Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

6 de maig de 2016
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Londonistan ?

Londonistan fou l’apel·latiu amb el qual es va denominar Londres a partir de la darrera dècada del segle XX, inicialment per part dels serveis d’intel·ligència francesos i posteriorment esdevingut d’ús col·loquial mediàticament, pel fet d’acollir una comunitat musulmana de les més grans d’Europa i tolerar la difusió de la propaganda gihadista a l’empara de la llibertat d’expressió britànica.

A la vista del creixent nombre de voluntaris britànics d’origen musulmà o conversos que s’afiliaven a les diverses organitzacions gihadistes i dels primers atemptats d’aqueix signe en territori del Regne Unit (2005) els successius governs -laboristes i conservadors- han engegat una política de seguretat preventiva, fins ara existosa, consistent en desmantellar les xarxes de predicació gihadista posant fi a l’anomenat Londonistan.

Però el discurs del totalitarisme islàmic no és una qüestió fonamentalment sorgida de les diverses comunitats musulmanes afincades a Londres, ja que el missatge ideològic pro-islamista i juedòfob és l’elaborat i divulgat des del progressisme intel·lectual i polític anglès, significativament sorgit dels rengles de l’històric Partit Laborista ara comandat per un antisionista manifets com Jeremy Corbyn. Serveixi d’exemple les declaracions de fa una setmana de l’antic alcalde de Londres Ken Livingston afirmant que Hitler era sionista, una actitud que li ha comportat ésser suspès de militància.

En aqueix context d’involució en els valors morals i polítics democràtics que es percep al Regne Unit, (i a la resta de la UE), ahir va tenir lloc les eleccions municipals que a la capital anglesa tenien una significació addicional per fet que competien un candidat musulmà pel Partit Laborista i un de jueu pel Partit Conservador. Ha guanyat, clarament amb el 57 % dels vost, Sadiq Khan, per 35 % del seu oponent Zacarias Goldsmith. Evidentment,  Sadiq Khan no l’han votat només els ciutadans de religió musulmana (un 12 %), sinó l’àmpli ventall de població que no se sent identificada amb l’elitisme torie del “jueu” emparentat amb la família Rothschild.  Cal tenir en compte també que el candidat laborista ha rebutjat les actituds antisemites dins del seu partit i ha fet gestos d’aproximació a la població jueva londinenca (històricament de majoria esquerrana, però hores d’ara espantada pel tombant judeòfob del Labour).

Sadoq Khan tindrà la responsabilitat de fer realitat, o no, la integració de la seva comunitat de procedència en els valors democràtics anglesos, com així ho ha desitjat Manuel Valls, que ha estat un dels primers dirigents europeus a felicitar-lo, i fer viable la coexistència de l’islam autòcton a les societats obertes europees i escampar per sempre el miratge de Londonistan.

De tots els comentaris que avui he pogut llegir sobre el resultat provisional de les eleccions municipals de Londres el que em sembla més encertat és el que fa l’assagista francesa Laetitia Straucht-Bonnart per Le Figaro d’avui: Sadiq Khan, candidat travailliste à la mairie de Londres est devenu le premier maire musulman d’une grande capitale occidental. Cela est-il un symbole important en Grande-Bretagne?

Laetitia Strauch Bonnart: Cette victoire reflète le profond changement démographique qui s’est opéré en Grande-Bretagne et surtout à Londres depuis les dernières décennies, puisque les musulmans représentent aujourd’hui 12,4% de la population de la capitale, une proportion qui croît d’ailleurs bien plus vite que celle des autres communautés.

Cependant, le fait même de se concentrer sur l’identité religieuse de Khan pose problème: c’est réduire la politique à une «politique d’identités», où l’origine et l’appartenance comptent davantage que les programmes politiques. C’est aussi penser que les électeurs se déterminent en fonction de ces identités, alors que la victoire de Khan a certainement d’autres facteurs, à commencer par la faiblesse de son principal opposant conservateur, Zac Goldsmith. En réalité, dans les derniers mois, la focalisation du débat électoral sur les questions d’origine, voulue ou non, a empêché d’évoquer les vraies questions importantes pour la ville, à commencer par l’immobilier et le manque criant de logements pour une population en constante croissante. Aucun des candidats principaux, que ce soit Khan ou Goldsmith, n’a proposé le semblant d’une solution crédible à ce sujet!

