Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

4 de juny de 2024
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França: el col·lectiu Vigilance Universités planta cara al palestinisme antisemita

El col·lectiu Vigilance Universités  publicà el proppassat 31 de maig al setmanari Le Point aqueixa crida alertant  del creixent antisemitisme a  les universitats arran del suport expressat a la causa palestina:« Le soutien aux Palestiniens ne doit pas légitimer l’antisémitisme dans nos universités ». Un exemple que hauríem de seguir els universitaris catalans per frenar la campanya d’odi contra Israel i el sionisme que campa impunement al nostre país.

Le 25 avril dernier, 70 présidents d’établissements d’enseignement supérieur écrivaient dans Le Monde une tribune appelant à ce que les universités ne soient pas instrumentalisées à des fins politiques. Le lendemain, Jean-Luc Mélenchon déclarait aux étudiants de Sciences Po mobilisés, à l’instar de ceux des universités nord-américaines, pour Gaza : « Vous êtes l’honneur de notre pays ! » Et, encore plus grandiloquent : « L’humanité universelle parle à travers la lutte que vous menez ! » Le jour même, la candidate LFI aux européennes, Rima Hassan, connue pour s’opposer à la solution à deux États, apportait son soutien au blocage de Sciences Po par les étudiants propalestiniens enveloppés d’un keffieh et déguisés en fedayin. C’est dans cette ambiance que se libère de plus en plus une hostilité envers nos étudiants et collègues juifs.

Lors de la mission du Sénat sur l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur, Guillaume Gellé, président de France Universités, a présenté les premiers résultats de l’enquête de l’association sur les actes antisémites commis depuis le 7 octobre et a annoncé qu’en l’espace de six mois ceux-ci ont plus que doublé par rapport à l’année universitaire précédente. Sans doute plus grave encore se diffuse, selon nous, une atmosphère antisémite dans nos universités. Un soutien aux otages israéliens semble, par exemple, inenvisageable à Sciences Po Paris, comme dans plusieurs autres universités où les photos des otages placardées sur les murs ont été arrachées et des étudiants tabassés pour les avoir collées.

Nous, enseignants-chercheurs et universitaires, dénonçons l’utilisation de nos campus par des collectifs de militants politiques qui, avec une indignation à géométrie variable, instrumentalisent la liberté d’expression et cherchent à entraîner des étudiants vers des positions manichéennes radicales et sectaires. Dans ce cadre, l’antisionisme extrême peut recouvrir en fait un discours antisémite. Par exemple, dire que les médias, ou le gouvernement, sont contrôlés par les sionistes fait clairement référence à des clichés antisémites. Rappelons qu’étymologiquement le sionisme signifie soutenir l’existence d’Israël et qu’être antisioniste signifie donc refuser l’existence de cet État.

Aucune autre cause ne semble mobiliser la plupart de ces militants, dont l’indignation est sélective ; ainsi, ni les millions de personnes déplacées au Congo depuis le début de l’année, ni les centaines de milliers de tués au Yémen, dont onze mille enfants, ni les persécutions contre les Ouïghours en Chine, ni l’agression de l’Ukraine par Poutine, ni les crimes des mollahs iraniens et leurs soutiens à plusieurs organisations terroristes, etc.

Nous comprenons parfaitement que ces jeunes soient scandalisés par la souffrance des Palestiniens et défendent les droits de ce peuple. Ce que nous condamnons, c’est l’absence de clarté sur le Hamas, sa politique et ses objectifs, et l’absence d’empathie pour les souffrances et victimes israéliennes et le fait qu’elle s’accompagne trop souvent de l’expression d’une hostilité inacceptable envers les juifs en France.

Il fut un temps où, dans Le Sionisme expliqué à nos potes (2003), il était souhaité que se « rassemblent les sionistes propalestiniens et les propalestiniens sionistes, porteurs d’un espoir commun, défenseurs de deux causes légitimes et indissociables et qui, en fin de compte, n’en sont qu’une ». L’antisionisme virulent, qui ne tolère aucune discussion, peut devenir un euphémisme pour exprimer l’antisémitisme et ce sont nos collègues et étudiants juifs qui se retrouvent harcelés, terrorisés, sommés de prendre position ou assignés à longer les murs ou à suivre les enseignements en distanciel.

