Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

30 de novembre de 2018
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Manifest: Le décolonialisme, une stratégie hegémonique

Abans d’ahir el setmanari Le Point va publicar aqueix manifest signat per una vuitantena d’intel·lectuals i personalitats del món de la cultura francesa que coincideixen a denunciar que sota la cobertura de la descolonització i la lluita per la igualtat realment reintrodueixen la idea de raça en la vida pública amb propòsits inquisitorials per tal d’establir un ordre moral políticament correcte segons uns paràmetres abstractes i dogmàtics.

Val la pena divulgar-lo entre nosaltres perquè moltes de les actituds que hom hi critica són presents cada cop més a l’espai públic català hegemonitzat també per un progressisme abstracte i banal d’arrels totalitàries:

“C’est au rythme de plusieurs événements universitaires et culturels par mois que se multiplient les initiatives militantes portées par le mouvement « décolonial » et ses relais associatifs (1). Ces différents groupes sont accueillis dans les plus prestigieux établissements universitaires (2), salles de spectacle et musées (3).

Ainsi en est-il, par exemple, du séminaire « Genre, nation et laïcité » accueilli par la Maison des sciences de l’homme début octobre, dont la présentation regorge de références racialistes : « colonialité du genre », « féminisme blanc », « racisation », « pouvoir racial genré » (comprendre : le pouvoir exercé par les « Blancs », de manière systématiquement et volontairement préjudiciable aux individus qu’ils appellent « racisés »).

Or, tout en se présentant comme progressistes (antiracistes, décolonisateurs, féministes…), ces mouvances se livrent depuis plusieurs années à un détournement des combats pour l’émancipation individuelle et la liberté, au profit d’objectifs qui leur sont opposés et qui attaquent frontalement l’universalisme républicain: racialisme, différentialisme, ségrégationnisme (selon la couleur de la peau, le sexe, la pratique religieuse).

Ils vont ainsi jusqu’à invoquer le féminisme pour légitimer le port du voile, la laïcité pour légitimer leurs revendications religieuses et l’universalisme pour légitimer le communautarisme. Enfin, ils dénoncent, contre toute évidence, le « racisme d’Etat » qui sévirait en France : un Etat auquel ils demandent en même temps – et dont d’ailleurs ils obtiennent – bienveillance et soutien financier par le biais de subventions publiques.

La stratégie des militants combattants « décoloniaux » et de leurs relais complaisants consiste à faire passer leur idéologie pour vérité scientifique et à discréditer leurs opposants en les taxant de racisme et d’islamophobie.

D’où leur refus fréquent de tout débat contradictoire, et même sa diabolisation. D’où, également, l’utilisation de méthodes relevant d’un terrorisme intellectuel qui rappelle ce que le stalinisme avait naguère fait subir aux intellectuels européens les plus clairvoyants.

C’est ainsi qu’après les tentatives d’ostracisation d’historiens (Olivier Pétré-Grenouilleau, Virginie Chaillou-Atrous, Sylvain Gouguenheim, Georges Bensoussan), de philosophes (Marcel Gauchet, Pierre-André Taguieff), de politistes (Laurent Bouvet, Josepha Laroche), de sociologues (Nathalie Heinich, Stéphane Dorin), d’économistes (Jérôme Maucourant), de géographes et démographes (Michèle Tribalat, Christophe Guilluy), d’écrivains et essayistes (Kamel Daoud, Pascal Bruckner, Mohamed Louizi), ce sont à présent les spécialistes de littérature et de théâtre Alexandre Gefen et Isabelle Barbéris qui font l’objet de cabales visant à les discréditer. Dans le domaine culturel, l’acharnement se reporte sur des artistes parmi les plus reconnus pour les punir d’avoir tenu un discours universaliste critiquant le différentialisme et le racialisme.

La méthode est éprouvée: ces intellectuels « non conformes » sont mis sous surveillance par des ennemis du débat qui guettent le moindre prétexte pour les isoler et les discréditer. Leurs idées sont noyées dans des polémiques diffamatoires, des propos sont sortis de leur contexte, des cibles infamantes (association à l’extrême droite, « phobies » en tout genre) sont collées sur leur dos par voie de pétitions, parfois relayées dans les médias pour dresser leur procès en racisme. Parallèlement au harcèlement sur les réseaux sociaux, utilisés pour diffuser la calomnie, ces « anti-Lumières » encombrent de leurs vindictes les tribunaux de la République.

