Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

24 de juliol de 2017
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Anotacions a l’article de Mathieu Bock-Coté: “Vive le Québec libre !”

Avui, Vilaweb recorda el gest efímer i a la llarga irrellevant políticament, del general De Gaulle cridant “Vive le Quebec libre” des del balcó de l’ajuntament de Montreal. De la polèmica que aquell crit va desfermar fa cinquanta anys ben poca cosa en queda a la França d’avui, en declivi, sense cap espai rellevant als mitjans remembrant aquell episodi. Més aviat la desconnexió respecte del Quebec és patent i al si mateix de la província francòfona del Canadà el sobiranisme està estancat tot i conservar un quaranta per cent de susport social.

Avui, una de les poques veus quebequeses a la premsa francesa és la del sociòleg Mathieu Bock-Coté (esmentat sovint en aqueix bloc pels seus treballs sobre el multiculturalisme i l’islamisme) que publica a Le Figaro l’article titulat “Vive le Québec libre !“. Abans d’ahir, en va publicar un altre de contingut similar, especialment dedicat als quebequesos, publicat al Jounal de Montréal amb el títol: “Vive le Québec Libre: la plus grande promese non tenue de notre histoire”:

Vive le Québec libre! On parlera beaucoup de cette déclaration historique dans les prochains jours. C’est qu’on la commémore. Le 24 juillet 1967, le général de Gaulle invitait les Québécois à embrasser leur destin. Il les poussait sur le chemin de l’indépendance nationale, lui qui incarnait mieux que quiconque cet idéal. Comme tant et tant d’autres peuples, disait-il, les Québécois rejoindraient la famille des nations libres en accédant au statut d’État souverain. Un peuple qui a un sens ne serait-ce que minimal de l’honneur national se gouverne lui-même et doit prendre en main ses destinées. On peine à croire que cette évidence échappe à certains.

C’était une belle époque: celle de l’élan québécois. La vieille aspiration à la pleine existence nationale, refoulée depuis les rébellions avortées de 1837-1838, remontait à la surface. Pendant plusieurs décennies, des esprits héroïques avaient gardé la flamme, mais sans trop savoir quand elle illuminerait enfin notre vie nationale. Avec la Révolution tranquille, le peuple québécois s’arrachait à la survivance. Il voulait vivre. Il avait longtemps résisté à toutes les tentatives d’assimilation: il voulait maintenant s’épanouir. La marche de l’histoire semblait irrésistible : tôt ou tard, le peuple québécois aurait son pays. Une vieille nation d’origine française accéderait à la maturité politique : elle se délivrerait d’un État la gardant sous tutelle. Elle pourrait vivre dans sa langue et sa culture, sans plus demander à qui que ce soit la permission d’exister. La question nationale a structuré la vie politique pour plusieurs décennies. L’idéal de souveraineté semblait poussée par le vent de l’histoire.

Un temps, on a fait semblant de se demander, surtout dans le camp fédéraliste, ce que le général de Gaulle voulait vraiment dire avec son Vive le Québec libre. L’objectif des fédéralistes? Nous convaincre que de Gaulle n’appuyait pas vraiment l’indépendance du Québec et qu’il s’était laissé porter par l’enthousiasme de la foule. C’était une manière de dégonfler l’événement. Ensuite, on a mis la déclaration sur la supposée sénilité du général. Il fallait être un vieux fou pour souhaiter que le Québec devienne un pays. S’il y a eu la moindre ambiguïté sur la signification du Québec libre (et il n’y en avait pas), de Gaulle l’a dissipé quelques mois plus tard en conférence de presse en rappelant qu’il souhaitait voir le Québec devenir un État souverain. Ses confessions à Alain Peyrefitte ont aussi montré la profondeur de ses convictions en la matière.

Dans La dette de Louis XV, un livre remarquable qu’il vient de consacrer à la question, Christophe Tardieu a bien montré de quelle manière le Vive le Québec libre s’inscrivait dans la philosophie politique et historique du général. De Gaulle croyait aux nations et souhaitait un ordre international fondé sur leur reconnaissance. Autrement dit, il croyait à la diversité du monde et invitait les Québécois à s’y inscrire en leur propre nom. Avec son Vive le Québec libre, de Gaulle révélait aux Québécois que leur lutte transcendait le seul cadre de la fédération canadienne. Il leur rappelait, et ils en avaient besoin, que leur combat avait une signification universelle. D’ailleurs, c’est en apprenant que le Québec voulait devenir un pays que le monde s’est mis à s’intéresser au Québec.