Sadiq Khan est le fils d’un conducteur de bus pakistanais. Ses origines culturelles et sa religion ont-elles joué un rôle dans cette élection? Lequel?

En effet, elles ont joué un rôle, même s’il reste difficile à quantifier. Il est impossible de ne pas être sensible à l’histoire de Khan, qu’on partage ou non ses idées: fils d’un conducteur de bus pakistanais, il a grandi dans une council house (un HLM) et fait son chemin dans l’école d’Etat, gratuite, jusqu’à devenir avocat spécialiste des droits de l’homme. Sa «success story» est exemplaire. Ensuite, la campagne de Khan a elle-même énormément mis l’accent non seulement sur son origine sociale, mais aussi religieuse. Ses prospectus ont parfaitement joué sur ce registre, et ont fait pleurer dans les chaumières comme il se doit. Et je dis cela sans condescendance: je suis la première, à la vue de ces prospectus, à avoir admiré le parcours et l’homme, et senti la force de la méritocratie à l’œuvre… On voit ici la puissance du storytelling moderne. En face de Khan, vous trouviez un conservateur, fils de milliardaire – les commentateurs sceptiques ne manquent pas de le rappeler dès qu’ils le peuvent -, formé à Eton, l’école privée la plus emblématique, arborant toujours le même costume bleu distingué, sa «classe» se lisant sur son visage et dans le moindre de ses gestes. Deux images du Royaume-Unis se sont opposées dans cette bataille, jusqu’à la caricature.

Sauf qu’on ne peut pas fonder son choix politique, à mon sens, sur ces seuls éléments. Or curieusement, l’origine semble avoir aujourd’hui un effet important sur les opinions des électeurs, et un effet en ciseaux: catalyseur de sympathie quand elle est modeste, elle est de plus en plus critiquée quand elle est aisée. Autrefois, l’appartenance à l’establishment aurait suffi pour faire élire Golsmith, et c’est une bonne chose que ce ne soit plus le cas, car en l’occurrence son programme n’était pas suffisamment solide. Cependant, ses origines ont clairement joué en sa défaveur, beaucoup lui reprochant simplement d’être fils de milliardaire. Pour plaire aujourd’hui, il vaut mieux un héritage de déshérité, une histoire personnelle faite de difficultés et d’ascension sociale. Qu’on trouve cela ridicule ou non, c’est l’esprit du temps, et Goldsmith n’est pas du bon côté!

Dans l’ensemble, cependant, les origines de Khan ont joué un rôle autant négatif que positif. Elles lui ont apporté du soutien et de la sympathie chez les électeurs et les médias de gauche ; dans le même temps, l’ «identitarisation» relative de cette élection a excédé beaucoup d’électeurs. De fait, le soupçon est toujours présent que la gauche joue trop sur les identités, et cela peut avoir des effets négatifs. Par exemple, une petite minorité, au sein du Labour, montre une certaine tolérance à l’égard de l’antisémitisme. Les récentes déclarations de Ken Livingstone, l’ancien maire de la ville, qui a fait de Hitler un sioniste, l’ont bien montré. Même si Khan a aussitôt condamné Livingstone, l’épisode a été dévastateur pour le Labour et a quelque peu nui à la campagne de Khan, d’autant qu’il y a dix ans, Khan et Livingstone avaient des opinions bien plus proches, notamment sur Israël. La politique identitaire est toujours à double tranchant.

Sadiq Khan a été accusé d’affinité avec les islamistes. Est-ce le cas? Ce soupçon a-t-il pu jouer en sa défaveur?

Il est très difficile de répondre à cette question. Les activités professionnelles de Khan – il était avocat spécialiste des droits de l’homme – l’ont, dit-il, mené à côtoyé des représentants de l’islam radical, voire à dialoguer avec eux lors de débats. Mais comment distinguer ses obligations professionnelles d’une possible tolérance indue?

