Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

13 de juliol de 2018
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Europa ……occidental ?

La concepció política d’Europa occidental congriada durant la guerra freda i sostinguda fins a la caiguda del mur de Berlín contraposada a l’Europa oriental ocupada o dependent de l’URSS ja fa anys que s’ha esvaït absorbida per l’expansió de la Unió Europea i la generalització del capitalisme com a sistema econòmic i la democràcia parlamentària com a sistema de govern. Però la crisi actual de la UE permet emergir antigues realitats geoculturals (com Mitteleuropa) i noves agrupacions d’estats amb identitats nacionals diferents però afins ideològicament (com el grup de Visegrad) amb prou potencialitat com per redreçar el vaixell sense rumb que és avui l’Europa comunitària.

Simultàniament, però, afloren també fenòmens politico-culturals (com Euràbia) i estratègics per la connexió preferent d’alguns estats europeus amb estats àrabs (com és el cas de França respecte de Qatar) que contradiuen l’essència mateixa d’allò que han estat fins fa pocs anys els elements cohesionadors d’Occident. D’una banda hi ha estats (com és el cas d’Itàlia) que atorguen importància preferent a l’entesa estratègica amb Rússia prescindint de la realitat geoestratègica segons al qual aqueix estat està més decantat al seu vessant asiàtic. D’altra banda, el capteniment dels estats europeus en el pacte de Viena amb l’Iran és més proper als interessos de Xina i Rússia que no pas als compartits amb els EUA (la crisi de l’OTAN respon a aqueixa qüestió irresolta).

Més encara, és perceptible entre les elits euro-cosmopolites la tendència a la desvinculació per motius econòmics i polítics respecte del concepte de civilització propi de les societats obertes occidentals per encaixar en altres models societaris emergents com són el tardo-comunisme xinès o l’islamisme globalitzat. Aqueixa conducta es contradiu amb el sobiranisme identitari de les poblacions de molts estats europeus (sobretot els de l’àrea germanòfona i eslava) i és a l’arrel de la crisi estructural del projecte d’unitat europea.

Post Scriptum, 22 de novembre del 2019.

El politòleg francès Max-Erwann Gastineau publica avui a Le Figaro un article punyent: “La Chute du Mur a préfacé la désoccidentalisation du monde”, un fenomen perceptible a molts estats europeus proclius a normalitzar els models de règim autoritari que promouen Rússia i Xina davant els ulls clucs dels dirigents de la Unió Europea incapaços de revaloritzar els seus principis fundacionals:

Sur les ruines d’un monde enseveli, marqué par la chute du Mur de Berlin, les années 1990 levèrent les termes d’une nouvelle espérance ; celle qui, armée de l’étendard de la Liberté, saurait repeindre le monde aux couleurs des droits de l’homme et, sous les auspices du doux commerce, favoriser l’avènement d’une «société universelle» (David Ricardo), la naissance d’une humanité transfigurée par les enjeux planétaires des grands défis du nouveau millénaire.

Plus qu’une question de moyens, le temps allait produire son implacable dynamique ; moyennant une phase de transition, abattre les derniers murs de l’autoritarisme. En Amérique latine, en Europe de l’Est, en Afrique du Sud, dans les Balkans… Jusqu’au Moyen-Orient, revigoré par les «printemps arabes», cette grille de lecture téléologique tint lieu de boussole à un Occident contemplant et appuyant l’expansion de son modèle jusqu’aux confins du globe.

La donne a aujourd’hui changé. Trente ans après la Chute du Mur, un doute parcourt les immodestes vainqueurs de la Guerre froide que nous fûmes. La montée des régimes «illibéraux» en préfigure la sentence. Et si le monde n’aspirait finalement pas à nous ressembler, à ne vivre que pour se conformer aux canons de la démocratie libérale?

Plus que la fin d’un monde, la Chute du Mur a auguré le réveil du monde, de l’autre monde, du monde non-occidental, d’un monde soucieux de trouver ses propres réponses, les termes d’un développement approprié à ses aspirations. Et ce d’autant plus que, loin de créer les conditions d’une salutaire complémentarité entre les nations, la globalisation des règles commerciales – symbolisée par l’entrée de la Chine dans l’OMC en 2001 – posa les jalons d’une compétition économique exacerbée, signant le retour du «mercantilisme» oscille entre ouverture et protectionnisme auréolé d’une constante: servir la puissance nationale.

