Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

3 de febrer de 2021
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Ferhat Mehenni: La Kabylie face à la France et à sa fille, l’Algérie

Ferhat Mehenni, és el líder del Moviment per l’Autodeterminació de la Cabília (MAK), anteriorment esmentat en aqueix bloc per ser punta de llança de l’alliberament nacional de la comunitat nacional amazic. Abans d’ahir va veure publica aqueix punyent article a Causeur fent relació al report recent de l’historiador Benjamin Stora sobre la memòria històrica franco-algeriana, “La Kabylie face à la France et à sa fille, l’Algérie”:

Le « rapport Stora » sur l’histoire de la colonisation française de l’Algérie, suscite des polémiques davantage sur ses recommandations que sur son contenu. Bien sûr, conformément à la lettre de commande du président Emmanuel Macron, il a pour mission non pas de réécrire l’histoire mais de trouver des solutions pour une normalisation des relations entre les deux pays. Du côté français, on pense que ces relations sont empoisonnées par des « effets de mémoire » contre lesquels il y a lieu d’allumer des contre-feux que Stora a résumés en 21 propositions pour le moins controversées.

En réalité, un postulat de base erroné a entrainé une erreur de casting. Ce postulat suppose que c’est la mémoire de la guerre d’Algérie qui serait à l’origine de l’incapacité des deux pays à stabiliser leurs relations. Cela relève davantage de l’intuition que de l’analyse politique. La France a eu, avec ses voisins européens, des guerres autrement plus douloureuses et plus meurtrières que celle menée en Algérie, sans pour autant que cela pèse négativement sur leurs cordiaux rapports actuels.

Complexe d’Œdipe

Cette idée de base reflète la méconnaissance du type d’État mis sur pied en Algérie, à partir de 1839. Un État d’essence coloniale, en charge d’un territoire, tracé à l’équerre et trois fois plus grand que sa métropole, devait fatalement se détacher d’elle à un moment ou un autre de son histoire. C’est comme les cas de l’Australie, des États-Unis, du Canada ou de la Nouvelle-Zélande par rapport au Royaume Uni, pour ne citer que ceux-là. Par ailleurs, basé sur des discriminations à l’encontre des autochtones, il assumait une forme d’Apartheid qui devait entrer en conflit avec les valeurs de la République. C’est dire que les velléités d’indépendance n’étaient pas que du côté des « indigènes ». Cela s’était vérifié lors de la tentative de putsch des généraux en 1961, quand ceux-ci comprirent que De Gaulle les lâchait. Si l’OAS avait remporté la guerre, ses partisans auraient de toute façon proclamé leur indépendance vis-à-vis de la France. C’est le complexe d’Œdipe à l’échelle des États.

Cette volonté de défier la métropole a été exacerbée au lendemain de la passation de pouvoirs, en 1962, entre Paris et Alger, non pas à cause des douleurs de la guerre, ceux qui ont pris le pouvoir n’y avaient pas participé (c’étaient des « planqués » au Maroc et en Tunisie), mais à cause de ses multiples fragilités fondamentales. Depuis sa naissance à ce jour, l’État algérien est un État sans nation, chargé de gouverner des nations sans État (Kabyles, Touaregs, Chawis, Mozabites, Hartanis, …). C’est un État illégitime car aucune de ses nombreuses constitutions n’est issue d’une assemblée constituante. Il ne peut donc survivre que sous forme d’une dictature qui, pour se donner un minimum d’assise sociale, se doit de verser dans une forme de populisme. C’est ce populisme qu’il doit nourrir en permanence par des défiances et des bravades contre la France (la cible évidente), mais aussi contre Israël, le Maroc et les États-Unis. Et quand il trouve un terrain sensible à son chantage, il pousse indéfiniment son avantage. C’est pour cette raison qu’il ne faut pas prendre au sérieux les récurrentes demandes de repentance émanant des officiels algériens, car destinées à une consommation interne. L’un des mérites du « rapport-Stora » est justement d’y opposer une fin de non-recevoir.

Quant à l’erreur de casting, elle réside dans le fait de demander à un historien d’apporter des solutions politiques qui ne relèvent pas de son domaine. Quand le politique a besoin de convoquer l’affect, il aurait été plus judicieux de s’adresser à un « psy ». L’historien n’est pas un bricoleur d’éteignoirs de « mémoires enflammées ».

L’impasse sur la Kabylie

Toutefois, quand bien même ce rapport n’avait pas à réécrire l’histoire, il n’avait pas à faire l’impasse sur la Kabylie qui, de bout en bout de la colonisation, était l’acteur principal de la résistance, puis de la guerre d’Algérie. Il prolonge scandaleusement, à son tour, un déni et une sanction historique officiels. La France a pardonné à l’Allemagne ses guerres les plus meurtrières mais refuse de passer l’éponge sur la résistance kabyle contre sa domination coloniale.

La Kabylie, d’essence démocratique, est la mère de la liberté et de la dignité face à tous ceux qui ont essayé de coloniser la région. Elle a combattu la domination turque, puis française et, aujourd’hui, elle se bat encore contre la domination algérienne.