On observe surtout un changement d’attitude depuis dix ans. En 2004, il a par exemple participé, en tant que candidat à la députation pour le Labour, à une conférence avec cinq extrémistes islamistes, organisée par Friends of Al-Aqsa, un groupe pro-palestinien qui a publié des travaux du révisionniste (selon les termes du Guardian) Paul Eisen. A cet événement, les femmes devaient emprunter une entrée distincte des hommes! La même année, président des affaires juridiques du Muslim Council of Britain, il a participé à la défense de l’intellectuel musulman Dr Yusuf Al-Qaradawi et nié le fait que celui-ci soit un extrémiste. Il est pourtant l’auteur d’un livre, The Lawful and Prohibited in Islam, où il justifie la violence domestique à l’égard des femmes et soutient les opérations martyres contre les Israéliens.

Cependant, pendant la campagne électorale, Khan n’a cessé de condamner l’extrémisme, et demandé la suspension de Livingstone après ses remarques antisémites. Il est aussi haï par certains radicaux car il soutient le mariage gay. Ce changement d’attitude est-il pure tactique ou est-il sincère? Inversement, sa supposée proximité ancienne avec certains radicaux était-elle sincère, où là encore tactique? Dans tous les cas, je ne crois pas que Khan cautionne l’extrémisme. En revanche, il représente une voix assez commune à gauche – surtout dans ce que j’appelle «la gauche du ressentiment» représentée par Corbyn, que Khan a d’ailleurs soutenu en septembre dernier pour son élection à la tête du Labour: celle qui consiste à expliquer les attitudes des extrémistes et des terroristes par la seule et unique faute de l’Occident. Ainsi en 2006, élu député, Khan était l’un des signataires d’une lettre au Guardian qui attribuait la responsabilité des attentats terroristes – comme celui du 7 juillet 2005 à Londres – à la politique étrangère britannique, notamment son soutient à Israël. Cette position et l’ambiguïté passée de Khan ont forcément créé un soupçon en sa défaveur.

Londres est-elle la ville du multiculturalisme heureux?

Oui et non! Tout dépend ce que vous entendez par multiculturalisme. Si vous pensez à la diversité des nationalités représentées à Londres, il y a en effet quelque chose d’admirable dans cette ville et sa capacité à faire vivre ensemble des personnes d’origines différentes.

Mais quand on parle multiculturalisme en Europe aujourd’hui, on le prend dans un sens plus politisé, celui de la complexe relation entre la population d’origine, chrétienne ou athée à coloration chrétienne, et les populations plus ou moins récentes de confession musulmane. En Grande-Bretagne, en apparence, tout se passe bien. Les musulmans modérés sont tout à fait intégrés. Ce qui est assez problématique – comme dans d’autres villes européennes -, c’est l’existence de quartiers entiers où le séparatisme identitaire est visible. C’est le cas dans l’Est de London, notamment dans le borough de Tower Hamlets. 30% de la population y est musulmane, concentrée dans des council houses. En 2014, l’ancien maire, Lutfur Rahman, a été limogé après des soupçons de fraude et de favoritisme communautaire. A Tower Hamlets, beaucoup de femmes sont voilées de pied en cap, suivies de près par leurs maris. La difficulté qui en découle est à la fois anecdotique et majeure: vous ne pourriez pas, si vous en aviez envie, engager la conversation avec elles, car ce voile crée une barrière. Situation rare en France, elle est très fréquente ici. Et pourtant ce quartier abrite l’une des meilleures universités de Londres, Queen Mary University, qui brasse des étudiants du monde entier. Les populations se côtoient donc sans se parler, sans se connaître. Difficile d’y voir un multiculturalisme heureux – ni malheureux d’ailleurs: c’est bien plutôt un multiculturalisme de l’indifférence.

L’insécurité culturelle que traverse la France est-elle aussi une réalité en Grande-Bretagne?