Dans ce contexte nouveau, l’Occident paye pour l’apprendre: la mondialisation ne sera pas «heureuse» mais conflictuelle, non pas transnationale mais internationale, non pas «libérale» mais «réaliste», ravivant les notions honnies de «puissance», de «rapport de force» et d’ «intérêt national».

Loin de signer le triomphe de l’Occident, la Chute du Mur a préfacé la désoccidentalisation du monde, l’émancipation du Sud vis-à-vis du Nord, l’élévation de pays émergents au rang de nouveaux modèles. Ainsi les élites africaines ne se forment plus à Paris, mais à Pékin et à Moscou. La Chine développe une banque de financement multilatéral pour contrer l’hégémonie du Fonds monétaire international (FMI) et «bâtir une nouvelle politique internationale multipolaire». Ses dirigeants, Xi Jinping en tête, puisent leur réflexion dans les enseignements de Confucius. En Asie du Sud-Est, Singapour bâtit avec succès un régime démocratique mais où les notions d’ordre, d’harmonie et d’intérêt collectif – inspirées du confucianisme – doivent l’emporter sur l’affirmation des contre-pouvoirs et des «valeurs libérales», jugées incompatibles avec l’identité nationale. Confucius, mais aussi l’orthodoxie, défendue comme pilier de l’âme russe et d’une nation désireuse d’être de nouveau considérée pour ce qu’elle est. Ou encore le bouddhisme, comme au Bhoutan où, depuis une réforme constitutionnelle de 2008, on oppose au «Produit national brut» (PNB), qui mesure la richesse matérielle des nations, un nouvel indicateur: le «bonheur national brut» (BNB), en vue d’évaluer le bien-être social et moral de la population dans le cadre d’une économie «basée sur les valeurs spirituelles du bouddhisme». Jusqu’aux marges de l’Occident, l’émancipation du monde non-occidental décomplexe des pays autrefois convaincus que transition rimait exclusivement avec imitation (de l’Ouest). «Un thème fréquent aujourd’hui dans la réflexion [politique], note le Premier ministre hongrois Viktor Orban, dans un discours de juillet 2014, est de comprendre les systèmes qui ne sont pas occidentaux, pas libéraux, pas des démocraties libérales, peut-être même pas des démocraties, et qui apportent quand même le succès à leurs nations (…): Singapour, la Chine, l’Inde, la Russie, la Turquie».

Le régime illibéral hongrois, plus que la preuve d’une impénitente immaturité des peuples de l’Est pour la démocratie, peut être lue comme la tentative de traduire en Europe cette quête d’une voie «spécifique et nationale». Il nous invite à mesurer ce que la globalisation a réveillé: le fond culturel inhérent à chaque société ; ce qui donne sens et substance aux communautés humaines. On peut le déplorer, n’y voir que «dérives». On peut aussi comprendre avec Raymond Aron, dans Paix et guerre entre les nations, que «l’idéal d’une humanité consciente de sa solidarité ne contredit pas le fait d’une humanité divisée en nations conscientes de leurs particularités et de la valeur de ces particularités» ; que les hommes ne s’accomplissent pas de façon solitaire, mais dans «la réalisation de valeurs nationales», «chaque nation [donnant] un contenu propre à l’idéal».

La force des conservateurs de l’Est, architectes de l’illibéralisme européen, est qu’ils fondent leur politique sur l’exaltation d’un idéal national conscient de la valeur de ses particularités. Ils proposent à leur pays un grand récit, englobant le peuple, les élites, le passé et le devenir de la Collectivité. Leurs opposants libéraux ont longtemps tenu le discours de l’adaptation aux régimes de l’Ouest. Usé, ce dernier offre en plus un immense désavantage: induire l’idée que les peuples d’Europe centrale ne disposeraient pas dans leur propre patrimoine de sources d’inspiration dignes de ce nom pour penser leur devenir collectif. La large victoire électorale des conservateurs polonais du parti Droit et Justice (PiS) en 2015 l’illustre. Elle fut qualifiée par le politologue Aleksander Smolar de «révolte de la dignité» («Rewolucja godnosci»), tant elle exhorta le peuple polonais à revendiquer sa fierté et ses traditions nationales (chrétiennes), considérées dans les années 1990 comme autant d’entraves à la modernisation du pays.