Ce rapport, en refusant de lui restituer sa place dans l’histoire liée à l’Algérie coloniale, loin de l’enterrer, lui fait juste constater que l’Histoire est un champ de batailles aussi impitoyables qu’interminables et dans laquelle elle se donne le droit de reprendre ce qui lui appartient. Et qu’on se le dise : tant qu’elle n’aura pas recouvré la plénitude de sa souveraineté, elle restera un facteur aggravant de l’instabilité régionale.

Cependant, il faut écouter Stora dont le rapport ne doit pas être réduit à ses propositions mal accueillies. Il dit des vérités simples qu’il serait bon de prendre au pied de la lettre, telle que celle-ci : « Les polémiques sur le passé, de la conquête coloniale française au XIXe siècle à la guerre d’Algérie des années 1950, ne cessent de rebondir. Dans ces querelles incessantes, il est possible de voir la panne de projets d’avenir entre les deux pays ». Il n’y a pas que « panne » mais faillite de tout projet d’avenir entre la France et l’Algérie. Il serait temps que la France change de vision sur ses anciennes colonies. Il y a lieu de réaliser que le fait d’avoir fracturé délibérément des peuples par des frontières aux fonctions de rideau de fer, d’avoir fait des États-pays comme des centres de concentration des peuples, est un grand crime. Il ne s’agit pas de s’en laver les mains au prétexte que « celles et ceux qui détiennent entre leurs mains l’avenir de l’Algérie et de la France n’ont aucune responsabilité dans les affrontements d’hier » (dixit Emmanuel Macron). Soutenir, de nos jours, les dictateurs africains contre les aspirations des peuples à la liberté est du même ordre que le fait colonial ainsi dénoncé.

La Kabylie comme des centaines de peuples, en Afrique et en Asie, demandent réparation non pas matérielle ou symbolique mais politique : revenir, conformément aux conventions internationales, à l’exercice du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Réhabiliter ce droit pour le peuple kabyle et pour tous ceux qui le demandent, participerait incontestablement à la reconstruction d’un monde et d’une humanité apaisés et réconciliés.

Post Scriptum, 5 de juliol del 2021.

Ferhat Mehenni publicà el proppassat 22 de juny a la seu de Siwel, Agència Cabil d’Informació, aqueix punyent article: AUX ORIGINES DE L’ÉTAT ALGÉRIEN.

Nordine Aït Hamouda, en traitant l’Emir Abdelkader de « traître à l’Algérie », sur une chaîne de télévision officielle, vient de provoquer un tollé général. C’est un véritable coup de pied dans la fourmilière qu’il vient de donner. Les réactions incendiaires sur les réseaux sociaux fusent de partout contre le « zouave » et contre tous les Kabyles. Des marches ont eu lieu, ponctuées de déclarations exigeant châtiment contre le sacrilège ! Quarante avocats se sont constitués pour lui intenter un procès en diffamation, réclamé par une des nombreuses descendantes de l’Emir depuis la lointaine Syrie où Abdelkader, à partir de 1855, avait choisi de se retirer pour une retraite dorée, avec une pension annuelle de 100.000 francs, versée par « la France généreuse », en contrepartie de sa totale soumission !

Des « intellectuels » qui tentaient depuis des décennies de séduire des Kabyles pour les gagner au renoncement à leur identité, notamment Noureddine Boukrouh et Addi Lahouari, montent au créneau pour défendre celui qui avait livré son pays et son peuple à la domination coloniale et que les Kabyles avaient magistralement rabroué quand il était venu leur demander de reconnaître son autorité.

L’Emir Abdelkader est pourtant toujours présenté par tous les historiens reconnus comme « l’ami fidèle de la France ». Les décorations françaises qui ornaient sa poitrine ne sont effacées de son portrait officiel que depuis que le dictateur Houari Boumediene l’avait proclamé « fondateur de l’Etat algérien » et « père de la nation algérienne », une fois qu’il en a ramené les restes de Syrie pour les enterrer au carré officiel du cimetière d’El-Alia (Alger), le 06/07/1966.

La tension née de cette déclaration révèle le malaise d’un Etat dont les véritables origines sont si honteuses que ses squatters, pour les magnifier et les mythifier, n’ont pas d’autre choix que celui de recourir au mensonge et à l’affabulation. Passons sur les diverses constitutions algériennes rédigées depuis 1962, chacune, tel un costume, taillé sur mesure pour le dictateur du moment, affirmant que l’Algérie a une histoire millénaire, alors qu’elle n’existe que depuis 1839, par la grâce d’un décret ministériel d’un ministre français de la guerre, du nom de Général Schneider.