Insistons: de Gaulle était un visionnaire. En pleine guerre froide, alors qu’on décrétait (déjà) la souveraineté nationale désuète, puisqu’était venu le temps des superpuissances et des grands blocs idéologiques, il rappelait l’importance de ces réalités historiques que sont les patries, qui sont appelées à durer. On disait fini le temps des patries : de Gaulle rappelait qu’elles demeuraient indispensables à la liberté de l’homme. On connait sa réflexion aussi prophétique que moqueuse sur la Russie et le communisme : la première survivrait au second, qui finirait par s’effondrer. On observera qu’aujourd’hui encore, mais sous de nouveaux prétextes, on invite les peuples à s’effacer : la boussole gaulliste nous invite à ne pas les renier. Le nationalisme du général de Gaulle était un humanisme nous rappelant la vertu fondamentale de l’enracinement. Aucune politique n’est possible hors de l’histoire.

De Gaulle voyait la continuité entre l’histoire de la Nouvelle-France et celle du Québec moderne : à travers de nombreuses époques et d’inévitables mutations, un peuple poursuivait poursuivait son aventure. L’indépendance du Québec lui semblait l’aboutissement le plus naturel qui soit à cette histoire. En disant Vive le Québec libre, il explicitait le sens profond de notre histoire en plus de révéler au monde la promesse qu’elle portait. On serait tenté, aujourd’hui, de dire que l’indépendance est la grande promesse non tenue de notre histoire. Sans elle, ou du moins, sans sa poursuite, nous sommes désorientés. Sans l’indépendance, les grands événements de notre histoire s’assèchent symboliquement : sommes-nous vraiment voués à n’être qu’une province d’une fédération qui refuse de reconnaître notre existence? Il y a quelque chose de triste, d’ailleurs, à commémorer les cinquante ans de cet appel et il y a quelque chose d’intolérable à penser sans cesse au grand écart entre ce que le Québec aurait pu être et ce qu’il est devenu.

Il faut poursuivre la lutte pour la souveraineté, même si elle exigera manifestement bien des détours exigeant des nationalistes beaucoup d’imagination stratégique. D’ailleurs, si l’appel au Québec libre demeure d’une brulante actualité, le contexte de la relation Canada-Québec s’est profondément transformé. Nous avions contre nous hier le Canada anglais, avec son mépris colonial à l’ancienne envers sa colonie intérieure. Nous sommes désormais confrontés à un pays qui se prend pour le phare de l’humanité et qui a convaincu une bonne partie de la planète de croire à son délire : il ne sera pas facile d’en sortir. Bien des Québécois se sont même laissés convaincre qu’il serait insensé de quitter le «plus meilleur pays au monde», selon la formule devenue célèbre. La propagande fédérale hypnotise plusieurs de nos compatriotes victimes d’une forme de canadianisation mentale.

Pourtant, le Canada demeure un pays étranger aux Québécois, dans lequel ils se décomposent de plus en plus comme nation. Le poids du Québec dans la fédération diminue inévitablement, et celui des francophones au Québec régresse aussi. Ce qui nous attend dans le Canada, c’est une forme de désubstantialisation de notre personnalité nationale. Peu à peu, nous serons digérés par l’idéologie canadienne. Le multiculturalisme fédéral traite le Québec comme une minorité ethnique parmi d’autres. La doctrine officielle du pays est connue : nous sommes tous des immigrants. Si les Québécois prétendent être une nation fondatrice, on les accuse de suprémacisme ethnique et identitaire. Le Canada est aussi un pays fondé sur une hégémonie anglophone qui condamne le français à la folklorisation. Hier au nom de la supériorité de l’esprit britannique, aujourd’hui au nom de la supériorité morale du Canada diversitaire, on continue de vouloir garder les Québécois sous tutelle.