Proclamant dans le sillage des Lumières l’unité du genre humain, les fondateurs de l’anthropologie «évolutionniste», tels Lewis Morgan, voyaient les différences entre peuples comme l’expression d’un divers degré d’avancement dans le processus linéaire d’évolution des sociétés, qui mène de l’état primitif au stade suprême ; celui de la civilisation. Si l’Occident, et notamment la France, s’est pensé en termes messianiques, arguant du devoir des hommes éclairés d’apporter la lumière de la civilisation aux peuples sevrés d’obscurantisme, il n’en est pas resté… à ce stade. L’anthropologie d’un Claude Lévi-Strauss a répondu à l’évolutionnisme d’un Morgan, en nous conjurant de prendre acte du fait que l’Occident n’était pas le messager de la Civilisation, mais le porteur d’une civilisation ; singulière, territorialisée, déterminée par un contexte historique et culturel particulier. Une civilisation que nous pouvons juger plus estimable, plus protectrice des droits humains qu’aucune autre, mais qui doit désormais réapprendre à se penser comme partie d’un tout composite.

Post Scriptum, 25 de novembre del 2020.

Excepcionalment entre el seu ram, l’antropòloga francesa Florence Bergeaud-Blackler denúncia que els processos de selecció en l’àmbit de la recerca europea fan el llit a l’islamisme en un article aparegut el proppassat 18 a Le Point: “L’Europe de la recherche et le financement des Frères musulmans”.

Post Scriptum, 19 d’abril del 2021.

Gilles William Goldnadel publicà ahir a Le Figaro aqueixa punyent reflexió, «Pourquoi les Européens se laissent humilier»:

Depuis des années, au fil d’articles et d’essais, je martèle l’idée que la société occidentale est psychologiquement malade, au sens clinique du terme. Je soutiens qu’elle souffre d’une maladie mentale honteuse que des prétendus intellectuels ou que des militants déterminés lui ont inoculée.

En substance, l’homme blanc occidental devrait avoir honte non seulement de ce qu’il a fait, mais de ce qu’il est. Il s’agit à présent d’une véritable folie, permanente et obsessionnelle. Le combat culturel et intellectuel que je mène dans le cadre de cette description de l’inconscient collectif européen malade vise désespérément à contribuer à l’apaiser, ne serait-ce que par la prise de conscience du diagnostic que je pose.

Ces derniers mois, sur FigaroVox, j’ai observé dans l’actualité les symptômes d’une névrose qui affecte la peau et le sexe. Telle semaine, c’est la folle cérémonie des César où l’on célèbre Adama Traoré. Telle autre, les imprécations de Mme Pulvar qui veut faire taire les blancs. Ou encore, c’est le New York Times qui décide d’écrire blanc avec une minuscule pour le rapetisser et Noir avec une majuscule pour le rehausser. C’est enfin l’occultation médiatique quand les victimes sont invisibles d’être blanches.

Dans le cadre du présent article, je désignerai le divan d’un sultan ottoman et les imprécations d’un ministre algérien pour montrer que génuflexion mentale ne sont pas gymnastiques psychologiques souveraines pour obtenir le respect de l’Autre.