Nos institutions culturelles, universitaires, scientifiques (sans compter nos collèges et lycées, fortement touchés) sont désormais ciblées par des attaques qui, sous couvert de dénoncer les discriminations d’origine « coloniale », cherchent à miner les principes de liberté d’expression et d’universalité hérités des Lumières. Colloques, expositions, spectacles, films, livres « décoloniaux » réactivant l’idée de « race » ne cessent d’exploiter la culpabilité des uns et d’exacerber le ressentiment des autres, nourrissant les haines interethniques et les divisions.

C’est dans cette perspective que s’inscrit la stratégie d’entrisme des militants décolonialistes dans l’enseignement supérieur (universités ; écoles supérieures du professorat et de l’éducation ; écoles nationales de journalisme) et dans la culture.

La situation est alarmante. Le pluralisme intellectuel que les chantres du « décolonialisme » cherchent à neutraliser est une condition essentielle au bon fonctionnement de notre démocratie. De surcroît, l’accueil de cette idéologie à l’université s’est fait au prix d’un renoncement à l’exigence pluriséculaire de qualité qui lui valait son prestige.

Nous appelons les autorités publiques, les responsables d’institutions culturelles, universitaires, scientifiques et de recherche, mais aussi la magistrature, au ressaisissement. Les critères élémentaires de scientificité doivent être respectés. Les débats doivent être contradictoires. Les autorités et les institutions dont ils sont responsables ne doivent plus être utilisées contre la République. Il leur appartient, à tous et à chacun, de faire en sorte que cesse définitivement le détournement indigne des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité qui fondent notre démocratie.

Notes

1. Par exemple : Parti des Indigènes de la République, Collectif contre l’islamophobie en France, Marche des femmes pour la dignité, Marches de la dignité, Camp décolonial, Conseil représentatif des associations noires, Conseil représentatif des Français d’outre-mer, Brigade antinégrophobie, Décoloniser les arts, Les Indivisibles (Rokhaya Diallo), Front de mères, collectif MWASI, collectif Non MiXte.s racisé.e.s, Boycott désinvestissement sanctions, Coordination contre le racisme et l’islamophobie, Mamans toutes égales, Cercle des enseignant.e.s laïques, Les Irrécupérables, Réseau classe/genre/race.

2. Par exemple : Collège de France, Institut d’études politiques, Ecole normale supérieure, CNRS, EHESS, université Paris-VIII Vincennes-Saint-Denis, université Paris-VII Diderot, université Panthéon-Sorbonne Paris-I, université Lumière-Lyon-II, université Toulouse-Jean-Jaurès.

3. Par exemple : Philharmonie de Paris, Musée du Louvre, Centre dramatique national de Rouen, Mémorial de l’abolition de l’esclavage, Philharmonie de Paris, musée du Louvre, musée national Eugène-Delacroix, scène nationale de l’Aquarium.

