Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

5 de juliol de 2022
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Ferhat Mehenni: La guerre perdue par l’Algérie en Kabylie

L’Agència de notícies Siwel publicà el proppassat 26 de juny el parlament de Ferhat Mehenni, president del Govern Provisional de la Cabília a l’exili (ANAVAD) a la Universitat de Montreal, al Quebec, i que s’escau al 60è aniversari de la independència d’Algèria que el règim àrab-islamista celebra avui amb tota pompa:

L’Algérie a déjà perdu sa guerre visant à sauvegarder l’annexion de la Kabylie à son territoire. La nuit coloniale aura vécu. La Kabylie est en passe de gagner son billet pour la liberté et la vie parmi les nations abouties de ce monde. Gérée par des militaires politiquement incompétents, l’Algérie post-française s’est heurtée dès sa naissance à l’insoluble problème kabyle. L’insurrection de 1963 sous la direction du FFS était déjà annonciatrice de crises et de conflits à répétition avec la Kabylie, crises et conflits qui appelaient et appellent toujours une solution autre que militaire. Si les Kabyles en ont aussitôt tiré les conséquences en choisissant la voie pacifique pour réclamer leurs droits légitimes en tant que peuple distinct, il n’en est pas de même du côté de ceux qui gouvernent le pays par la force depuis 1962.

Certes, la dictature militaire a été le mode de gouvernance de tous les pays postcoloniaux de 1960 jusqu’à la chute du Mur de Berlin, en 1989. Toutefois, cette dictature s’est retrouvée en déphasage total avec l’évolution du monde et les attentes de ses propres peuples à partir des années 90. En effet, sous la pression de l’école, de la démographie, de la mondialisation, du développement technologique des multimédias, et de la propagation des idées de liberté, de démocratie et de respect des droits de la personne, la dictature est dépassée par les demandes internes en nouveaux besoins, mais aussi en anciennes aspirations comme celle du peuple kabyle à se gouverner.

Pour que notre auditoire non kabyle comprenne notre préoccupation, il est bon de rappeler le fond de la question kabyle.

1) L’annexion par la force de la Kabylie à l’Algérie en 1857 n’a jamais été acceptée ou validée par le peuple kabyle. C’est elle qui est à l’origine de la guerre ayant mis fin à l’Algérie française et, elle sera inéluctablement la cause, entre autres, de la reconfiguration de la géopolitique régionale.

2) L’indépendance de l’Algérie n’a été finalement pour la Kabylie qu’un passage de témoin du colonialisme français vers les nouveaux maîtres des lieux, les militaires.

3) Depuis 1963, la Kabylie est sous occupation militaire algérienne et sous une nouvelle administration coloniale. Même au temps de la guerre d’Algérie, il n’avait jamais eu autant de troupes militaires stationnées en Kabylie que depuis l’indépendance de l’Algérie.

À partir de 1963, une guerre permanente est menée contre le peuple kabyle dans le but d’en effacer toute trace. C’est une guerre génocidaire qui consiste en:

• L’interdiction de sa langue, la confiscation de son identité et la privation de ses droits légitimes en tant que peuple à part entière.
• La répression de toute demande politique pacifique kabyle.
• Les politiques linguistiques de dépersonnalisation et de génocide culturel.
• L’élimination physique ou le bannissement de ses leaders et de son intelligentsia.
• Le sabotage économique et le racket fiscal.
• L’encouragement de la corruption et de la délation (icekkamen).
• L’humiliation à travers des actes dévalorisant ses symboles et son patrimoine immatériel.
• La destruction des solidarités internes et de leurs mécanismes ancestraux.
• La terreur politico-policière et militaire instaurée sur le peuple kabyle.
• Les incendies du territoire kabyle par les militaires depuis les années 90.
• Des médias aux ordres stigmatisant tout ce qui fait référence à la résistance pacifique et à la résilience du peuple kabyle face aux assauts criminels de l’Algérie.