Les Britanniques ne parleraient jamais, comme nous le faisons, d’ «insécurité culturelle». A mon sens, l’insécurité culturelle à la française vient autant du sentiment d’une menace extérieure que d’une perte de confiance dans notre propre modèle. Les Britanniques, malgré la présence de cette «gauche du ressentiment», sont moins enclins au dénigrement de soi. Ensuite, leur interprétation des faits diverge de la nôtre. Beaucoup de Britanniques ne voient aucun mal à la séparation que je viens de vous décrire – pour eux, il s’agit simplement de l’expression de la volonté de certains musulmans attachés à leurs traditions. Tant qu’ils respectent la loi, pourquoi leur en vouloir? Pendant longtemps, la mise en garde vis-à-vis d’une supposée trop faible intégration des musulmans est restée l’apanage des conservateurs britanniques les plus traditionalistes.

Le multiculturalisme commence cependant à perdre de son lustre. Deux séries d’affaires retentissantes, depuis 2014, ont bouleversé le pays: d’abord celle du «Trojan Horse» en 2014 et 2015, où furent découvertes des tentatives concertées de mettre en œuvre, dans plusieurs écoles de Birmingham, une philosophie et des pratiques islamistes ou salafistes.

Pire, on a mis a jour dans les dernières années de nombreux cas d’abus sexuels sur mineurs, perpétrés par des «gangs» dont les membres étaient d’origine musulmane. Ce fut le cas à Rotherham entre 1997 and 2013, où 1400 jeunes filles ont été violées. Cinq hommes d’origine Pakistanaise ont été condamnés. On a découvert des horreurs similaires à Rochdale, Derby et Telford. Le cas le plus récent est celui d’Oxford, où un groupe de sept hommes, entre 2006 et 2012, a exploité sexuellement 300 mineures, avec une violence parfois épouvantable.

La multiplicité des cas est frappante. Surtout, tous les membres des gangs étaient à chaque fois d’origine musulmane, et les jeunes filles – âgées parfois de 12 ans – blanches. C’est pourquoi depuis 2014, date où les premiers rapports officiels ont été publiés, on s’interroge sur une éventuelle motivation ethnique des agresseurs. Par ailleurs, dans de nombreux cas, on a constaté que la police et les conseils locaux avaient tardé à prendre au sérieux les plaintes des victimes, quand ils ne leur riaient pas tout simplement au nez. Aujourd’hui, les autorités émettent sérieusement l’hypothèse que cette timidité et ce déni pourraient provenir de la crainte de la police et des conseils locaux de se voir, à l’époque, accusés de racisme. Ces épisodes sont absolument dramatiques, et en même temps, ils sont peut-être le début d’une prise de conscience salutaire que la tolérance multiculturelle s’est muée, dans certains cas, en aveuglement.

Post Scriptum, 27 de març del 2017.

Gilles Kepel publica una punyent reflexió arran de l’atemptat de Londres a Le Figaro d’abans d’ahir titulada, “L’attentat de Westminstar sonne le glas du rêve communautariste britanique“: Un attentat terroriste revendiqué par l’État islamique a fait trois morts à Londres ce mercredi. Après la France et l’Allemagne, c’est donc l’Angleterre qui est visé par Daech. Que cela dit-il de l’évolution du terrorisme islamiste en Europe?

Gilles KEPEL.- Les Britanniques se sont un peu endormis sur leurs lauriers depuis les attentats de Londres de juillet 2005. À l’époque, les terroristes étaient passés par les camps de formation du Pakistan, mais étaient nés et avaient grandi en Angleterre. Cela marquait une rupture par rapport aux attentats du 11 septembre ou de Madrid commis par des étrangers ou des immigrés de passage. C’était le début de la transition entre la phase pyramidale du djihad et la phase indigène européenne. Bien qu’Ayman al-Zawahiri, le chef d’al-Qaïda, s’était réclamé de cette opération, elle s’était produite alors qu’ Abou Moussab al-Souri venait de théoriser cette année-là le djihad de troisième génération à bas coût. Dans son «appel à la résistance islamique mondiale», ce dernier prévoyait de faire de l’Europe le ventre mou de l’Occident et la cible par excellence des attaques terroristes. Depuis lors, le Royaume-Uni a mené une politique de prévention, mais aussi de dévolution de quartiers entiers aux islamistes, tolérant notamment les tribunaux islamiques, dans le but d’acheter la paix sociale. Birmingham où vivait l’auteur de l’attentat de Wesminster, Khalid Masood, est l’illustration de cette politique.