A ce jour, l’Algérie a avancé deux thèses contradictoires et mensongères, sur la genèse de son Etat. La première affirme qu’il est d’origine ottomane, tenant du Royaume d’Alger, (1515-1830). La deuxième est celle de l’Etat d’Abdelkader. Or, de deux choses l’une : Ou bien l’Etat algérien est le prolongement ou la restauration de la Régence turque, ou bien il est la reconstruction ou la continuité de l’Etat d’Abdelkader, issu du Traité de la Tafna (1837-1847). Il faut choisir, d’autant plus que l’Emir avant d’ériger son Etat sur l’Oranie, avait d’abord commencé lui-même par s’insurger contre cette même Régence turque qui dépendait d’Istanbul. Dans les deux cas, cet Etat est illégitime. S’il est d’origine turque, il y a lieu de reconnaître qu’au 21e Siècle, nous sommes encore sous Etat vassal, toujours colonisés par la Turquie. En revanche, s’il est issu du Traité de la Tafna, la Kabylie n’en faisait pas partie et son père-fondateur l’avait aliéné en le livrant à la France.

Dans tous les cas, en se rendant à l’ennemi, en 1847, en abandonnant tous ceux qu’il avait entraînés dans la guerre sainte, puis en reconnaissant la souveraineté coloniale sur l’Algérie, l’Emir Abdelkader était, à ce moment-là, vécu comme un traître. Seule son exfiltration vers la France, l’avait sauvé de la colère des siens qui voulaient le tuer. C’est probablement par peur de leur vengeance qu’il avait préféré s’exiler en Syrie où il mourut en 1883 à l’âge de 75 ans, au lieu de revenir sur sa terre natale d’avec laquelle il avait définitivement divorcé.

C’était Boumediene, en déficit de légitimité politique qui, le 05/07/1966, soit un an après son coup d’Etat contre Ben Bella, avait décidé d’en faire un héros national et la figure emblématique de l’Algérie. C’est ainsi qu’il fut sacralisé comme Le fondateur de l’Etat algérien. En vérité, l’Etat algérien est un Etat colonial, rien que colonial. Il devait être au service de la colonisation et, au besoin, comme en Amérique, exterminer ses indigènes.

Le véritable Etat algérien était celui né du Congrès de la Soummam (20/08/1956), en Kabylie. Malgré l’assassinat de son père-fondateur Abane Ramdane, le 27/12/1957, par Boumediene au Maroc, c’était lui qui avait mené les négociations pour l’indépendance de l’Algérie et conclu les Accords d’Evian. Il avait vécu jusqu’à son installation à Rocher Noir (Boumerdes) en juillet 1962. Cet Etat a été démantelé par l’armée des frontières qui, en prenant le pouvoir par la force et en confisquant l’indépendance à son seul profit, a préféré garder les structures administratives, législatives et politiques de l’Algérie française plutôt que d’asseoir l’Etat d’Abane et de Krim Belkacem. Le Congrès de la Soummam était contesté et continue de l‘être au seul motif qu’il incarne la Kabylie et ses valeurs, ses rêves et ses référents culturels.

Une fois cette armée parvenue à ses fins, son premier président nous annonça depuis Tunis : que « Nous sommes Arabes, nous sommes Arabes, nous sommes Arabes ! », puis, nous fit adopter cette devise « Un seul héros, le peuple ! » pour enterrer tous ceux qui avaient commencé à bâtir l’éphémère et véritable Etat algérien.

La Kabylie s’était révoltée contre le coup d’Etat militaire qui venait de « déposer » le naissant Etat algérien ; mais, épuisée par près de huit ans de guerre contre l’armée française, elle n’avait plus les moyens d’imposer sa volonté d’un Etat aux couleurs de ses valeurs.

Noureddine Aït Hamouda, avec lequel nous ne partageons pas la vision d’avenir de la Kabylie, est à féliciter pour avoir dit une vérité que tout le monde, en Kabylie, connaissait depuis longtemps. Parce qu’il a du courage et qu’il a également la légitimité nécessaire, en tant que fils s de l’héroïque et légendaire Colonel Amirouche de la guerre d’indépendance, à le faire. Il est l’un des hommes les plus crédibles pour dénoncer les forfaitures du pouvoir algérien contre notre histoire.

Ce n’est ni par chauvinisme ni par quelque réflexe « kabyle » que ce soit que nous reconnaissons son mérite d’avoir mis fin à un mensonge et un tabou d’Etat. Cette vérité méritait d’être étayée par des faits historiques têtus, dont acte !

La Kabylie n’avance pas masquée, elle assume son histoire, ses valeurs, sa langue et ses ambitions. Elle aspire à l’indépendance, c’est son droit absolu. Lui refuser ce droit est un non-sens. C’est par l’acquisition de ce même droit qu’elle sera une très grande chance pour les peuples d’Algérie. Sans lui, elle ne pourra, malheureusement, leur être d’aucun secours. Seule son accession à son indépendance lui procurera les moyens d’aider les Algériens à se retrouver chacun dans ses droits légitimes et dans la fraternité des peuples nord-africains.

Post Scriptum, 12 d’octubre del 2021.

El règim algerià demana a França el lliuramemt de Ferhat Mehenni, i la premsa -com Le Quotidien d’Orà- han de publicar les seves acusacions: “Algérie-France: Des mensonges français à l’extradition de M’henni.

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