3 de novembre de 2009
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1 comentari

OBITUARIS: LÉVI-STRAUSS, AYALA I LÓPEZ VÁZQUEZ

Vertaderament, sense aquests tres homes, el planeta Terra queda més buit, perd tres cervells, tres biblioteques, tres formes, singulars i úniques, d’escriure la saviesa.
Primer vaig saber que José Luís López Vàzquez havia partit. I em vingueren al cap un sens fi d’interpretacions d’aquest actor tot terreny que reveuré suara. Crec que miraré Mi querida señorita.
Després vaig saber que aquest escriptor de 103 anys, Francisco Ayala, també sortia d’escena. I he recordat aquella prosa musical de El jardín de la delícias i els seus darrers articles i entrevistes a El país com a certesa de la llarga vida intel·lectual d’un dels mestres de la literatura del segle XX.
I la fi de Claude Lévi-Strauss als 100 anys m’ha demostrat també que que el cervell és el darrer que mor. Tristos tròpics, en l’edició d’Anagrama en català, va ser l’entrada en l’univers inacabable d’un antropòleg, escriptor, filòsof, poeta, lògic, descobridor, un dels maîtres à penser, un dels homes que ens ha ensenyat a pensar.

[Article de Roger Paul-Droit a Le monde del 2008, quan va sortir el darrer volum de l’obra completa de Lévi-Strauss a la Bibliothèque de la Pléiade.]
Je n’aime pas le mot ‘devoir’ pour commencer. Je n’aime pas les thèmes
qui ont une connotation morale. Mais qu’il n’y a que par le passé qu’on
peut comprendre le présent. J’aurais essayé de montrer qu’on ne peut
rien comprendre ou juger que grâce à la mémoire.

Lévi-Strauss

A qui doit-on cette pensée immense ? Un philosophe ? Un ethnologue,
un anthropologue, un savant, un logicien, un détective ? Ou encore un
bricoleur, un écrivain, un poète, un moraliste, un esthète, voire un
sage ? Seule réponse possible : toutes ces figures ensemble se nomment
Claude Lévi-Strauss. Leurs places varient évidemment selon les livres
et les périodes. Mais il existe toujours une correspondance, constante
et unique, entre ces registres, usuellement distincts et le plus
souvent incompatibles. Car cette oeuvre ne se contente pas de déjouer
souverainement les classements habituels. Elle invente et organise son
espace propre en les traversant et en les combinant sans cesse.

Depuis une naissance à Bruxelles le 28 novembre 1908 jusqu’à la publication, ces derniers jours, de deux mille pages dans la “Bibliothèque de la Pléiade”,
le parcours de Lévi-Strauss suit un curieux périple. Il commence dans
l’atelier de son père, qui était peintre, se poursuit par une série de
mutations dont l’inventaire comprend, entre autres, l’agrégation de
philosophie, le choix de l’anthropologie, le parcours du Mato Grosso, l’exil à New York pendant la guerre, l’adoption de la méthode structurale, la notoriété mondiale, le Collège de France,
l’Académie française et l’apparent retour à la peinture dans son
dernier livre publié (Regarder écouter lire, Plon, 1993). Résultat :
des voies nouvelles pour scruter l’humain.

Trait essentiel : l’exigence sans pareille de remonter continûment
d’une émotion aux formes qui l’engendrent – pour la comprendre sans
l’étouffer. Lévi-Strauss ne cesse de débusquer la géométrie sous la
peinture, le solfège sous la mélodie, la géologie sous le paysage. Dans
le foisonnement jugé imprévisible des mythes, il discerne une grammaire
aux règles strictes. Dans l’apparent arbitraire des coutumes
matrimoniales, il découvre une logique implacable. Dans le prétendu
fouillis de la pensée des “sauvages”, il met au jour une complexité, une élaboration, un génie inventif qui ne le cède en rien à ceux des soi-disant “civilisés”.

Cette symbiose du formel et du charnel, il n’a cessé de la parfaire.
Le choix que Claude Lévi-Strauss a opéré parmi ses livres pour “la Pléiade”
le confirme. Mais à sa manière : indirectement, sous la forme, au
premier regard, d’un paradoxe. Il est curieux, en effet, que les textes
qui eurent le plus fort impact théorique n’aient pas été retenus. Ainsi
ne trouve-t-on dans ce choix d’oeuvres ni Les Structures élémentaires
de la parenté (1949), ni les deux recueils d’Anthropologie structurale
(1958 et 1973), ni les quatre volumes des Mythologiques ! Le luxe
suprême, pour l’auteur de chefs-d’oeuvre multiples, serait-il de les
trier sur le volet ? Réunir notamment Tristes Tropiques, la Pensée
sauvage, La Potière jalouse et bon nombre d’inédits, c’est proposer une
lecture indispensable.

EFFETS DE SENS

Malgré tout, on peut s’interroger sur les effets de sens induits par
ce regroupement, les présences et les absences. Finalement, en écartant
les travaux techniques qui s’adressent aux experts, cette “Pléiade”
propose un Lévi-Strauss plus aisément accessible au public. L’ensemble
déplace le centre de gravité vers la dernière partie de l’oeuvre, avec
La Voix des masques (1975), Histoire de Lynx
(1991), Regarder écouter lire. L’anthropologue se montre ici,
globalement, plus écrivain que scientifique – à condition de ne surtout
pas entendre par là un quelconque retrait de la réflexion au profit du
récit et du plaisir du style. La force de ce maître est au contraire de
toujours tenir ensemble et l’expérience sensible et son arrière-plan
théorique.

On laissera donc de côté l’idée que les structures seraient des
formes ternes, résidant dans des sous-sols gris. Elles habitent avec
éclat les séquences chamarrées du monde, expliquent le système des
masques indiens aux couleurs vives aussi bien que celui des mélodies de
Rameau. Cette bigarrure bien tempérée est la marque de Lévi-Strauss. A
New York, il apprit à fusionner l’insolite et le formalisme, en
fréquentant André Breton aussi bien que Roman Jakobson.
De Rousseau, il a retenu la fraternité de la nature perdue, de
Montaigne le scepticisme enjoué, et le sens quasiment bouddhique de la
discontinuité des instants. Mais il ne doit qu’à lui-même la fusion
permanente de ces registres en un style.

Comment dire, par exemple, que le village bororo, de feuillages
noués et tressés, entretient avec les corps de tout autres relations
que nos villes ? “La nudité des habitants semble protégée par le
velours herbu des parois et la frange des palmes : ils se glissent hors
de leurs demeures comme ils dévêtiraient de géants peignoirs
d’autruche.”
Une autre page de Tristes Tropiques précise : “C’est une étrange chose que l’écriture.” Plus encore quand elle unit d’oeuvre en oeuvre mathématiques et poésie. Heureux ceux qui ont encore à découvrir.

Roger-Pol Droit

  1. Benvolgut Biel,
    El comentari que et faig no té res a veure amb aquest apunt, però volia dir-te que he descobert el teu bloc gràcies a la intervenció que vas fer al programa L’internauta de dissabte passat. No ens coneixem de res, però un dels teus llibres ‘L’adolescent de sal’ va crear una gran impressió en mi, i em venia de gust dir-t’ho. Al meu bloc, hi ha un apartat permanent amb petits fragments d’aquest llibre, fragments que mentre llegia no em vaig poder estar d’anotar i que he repassat tantes i tantes vegades. En obrir el bloc vaig pensar que era un bon espai per recordar-los. Ara hi he afegit l’enllaç al teu bloc perquè hi he entrat i, com el llibre, m’agrada.
    En fi, salut i felicitats per la teva feina!
    Anna

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