Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

21 de maig de 2017
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Llibres (CXCI)

“Islam, phobie, culpabilité”, Daniel Sibony, Éditions Odile Jacob, París, 2013.

Daniel Sibony (Marràqueix, Marroc, 1942) és un psicoanalista i assagista jueu, nascut al Marroc i ciutadania francesa amb una llarga trajectòria intel·lectual multidisciplinar que manté un bloc d’actualitat força interessant. En aqueix assaig s’endinsa en una problemàtica agosarada com és l’aproximació al món islàmic amb les eines de la psicoanàlisi, un repte que des de dins de la cultura musulmana només Malek Chebel i alguns altres intel·lectuals (cas d’Amin Maalouf) han gosat encetar.

Sibony ho fa des de fora de la mentalitat islàmic però coneixent-la profundament arran de la seva naixença en un país musulmà com és el Marroc i té en compte també la perspectiva des de la qual les societats europees viuen l’impacte al seu si de la coexistència conflictiva amb una comunitat ètnico-religiosa que es percep a si mateixa com un tot. No es tracta d’establir els canals del diàleg intereligiós, políticament correcte i sovint superficial, ja que l’islam és més que una religió: una concepció integral de la vida social i política, i així hauria de ser tractada des dels interlocutors europeus. Però, com assenyala de manera punyent Daniel Sibony, Occident assumeix ja d’entrada un sentiment de culpabilitat pel passat colonial que té efectes perversos que es projecten sobre el present: absència d’enfocament realista, pragmàtic i autocentrat en les societats europees multiculturals.

L’obra de Sibony s’inscriu dins les corrents científiques modernes dins de les ciències socials com l’epigenètica i l’etnopsiquiatria que obren nous camins per interpretar sense apriorismes dogmàtics els traumes i els conflictes ancorats en la mentalitat dels pobles, no solsament en les causes socioeconòmiques que el reduccionisme d’arrel marxista ha emprat -sense exit- en les darreres dècades del segle XX.

Post Scriptum, 24 de febrer del 2024.

Daniel Sibony, avui a Tribune Juive: “J’ai trouvé en Israël un deuil profond. Un deuil de soi. D’une image de soi. Un deuil recouvert par la colère. La sidération”.

Je suis revenu de Tel-Aviv, où je suis allé partager le deuil où  le massacre du 7 octobre m’avait mis comme tant d’autres. J’ai trouvé là-bas un deuil profond, outre celui des morts, un deuil de soi, d’une image de soi, d’un certain mode d’être “suffisant” qui vous fait méconnaître l’ennemi, autre façon de se méconnaître, de ne pas vouloir visiter ses limites. Ce deuil était aussi recouvert par la colère, refoulé par la sidération, en attendant qu’on puisse tenter de le traverser, ce qui implique de reconnaître la perte de valeur qu’on a subie en perdant une image de soi qui affichait cette valeur. J’ai beaucoup entendu “Rien ne sera plus comme avant”, sans préciser les changements, on en fait au moins le vœu.

La faute de n’avoir pas prévu l’attaque du 7 octobre

Et le débat sur le deuil que j’ai eu là-bas a forcément évoqué la question de la faute : celle de n’avoir pas prévu l’attaque du 7 octobre . Il est apparu que cette faute a des circonstances atténuantes : ce n’est pas simple d’intégrer que l’ennemi qu’on a en face ne rêve que de vous tuer. Ce n’est d’ailleurs facile pour personne : normalement, votre ennemi veut remporter l’enjeu ou gagner sur vous du terrain, il veut rarement votre disparition pour elle-même. Mais ce n’est pas le cas de la haine des juifs relayée par les Frères musulmans, donc aussi par le Hamas qui les prolonge, eux qui veulent rénover l’islam en le ramenant à sa source doctrinale.

