Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

21 de juliol de 2020
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Engageons-nous: la nova ficció de l’esquerra francesa

Ahir es va fer pública una nova iniciativa per bastir una força d’esquerres alternativa a França, denominada Engageons-nous, liderada per Laurent Joffrin, fins ara director del diari Libération. Aqueixa és la seva crida fundacional:

L’espoir renaît. Cette gauche qu’on disait faible, désunie, impuissante, vient de remporter des dizaines de mairies et de conquérir plusieurs métropoles. Les lugubres prophètes qui prédisaient son effacement se sont trompés : une alliance scellée par l’impératif écologique et l’exigence sociale a conduit au succès.

Dans un monde déboussolé, sur une planète menacée par la prédation, dans un pays anxieux, fragmenté où le parti de l’abstention est majoritaire, au sein d’un peuple bientôt confronté à une crise sociale terrible, des millions de citoyennes et citoyens ont montré par leur vote qu’ils refusaient de se résigner et qu’ils gardaient le goût de l’avenir.

Mais ce qui a été possible à l’échelle locale ne l’est pas encore au niveau national. Il y faut des conditions : elles ne sont pas remplies. Le scrutin a montré que la droite est encore majoritaire dans le pays ; l’extrême droite peut capter la colère populaire qui ne manquera pas de se lever à mesure que les licenciements et les fermetures d’entreprises se multiplieront ; la nécessaire unité de la gauche, enfin, suppose un programme audacieux pour convaincre mais aussi crédible, pour gouverner, un projet qui ne soit pas l’addition de revendications disparates, mais qui dessine un destin commun. L’union n’est pas la confusion. C’est la réunion d’identités différentes qui ont chacune leur légitimité, sans que l’une d’entre elles s’efface sous le prétexte qu’elle a gouverné.

Allons droit au but, il faut créer, un nouveau mouvement, qui englobe et dépasse les formations de la gauche historique, notamment le PS, et qui rassemble largement autour de lui la jeunesse éprise d’engagement pour la planète, des femmes et des hommes qui veulent que leur combat pour la justice trouve une issue globale à travers une convergence de principes et de valeurs, des entrepreneurs, des militants associatifs ou syndicaux qui savent que la politique est un débouché nécessaire. Un mouvement qui reconnait à la jeunesse sa capacité à construire le présent pour protéger l’avenir.

La gauche a besoin de cette force centrale qui fait de l’écologie, de la culture et de la participation les conditions essentielles du contrat social, qui place la protection de l’environnement et l’accès aux droits au cœur de l’action publique, qui donne à l’Etat tout son rôle pour réorganiser notre économie, qui fasse de la solidarité un impératif catégorique. Une force qui s’adresse à toute la diversité du peuple français, unie par les valeurs de la République, concrètement mises en oeuvre.

Sans cette force, la gauche et les écologistes se perdront dans de vaines manœuvres pour écarter l’un ou promouvoir l’autre autour de propositions incantatoires. Sans elle, nous aboutirons à une candidature de témoignage qui laissera le pouvoir au libéralisme, au conservatisme, ou aux deux à la fois.

Car l’égalité n’est pas un objectif parmi d’autres. Elle est la condition de tous les autres. Sans elle, ni les classes populaires, ni les jeunes de nos quartiers, et pas davantage les oubliés de nos territoires notamment les outre-mer, ne rallieront une union aussi artificielle que bancale. Sans elle, la mutation écologique butera sur l’inquiétude légitime des Français pour leur pouvoir d’achat, leur emploi et l’avenir de leur économie. Sans elle, l’union nécessaire autour des valeurs républicaines de laïcité et d’égalité ne se fera pas et les identités dont on attise la rivalité entretiendront une suspicion mutuelle.

Si rien ne change, la prochaine échéance se résumera à une compétition entre les porte-parole de la colère et les tenants d’une écologie réduite à un parti, sous l’œil des derniers socialistes accablés par la mauvaise conscience. Dans un scrutin perdu d’avance la gauche sera éliminée dès le premier tour et, au second, contrainte d’appeler piteusement à faire barrage au Rassemblement national pour laisser cinq ans de plus un libéralisme autoritaire diviser le pays.

Encore suppose-t-on la victoire mécanique d’un front républicain rafistolé à la hâte. Mais il faut en être conscient : à la faveur de l’abstention, en jouant des anxiétés et des fantasmes, l’extrême-droite peut aussi l’emporter.

Faut-il se résigner ? Non !

