Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

10 de maig de 2017
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Comença l’era Macron

Emmanuel Macron, el nou president de la República francesa, haurà de fer front a una crisi de règim i a la recomposició del sistema polític francès, especialment de l’esquerra enmig d’un clima social crispat i l’amenaça permanent del terrorisme jihadista. La seva elecció ha estat acollida amb un optimisme que recorda al que va acollir a Barack Obama a l’inici del seu mandat fa vuit anys. D’entre els crítics que alerten de la fragilitat del projecte que personifica Macron destaco el punyent article que ahir va publicar Gilles-William Goldnadel a Le Figaro: “Emmanuel Macron, bravo l’artiste !”.

Post Scriptum, 11 de maig del 2017.

El blocaire Eric Verhaeghe ha publicat avui aqueix apunt punyent titulat “Pourquoi et comment Emmanuel Macron prépare une révolution juene-turc”:

Emmanuel Macron n’est pas encore élu et déjà se dessinent les contours spécifiques de la politique qu’il entend mener. Ceux-ci ne résident pas tant dans l’originalité de son programme (qui est discutable) que dans la méthode qu’il compte mettre en oeuvre. Celle-ci devrait, in fine, insuffler une logique jeune-turc dans la conduite du pays, au sens où une jeune élite d’officiers avait décidé, à la fin du XIXè siècle, de moderniser rapidement l’État ottoman. De fait, la Turquie de l’époque était perçue, à l’instar de la France, comme l’homme malade de l’Europe.

Révolution Macron, révolution générationnelle

Beaucoup attendaient une révolution des idées. En réalité, Macron portera la révolution sur la génération et sur l’âge des protagonistes qui animeront le pouvoir demain. Le premier effet du nouveau Président consiste à accélérer l’arrivée au pouvoir d’une classe d’âge qui devait attendre que deux générations précédentes s’effacent avant d’accéder elle-même aux responsabilités.

D’une certaine façon, Macron propose à un lot de jeunes gens d’enjamber les sexagénaires et les quinquagénaires, de les remplacer pour faire mieux qu’eux. De ce point de vue, Macron peut se targuer d’avoir trouver les “codes” pour réussir ce que beaucoup ont échoué avant lui (on repense ici au mouvement des “rénovateurs” avortés, au RPR, dans les années 90). Il traduit bien la difficulté d’un renouvellement normal du personnel politique en France.

Une révolution managériale

Cette nouvelle génération ne renouvelle pas à proprement parler le corpus idéologique de référence. Macron s’inscrit dans la longue lignée européenne et dans une sorte de social-démocratie soucieuse d’assainir les finances publiques. Mais ces idées ne sont pas nouvelles et, à de nombreux égards, elles sont sans surprise. Ainsi, quand Emmanuel Macron propose de transformer le CICE en baisse de cotisations, il témoigne finalement de son profond réalisme: actons le réel et stabilisons-le plutôt que de le changer.

Ce qui change ici, ce ne sont pas les idées, mais l’intention et l’ambition de les conduire. Macron se positionne en manager du changement: il veut “reprendre le manche”, instiller du dynamisme, de la volonté, de l’autorité, là où une comitologie complexe s’est si souvent substituée à la décision et à la responsabilité individuelle. On a beaucoup parlé de logique horizontale dans la démarche d’Emmanuel Macron, on ne tardera pas à comprendre qu’elle repose en réalité sur l’inverse: la vision “jupitérienne” du pouvoir s’inscrit dans la prise de responsabilité qui caractérise le manager…

Une révolution étatiste et non libérale

Une erreur fréquemment répétée à gauche consiste à qualifier le programme macronien de “libéral”. C’est évidemment une incompréhension profonde vis-à-vis du mouvement qui s’initie: Macron n’est pas un libéral mais, au contraire, il est un étatiste. Pour s’en convaincre, il suffit d’examiner la première réforme qu’il veut mettre en oeuvre, celle du marché du travail. Là où la loi Larcher prévoit une saisine préalable des partenaires sociaux pour une négociation interprofessionnelle, Emmanuel Macron préfère une intervention directe de l’Etat et du gouvernement. Il ne peut y avoir d’exemple plus fort du non-libéralisme du nouveau président que cette reprise en main directe d’un domaine traditionnellement délégué aux partenaires sociaux, c’est-à-dire aux corps intermédiaires.