Le fameux quartier de Small Heath, où près de 95% de la population est musulmane, se voulait le contraire absolu du modèle français laïque et universaliste. En confiant à des salafistes la gestion de l’ordre public et de la communauté, les autorités britanniques espéraient ne pas avoir à affronter un djihadisme qui en France serait, selon eux, exacerbé par une gestion laïque de la société. L’attentat de Wesminster sonne le glas de cette illusion comme les attentats de 2005 avaient sonné le glas de ce qui était à l’époque le Londonistan, c’est-à-dire la politique de refuge systématique à Londres de tous les dirigeants de la mouvance islamiste internationale arabe. La différence, c’est qu’à Birmingham, il y a peu d’arabes, mais essentiellement des Indo-Pakistanais. Khalid Masood lui était un jamaïcain converti à l’islam. L’âge de ce dernier, 52 ans, est frappant. Cela indique que son acte n’est pas le rite de passage par la violence d’un jeune non intégré, mais le geste de quelqu’un qui a été socialisé très longtemps par une contre-société. Khalid Masood s’est probablement construit contre la société britannique et a choisi de passer à l’acte. Ce qui frappe également, c’est le mode opératoire qui rappelle celui des attentats de Nice et Berlin: un véhicule à vive allure qui fauche des piétons. Il s’agit d’un djihadisme low-cost absolu qui peut passer sous les radars de la police. On remarque enfin que l’attentat visait le parlement symbole par excellence de la démocratie européenne. Ironie volontaire ou involontaire pendant la cession où le parlement discutait du Brexit. L’agenda terroriste est ainsi venu percuter l’agenda politique institutionnel contraignant le processus à s’interrompre, les députés à être enfermés et le Premier ministre à être évacué en urgence.

Le fait que Londres soit dirigé par un maire musulman a-t-il joué un rôle dans cet dérive communautariste?

Les autorités britanniques ont considéré que le fait d’avoir un maire musulman, qui de surcroît a été proche par le passé d’organisations islamistes dans la mouvance des Frères musulmans, permettrait de mieux contrôler les réseaux et d’éviter la violence. Cependant Sadiq Khan apparaît comme un traître pour les plus radicaux. De manière générale, c’est une illusion que de penser que les accommodements raisonnables peuvent apaiser une société. Au contraire, ils favorisent la fracture. Le cas de la Hollande est paradigmatique puisqu’aux Pays-Bas l’exacerbation multiculturaliste s’est traduite en une xénophobie tout aussi virulente.

La France n’a donc pas été visée spécifiquement à cause de son modèle universaliste et laïc…

La laïcité, le passé colonial et le chômage de masse en France sont des facteurs aggravants, mais en aucun cas structurants. Et l’Allemagne, qui n’a pas de passé colonial, un modèle où la religion est reconnue, et le plein-emploi, pouvait sembler à l’abri, elle ne l’est plus, notamment parce que le modèle a changé du fait de l’afflux de migrants. On peut aussi penser qu’à l’avenir l’immigration turque, qui est bien intégrée depuis longtemps en Allemagne, ne pourra pas rester à l’abri des soubresauts que connaît son pays d’origine avec la politique d’Erdogan qui tente de mobiliser les foules en Europe.

Il faut aussi noter qu’en France depuis le 26 juillet 2016 et l’assassinat du père Jacques Hamel, les services de renseignements ont fait des progrès considérables en cassant le réseau Télégramme, en arrêtant préventivement les gens susceptibles de passer à l’acte, en tuant le «contremaître des attentats» de 2016 Rachid Kassim abattu par un drone américain il y a deux mois. Cela a rendu plus difficile aujourd’hui la perpétration d’attentats sur le territoire français.