Commençons par Erdogan. L’idée même d’un voyage à Ankara, dans ce moment, tenait de Canossa. Jamais celui-ci ne s’était montré aussi agressif sur tous les terrains de sa politique étrangère. En Syrie, en Libye ou encore en Arménie. Plus grave encore, concernant les Européens, il incarne désormais une menace permanente en Mer Egée pour nos amis grecs. Et bien ce fut le moment qu’auront choisi deux dignitaires européens pour rendre une visite de courtoisie à un souverain souverainement discourtois. Dès lors, cette farcerie orientale autour de deux fauteuils et un divan n’aura été que le prétexte quasi psychanalytique pour montrer l’insigne faiblesse psychologique de nos représentants européens. M. Erdogan, n’attendait que cela pour faire goûter à son peuple sa puissance et le plaisir d’humilier des Occidentaux qui ne s’aiment pas eux-mêmes.

douanières pour les citoyens turcs de pénétrer sur un territoire européen tellement hospitalier qu’il ne possède pas de frontières extérieures dignes de ce nom. Lorsque l’on sait que le projet enfoui de M. Erdogan est de convaincre les immigrés turcs en Europe de faire de leurs mosquées des casernes et de leurs minarets des baïonnettes, selon sa propre formule, on mesure l’inconscience d’une diplomatie européenne qui n’existe que par son inconsistance consubstantielle.

Quoi qu’il en soit, si cette pente s’accentuait, si l’immigration turque -qui par arithmétique comprend forcément de nombreux soutiens d’Erdogan augmentait, la politique étrangère française rencontrera fatalement les mêmes problèmes de dépendance que connaît l’État allemand.

Après que l’humiliation d’Ankara rappelle ce coup d’éventail donné jadis au consul de France par le dey d’Alger, passons à ce pays. «La France est un ennemi traditionnel et éternel». Ainsi parlait le ministre du travail algérien, Hachemi Djaâboub le 8 avril, tandis que la visite du premier ministre français à Alger était reportée. Je soutiens ici qu’il existe un lien psychologique insécable entre cette déclaration hostile et la manière française de regarder son passé algérien.

Le Président de la République a cru devoir commander un rapport à l’historien engagé Benjamin Stora sur la guerre d’Algérie. À l’issue de ce rapport dans lequel le FLN n’était nullement qualifié de terroriste, l’Élysée publiait un communiqué dans lequel il reconnaissait la torture et l’assassinat d’Ali Boumedjene. Il existe dans cette reconnaissance de culpabilité, un angle obtus que les responsables français refusent d’envisager. Nul aujourd’hui en France ne s’oppose à la reconnaissance de crimes, mais dans le cadre du principe de la réciprocité. Il se trouve, qu’ainsi, en France, beaucoup de familles attendent la vérité sur les 453 Français disparus pendant les massacres de juillet 1962, commis alors même que l’Algérie avait obtenu son indépendance. Visiblement, manque cruellement à la démarche présidentielle le principe élémentaire de la réciprocité.

Ce principe est un principe humain essentiel et universel. Confirmé par la sociologie et la psychologie. Il est la base des rapports humains. Fondée sur le don mutuel. Au nom de quel principe ontologique, la vie d’un membre du FLN serait plus précieuse que celle d’un pied-noir d’Algérie ou d’un musulman harki?

Si ce raisonnement avait pour prétexte un espoir d’amélioration des rapports entre Français et Algériens, l’effet inverse pouvait être aisément prévu, comme dans toute matière mémorielle fantasmée. L’État algérien est encouragé à en demander chaque fois davantage.

Il existe dans le creux de ce refus de l’élémentaire réciprocité, la cause de la folie du temps: la dilection pour l’altérité. Et cette préférence pour l’autre, je persiste à penser qu’elle est à rechercher dans cette honte inconsciente de partager avec l’Antéchrist des temps modernes, j’ai nommé Hitler, la même couleur de peau.

Voilà pourquoi, un enfant du siècle prénommé Emmanuel a cru devoir considérer que la France avait commis des «crimes contre l’humanité» en Algérie. Le même, devenu président, refusa qu’un «mâle blanc» (sic) commande à un autre «mâle blanc» un rapport sur la question des banlieues. Du «mâle blanc» au mal blanc dans l’inconscient, il n’y a qu’un pas.

La reconnaissance de la responsabilité française dans les exactions commises par la France en Algérie , sans aucun esprit de réciprocité, porte la marque d’une repentance honteuse qui n’a pas la clairvoyance de se regarder. Ce masochisme intellectuel et politique est une dangereuse folie.

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