Signants

Waleed Al-Husseini, (essayiste), Jean-Claude Allard, (ancien directeur de recherche à l’Iris), Pierre Avril, (professeur émérite de l’université Panthéon-Assas), Vida Azimi, (directrice de recherche au CNRS), Elisabeth Badinter, (philosophe), Clément Bénech, (romancier), Michel Blay, (historien et philosophe des sciences), Françoise Bonardel, (philosophe), Stéphane Breton, (ethnologue et cinéaste), Virgil Brill, (photographe), Jean-Marie Brohm, (sociologue), Sarah Cattan, (journaliste), Philippe de Lara, (philosophe), Maxime Decout, (maître de conférences et essayiste), Bernard de La Villardière, (journaliste), Jacques de Saint-Victor, (professeur des universités et critique littéraire), Aurore Després, (maître de conférences), Christophe de Voogd, (historien et essayiste), Philippe d’Iribarne, (directeur de recherche au CNRS), Arthur Dreyfus, (écrivain, enseignant en cinéma), David Duquesne, (infirmier), Zineb El Rhazaoui (journaliste), Patrice Franceschi, (aventurier et écrivain), Jean-Louis Fabiani, (sociologue), Alain Finkielkraut, (philosophe et académicien), Renée Fregosi, (philosophe et politologue), Jasmine Getz, (universitaire), Jacques Gilbert, (professeur des universités), Marc Goldschmit, (philosophe), Philippe Gumplowicz, (professeur des universités), Claude Habib, (professeure des universités et essayiste), Noémie Halioua, (journaliste), Marc Hersant, (professeur des universités), Marie Ibn Arabi, (professeure agrégée de philosophie), Pierre Jourde, (écrivain), Gaston Kelman, (écrivain), Alexandra Lavastine, (philosophe), Françoise Lavocat, (professeure de littérature comparée), Barbara Lefebvre, (enseignante et essayiste), Jean-Pierre Le Goff, (sociologue), Damien Le Guay, (philosophe), Noëlle Lenoir, (avocate au barreau de Paris), Anne-Marie Le Pourhiet, (professeure de droit public), Laurent Loty, (chercheur au CNRS), Catherine Louveau, (professeure émérite), Yves Mamou, (journaliste), Laurence Marchand-Taillade, (présidente de forces laïques), Jean-Claude Michéa, (philosophe), Isabelle Mity, (professeure agrégée), Yves Michaud, (philosophe), Franck Neveu, (professeur des universités en linguistique), Pierre Nora, (historien et académicien), Fabien Ollier, (directeur des éditions QS ?), Mona Ozouf, (historienne et philosophe), Patrick Pelloux, (médecin), René Pommier, (universitaire et essayiste),Céline Pina, (essayiste), Monique Plaza, (docteure en psychologie), Michaël Prazan, cinéaste, (écrivain), Charles Ramond, (professeur des universités et philosophe), Philippe Raynaud, (professeur des universités et politologue), Dany Robert-Dufour, professeur des universités, (philosophe), Robert Redeker, (philosophe), Anne Richardot, (maître de conférences des universités), Pierre Rigoulot, (essayiste), Philippe Sanmarco, (essayiste), Boualem Sansal, (écrivain), Jean-Paul Sermain, (professeur des universités en littérature française), Dominique Schnapper, (politologue), Jean-Eric Schoettl, (juriste), Patrick Sommier, (homme de théâtre), Véronique Taquin, (professeure et écrivaine), Jacques Tarnero, (chercheur et essayiste), Carine Trévisan, (professeure des universités en littérature), Michèle Tribalat, (chercheuse démographe), Caroline Valentin, (avocate et éditorialiste), André Versaille, (écrivain et éditeur), Ibn Warraq, (écrivain), Aude Weill Raynal, (avocate) , Yves Charles Zarka, (professeur des universités en philosophie).

Post Scriptum, 8 d’agost del 2019.

Alexis Brunet publica avui un punyent article sobre “La haine postcoloniale ne passera pas !”, a Causeur, on es pregunta com encara després de més de mig segle de la descolonització dels dominis francesos el sentiment de culpabilitat persisteix i emmetzima la vida social.

Post Scriptum, 11 de novembre del 2020.

Perre-André Taguieff denúncia la influència creixent del descolonialisme al si de l’esquerra en un assaig recent titulat «L’imposture décoloniale» (Éditions de l’Observatoire/Humensis, 2020). Entrevistat ahir per Le Figaro: «Le décolonialisme est la maladie sénile de la gauche intellectuelle contemporaine».

Post Scriptum, 18 de novembre del 2020.

Manifest d’intel·lectuals descolonialistes el proppassat 14 a Le Nouvel Observateur, “Guerres et terrorisme : sortir du déni“. Segons ells, la culpa del gihadisme és d’Occident, de França en bona part, cap proposta però per aturar-lo.

Post Scriptum, 22 de gener del 2024.

, avui a Le Figaro:«Pour la majorité de la population mondiale, la colonisation occidentale incarne désormais le Mal absolu».

«À propos du conflit israélo-palestinien, les populations du Sud n’ont pas en tête la Shoah mais la colonisation». On entend ces derniers temps ce refrain entêtant. Il a notamment été entonné sur les ondes publiques de France Inter le 15 janvier par Dominique de Villepin, puis étayé dans un article paru dans Le Monde le 17 janvier : «Avec la plainte pour génocide de l’Afrique du Sud contre Israël, le Sud conteste une mémoire dominée par la Shoah et lui oppose celle de la colonisation». Le Sud global serait ainsi moins sensible que le Nord aux massacres du 7 octobre commis par le Hamas et davantage au malheur des civils à Gaza, pour la bonne et simple raison qu’Israël ne pourrait plus s’abriter aussi pleinement derrière les horreurs de la Shoah. Cette mémoire serait celle de l’Occident nordiste. Au Sud, la mémoire douloureuse serait celle de la colonisation et non du grand génocide hitlérien.