La France est une cible plus difficile aujourd’hui comme on peut le voir sur les réseaux en ligne où les djihadistes français considèrent qu’ils subissent aujourd’hui une épreuve. Beaucoup décident ainsi de se renfermer dans l’étude en attendant que la situation soit meilleure. C’est ce qu’on appelle dans la stratégie islamique théorisée à l’époque du prophète: la phase de faiblesse par rapport à la phase de force pendant laquelle il faut se ressourcer et ne pas se lancer dans des opérations suicidaires qui se retournent contre elles. C’est ainsi que le bilan des attentats de 2016 a été fait par un certain nombre de dirigeants de l’État islamique comme le montre le testament très amer de Rachid Kassim qui incrimine la hiérarchie de l’État islamique pour ne pas l’avoir soutenu. De ce fait, Allemagne, Belgique, Hollande, Angleterre ou peut-être demain Italie où les services de renseignements sont beaucoup moins aguerris, car ils n’ont pas été confrontés aux attentats depuis 2012, apparaissent comme des cibles plus aisées aujourd’hui.

Quid de l’attaque d’Orly ou de celle du Louvre?

L’attaque d’Orly n’a pas été revendiquée par Daech. Elle est symptomatique d’un terrorisme low-cost qui n’est même plus contrôlé par des réseaux. L’individu avait déjà été arrêté pour braquage et trafic de stupéfiants et a fréquenté des islamistes en prison. Ces derniers expliquent aux délinquants que leurs crimes crapuleux sont en réalité un combat contre l’impiété, un djihad. Ziyed Ben Belgacem, l’auteur de l’attentat raté d’Orly, a habillé de références religieuses son banditisme. Il agresse au nom d’ Allah, se réclame de l’islam lorsqu’il passe à l’acte, a un Coran dans son sac à dos, mais aussi des cigarettes, est sous l’emprise de l’alcool et consomme de la cocaïne. Ziyed Ben Belgacem peut ainsi être considéré comme «un mélange individuel détonnant», le «produit dérivé» d’un djihadisme plus structuré. Ce type de djihadisme est d’autant plus dangereux pour la société qu’il est difficile à déceler, mais fait généralement moins de dégâts. Son attaque a été un échec. Il a été abattu comme le djihadiste du Louvre il y a quelque semaines.

En outre ce type de terrorisme est inefficace politiquement car il ne permet pas la mobilisation des masses. Les défaites que subit «le califat» sur son territoire sont un facteur anxiogène et dépressif pour les djihadistes. Nous ne sommes plus dans la logique triomphaliste d’autrefois, dans la mascarade d’otages torturés, décapités, et qui donnait le sentiment que l’État islamique était dans une «marche triomphale» pour conquérir l’humanité, mais dans l’intériorisation d’une défaite inéluctable, perçue comme une épreuve envoyée par Allah. En conséquence, les djihadistes n’ont plus le temps pour planifier soigneusement des attentats en Europe et tente de mûrir leur réflexion pour après. Nous sommes entrés dans une phase transitoire. Les djihadistes sont en train de réfléchir à la phase suivante.

«Comment peut-on éviter la partition?» s’interrogeait Hollande dans un incroyable aveu rapporté par Gérard Davet et Fabrice Lhomme dans leur livre, Un président ne devrait pas dire ça. Plus que le risque terroriste, à terme le risque majeur est-il celui de la partition?

C’est ce que j’explique dans mon livre La Fracture, (Gallimard 2016). Si rien n’est fait, la société française sera de plus en plus sujette à des rétractions identitaires que ce soit autour du salafisme ou autour de l’idéologie de l’extrême droite. L’acceptation d’une forme de séparatisme, d’ «apartheid» comme c’est le cas à Birmingham avec des juges chariatiques qui prononcent des sentences, pose le problème beaucoup plus profond des valeurs. Doit-on insister sur le partage d’un bien commun ou sur nos différences comme c’est le cas au Royaume-Uni où le Brexit est une sorte d’exacerbation de ce phénomène?

