Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

12 d'agost de 2010
2 comentaris

Guy Sorman: “Phnom Penh, le Nuremberg du communisme”

Gyy Sorman, (París, 1944), economista, filòsof  i assagista francès de pensament liberal, va publicar el proppassat 9 d’agost aquest article tot reflexionant sobre el genocidi perpetrat pel règim dels khmers rojos, contra el poble de Kamputxea entre el 1975 i el 1979.

L’escrit analitza no solament el cas cambodjà sinó la naturalesa mateixa del comunisme realment existent, i ho fa en uns termes que són difícils de trobar als mitjans que s’editen a Catalunya, on la influència del tardocomunisme encara és evident en l’àmbit acadèmic, polític i mediàtic. Joan Crexell va denunciar ja fa anys la ceguesa de l’esquerra europea davant els genocidis, concretament el que van patir els cambodjans.

Un événement considérable s’est produit, à Phnom Penh, le 26 juillet. Un certain “Douch” a été condamné à trente-cinq ans de prison pour avoir dirigé, de 1975 à 1979, le centre de torture de la capitale : quelque 12 000 victimes. Douch fut donc l’un des rouages de la machine exterminatrice du règne dit des Khmers rouges.

Contrairement au tribunal de Nuremberg, qui, en 1945, jugea les dignitaires nazis, Tokyo, en 1946, contre les fascistes japonais, ou La Haye contre les crimes en Yougoslavie, le procès de Phnom Penh n’est pas géré par des puissances victorieuses : il opère au sein de la justice cambodgienne, certes financé par les Nations unies.

La légitimité de ce tribunal est imparfaite ? Elle reste supérieure à celle de Nuremberg. Douch aura fait valoir qu’il obéissait aux ordres de ses supérieurs : évidemment, puisque tel fut l’alibi des dirigeants nazis, à Nuremberg, et celui d’Adolf Eichmann, à Jérusalem, en 1961.

Qui juge-t-on vraiment à Phnom Penh ? Il subsiste dans les médias comme une tentation de réduire les crimes de Douch à des circonstances locales. Certes, nous ne sommes plus en 1975 quand Libération titrait “Le drapeau de la Résistance flotte sur Phnom Penh”. Et Le Monde, dans un éditorial publié le jour de la condamnation de Douch, a admis que sa rédaction fit preuve, à l’époque, d’une effrayante cécité. Tout n’est pas dit pour autant.

Un lecteur peu informé pourrait croire qu’en 1975 s’est abattue sur le Cambodge une regrettable catastrophe, sous le nom de “Khmers rouges”, et que cette rébellion, venue on ne sait d’où, aurait tué le quart de la population. A qui, à quoi, devrait-on imputer ce que le tribunal a qualifié de “génocide”. Ne serait-ce pas la faute des Américains ? En installant au Cambodge un régime à leur solde, ceux-ci n’auraient-ils pas provoqué comme un choc en retour, une réaction nationaliste ?

Ou bien, ce génocide ne serait-il pas un héritage propre à la civilisation khmère ? Des historiens relativistes fouillent le passé du côté d’Angkor Vat (construit par des esclaves, un signe prémonitoire n’est-ce pas ?) pour excaver un précédent. Mais, l’arme du crime, on la trouvera plutôt dans ce que les Khmers rouges déclaraient : de même qu’Hitler avait décrit ses crimes par avance, Pol Pot avait expliqué qu’il détruirait son peuple pour en créer un nouveau.

Pol Pot se disait communiste ; il l’était devenu, à Paris, dans les années 1960. Puisque Pol Pot et son régime se disaient communistes – d’aucune manière les héritiers de quelque dynastie cambodgienne -, il faut admettre qu’ils l’étaient vraiment, communistes.

Ce que les Khmers rouges imposèrent, ce fut le communisme réel : il n’y eut pas, en termes conceptuels ou concrets, de distinction radicale entre leur règne et le stalinisme, le maoïsme, le castrisme ou la Corée du Nord.

Les régimes communistes suivent tous des trajectoires étrangement ressemblantes, que colorent à peine les traditions locales. Dans tous les cas, ces régimes entendent faire du passé table rase et créer un homme nouveau ; dans tous les cas, les bourgeois, les intellectuels et les sceptiques sont exterminés.