 

Cette chanson peu universaliste qui devient lancinante, même donc en Occident, en dit long sur le conscient et l’inconscient nouveaux et principalement gauchisants. À un niveau superficiel, elle permet de justifier faussement la démarche sud-africaine contre Israël à La Haye. L’esprit simple et peu délié qui signe cet article pensait que l’État Sud-Africain agissait en sa qualité de mandataire du régime des mollahs iraniens avec lesquels l’unissent des rapports politiques et économiques aussi anciens qu’étroits. Il ignorait, qu’en fait, c’était au nom de tous les États jadis victimes de la colonisation que Pretoria agissait implicitement mais nécessairement.

Sur le fond de cette action plus psychodramatique que juridique, je renvoie mes lecteurs à ma précédente chronique dans laquelle je crois avoir montré qu’elle puise précisément sadiquement sa trouble jouissance dans l’injustice flagrante de sa démarche pour génocide contre le peuple génocidé à présent nazifié. À un niveau plus profond, le nouveau refrain «sudiste» induit nécessairement qu’Israël est un État colonial, non seulement dans les territoires contestés, mais du Jourdain jusqu’à la mer. Le Juif étant en fait un colon étranger sur cette terre palestinienne, forcément arabe et musulmane, improprement nommée Israël.

En creusant encore plus profondément, la nouvelle chanson à la mode signifie que la colonisation équivaut à la Shoah dans son horreur absolue. Elle ne comporte aucun aspect positif (médecine, techniques, découvertes énergétiques etc.) comme un texte récent de loi votée par l’Assemblée nationale française avait cru devoir le reconnaître. Non. Tous les colons d’Algérie étaient des SS et les SS des colons.

Creusons encore plus profondément dans le nouvel inconscient gauchisant et en réalité wokisant. Et c’est encore plus intéressant. Jusqu’à présent, dans l’impensé gauchisant dominant, le génocide hitlérien incarnait l’angle obligatoire de tout regard moral, de toute comparaison universelle entre passé et présent. Le fameux CRS/SS ayant illustré cette banalisation d’un désastre majeur allant jusqu’au dévoiement. Et je ne suis certainement pas le dernier à avoir dénoncé cette maladie mentale collective d’avoir assaisonné les événements les plus mineurs à la sauce Shoah ou à la collaboration. Les partis situés à droite de l’échiquier politique français en ont fait la triste expérience.

Mais voilà qu’un phénomène majeur vient à désacraliser la Shoah pour le meilleur mais sans doute bien davantage pour le pire : la colonisation incarnerait désormais le Mal absolu pour la majorité de la population mondiale. Au-delà de la perversion historique à laquelle nous assistons, et dont un éclaireur tel que Pierre-André Taguieff dans son Imposture décoloniale (L’Observatoire, 2020) nous avait prévenus, je souhaite creuser encore plus en profondeur ce que ce changement assez démoniaque de diable signifie. Il signifie en creux que si, via le colon, le démon reste blanc, la victime ne l’est plus. Car le Juif, blanc, ne peut plus l’être .

Je l’avais annoncé depuis quelques années : le Juif n’est plus regardé comme un errant, un déporté crucifié à figure christique, mais, martyr déchu ayant déçu via son État nation occidental. Il ne fait donc plus partie des peuples racisés, en dépit de ses états de sévices, mais bien à l’inverse des blancs privilégiés. Ce privilège étant de surcroît héréditaire de droit.

Voilà pourquoi nos féministes gauchisantes, intransigeantes pour un regard trop appuyé ou une conduite inappropriée, n’ont pas dit un mot sur les femmes blanches des kibboutz, assassinées, violées et éventrées par des non-blancs forcément victimes qui ne pouvaient donc être tout à fait haïssables et méchants. Voilà encore pourquoi nos présidentes d’université américaines de progrès répugnaient à répudier moralement un appel au génocide des Juifs blancs privilégiés.

Mais cette analyse démonologique dans les bas-fonds de l’inconscient islamo-wokiste ne saurait évidemment se limiter à la nouvelle et tragique question juive. Elle concerne avant tout la nouvelle question blanche. Et ce racisme anti-blanc que je n’ai jamais craint de nommer pour ma part, au risque d’être évidemment diabolisé pour crime de pensée postcolonialiste .

Voilà pourquoi Thomas ne saurait être Nahel. Et que ceux qui disent leur colère après la mort de Thomas seraient des petits blancs ultra-racistes, tandis que ceux qui cassent après la mort de Nahel seraient seulement des jeunes en colère. Le Sud global habite désormais également en France, raison pourquoi elle perd le nord.”

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