Les épisodes de cette guerre souvent violente et à sens unique menée par l’Algérie contre la Kabylie sont les suivants :

1) Le terrorisme politico-militaire du temps de Boumediene (1965-1978).
2) La répression sous Chadli d’avril 1980 jusqu’à octobre 1989.
3) Le Printemps Noir 2001-2003.
4) La corruption sous Bouteflika et le racisme antikabyle débridés auquel s’adonnent des ténors du pouvoir (députés, sénateurs, journalistes, réseaux sociaux…
5) La politique génocidaire de Gaid Salah, Chengriha et Tebboune. C’est celle qui est en cours et à laquelle nous sommes confrontés.
6) En tentant de nous diaboliser auprès de l’opinion internationale en nous présentant comme des terroristes, les communiqués du ministère algérien de la Défense ont davantage internationalisé la question kabyle, donné plus de puissance à la légitimité du peuple kabyle à son droit à l’autodétermination. Non seulement notre crédibilité s’en est retrouvée accrue, mais la leur est plus abimée que jamais. Un fiasco pour les généraux amateurs de coups tordus et de scénarios foireux. Nous ne sommes plus en 1978, quand, à la mort de Boumediene, pour gagner du temps et régler leur problème de succession, les généraux avaient envoyé un avion en Kabylie (Cap Sigli) pour y larguer quelques armes et stigmatiser les Kabyles en les présentant comme l’ennemi intérieur de l’Algérie.

Aujourd’hui, la Kabylie est organisée, dispose de ses porte-voix qui ne permettent à personne de porter atteinte à sa réputation de nation civilisée. La Kabylie vit au XXIe Siècle pendant que les militaires algériens retournent à l’âge des cavernes.

L’échec de cette guerre de 60 ans déjà est acté par le néo-terrorisme antikabyle. Pourquoi ?

• Seuls ceux qui ont désespéré d’atteindre leurs objectifs politiques recourent à autant de violence criminelle.
• Ensuite, une guerre à sens unique est absurde. Il faut deux belligérants pour se donner des objectifs de guerre qui, en général, se limitent à la reddition, la neutralisation ou l’anéantissement de l’ennemi. Or, dans notre cas, cette violence est conçue comme une provocation visant à nous pousser à la faute et à faire de nous des terroristes. Vue sous cet angle, la promulgation de l’ordonnance du 10/06/2021, en quelque sorte, a mis la charrue avant les bœufs, tant les généraux algériens étaient pressés de nous voir prendre le maquis. C’était compter sans nous, nos valeurs, notre sang-froid et notre sens des responsabilités.
• Mis en échec dans leur stratégie, les militaires algériens en viennent à imposer à leur marionnette présidentielle une mascarade de paix des braves pour le 5 juillet 2022, à travers laquelle ils escomptent obtenir une nouvelle loi d’autoamnistie pour se laver de tous leurs crimes récents.

En conclusion, la Kabylie a gagné son droit à l’indépendance. L’Algérie, artificielle, avorton et fille illégitime de la France coloniale est condamnée. Comment peut-il en être autrement quand, durant toute son existence, elle toujours nié l’existence du peuple kabyle avec lequel elle a pourtant tous les jours eu maille à partir ? Du temps de la France, il y avait le séquestre de ses terres et depuis 1962, il y a floutage des frontières de la Kabylie pour que celle-ci oublier jusqu’au souvenir d’avoir été un pays indépendant de l’Algérie.

Cela ne sert plus à rien à l’Algérie de continuer dans cette voie d’impasse. Tout problème politique a son dénouement quelle que soit la barbarie et la férocité de la répression d’une partie contre une autre. L’Algérie, en vivant avec la Kabylie en son sein, vit toujours sous tension. Elle partage le lit avec son ennemie dont elle redoute chaque jour la victoire. L’Algérie et la Kabylie sont à l’image de ce couple en instance de divorce qui partage encore le même toit tout en se regardant en chien de faïence et en s’empoisonnant la vie.

Désormais, aucun retour en arrière n’est possible. En ce 60e anniversaire de l’Algérie postcoloniale, l’acceptation de l’indépendance de la Kabylie est la seule solution de raison. Toute fuite en avant, toute ruse et tout déni sont inutiles.

L’initiative de la politique dite de la « main tendue » qui, à partir du 05/07/2022, se voudrait un nouveau départ pour une « Algérie nouvelle » n’aura de sens que si ses promoteurs arrêtent leur guerre contre la Kabylie pacifique et acceptent de négocier avec elle les échéances et les modalités d’un référendum d’autodétermination du peuple kabyle.

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