Cet exemple saisissant de “ré-étatisation” et de recentralisation des politiques publiques peut être déclinée à l’infini. Toujours pour le marché du travail, Macron propose une nationalisation de l’assurance chômage jusqu’ici entièrement gérée par les partenaires sociaux. Pour la forme, il conservera ceux-ci dans le conseil d’administration du nouveau système, mais le pouvoir sera exercé par l’État. Peut-on trouver meilleure preuve de la distance qui sépare Emmanuel Macron et le libéralisme?

Une révolution jacobine plutôt que girondine

Un autre mythe que certains ont répandu autour d’Emmanuel Macron, dans la ligne de son “horizontalité”, est celui de son appétence pour une vision “girondine” de la société, c’est-à-dire une vision décentralisée. Là encore, on ne tardera pas à comprendre que c’est exactement l’inverse qui se joue.

Une autre de ses réformes emblématiques, la suppression de la taxe d’habitation, en constitue la parfaite illustration. Au-delà de l’effet que cette mesure peut avoir sur le pouvoir d’achat, elle aura d’abord un impact majeur sur l’indépendance des collectivités locales vis-à-vis de l’Etat. Là où les collectivités avaient la faculté de choisir librement leur taux d’imposition, elles dépendront désormais des dotations que l’Etat leur concèdera. Il est assez fascinant de voir qu’en dehors d’Anne Hidalgo à Paris, aucun élu local n’ait mené une fronde contre cette lame de fond qui se prépare. Dans tous les cas, c’est bien un mouvement de reflux qui se prépare dans la stratégie de décentralisation menée de façon constante depuis 1981…

La geste jupitérienne et son pouvoir de séduction sur les Français

Face à ces révolutions en profondeur, Macron compte sur un atout dont nous avions oublié le contenu: la séduction d’un peuple qui vit en démocratie pour la geste autoritaire, verticale, monarchique. Les Français reprochaient au fond tant à Sarkozy qu’à Hollande de ne vouloir pas être Roi. Ils aiment, chez le nouveau président, qu’il assume ce désir.

Post Scriptum, 20 de maig del 2017.

Hi ha un fet diferencial novedós aportat pel moviment encapçalat per Emmanuel Macron: els candidats a les eleccions legislatives que propugnen el BDS a Israel o mantenen actituds antisionistes són exclosos de la llista. Així ha estat en dos casos, segons explicà abans d’ahir JForum.

Post Scriptum, 16 de setembre del 2017.

El politòleg Pierre-André Taguieff publicà ahir a Le Figaro una semblança crítica d’Emmanuel Macron que comparteixo.

Post SCriptum, 6 de maig del 2018.

El proppassat Primer de Maig hi va haver a París una violenta manifestació dels grups denominats “blacks blocs”, entre els nombrosos detinguts per la policia sobta trobar-hi fills de les elist benestants, com assenyalava abans d’ahir el digital Atlantico, tot cercant una explicació a aqueix fenomen.

Post Scriptum, 7 de maig del 2018.

Amb motiu del primer aniversari de l’elecció d’Emmanuel Macron com a president de la República francesa Le Figaro ha publicat una completa infografia analitzant-ne els esdeveniments i els pensaments. També Le Monde ha fet el seu propi balanç.

Post Scriptum, 19 de juny del 2018.

Avui, el col·lectiu Les Arvernes publica aqueixa reflexió a les pàgines de Le Figaro: “Macron est ratrappé par ses fausses promesses”.

Post Scriptum, 6 de febrer del 2019.

Avui, Nelly Garnier, publica a Le Figaro una interpretació del sentit profund del moviment de les armilles grogues que em sembla encertat i que mostra la contraposició amb el lema del president “En Marche !”: “Les gilets jaunes, symptôme d’un peuple qui refuse un monde en perpétuelle accélération”.

Post Scriptum, 7 d’abril del 2019.

Bruno Retailleau és entrevistat avui per Atlantico: “Chez LREM, le néoliberalisme économique et financer fusionne avec la gauchisme culturel”.

Post Scriptum, 25 d’abril del 2019.

Sébastien Laye publica avui un article a Le Figaro analitzant la buidor de les propostes del president Macron davant la crisi econòmica i social: “Annonces d’Emmanuel Macron: dernière chance pour sauver notre économie ?” Trancorreguts dos anys del seu mandat presidencial és incapaç de reduir el pes del sector públic no competitiu, desconstrueix l’ENA i cedeix al vandalisme dels gilets jaunes.

Post Scriptum, 3 de juny del 2019.

Sébastien Laye publica avui a Le Figaro un article frapant: “Quelles sont les causes du désastre industriel français”.