Les Khmers rouges regroupèrent la population urbaine et rurale dans des communautés agricoles calquées sur les précédents russe et chinois, les kolkhozes et les communes populaires, pour les mêmes raisons idéologiques et avec le même résultat : la famine. Sous toutes les latitudes, le communisme réel patauge dans le sang : extermination des koulaks en Russie, Révolution culturelle en Chine, extermination des intellectuels à Cuba. Le communisme réel sans massacre, sans camps de concentration, goulag ou laogaï, cela n’existe pas. Et si cela n’a pas existé, il faut en conclure qu’il ne pouvait en être autrement : l’idéologie communiste conduit à la violence de masse parce que la masse ne veut pas du communisme réel.

Le procès de Douch est donc le premier procès d’un apparatchik communiste responsable dans un régime officiellement et réellement communiste (une thèse que je partage avec Francis Deron, auteur du remarquable Procès des Khmers rouges, Gallimard, 2009). Le procès du nazisme fut instruit à Nuremberg, en 1945, celui du fascisme japonais, à Tokyo, en 1946, mais celui du communisme ?

Les quelques condamnations de dirigeants communistes en Europe de l’Est furent prononcées à titre individuel plus que systémique. Bien que le communisme réel ait tué ou dégradé plus de victimes que le nazisme et le fascisme réunis, le procès concret du communisme réel ne s’était, jusqu’à Phnom Penh, jamais tenu sur les lieux du crime.

Là où les communistes conservent le pouvoir – La Havane, Pékin, Hanoï -, ils bénéficient encore d’une vague immunité progressiste. Là où ils ont perdu le pouvoir, les communistes ont organisé leur propre immunité en se reconvertissant en sociaux-démocrates, en hommes d’affaires, en leaders nationalistes : cas général dans l’ex-Union soviétique.

Le seul procès possible et concret, celui du communisme réel par ses victimes, n’a donc sa place qu’au Cambodge. Pour l’avenir, il faut imaginer, c’est incertain, un procès du communisme à Pyongyang, intenté par les victimes coréennes, ou un procès de Pékin. Si ces procès devaient un jour se tenir, on serait étonné par la similarité des crimes et par celle des alibis : partout des accusés sans courage se décriraient en marionnettes passives, aux ordres d’un supérieur introuvable.

Une caractéristique étrange du communisme réel, révélée à Phnom Penh, est qu’après sa chute, aucun apparatchik communiste ne se réclame plus du communisme. Le procès de Phnom Penh montre combien le marxisme est utile pour revendiquer le pouvoir, prendre le pouvoir et l’exercer de manière absolue, mais le marxisme comme idéal n’est revendiqué par personne, pas même par ses anciens dirigeants.

Les Khmers rouges ont tué au nom de Marx, Lénine et Mao, mais ils préfèrent finir comme des renégats plutôt que marxistes. Cette lâcheté des Khmers rouges devant leurs juges révèle le communisme sous un jour nouveau : le communisme est réel, mais il n’est pas vrai, puisque nul n’y croit.

  1. També existeixen els fundamentalistes anticomunistes… Els francesos, precisament, no ténen cap dret moral de jutjar el que va passar en la ‘seva antiga Conchinchine’. El ‘comunisme’ al sudest asiàtic ( que no la Xina o Corea) és alguna cosa més … T’has oblidat de Laos, també comunistes. Llegir la història d’aquests països i tot el que van patir per part dels colonitzadors ens portaria a parlar-ne i molt.
    L’únic important és que ja és hora que aquests tribunals internacionals ens reclordin amb les seves sentències el genocidi cruel i bestial que va protagonitzar Pol Pol a Cambodja.
    La naturalesa del comunisme ….. i de molts altres règims anomenats lliures i democràtics, i que de manera ‘invisible’ maten, jutjen, i dominen aquest el nostre món cada vegada més cruel. 

  2. Qui va enderrocar el règim criminal de Pol Pot? La República Socialista del Vietnam, amb l’aprovació de la URSS. És a dir, que precisament foren els comunistes qui posaren fi a aquella bogeria molt però que molt més propera a l’utopisme oriental que no pas a cap tesi marxista.

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