Cette haine portée par le Hamas est singulière : elle veut non seulement que les juifs n’existent plus, mais qu’ils n’aient pas existé, ce qui est plus difficile, car c’est un vœu qui touche le passé et rien ne peut faire que ce qui fut n’ait pas été. Cette haine vient de loin, elle est claire dans le Coran : il en veut aux juifs d’avoir écrit la Bible comme ils l’ont fait, alors qu’il a, lui, la vraie version du message qui, de surcroît, est pris chez eux. Force est d’admettre que ce type de haine (où l’autre ne doit pas avoir existé) n’est pas représentable. Et l’on comprend la tendance très humaine à l’oublier si l’on veut vivre. D’ailleurs, lorsque, en France, un zélé de l’islam tue un infidèle (par exemple égorge un prêtre , décapite un professeur  ou défenestre sa voisine médecin) en ponctuant son geste par « Allahou akbar », donc en invoquant l’appel à la guerre sainte qui met en acte cette haine, les procès concluent toujours que cet homme est un fou plutôt qu’un musulman zélé.

Des repérages identitaires et symboliques

On le désidentifie pour que la question de cette haine et surtout de sa transmission dans la famille et à l’école ne soit pas soulevée. De même pour le 7 octobre, on en vient à dire que les gens du Hamas n’ont “pas tué des juifs, mais des Israéliens, c’est-à-dire des colons”. Cette fois, on désidentifie l’objet pour faire tenir un discours idéologique qui veut qu’Israël soit comme une colonie prise sur la terre des Palestiniens. Le Coran aussi enlève aux héros de la Bible leur identité d’Hébreux pour en faire des musulmans ; ce qui fait de nous, leurs descendants, des infidèles puisque nous les trahissons en refusant la “soumission”. Tout cela relève non pas de contenus religieux, mais de repérages identitaires et symboliques.

Et donc l’idée que le Hamas veut simplement tuer des juifs n’entre pas facilement dans nos têtes occidentales. Elle est trop irrationnelle, elle n’est sans doute pas entrée dans la tête de Netanyahou qui, pendant vingt ans, a distillé l’idée que le Hamas n’attaquerait pas. Cet homme, pourtant calculateur jusqu’à la moelle, n’a pas calculé l’action absurde qui se suffit à elle-même, qui ne vise que la jouissance qu’elle produit, jouissance que le Hamas a criée et copieusement consommée ce jour-là. Il n’a pas crié, comme on s’y serait attendu : “Un État palestinien ! Tout de suite !” Mais on comprend que l’Occidental humaniste ait entendu cela, et qu’il s’écrie, lui : “Vous voyez bien que ce qu’il faut, c’est un État palestinien !”

La réalité, elle, semble dire qu’il n’y aura pas d’État palestinien avant que, dans les deux territoires, Gaza et une partie de la Cisjordanie, les Arabes n’aient montré qu’ils peuvent vivre un certain temps sans préparer de guerre sainte. Ce n’est donc pas dans l’immédiat, si on en juge par l’histoire où, depuis 1947, chaque fois qu’un État palestinien est possible, l’esprit du djihad surgit et la guerre sainte prend la tête du mouvement dont le but ne peut être que de “tuer les juifs” ou de les “jeter à la mer”, comme on disait juste avant que les Israéliens, le 6 juin 1967, ne prennent de court le djihad qui se préparait. Après quoi le monde arabe a strictement interdit aux Palestiniens de négocier avec les juifs, de “parler avec Israël”, mettant à nouveau les Arabes de Palestine à la remorque d’une guerre sainte, dans l’échec de la précédente et l’imminence de la suivante.

Ainsi, pour qu’il y ait un jour un État palestinien, il semble qu’il faille d’abord éliminer le Hamas. Il est dans l’intérêt des Arabes de Palestine que ce ne soient plus les Frères musulmans, relais directs du Coran, qui défendent leur cause. Et même les États arabes de la région, qui combattent les Frères musulmans, y trouveront leur compte. C’est ce que pensent la plupart des Israéliens que j’ai questionnés, hormis ceux qui détestent leur Premier ministre plus qu’ils n’en veulent au Hamas.

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