Post Scriptum, 15 de desembre del 2020.

Jérôme Fourquet a Le Figaro va fer el 1 de gener d’enguany balanç de l’any que s’acabava: “2019 a creusé les fractures de l’archipel français”. El 2020 no ha estat millor, ans al contrari, per això el president Macron se les empesca pensant que distreurà els ciutadans de la crua realitat francesa anunciant un referèndum per inscriure a la Constitució l’imperatiu climàtic: «Macron veut rétablir sa crédibilité sur l’écologie… mais il risque de la perdre définitivement», prediu l’assagista Benjamin Morel.

Post Scriptum, 24 de gener del 2021.

Fa tres dies, Le Figaro entrevistava la filòsofa Myriam Revault d’Allonnes que dedica el seu darrer assaig a analitzar “L’Esprit du macronisme, ou l’art de dévoyer les concepts”, (Seuil, 2021):

FIGAROVOX.- En fait d’ «esprit du macronisme», votre essai n’entend-il pas surtout ausculter la pensée néo-libérale et ses conséquences anthropologiques? D’ailleurs, peut-on parler du néo-libéralisme comme s’il s’agissait d’un courant philosophique distinct et cohérent?

Myriam REVAULT D’ALLONNES.- Effectivement, si l’on considère les origines du «néo-libéralisme», il s’agit d’un cheminement complexe, issu de sources différentes et qui comporte de nombreuses variantes. Ceci étant, j’ai insisté non pas tant sur la cohérence doctrinale ou philosophique du «néo-libéralisme» que sur la vision du monde qu’il nous propose, sur son imaginaire social, sa rationalité globale (qui va bien au-delà de la sphère économique). Le «macronisme» – dont on a souvent relevé le caractère «insaisissable» – est un style général de pensée et une pratique qui s’inscrivent dans cet univers mental, il témoigne d’un certain esprit du temps. C’est pourquoi j’ai voulu montrer – notamment à travers son usage de notions comme l’autonomie, la responsabilité, la capacité – ce que son discours révélait de sa conception de l’individu, de sa réussite, de ses capacités et de la nature du lien social. C’est en ce sens que je l’ai abordé du point de vue «anthropologique».

Le discours macronien contient d’après vous un projet politique qui puise dans l’ambition des Lumières: celle de changer la nature des hommes pour faire advenir une société nouvelle. Nous serions de nouveau à la charnière entre deux mondes, l’ancien et le nouveau. Pourquoi maintenant?

En ce qui concerne le projet politique du président, on peut constater que son discours invoque constamment l’ «esprit des lumières» et la «rupture» que constitue l’avènement du «nouveau monde». La question de savoir si, pour opérer une telle rupture et créer un monde nouveau, il faut d’abord changer les lois (faire des réformes juridico-politiques) ou changer les hommes, les manières d’être, les moeurs, les dispositions a été, chez Montesquieu ou Rousseau par exemple, une question essentielle. Et on le comprend d’autant mieux que les penseurs des Lumières, en dépit de leurs divergences, avaient conscience qu’ils se tenaient à la fracture d’un monde disparaissant et d’un monde nouveau, celui de la modernité.

Nous avons nous aussi conscience que nous sommes à une époque de rupture et de crise. À un horizon d’espérance habité par le progrès, s’est substituée l’anticipation de la menace de telle sorte que nous envisageons aujourd’hui un futur voué au désastre: nous nous demandons comment l’affronter, comment nous orienter dans la pensée et dans l’action. Le discours macronien a ainsi recours à certains concepts fondamentaux (au demeurant très complexes) au cœur de la modernité et de la pensée des Lumières. Il les invoque en même temps qu’il revendique la rupture que devrait être l’instauration du «nouveau monde». Or on peut se demander si l’usage qu’il en fait n’appauvrit pas et ne détourne pas leurs sens originels.

«L’autonomie», écrivez-vous, «est liée à l’obligation politique, car c’est l’obligation qui transforme la liberté naturelle en liberté civile». Il n’y a donc pas lieu d’opposer liberté individuelle et contrainte politique?