À tel étudiant juif, lors d’une soirée, on dit regretter que « Hitler n’ait pas achevé le travail », à tel collègue juif qu’il doit sans doute se réjouir du « génocide à Gaza », etc. Ne les intéressent pas vraiment, au moins pour certains de ces militants, les solutions à ce conflit qui prendraient en compte les droits des Palestiniens et ceux des Israéliens, ce qui est la seule position défendable. Le dialogue doit pouvoir avoir lieu sur cette base dans nos universités. Le soutien aux Palestiniens ne doit pas légitimer l’antisémitisme dans nos universités.

Ceux qui surfent sur la haine ont enfin trouvé l’aubaine d’avoir la permission, voire le droit, d’être antisémites au nom de la liberté d’expression. Nous constatons en effet que, sous certaines formes, l’antisionisme devient, pour s’inspirer des mots de Vladimir Jankélévitch en 1986, « l’antisémitisme justifié mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d’être démocratiquement antisémite ».

Nous, universitaires, qui défendons des valeurs universalistes et antiracistes appelons solennellement Mme Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, M. Antoine Petit, président-directeur général du CNRS, M. Guillaume Gellé, président de France Universités, ainsi que les présidents d’université à tout mettre en œuvre pour que nos universités ne deviennent pas otages de quelques militants intolérants. Nous leur demandons de mener une action encore plus volontariste contre l’antisémitisme.

Pour plus d’efficacité contre cet antisémitisme qui se drape dans l’antisionisme, nous leur demandons aussi de prendre en considération la définition de l’antisémitisme, qui inclut certaines formes d’antisionisme, proposée par l’IHRA (Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste) et approuvée par l’Assemblée nationale en 2019 et le Sénat en 2021. En ces jours où il est vital de distinguer la légitime critique à l’égard de la politique du gouvernement de Netanyahou de celle illégitime de l’existence de l’État d’Israël, il est absolument nécessaire de suivre le cadre établi par la définition de l’IHRA.

Nous devons défendre les fondements de notre métier, qui consiste à former sereinement de vrais esprits libres, avec la rigueur scientifique que cela exige.

 

Post Scriptum, 15 de juny del 2024.

Avui, a Tribune Juive noves veus s’alcen contra l‘Antisionisme à l’ENS: des anciens élèves appellent à “rompre le silence”.

École normale supérieure de la rue d’Ulm est l’école de l’engagement : de Lucien Herr et Charles Péguy à Simone Weil et Jean Cavaillès, de très nombreux intellectuels ont été formés par l’école et l’ont façonnée en retour, en alliant le savoir et l’engagement. Raymond Aron n’est pas seulement le nom d’une salle du 45 rue d’Ulm – salle dont la porte a été recouverte d’affiches “Student Intifada” et dont les murs ont été tagués du slogan “Palestine vaincra” : un lieu abandonné, telle la part du feu, à la radicalité idéologique, où il est devenu impossible de réfléchir et de travailler.

L’engagement de normaliens pour la Palestine ne nous surprend pas : les jeunes intellectuels se sont toujours mobilisés pour les causes qu’ils estimaient justes – et c’est heureux. Nous constatons cependant que des activistes de cette cause prétendent aujourd’hui l’imposer à l’École, de bonne foi ou non, comme une position morale : ils ne font en réalité que relayer les discours idéologiques et les indignations sélectives d’une propagande extrémiste. Quoi que l’on pense du gouvernement israélien, l’illusion vertueuse est mauvaise conseillère en politique. Il n’y a pas d’engagement sans responsabilité et aucune cause, si charitable et douloureuse soit-elle, ne saurait excuser l’aveuglement ni légitimer l’incitation à la haine et à la violence.

Des élèves s’inquiètent de l’atmosphère qui règne rue d’Ulm, certains quittent l’internat où ils ne se sentent plus en sécurité, d’autres témoignent d’une montée régulière de l’antisémitisme sous couvert d’antisionisme. Ils se taisent car ils subissent l’intimidation, ils s’excluent eux-mêmes de la communauté qu’ils avaient été fiers de rejoindre. Nous leur affirmons que nous les croyons, que nous les soutenons et qu’ils n’ont pas à avoir “honte d’être normaliens” parce que ce n’est pas à eux de rougir. Nous refusons de les voir partir en silence.

Le goût de la vérité

Il faut tirer la leçon des récents événements, car ce qui est en jeu concerne toutes les personnes attachées à l’école, bien au-delà des clivages politiques et des appartenances communautaires. La direction de l’ENS aurait bien tort de réduire le problème, comme le font certains médias, au “ressenti de quelques étudiants juifs” ou à une sensibilité politique : la libération de la parole antisémite est un fait objectif que chacun peut constater et que tout le monde devrait trouver intolérable.

