Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

21 d'agost de 2018
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21 d’agost del 1968: el Pacte de Varsòvia esclafa la Primavera de Praga

Avui fa cinquanta anys que els exèrcits del Pacte de Varsòvia comandats per l’URSS envaïen la República Txecoslovaca per liquidar l’experiència del comunisme de rostre humà que propugnava el líder Alexander Dubcek. Un aniversari que ha passat mediàticament desapercebut sense actes commemoratius ni reflexions polítiques destacades.

Excepcionalment, Le Figaro va entrevistar ahir l’historiadora Florence Grandsenne, redactora en cap de la revista «Histoire et Liberté», publicada per l’Institut d’Histoire Sociale, que assenyala com “En 1968, la majorité de l’extrême gauche française était hostile au Printemps de Prague” ja que acabava de protagonitzar la revolta de Maig i estava enlluernada per la Revolució cultural xinesa i no gosava criticar el totalitarisme soviètic ja que el futur de tota Europa era el socialisme:

Deux semaines après l’intervention des troupes du Pacte de Varsovie à Prague le 21 août 1968, François Mauriac, dans son Bloc-notes hebdomadaire au Figaro Littéraire, s’excusa auprès de ses lecteurs: il avait oublié d’en parler! Anecdote significative. L’entrée des chars à Prague a beaucoup moins bouleversé l’opinion française que celle des mêmes chars à Budapest en octobre 1956.

Pour des raisons conjoncturelles: l’événement survint au mois d’août, pendant les vacances. Il y eut donc fort peu de réactions collectives, manifestations ou pétitions. Pour des raisons idéologiques aussi: les Français étaient beaucoup plus concernés par le mouvement de Mai 68, qui venait de se dérouler, que par les réformes tentées en Tchécoslovaquie pendant le Printemps de Prague.

L’ancienne génération, qui avait connu la répression hongroise de 1956, n’était pas vraiment surprise par cette intervention militaire: la même scène se rejouait, certes en moins dramatique puisque les Tchécoslovaques, poussés par leur nouvelle direction, avaient fait le choix de ne pas résister à l’intervention militaire.

Mais pour la jeune génération, c’était sa première confrontation à la violence communiste. Les plus désorientés furent les jeunes communistes eux-mêmes. Si la crise de 1956 avait provoqué une saignée au PCF, celui-ci restait une force politique influente. Plutôt favorables aux réformes adoptées à Prague, les communistes français furent pour le moins troublés par l’intervention militaire qui donnait une image déplorable de l’URSS.

«Que venez-vous faire Camarade ; Que venez-vous faire ici ; Ce fut à cinq heures dans Prague ; Que le mois d’août s’obscurcit», chantera bientôt Jean Ferrat.

La direction du PCF n’était pas hostile au Printemps de Prague: après tout, les réformes ne remettaient en cause ni l’idéologie ni le régime communiste! Aussi, le 21 août, Waldeck Rochet, secrétaire général du PCF, fut-il très choqué par l’intervention de l’Armée rouge, d’autant que la direction soviétique lui avait promis qu’elle n’aurait pas lieu! Il exprima alors sa «réprobation»: c’était la première fois dans l’histoire du parti que la direction du PCF critiquait la politique de l’URSS. Très vite, cependant, le PCF fit marche arrière. La «désapprobation» remplaça la «réprobation», puis la direction entérina la «normalisation». La plupart des militants communistes suivirent leur direction: août 68 ne provoqua qu’une petite vague de départs.

Plus que la ligne communiste traditionnelle, c’était celles des organisations d’extrême gauche propulsées sur le devant de la scène par Mai 68 qui attiraient une partie de jeune génération. Trotskistes, maoïstes, castristes voyaient ravivé l’espoir d’une possible révolution en France et avaient en commun de prôner un marxisme dogmatique et intolérant.

C’est au nom de cette fidélité au marxisme que la majorité d’entre eux critiquaient les réformes du Printemps de Prague. À leurs yeux, les nouvelles libertés instaurées en Tchécoslovaquie apparentaient le régime à une «démocratie bourgeoise» (sic) ; il fallait au contraire établir une «censure révolutionnaire» (sic). Telle était par exemple la position de l’équipe de la revue Les Temps Modernes, alors dirigée par André Gorz. Pour cette partie de l’extrême gauche marxiste, dans une société capitaliste, la parole est à la classe dominante et lui sert à imposer sa domination. La liberté d’expression ne fait donc que lui donner encore plus d’armes. Par conséquent, tant que le communisme n’a pas définitivement triomphé, il faut une «censure révolutionnaire».

Sartre lui-même, fondateur de la revue Les Temps Modernes, partageait cette opposition à la liberté d’expression. Il jugeait en revanche qu’à Prague on ne pouvait la condamner car la lutte des Tchécoslovaques pour l’obtenir avait joué un rôle révolutionnaire dans le mouvement en poussant celui-ci en avant. Sartre était beaucoup plus favorable au Printemps de Prague que sa revue.