Je commente ici la position de Rousseau lorsqu’il analyse le passage de l’indépendance de l‘individu à l’état de nature à la liberté civile de l’homme qui vit en société. Plus globalement, la question du sens de l’autonomie se pose de manière cruciale à partir du moment où l’homme moderne s’affirme comme source de ses représentations et de ses actes, comme leur fondement et leur auteur. Ce qui ne veut pas dire que la liberté est une liberté sans règles et que l’in-dépendance (la non-dépendance) est la valeur suprême dans un monde où les individus ont avant tout le souci d’eux-mêmes. L’exercice de la liberté (y compris de la liberté intérieure) est inconcevable hors d’un rapport social, il implique des relations aux autres, des obligations, le passage par la médiation des institutions. En ce sens, il y a une tension constante entre l’affirmation de la souveraineté de l’individu et l’entrée en institution, autrement dit entre l’exaltation de la liberté individuelle (renoncer à sa liberté, écrit Rousseau, c’est «renoncer à sa qualité d’homme») et les obligations auxquelles nous devons nous soumettre pour vivre dans un monde commun.

Votre critique de la pensée néolibérale, personnifiée en Emmanuel Macron et son modèle de la «start-up nation», puise chez Michel Foucault la notion de «forme entreprise». De quoi s’agit-il?

Michel Foucault, dans son cours au Collège de France en 1978-1979 (Naissance de la biopolitique) met l’accent sur le fait que la rationalité «néo-libérale», bien au-delà des orientations et des mesures économiques, imprègne la physionomie de notre époque, les comportements individuels et collectifs et même la façon dont les individus envisagent leur rapport à soi et aux autres. Cette rationalité politique globale tente de produire des comportements, de «façonner» en quelque sorte les individus en les pensant avant tout comme des individus «performants» et insérés dans une compétition généralisée. Elle considère l’homme comme un «entrepreneur» et un «entrepreneur de soi-même».

La «forme entreprise» investit toutes les sphères de la société, jusqu’à la sphère privée. D’où l‘idée que la liberté fondamentale est une liberté de choisir liée à des choix économiques rationnels. Mais les sujets humains peuvent-ils être soumis à cette logique univoque qui voudrait en faire des acteurs rationnels et calculateurs, mus par des considérations stratégiques et tactiques? Quant à l’État, peut-on le concevoir sur le mode de l’entreprise? Le modèle de la «start-up nation» (qui semble d’ailleurs avoir perdu de son éclat dans la situation de pandémie actuelle) soumet l’action politique à des critères d’efficacité, de rentabilité, de «modernisation» et d’ «innovation». Mais qu’en est-il des valeurs de solidarité, de fraternité et de l’intérêt collectif? Le discours présidentiel semble les avoir remises au premier plan dès le printemps 2020. Marque-t-il vraiment un changement de cap?

Votre analyse pointe à plusieurs reprises la plasticité des concepts dans la pensée néolibérale et même «l’art de les dévoyer». Quand les mots veulent dire une chose «et en même temps» son contraire, que peut encore faire l’intellectuel? Le temps des philosophes est-il révolu?

Il y a effectivement une difficulté à donner sens et à élucider cette plasticité. Je pense qu’elle fait écho à la réalité et à l’imaginaire social de notre temps et qu’elle renvoie aussi à la flexibilité, à la mobilité, à l’adaptation permanente souvent préconisées aujourd’hui. La tâche qui consiste à clarifier, à mettre en mots, à donner du sens à ce que sentons parfois confusément n’en est que plus urgente. À cet égard, le rôle de l’intellectuel – en l’occurrence du philosophe – consiste précisément à interroger les présupposés et les implications de ces concepts difficiles à cerner.

Post Scriptum, 24 d’abril del 2022.

Erwan Barillot va descriure, el proppassat 18 a Le Figaro, la pugna entre Macron i Le Pen d’aqueixa manera: «France liquide contre France solide, le nouveau clivage». I aqueix vespre, Maxime Tandonnet explica així el resultat: «La réélection d’Emmanuel Macron est le fruit de la résignation». I Jérôme Fourquet hi vaticina que: «Ce nouveau mandat sera marqué par une décomposition politique avancée». A parer meu, quatre són les tendències divergents: el populisme franc-identitari, l’elitisme abstracte i banal, l’islamogauchisme i les identitats autòctones.

Post Scriptum, 18 de setembre del 2022.

A Le Figaro del 5 de maig d’enguany, hom informava del canvi de nom de «La République en Marche» a «Renaissance», denominació amb la qual el partit d’Emmanuel Macron es va presentar a les eleccions legislatives: “Ce que cache le nouveau nom de parti d’Emmanuel Macron”. Ahir es va fer oficial la transmutació orgànica: “LREM devient Renaissance, un «nouveau chapitre de la vie politique» selon Macron”, explica Le Figaro.

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