L’engagement des normaliens pendant l’affaire Dreyfus était justifié par leur amour de la vérité. Où est le goût de la vérité aujourd’hui quand les mots “colonisation” et “génocide” deviennent des slogans déshistoricisés ? Quand la situation de la Palestine est amalgamée, par des discours, des affiches et des drapeaux, à celle de l’Algérie coloniale et de la Nouvelle-Calédonie d’aujourd’hui, dans une forme d’ivresse idéologique confusionniste ? Aucune mobilisation à l’ENS ne devrait pouvoir s’affranchir de la prise en compte rationnelle des faits dans une perspective critique.

L’occupation de la cour d’honneur du 45, rue d’Ulm n’a été qu’un épisode, visible et médiatisé, mais une propagande tapageuse avait préparé le terrain très en amont, et elle se maintient depuis lors sous d’autres formes, notamment en salle Aron : la simple évacuation du campement n’a rien réglé. Il existe un continuum entre, d’une part, des manifestations “scientifiques”, plus ou moins militantes, comme le séminaire hebdomadaire sur la Palestine hébergé et financé par l’école dont plusieurs invités sont des activistes en faveur du boycott d’Israël, et, d’autre part, l’exaltation antisioniste au moment de l’occupation.

Les appels à la haine et à la violence du collectif “ENS Ulm en lutte” s’appuient sur l’autorité d’intellectuels invités à l’ENS, que ce soit Judith Butler qui a salué l’attaque terroriste du 7 octobre 2023 comme “un acte de résistance”, ou bien Ghassan Hage qui a donné une conférence à l’ENS en décembre et selon lequel “le pseudo ‘anti-antisémitisme’ allemand et la pseudo ‘laïcité’ française ont en commun d’ennoblir les différentes variétés du racisme antimusulman européen”.

La direction de l’école a donc sa part de responsabilité : en montrant son ouverture à la discussion avec des étudiants pourtant extrémistes, elle a institutionnalisé la contestation radicalement antisioniste qu’elle croyait endiguer. Ces signes de faiblesse ont été perçus comme un encouragement par les militants ; un porte-parole de l’occupation de l’ENS déclarait à la télévision d’État turque : “on a la chance d’avoir une direction qui peut être à certains égards relativement à l’écoute”.

Selon le média Révolution permanente, “l’occupation a permis aux étudiants et travailleurs de la fac [c’est-à-dire de l’ENS] d’en faire un lieu politique, en donnant la parole à différentes organisations et associations au premier plan dans le mouvement contre l’État d’Israël aujourd’hui, comme Samidoun…”. La situation décrite constitue une grave atteinte au Code de l’éducation, selon lequel le service public de l’enseignement supérieur est indépendant de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique et tend à l’objectivité du savoir (art. L. 141-6), et la liberté d’expression des usagers de ce service public doit s’exercer dans des conditions qui ne portent pas atteinte aux activités d’enseignement et de recherche et qui ne troublent pas l’ordre public (art. L. 811-1).

Tracts de Samidoun

Dans une ordonnance du 7 mars 2011, le Conseil d’État estimait que l’interdiction de réunions publiques du collectif “Palestine ENS” dans les locaux de l’École était pleinement justifiée, et qu’il revenait au directeur de l’établissement le soin de définir et de contrôler les conditions dans lesquelles ses locaux sont utilisés par les étudiants. Le juge des référés du Conseil d’État déduisait des articles cités du code de l’éducation que l’ENS, comme tout établissement d’enseignement supérieur, doit veiller à l’exercice des libertés d’expression et de réunion des usagers du service public de l’enseignement supérieur et au maintien de l’ordre dans ses locaux, comme à l’indépendance intellectuelle et scientifique de l’établissement, dans une perspective d’expression du pluralisme des opinions.