Quant aux réformes économiques, elles tendaient au rétablissement du capitalisme et, pire encore, à l’instauration d’une société de consommation. Les gauchistes français et leurs sympathisants mirent donc peu d’ardeur à manifester contre l’intervention militaire du Pacte de Varsovie et parfois même l’approuvèrent, comme l’avait fait Fidel Castro lui-même. Les maoïstes français, pour part, renvoyaient dos à dos le Printemps de Prague et l’URSS, en les jugeant «deux révisionnismes» qui ne valaient pas plus l’un que l’autre.

Si ce courant semblait constituer l’idéologie dominante, c’était avant tout parce qu’il était le plus bruyant.

En réalité, à l’autre extrémité de l’éventail politique un courant tout aussi influent, y compris dans la jeunesse, refusait totalement le communisme. Le projet de «démocratie socialiste» à Prague ne les attirait guère: ces deux termes étaient pour eux antinomiques. Ils furent indignés par l’intervention soviétique, mais pas surpris. Août 1968 ne faisait que confirmer le caractère néfaste du communisme.

Quant aux jeunes Français de «la gauche non communiste» qui constituaient en 1968 un pôle politique important, comment réagirent-ils? Nourris du marxisme de l’air du temps, convaincus de la nécessité de remplacer le capitalisme par un régime nouveau mais qui ne ressemblerait pas au système soviétique, ils se montraient favorables à cette fameuse «démocratie socialiste» prônée à Prague et furent les plus ardents à défendre ce projet. Ils dénoncèrent eux aussi l’intervention militaire soviétique. Mais pas question de hurler avec les loups en apparaissant comme anticommunistes. La critique de l’URSS devait rester modérée. D’ailleurs, pour eux, on ne pouvait condamner le communisme à partir de ces événements car ce n’était pas lui qui régnait à l’Est mais le stalinisme, une déviation, une trahison. «Lénine, réveille-toi, ils sont devenus fous» disait une affiche placardée sur les murs de Paris: il leur semblait encore possible d’instaurer une société juste et égalitaire, comme celle qu’avait prétendu bâtir Lénine.

Ainsi, l’intérêt porté par les jeunes Français aux mutations tchécoslovaques, jugées sympathiques ou au contraire dangereusement tournées vers le modèle capitaliste, fut inégal. En revanche, l’indignation face à l’intervention des armées du Pacte de Varsovie fut quasiment unanime. Néanmoins, le modèle communiste ne perdit pas pour autant son aura. Il faudra attendre encore quelques années, et Soljenitsyne, pour qu’il soit fondamentalement remis en question.”

Post Scriptum, 27 d’agost del 2018.

Jiri Valenta és l’autor d’aqueix punyent i emotiu report publicat avui pel Begin Sadat Center, Perspectives paper, número 932: “The Lesson of the 1968 Soviet Invasion of Szechoslovakia”.

Post Scriptum, 18 de juliol del 2023.

Avui, Le Figaro publica una reflexió de Salomon Malka sobre l’obra de Milan Kundera, traspassat l’11 d’aqueix mes, i en destaca aquest aspecte punyent: «Kundera avait appris à reconnaître les staliniens à leur absence de rire».

Connaissez-vous le théorème de Kundera? Il consiste à dire que c’est dans la première partie de la vie que vous accumulez le stock des grandes expériences vécues, et sociales, et érotiques et sexuelles. «C’est pourquoi, en tant qu’écrivain, vous êtes toujours enraciné dans la première partie de votre vie». En l’occurrence, ce théorème s’applique parfaitement au plus secret et au plus retiré de nos écrivains, qui s’en est allé il y a quelques jours à l’âge de 94 ans.

Ce stock accumulé au cours de la première partie de la vie de Milan Kundera, c’est la naissance à Brno, en 1929, la vocation musicale découverte très tôt, l’engagement communiste comme poète critique à l’égard du régime, puis la mise à l’index et le début des tourments au lendemain de l’écrasement du printemps de Prague, l’exil en France où il choisira de s’installer avant de devenir un des écrivains majeurs de son époque. Le meilleur hommage qu’on doit rendre à un écrivain disparu, c’est d’ouvrir ses livres.

Nombreux sont ceux et celles qui ont découvert Milan Kundera au lendemain de mai 68, à la publication de son premier roman – La Plaisanterie -, à l’adaptation cinématographique de L’Insoutenable légèreté de l’être, à tant d’autres choses qu’on lui doit et qui ont marqué toute une génération. La dénonciation du tout culturel, du «kitch», du rapprochement de Shakespeare et d’une paire de bottes, des développements sur l’identité européenne en souffrance, sur les dangers qui menacent les petites nations, sur l’art du roman et le continent qui l’abrite.