On aurait envie de secouer les Québécois pour les sortir de leur torpeur politique, en leur demandant clairement s’ils sont conscients du sort qui les attend dans un Québec canadien. Vont-ils vraiment consentir à leur disparition tranquille, même s’ils prennent bien soin de maquiller cette démission collective dans un mélange de faux pragmatisme et de festivisme? Pourtant, à chaque génération, certains entendent l’appel du pays et on peut croire que la commémoration du Québec libre éveillera de jeunes consciences, qui se demanderont alors avec douleur et ferveur pourquoi leur pays n’en est pas un. D’une certaine manière, la flamme du Québec libre ne meurt pas. Elle brulera tant qu’il y aura un peuple québécois. Cette lutte pour le Québec libre, aujourd’hui, se confond avec celle pour notre existence même.

Post Scriptum, 2 d’octubre del 2018.

Abans de les eleccions d’ahir, Seda Hakobyan i Alexandre Solano publicaven aqueix report premonitori: “L’independentisme quebequès, entre la regeneració i la desfeta a les urnes”. Efectivament, el Parti Quebequois ha passat a tenir només 9 diputats, però la victòria espectacular de la Coalition Avenir Quebec amb 74 escons s’ha d’interpretar en clau nacional: la defensa de la identitat i la llengua francesa és prioritària a l’acollida de la immigració. El líder d’aqueixa formació nacionalista, François Legault, descarta convocar un nou referèndum d’independència però a la pràctica rebsteix un projecte nacional pel Quebec en línia amb els corrents identitaris creixents arreu Europa i dislocant l’enquistat bipartidisme liberal-sobiranista, cam assenyala avui l’editorialista de Le Devoir Bryan Myles, “L’émergence du Caquistan“. L’ascens de Quebec Solidaire fins a 10 diputats és una desfeta relativa del progressisme multiculturalista i de retruc també del primer ministre Justin Trudeau.

Post Scriptum, 1 de juliol del 2022.

Ahir, Mathieu Bock-Côté va publicar al Journal de Monreal aqueix punyent article: Le Canada n’est pas notre pays.

Aujourd’hui, 1er juillet, le gouvernement fédéral fera tout pour nous faire croire que les Québécois devraient se reconnaître dans la fête du Canada, comme si ce pays était le leur. Mais les Québécois ne sont pas dupes. Ils savent bien, au fond d’eux-mêmes, qu’ils ne sont pas Canadiens, et que le Canada n’est pas leur pays. Ils savent bien qu’en Ontario, en Alberta, en Saskatchewan, ils ne sont plus chez eux. Et puisque Montréal se canadianise rapidement en s’anglicisant, ils s’y sentent d’ailleurs de plus en plus étranger. C’est un grave problème que la politique d’affirmation linguistique du gouvernement Legault cherche à corriger, d’ailleurs.

Français

J’ajouterais : le Canada n’a jamais vraiment été notre pays, même si le lexique identitaire est trompeur. Certes, à l’origine, nous avons fondé le Canada, et nous nous sommes d’abord nommés Canadiens. Mais plus ceux qu’on appelait alors les Anglais se sont approprié cette référence, en devenant Canadians, au point même de nous voler notre hymne national, plus nous nous en sommes détachés, en devenant Canadiens français, puis, Québécois.

Toujours, nous avons eu conscience de notre différence vitale.

Soyons lucides. Le Canada est un pays anglais qui traite le français comme un résidu folklorique désagréable avec lequel il faut faire le moins de compromis possible. Certes, on le présente comme un pays bilingue, mais c’est un pays bilingue de langue anglaise. Et cela se radicalise ces années-ci. Le Canada est un pays multiculturaliste qui considère le peuple québécois comme un groupe ethnique parmi d’autres. Et quand notre nation cherche à s’affirmer, on l’accuse de suprémacisme ethnique. Il faut lire la presse et les réseaux sociaux du Canada anglais pour voir à quel point la haine du Québec est banalisée, même encouragée. On nous accuse de racisme, d’ethnocentrisme, de xénophobie, on nous explique que notre langue est un obstacle au progrès, à la modernité, à l’inclusion.

On n’y trouve aucun effort pour comprendre notre situation collective en Amérique.