Le Royaume apparaît plus désuni que jamais comme le montrent les velléités d’indépendance de l’Écosse ou de l’Irlande du Nord, mais aussi la sécession culturelle de certains quartiers ou le sentiment d’abandon de l’Angleterre périphérique. Cet enjeu se pose aussi en France: l’effondrement social et l’échec de l’école font que le processus est en cours. Malheureusement le sujet est tabou aujourd’hui et largement esquivé du débat de la présidentielle. D’un côté le FN dénonce le communautarisme sans voir qu’il exacerbe lui-même la question identitaire. De l’autre côté, la plupart des candidats cachent la tête dans le sable sans que le problème soit analysé comme il le devrait et sans qu’aucune mesure ne soit prise pour enrayer le phénomène. Personne ne veut avouer que la situation dans un certain nombre de quartiers n’est plus maîtrisée. Pourtant, celui qui sera élu devra nécessairement se confronter à cet enjeu. Il faudra poser le problème de l’éducation, de l’apprentissage et de l’emploi. Ce sont des causes structurantes de la désaffection aussi bien d’un grand nombre d’enfants d’immigrés que d’enfants de paysans ou d’ouvriers dits de souche envers ce qu’ils appellent «le système». La superficialité du débat présidentiel s’explique par l’explosion du clivage droite/gauche et l’émergence d’un clivage système/antisystème. C’est une recomposition très profonde dans notre paysage politique derrière laquelle se profile la fracture.

Post Scriptum, 25 de maig del 2021.

Avui, a The Times of Israel: Des Juifs sur l’antisémitisme en GB : cette fois, c’est beaucoup plus violent. 116 incidents antisémites signalés depuis le début des hostilités entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas, contre 11 au cours des deux semaines précédentes.

Post Scriptum, 16 de març del 2024.

Avui, al Jerusalem Post, Jonathan Spyer alerta:The UK has an Islamist problem“.

In London for a short visit this week, I decided to take a look at the latest demonstration organized by the Palestine Solidarity Campaign (PSC) against what it refers to as the ‘genocide in Gaza.’ The weekly mass demonstrations in the British capital in support of the Palestinian side in the Gaza war have acquired significance beyond the specific context of British foreign policy.

As a middle-sized European power, the UK has little influence on Middle East events in general and no influence at all on Israeli or Hamas decision-making. Demands for a ‘ceasefire now’ on the streets of London will therefore produce nothing on the ground in the Middle East.

The demonstrations are significant, however, in that they showcase the arrival in British public life of a new political force: namely, a mass, Islamist-led street presence that seeks to enforce its will on the public space and intimidate its opponents.

Already in late February, the presence of an Islamist mob outside parliament forced the Speaker of the House of Commons, Sir Lindsay Hoyle, to change parliamentary procedure out of a concern for the physical safety of MPs in a debate on calls for a ceasefire in Gaza.

According to a report in the Guardian, opposition leader Keir Starmer “warned Hoyle that Labour MPs’ security was at risk” should they be seen to be abstaining or opposing a motion calling for an immediate ceasefire in Gaza. Contrary to convention, and with ‘hundreds of protesters congregating outside parliament,’ the speaker permitted a Labour amendment softening the language of a Scottish National Party motion calling for a ceasefire, enabling Labour members to vote for the motion and thus avoid the hostile attentions of the mob.

Hoyle later justified his decision in the following terms: “The details of the things that have been brought to me are absolutely frightening on all members of this House on all sides. I have a duty of care, and I say that, and if my mistake is looking after members, then I am guilty.”

A notable precedent was thus established. Dan Hodges, a journalist with the mass circulation Mail on Sunday newspaper, later tweeted that he had spoken “to an MP yesterday who told me he had weighed up his own physical safety when deciding on how to vote on yesterday’s Gaza motion. We have crossed a line now. We are not a properly functioning democracy if this is a factor in how our elected representatives act.”

The Speaker’s decision came in the wake of a series of attacks and threats against MPs by Islamists in recent years. In 2021, a Conservative MP, David Amess, was stabbed to death in his constituency office by an Islamist assassin. A decade earlier, Labour MP Stephen Timms narrowly survived a similar stabbing attack by a female Islamist assailant.

Conservative MP and former minister of state for immigration Robert Jenrick, in a statement in Parliament, summed up the current situation in the following terms: “The real issue is that this House appears cowed by threats of violence and intimidation. The mother of parliaments appears weakened and diminished as a result. We have allowed our streets to be dominated by Islamist extremists, and British Jews and others to be too intimidated to walk through central London, week after week.”