Son style simple, épuré, trancha très vite avec le jargon imposé par l’époque, et cette simplicité devait lui valoir l’adhésion d’un large public. Qu’un auteur d’une telle trempe, se réclamant de Descartes et de Cervantès, doté d’une écriture aussi limpide, ait réussi à conquérir le cœur de lecteurs et de lectrices de tout âge et de tout horizon, voilà un phénomène qui ne laisse pas d’étonner.

J’ai relu L’Art du roman, en commençant par ces conférences où Husserl évoquait pour la première fois la crise de l’Europe, en terminant par le discours prononcé à Jérusalem, consacré au roman et à l’Europe, où il eut ces mots: «Les grands romans sont toujours plus intelligents que leur auteur», faisant référence au désir manifesté par Flaubert, qui aurait pu être le sien, de «disparaître derrière son œuvre». Il a toujours pris soin de tracer une frontière infranchissable entre sa vie privée et son œuvre.

Dans L’Art du roman, il dit: «Le trait distinctif du vrai romancier: il n’aime pas parler de lui-même». Et dans le même livre, dit autrement: «Le romancier est quelqu’un qui a honte de parler de lui-même». Pied de nez à tous les théoriciens de l’autofiction, qui fleurissaient déjà et continuent de fleurir.

Quand il est entré dans la Pléiade, en 2011, il a eu à cœur de retirer toute allusion à sa biographie, partant du principe que la seule biographie autorisée par l’auteur devait être celle de son œuvre. Aussi bien, pas de lettres, pas de correspondance, pas de journal intime, pas de photographie. Rien qui s’interpose entre le lecteur et le roman. Les raisons de ce retrait?

Certaines tiennent à son caractère, à son tempérament d’homme discret, qui n’a jamais beaucoup recherché la compagnie (autre que celle de son épouse Véra). D’autres tiennent à des règles qu’il s’est imposées. La volonté de contrôler étroitement tout ce qui se publie en son nom, écrits de jeunesse ou écrits de maturité, écrits originaux ou textes de traduction. Le désir peut-être de se détacher de tout, des pouvoirs publics, de la presse, de la critique littéraire, et des lecteurs eux-mêmes, ce qui lui donnait le sentiment d’une totale liberté.

Il faut lire Parlons travail, série de deux conversations de Philip Roth avec Milan Kundera, essentiellement axées sur Livre du rire et de l’oubli. L’humour tient une place importante dans son œuvre. Il a appris à reconnaître les staliniens à leur absence de rire, et il reste terrifié par l’idée d’un monde qui aurait perdu son humour.

Kundera évoque aussi dans ces entretiens l’invasion russe de 1968. «Tout Tchèque a dû faire face à l’idée que sa nation pouvait être effacée de l’Europe sans faire plus de vagues que les quarante millions d’Ukrainiens qui ont disparu au cours des cinq dernières décennies dans l’indifférence générale». Il dit encore: «Après guerre, l’annexion d’une grande part de l’Europe centrale par la civilisation russe a privé la culture occidentale de son centre de gravité vital. C’est l’événement de l’histoire de l’Occident pour ce siècle, et il n’est pas exclu que la mort de l’Europe centrale marque le commencement de la fin pour l’Europe en général». Sept ans après l’invasion russe de Prague, Milan et Véra jetteront quelques vêtements et quelques livres à l’arrière de leur voiture, direction Paris où Milan est devenu un des écrivains les plus lus.

Son dernier livre, écrit en 2014 à l’âge de 85 ans, s’appelait La Fête de l’insignifiance. Fait d’une série de saynètes qui s’entrecroisent, c’est un livre qui ressemble à tous ses romans et qui les résume d’une certaine manière. Il est question d’une «flanade» dans le jardin du Luxembourg. De l’observation de jeunes filles au nombril dénudé, entre le pantalon ceinturé très bas et le tee-shirt coupé très court. Et puis, au milieu d’un cocktail, la découverte de l’insignifiance des choses qu’il faut apprendre à aimer. Conduit comme une «fugue», le roman s’achève sur un thème qui revient souvent dans l’œuvre, celui d’une liberté «vespérale», conquise au terme échu du parcours.

Depuis le premier roman jusqu’au tout dernier, il apparaît que le roman n’est pas une confession. Ce n’est pas une réflexion à la première personne. Ce n’est pas un essai philosophique. Ce sont des personnages qui se construisent au fil de conversations sur l’existence humaine. Car c’est bien là la véritable vocation et l’unique raison d’être de l’art romanesque. Il n’y en a pas d’autre, à ses yeux.

La force des romans de Kundera? Le goût du paradoxe, la polyphonie des voix, la faculté de distance, l’envie de rire, l’éloge des contraires, le rejet du stalinisme, et par-dessus tout, l’Europe pensée comme le continent où le roman est possible. «La France est devenue la patrie de mes livres, dira le romancier au moment de recevoir la nationalité française en 1981, j’ai suivi le chemin de mes livres».

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