La gauche qui agit, la gauche qui gouverne, doit se rénover sur la base de ses valeurs, celles qui ont inspiré dans l’histoire le mouvement socialiste. Elle doit se refonder à partir de la société, réinventer sa doctrine et son programme pour relever les défis d’aujourd’hui.

Il s’agit de changer radicalement l’orientation de l’économie pour garder une planète vivable, mais en en promouvant une écologie rationnelle fondée à la fois sur les apports de la science et le respect des équilibres naturels.

Il s’agit de chercher une croissance écologique, des activités utiles et des économies d’énergie pour créer les emplois et financer la solidarité.

Il s’agit de replacer la question sociale au cœur de la politique en luttant résolument contre les nouvelles inégalités qui ont fractionné le salariat.

Il s’agit de faire de la révolution numérique un progrès des libertés, protégé des dangers d’une vie mise en algorithmes et soumise à une surveillance digne d’Orwell.

Il s’agit de réorienter le projet européen autour d’une nouvelle donne énergétique et écologique.

Il s’agit de restaurer la souveraineté économique des peuples en recourant à la planification et à l’investissement public, outils de la gauche.

Il s’agit d’assurer la sécurité avec un Etat républicain respectueux de l’état de droit et de la laïcité.

Il s’agit d’offrir un débouché au mouvement féministe qui bouscule l’ancien patriarcat en assurant une parité réelle à tous les niveaux de responsabilité.

Il s’agit, par une politique volontaire, de mettre fin aux discriminations qui frappent les minorités.

Il s’agit enfin de réhabiliter l’action politique autour de la nation qu’on ne saurait abandonner aux nationalistes et en décuplant la consultation citoyenne dans l’Etat, dans les collectivités locales, comme dans l’entreprise.

Nous appelons donc toutes celles et tous ceux qui partagent cette vision à nous rejoindre. Alors nous lancerons le processus qui passera par la réunion d’assises sociales et écologiques, dont le caractère transparent, et participatif sera garanti.

Les adhérents de ce mouvement choisiront ensuite leurs représentants et élaboreront à partir des contributions de tous, le projet de transformation qui manque à la France et qui devra trouver son incarnation en 2022.

Cent cinquanta signants aporten la seva credibilitat a aqueixa iniciativa (michel Wierkova, Alain Touraine, entre els més destacats).

El to recorda el pamflet efímer d’Stephane Hessel, “Indignez-vous!”, tan mediàtic com estèril, característic del progressisme abstracte i banal que a casa nostra representen els Comuns/Podemos.

La crítica punyent de Céline Pina (una assagista que fou destacada militant del PSF) avui a Causeur em sembla escaient: Indécise et couarde, voilà la gauche Laurent Joffrin! Une gauche si peu engageante:

Laurent Joffrin, futur ex-directeur de Libération, crée un mouvement “pour relancer la gauche”, titre le Point. C’est dire à quel point le pronostic vital de celle-ci est engagé, si Joffrin se croit crédible dans le rôle de l’homme providentiel. Depuis que Christophe Castaner a réussi à être ministre de l’Intérieur, n’importe qui peut être candidat à n’importe quoi. La moindre Rossinante se rêve en Bucéphale.

Rassembler la gauche n’est intéressant que si elle existe encore, a quelque chose à dire, et autre chose à défendre que les intérêts individuels d’une caste. Or, à lire le « manifeste » de ce mouvement, on est très loin de la clarification idéologique. Le faire-part de naissance de cette gauche souhaitée par Laurent Joffrin ressemble à une motion de synthèse d’un congrès du Parti socialiste. Une impression de déjà vu ou déjà lu qui fait de cette bouillie de chat sur la forme, une orgie de robinets d’eau tiède sur le fond.

Laurent Joffrin, le risque zéro

Alors qu’elle se sait mourante, cette gauche-là ne prend aucun risque. Elle est pour le bien et contre le mal, mais elle se garde toujours de se positionner sur les sujets qui déchirent notre pays ou secouent le monde. Elle use d’une langue de bois en chêne massif, uniquement pour masquer le vide de son discours.

Cette gauche-là donne le sentiment de ne pas avoir la France ou les Français en ligne de mire. Elle ne s’est même pas rendu compte qu’il lui faut attendre les toutes dernières lignes de son appel avant qu’une esquisse de préoccupation pour le pays ne se dessine. Et carrément la dernière phrase de ce bien trop long texte pour que le mot “France” apparaisse. Un oubli révélateur.

