur avait polarisé sur sa personne ce que le judaïsme populaire en France (à l’instar aussi d’une large partie de la nation israélienne) rejette en bloc. C’est-à-dire une posture qui, au nom d’une supposée « supériorité morale » du peuple juif (en vérité la leur, celle de « Juifs sublimes »), interpelle l’État juif en le sommant d’avoir les mains les plus propres parmi tous les États de la terre.

Or, qu’il le veuille ou non, dans le règne des rapports de force, l’État d’Israël est sommé de s’adapter ou de périr.

Si les sionistes d’hier avaient obéi aux admonestations des biens nés de la diaspora, le Yishouv d’où est issu le 14 mai 1948 l’État d’Israël n’aurait pas connu l’ombre d’une ombre de réalité.

C’est parce qu’ils ont accepté de se salir les mains dans la glaise et le sang des combats que les sionistes ont édifié cet État.

Colère de ces invisibles du monde juif parce que les postures morales ainsi exhibées sont le plus souvent des postures sociales, lesquelles offrent à nouveaux frais le visage familier d’une certaine lâcheté diasporique qui sut régulièrement et précautionneusement prendre ses distances avec le signe juif quand celuici se voyait assailli de toutes parts.

Et plus précisément avec le signe juif supposé porteur d’infamie.

C’était avant-hier les Ostjuden, ce « prolétariat de la casquette », comme on le nommait alors.

C’était hier le judaïsme oriental (ou séfarade/mizrahi) supposé bigot et raciste par essence, fossoyeur d’un « bel Israël » source de nostalgie.

Et c’est aujourd’hui l’État d’Israël qui serait en « danger de perdre son âme » (sic).

Les envolées lyriques de ces « grands Juifs » ont un sous-texte : le souci de conserver couverture médiatique et respectabilité intellectuelle en susurrant à l’adresse des faiseurs d’opinion dont l’antisionisme est constitutif du prêt-à-penser : « Ne nous confondez pas avec la soldatesque à l’œuvre à Gaza, elle ne représente plus le “bel Israël” (sic) que nous défendions hier. »

Une posture semblable à celle de ces notables israélites qui, à la fin des années 1930, avaient accusé les immigrants juifs d’Europe de l’Est d’avoir précipité la crise française des dernières années de la IIIe République, les mêmes qui à l’été 1940 demanderont au maréchal Pétain de ne pas confondre les israélites français « de vieille souche » et ces immigrés juifs venus récemment de Pologne et d’autres obscures contrées d’Europe orientale.

Ces notables réagissent en notables.

Ce qu’ils sont.

Ce qu’ils entendent préserver par leur morale ostentatoire, c’est au premier chef une respectabilité sociale et culturelle qui leur permettra de demeurer médiatiquement compatibles (« non clivants » pour user de la langue conformiste du temps).

Sous couvert de conscience morale, ils s’emploieront à dissimuler les rapports de pouvoir les plus crus et vulgaires.

Là est l’imposture, quand elle maquille en leçon de morale des clivages de classe et de caste, en dissimulant autant que faire se peut la crainte de faire partie des réprouvés marqués du sceau d’infamie que constitue de nos jours une « trop grande » proximité avec l’État d’Israël (sic).

Derrière le discours émouvant des  « Juifs sublimes », tenu à l’attention des « Juifs de peu », se cachent un non-dit social et une violence sourde. C’est ce qui nourrit la colère des réprouvés qui n’ont pas dans leur cœur, en même part et à un niveau aussi élevé, l’« amour du prochain ». »

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