Écoutez Les idées mènent le monde, une série balado qui cherche a éclairer, à travers le travail des intellectuels, les grands enjeux de sociétés. Vivre dans le Canada, c’est se condamner à être de moins en moins Québécois. J’ajouterais, et cela n’est pas un détail, que le Canada est aujourd’hui un pays inquiétant. C’est un véritable Wokistan, qui verse dans un multiculturalisme extrême, au point même de célébrer le niqab, et qui normalise les nouvelles formes de censure au nom de la diversité. À l’échelle de l’histoire, c’est une expérience idéologique étrange qui se déroule au Canada. Je n’y vois aucun progrès. Le Canada se félicite même d’être le premier pays postnational. Qu’on s’entende bien : je ne diabolise pas le Canada. Je ne le déteste pas. C’est un charmant pays digne de fierté pour les Canadiens.

Postnational

Et comme disait René Lévesque, ce n’est pas le goulag. Mais ce n’est pas notre pays. Je souhaite une bonne fête postnationale au Canada : le bon voisinage est essentiel sur cette terre. Mais je tiens à lui rappeler que cette célébration ne nous concerne pas.

Post Scriptum, 5 de novembre del 2022.

Ahir, Mathieu Bock-Côté va publicar a Le Figaro aqueixa reflexió punyent: «La noyade démographique du peuple québécois», del qual val la pena extreure’n aqueixos paràgrafs perquè a escala autonòmica els actuals dirigents catalans tenen el mateix capteniment:

“L’immigrationnisme est au cœur du régime canadien et ne trouve pas d’opposition dans la classe politique. Les conservateurs partagent globalement la même philosophie. L’annonce faite par Justin Trudeau d’une augmentation des seuils d’immigration du Canada à 500.000 par année en 2025 a frappé l’imagination. Il ne s’agit pas d’un coup de tête de Justin Trudeau, qui, en cette matière, est le parfait représentant de l’élite canadienne qui a annoncé depuis plusieurs années son rêve de faire du Canada une grande puissance à la fin du siècle, en en faisant un pays de cent millions d’habitants. L’immigrationnisme est au cœur du régime canadien et ne trouve pas d’opposition dans la classe politique, les conservateurs partageant globalement la même philosophie.

Le Canada a appris à se voir depuis une quarantaine d’années comme le laboratoire planétaire de l’utopie diversitaire. Il mène une expérience d’ingénierie sociale inédite, visant à transformer en profondeur le contrat social, pour devenir le premier État postnational, censé servir de modèle à l’humanité. Le Canada ne revendique aucun noyau culturel, sinon sa quête d’une toujours plus grande diversité.”
En el mateix sentit va expressar-se a Le Jounal de Montreal: “Pour les Québécois, la situation est radicalement différente.  Le Québec est une nation, et n’a d’avenir que dans la mesure où la majorité historique francophone qui le compose conserve une nette prépondérance démographique.  C’est seulement ainsi qu’elle peut parvenir à franciser les immigrés.  Sa position est déjà compromise. Les seuils actuels, qui sont de 50 000 (sans tenir compte de l’immigration « temporaire » et illégale), entraînent déjà une régression radicale du français.Si le Canada augmente ses seuils comme prévu, la régression linguistique et démographique passera à la vitesse grand V.  Ces seuils de 500 000 par année sont délirants et annoncent une noyade démographique pour les francophones, selon l’expression de René Lévesque.  Nos capacités d’intégration et de francisation ne sont pas infinies.  Dans le cadre canadien, le Québec est pris dans un piège fatal.  Soit il augmente ses seuils, pour suivre le rythme du reste du pays, et éviter sa perte de poids politique. Mais alors, il consent sur le mode suicidaire à une extinction de son caractère francophone.  Soit il refuse l’augmentation des seuils, mais il est condamné alors à la marginalisation politique.

Au Québec même, le poids des francophones a commencé à baisser au point où un parti comme le PLQ peut devenir l’opposition officielle en ayant moins de 10 % du vote chez les francophones. L’autonomisme de François Legault frappe un mur. Il n’a aucun moyen d’entraver ce mouvement. Bien des fédéralistes devront se poser la question.  À quel moment jugeront-ils que la situation du Québec est désormais intenable démographiquement dans la fédération ?  S’ils n’ont même pas le courage de se la poser, c’est qu’ils consentent déjà à notre disparition. ”

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