28 de setembre de 2010
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NICOLE BROSSARD:una poeta quebequesa estimada

La llegesc com la cal·ligrafia dels dies de tardor, lentament, amb la veu suau del vent entre les fulles esgrogueïdes, amb la fredor un poc humida dins les escletxes de les cases, amb l’olor de la terra que m’embauma com una mala cosa, amb l’epifania de les tiges verdes que surten, perpendiculars i diminutes, a les voreres del caminal amb les primeres pluges.
Vet aquí la seva paraula nicolebrossardiana: fruïu-la, gaudiu-la, és una festassa. No té gota de greix.

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Ce sont des noms de lieux, de
villes, des climats qui hantent. Des personnages. Des matins clairs, une pluie
fine qui tombe depuis vingt-quatre heures, des images rares en provenance
d’ailleurs et d’Amérique, deux désastres naturels qui obligent à se serrer les
coudes au milieu des cadavres, ce sont des gestes tranquilles ou violets, des
obus, des glaçons dans les verres à l’heure de l’apéro, bruits de vaisselles ou
un léger bégaiement qui tourmentent un instant, une gifle, un baiser, ce sont
des noms de villes comme Venise ou Reading, Tongue et Pueblo, des noms de
personnages Fabrice Laure ou Emma.

 

[Imatge: Xot de Zurbarán]

 

Ce sont de mots comme genou ou
joue et encore d’autres à perte de vue qui nous obligent à nous pencher
au-dessus du vide, à nous étirer comme des chats le matin, ce sont des mots qui
font veiller jusqu’à l’aube ou prendre un taxi les soirs de semaine quand la
ville s’endort avant minuit et que la solitude reste coincée entre les
mâchoires.

 

Ce sont des mots dits de
mémoire, par envie ou par orgueil très souvent mots prononcés avec amour en
plaçant les mains derrière la nuque ou en remplissant un verre de porto. Ce
sont des mots dont il faut chercher l’étymologie, qu’il faut ensuite projeter
un mur de son de manière à ce que cris de douleur et soupirs de plaisir qui
errent dans les rêves et les documents prennent d’assaut la mystérieuse
obscurité du cœur.

 

Ce sont des mots comme baie,
colline, oued, via, street, strasse,
dispersés dans le dictionnaire entre flamboyants et néons, cimetières, mornes
et forêts. Ce sont des mots bras de mer, des ensembles de sens qui font griffe
ou soft sur nos poitrines, froid,
frissons, rigoles et peur dans le dos.

 

Ce sont des mots avaleurs de
feu et de vie, on ne sait plus s’ils sont latins, français, italiens,
sanskrits, mandarins, andalous, arabes ou anglais, s’ils cachent un chiffre un
animal ou de vielles angoisses pressées de jaillir sous nos yeux comme des
ombres clones remplies de lumière et de grands mythes.

 

Cahier de roses et de civilisation, Art Le Sabord, 2003.

 

 

 

 

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