Au lieu de s’appuyer sur cette ordonnance pour protéger les missions de son établissement, la direction de l’ENS n’a pas pris les mesures préventives qui auraient permis d’éviter l’occupation et l’entrisme de militants extérieurs. Sous les fenêtres de l’équipe de direction s’affichaient en guirlandes les tracts de Samidoun, organisation dont les militants étaient présents et actifs dans la cour d’honneur. Sur la version française du site Web de Samidoun, une page datée du 7 octobre 2023 célèbre les massacres de “l’héroïque résistance” et appelle à en commettre. L’apologie du terrorisme n’a pas besoin de se dissimuler pour avoir droit de cité à Ulm. Samidoun, organisation dissoute pour antisémitisme en Allemagne, fait office de filiale du Front populaire de libération de la Palestine, organisation terroriste interdite dans l’Union européenne. Samidoun appelle à vaincre l’Europe, les États-Unis et Israël à coups “de kalachnikovs, de roquettes et de balles”, dans une rhétorique qui évoque celle des assassins de Samuel Paty et de Dominique Bernard, et encourage une “intensification du caractère révolutionnaire de l’intifada mondiale des étudiants en faveur de la Palestine […] en vue d’une nouvelle phase révolutionnaire d’escalade totale”. Samidoun soutient le Hamas avec l’aide active de l’Iran, et la direction de l’ENS n’a ni empêché ni condamné l’instrumentalisation de l’École comme tribune pour cette ignoble propagande. Cette dérive engage l’école. Le silence de la direction devant l’intolérable est injustifiable. Pire, de longs communiqués rappellent qu’elle “avait exprimé à plusieurs reprises sa compréhension des motivations des étudiantes et étudiants mobilisés”, et que l’évacuation “a été une décision très difficile à prendre” !

Le 24 mai dernier, la cérémonie de remise du diplôme de l’ENS, délocalisée au Collège de France en raison de l’occupation de l’École, a été le théâtre d’un incident particulièrement grave. Saisissant l’occasion qui lui était offerte d’apporter son témoignage sur ses années de scolarité, une étudiante a prononcé un discours haineux en faveur de la “cause palestinienne”, avec drapeau à l’appui. L’assemblée a réagi bruyamment, entre acclamations favorables et huées réprobatrices. Visiblement accablée par un tel discours et par les réactions d’une partie de l’audience, l’équipe de direction n’a ni interrompu l’étudiante, ni commenté ensuite publiquement l’épisode. Elle se défend d’avoir applaudi, mais son rôle n’était-il pas de protester afin de rétablir la neutralité et la solennité de l’évènement ?

Mettre fin à l’impunité

Malgré l’occupation du 45, rue d’Ulm, malgré les menaces de mort à peine voilées, émises à travers leurs photographies tachées de sang, contre trois membres du conseil d’administration de l’ENS, la direction a simplement fait évacuer les lieux, ne croyant devoir porter plainte ni contre les occupants, ni contre les organismes responsables d’incitation à la haine et à la violence : peut-être dans un esprit de conciliation, sans doute pour éviter des remous médiatiques qui n’ont pas manqué de se produire. Il est de notre devoir de rompre le silence de la passivité et du corporatisme dans une institution qui cherche à défendre son image au détriment de la vérité et de la justice, car l’accumulation des renoncements laisse pressentir un sombre avenir.

La direction de l’ENS a brillé, depuis le 7 octobre, par sa complaisance. Quand va-t-elle se décider à adopter une ligne de conduite claire ? À ne pas laisser s’exprimer rue d’Ulm des voix qui font l’apologie du terrorisme ? À mettre fin à l’impunité de ceux qui y propagent une idéologie délétère, allant jusqu’à dresser sur les réseaux une liste de proscription antisioniste ? Les auteurs des images antisémites immondes qui ont circulé doivent être sanctionnés pour que l’École retrouve un climat de sérénité propice à l’étude et à la recherche, dans une atmosphère apaisée… et inclusive.

Les premiers signataires :

Marianne Bastid-Bruguière, Jacques-Olivier Bégot, Roland Béhar, Bérénice Benayoun, Abraham Bengio, Martine Bismut, Alain Boyer, Piero Caracciolo, Paul Carmignani, Danièle Cohn, Christophe de Voogd, Thibault Dornon, Adèle Duraffour, Magda Ericson, Louis-Olivier Fadda, Laurent Fedi, Éric Guichard, Hubert Heckmann, Emmanuelle Hénin, Brigitte Jaques-Wajeman, Bernard-Henri Lévy, Carlos Lévy, Sandrine Malem, Lucie Marignac, Claudia Moatti, Agathe Novak-Lechevalier, Marie Parmentier, Sabine Prokhoris, François Regnault, François Ratte, Pierre-André Taguieff, Claudine Tiercelin.

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