Oublié aussi, le fait que la gauche s’est fracturée sur une rupture essentielle : elle a délaissé l’humanisme, l’universalisme et la quête de justice sociale. La majeure partie des écologistes et des gauchistes, dont la gauche Joffrin semble envier les apparents succès, a troqué ces valeurs contre la guerre des races et une fascination pour l’islam politique. Oublié aussi, le fait que la gauche a délaissé les classes populaires et le mouvement ouvrier. Oubliée enfin, la conversion d’une partie de la gauche à la mondialisation et à la main invisible du marché.

Des oublis impardonnables

Pour un appel qui ambitionne un nouveau chemin, tout cela fait beaucoup d’impasses. Soyons clairs : pourquoi la gauche ne cesse de régresser dans ce pays ? Parce que la gauche républicaine a été éliminée au profit de la gauche multiculturaliste. Ce faisant, les différents partis qui la composent donnent l’image de partis politiques qui détestent leur pays et le caricaturent en parlant de « France rance » un jour, de « France moisie » le lendemain. Ils décrivent la France comme un pays où règnerait le racisme systémique, ils sèment les graines de la guerre civile.

Cette gauche se pique aussi de défendre les femmes, mais présente comme une liberté le port du voile, symbole islamiste sexiste qui refuse l’égalité. Cette gauche se prétend antiraciste, mais voit de plus en plus les individus en fonction de la couleur de la peau, réduisant la couleur noire à un profil de victime, et assignant à la blanche une identité de bourreau. Cette gauche-là est celle qui larmoie en permanence sur les « jeunes des quartiers » mais les envoie dans le mur en leur inculquant la détestation du pays où ils vivent. Cette gauche-là prétend évidemment combattre le fascisme, mais utilise les mêmes méthodes : déshumanisation, désignation de cibles, établissement de listes ou mort sociale. Cette gauche-là n’aime pas argumenter, elle donne aujourd’hui le ton et préfère excommunier. Et c’est à elle que Laurent Joffrin dit clairement vouloir s’unir.

Ce manifeste est sorti le 21 juillet 2020. Il aurait pu être écrit il y a 10 jours ou il y a 10 ans tant il est détaché de tout contexte et n’entretient aucun lien tangible avec le réel. Pour la forme, la laïcité ou la nation sont certes évoquées dans le texte. Mais Laurent Joffrin se garde bien de leur donner un contenu. Là où il fallait assumer ou défendre une conviction républicaine, la peur d’un procès en rééducation pour éloignement de la doxa progressiste semble avoir été la plus forte.

La descente aux enfers de Libération

Bref, Joffrin et ses soutiens n’ont pas armé un vaisseau pour affronter la crise politique, économique, sociale et sanitaire qui vient, mais ont construit le vaisseau amiral de leur propre promotion. Le problème c’est qu’ils n’ont pas encore quitté le port, que la coque se révèle en carton. Le manifeste n’est porteur d’aucun souffle et le capitaine est de plus un couard patenté. En effet, s’il est injuste de lui reprocher d’avoir eu un père d’extrême-droite, ami de Le Pen, on peut en revanche lui demander des comptes sur son parcours de patron de presse. Que son adhésion à une forme de social-démocratie libérale soit sincère, je le crois volontiers. Mais, alors que le temps est à l’orage et qu’il nous faut des Churchill, c’est un homme qui n’a jamais eu le courage de ses responsabilités que cet énième mouvement de gauche entend porter à sa tête!

Libération est devenu le porte-voix de l’indigénisme, de l’obsession raciale et de tant d’autres fadaises, sans que jamais son directeur n’y trouve rien à redire. De véritable journal, il s’est transformé en fanzine militant où pour dix articles à la gloire du moindre groupuscule cherchant des poux esclavagistes et colonialistes dans la tête de la République, Laurent Joffrin signait de temps en temps un éditorial-digue. Le seul rôle de cet éditorial étant de constituer un parapluie permettant à celui-ci de se décharger de toute responsabilité dans la diffusion d’une idéologie sinistre loin des valeurs universalistes. La gauche a choisi un homme incapable de prendre ses responsabilités quand il sait que sa rédaction est à la dérive, qui sait que ce qu’elle diffuse est malsain, mais préfère continuer à le faire car cela lui permet d’occuper une position de pouvoir. Je ne suis pas sûre que les électeurs veuillent qu’au grand cadavre à la renverse qu’est la gauche le docteur Frankenstein de Libération insuffle la vie, si c’est pour créer un zombie de plus.

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