Prime Minister Rishi Sunak said, more succinctly, on February 29 that there was a “growing consensus that mob rule is replacing democratic rule.”

The organizers of weekly marchers have ties to Hamas

Regarding the mob in question, the weekly demonstrations for Gaza, which have temporarily taken over central London regularly, attract upwards of 250,000 participants. The PSC is the main organizer, but a flyer handed to me as I approached the area where the march was due to set off on March 9 contained the logos of five other organizations identified as backing the protests. These were the Friends of al-Aqsa (FOA), the Stop the War Coalition, the Muslim Association of Britain (MAB), the Palestinian Forum in Britain, and the Campaign for Nuclear Disarmament (CND).

Of these, two have clear links to or are supportive of Hamas. The Muslim Association of Britain was co-founded by Mohammed Kathem Sawalha, a former senior Hamas military operative in the West Bank, now resident in Britain. The MAB is a Muslim Brotherhood-associated group. Its leaders include Azzam Tamimi, described by the Daily Telegraph as Hamas’s ‘special envoy’ in the UK.

Friends of al-Aqsa, meanwhile, was founded by Ismail Patel, who has visited Hamas-controlled Gaza and met with then-leader Ismail Haniyeh. It is listed by the Meir Amit Intelligence and Terrorism Information Center, which publishes declassified materials from Israel’s intelligence bodies, as ‘harboring an intense hatred for Israel, campaigning for its elimination, denying its Jewish character, and supporting Hamas.”

The Stop the War Coalition is an organization established by the British radical left. The PSC, while lacking the openly Islamist credentials of MAB and Friends of al-Aqsa, has held visits to Hamas-controlled Gaza, where its leaders have met with senior Hamas officials. Since October 7, leading activists of the movement have expressed their support for the Palestinian “resistance.”

At the demonstration on March 9, this combination of Islamist and far-left affiliations was very apparent. The organizers claimed that 400,000 people attended the march, which proceeded from Hyde Park Corner to the US Embassy in central London. A young man I spoke to said he was concerned that the march would be smaller than usual because “it’s nearly Ramadan.”

While his fears proved unfounded, they accurately reflected the demographic at the march. I would estimate that roughly 50% of the demonstrators were visibly Muslim, with many women in hijabs and some men dressed in a way that identified them as Salafi Islamists. The other 50% appeared to be white British leftists who were visibly older. There were banners of various far-left organizations and labor unions. A few Irish flags and a banner representing a supporters’ group of the Glasgow Celtic Football Club (whose hardcore supporters are associated with Irish Republicanism) were seen.

But the energy of the march, the chanting and singing, all came from the Muslim contingent. Some of the chants were in Arabic, which would have passed the leftist elements by. I heard calls for Filastin Arabiye! (an Arab Palestine) and a chant of Dammi Falestini! (My Blood is Palestinian), referencing a recent hit song by Libyan-born, Gaza-raised singer Mohammed Assaf. I saw placards calling to “dismantle Zionism.”

One protester was wearing body armor and carrying a riot shield, along with a combat helmet adorned with a Palestinian flag. In another section of the march, a young female demonstrator wearing a black-and-white keffiyeh led a group of mainly hijabbed young women in a chant of “It is right to rebel – US, UK: go to hell!”

For Arab nationalists and Islamists, the Palestinian cause has long served as a kind of sounding board through which broader ambitions are expressed. In the demonstrations in London, this cause appears to be playing this familiar role once again. The flags at the demonstration were Palestinian, that is, the flag originally designed by Sir Mark Sykes as the banner of the Arab revolt against the Ottomans.

But the underlying meaning of these marches is something else; it is the latest phase in an Islamist posing of the question of power on the streets of a major European city. Whose will can be enforced? Whose rules must be obeyed? Who must bow before the threat of a superior force? These are the questions currently being asked via the mechanism of the Islamist mob that has emerged as a significant force in British public life in the period following October 7, 2023. The issue is thus rather stark.

This mob will either be dispersed or it may safely be assumed that it will continue to act to threaten and negate the will of elected representatives, thus eroding democratic governance in the UK.

 

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