Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

24 d'agost de 2018
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La nova giragonsa de l’esquerra radical alemanya

Sahra Wagenknecht és una dirigent destacada del partit d’esquerres alemany Die Linke que anuncia pel 4 de setembre vinent el naixement d’un nou projecte polític “Aufstehen” (dempeus) inspirat en el laborisme anglès liderat per Jeremy Corbyn, la France Insoumisse de Jean-Luc Mélechon o el Podemos espanyol de Pablo Iglésias. Però amb la diferència que la diputada alemanya planteja un discurs refractari a la immigració per tal de disputar el vot als nacional-populistes de l’Alternative für Deutschland.

Està per veure quina acollida té aqueixa iniciativa al si de l’esquerra, i en el conjunt del debat polític a Alemanya, i quin impacte té en els partits en els quals s’inspira, però d’entrada s’afegeix a la insignificança intel·lectual de les esquerres europees, que llevat de Syriza a Grècia o el tripartit portuguès, són incapaces de bastir propostes innovadores i nacionalment autocentrades.

El diari de l’esquerra francesa Libération publicà abans d’ahir una crònica de la corresponsal a Berlín titulada significativament: “Allemagne: l’égérie de la gauche radicale penche à l’extrême droite sur les migrants”:

Sahra Wagenknecht, la co-présidente du groupe parlementaire de Die Linke au Bundestag, lancera le 4 septembre «Aufstehen», un parti pour en finir avec la «bonne conscience de gauche sur la culture de l’accueil».

«Aufstehen». On peut traduire ce mot par un impérieux «debout», ou un plus sobre «se lever». C’est le nom d’un nouveau mouvement au sein de la gauche allemande, qui doit voir le jour le 4 septembre. S’inspirant notamment de Podemos et de La France insoumise, Aufstehen entend rassembler au-delà des clivages politiques. Il en appelle donc aux écolos, aux déçus du Parti social-démocrate, aux abstentionnistes, aux ouvriers désabusés et «antisystème», qui pourraient trouver là une alternative à l’extrême droite de l’AfD (Alternative für Deutschland). Son site, mis en ligne le 4 août, évoque Bernie Sanders, Jeremy Corbyn mais aussi Bob Marley et sa chanson Get Up, Stand Up.

A l’origine de ce mouvement naissant, qui entend avant tout faire pression sur les partis traditionnels pour les pousser vers une politique plus sociale, on trouve Sahra Wagenknecht, 49 ans. La coprésidente du groupe parlementaire du parti de gauche Die Linke au Bundestag, qui représente la cinquième force politique du pays, est une figure aussi médiatisée que controversée. Parmi les «tabous» qu’elle entend renverser, l’un d’eux est de taille pour sa famille politique : la question migratoire.

Sahra Wagenknecht plaide donc pour que la gauche engage une «autre politique migratoire». Dans des tirades qui flirtent régulièrement avec la rhétorique de l’AfD, elle appelle à en finir avec la «bonne conscience de gauche sur la culture de l’accueil». Elle estime que prôner l’ouverture des frontières est une idée «naïve», ajoutant : «Plus de migrants économiques, cela signifie plus de concurrence pour les bas salaires dans le secteur de l’emploi.»

Des mesures toujours plus dures

Le sujet est hautement inflammable en Allemagne. Depuis 2015, les politiques se cessent de se déchirer sur la politique d’accueil prônée à l’époque par Angela Merkel. A partir de cette période, l’AfD, fondé en 2013, a engrangé un nombre considérable d’électeurs – il est désormais la principale force d’opposition à la grande coalition au pouvoir. Lors des élections législatives de 2017, les débats se sont concentrés sur la politique migratoire, les réfugiés et l’islam, forçant le gouvernement à adopter ensuite des mesures toujours plus dures : mise en place d’un plafond annuel de réfugiés, restrictions en matière de regroupement familial.

Récemment, cette même question migratoire a provoqué une crise gouvernementale spectaculaire entre Angela Merkel et son ministre de l’Intérieur conservateur, Horst Seehofer. Dans une pantalonnade assez inédite, ce dernier avait menacé de démissionner, avant de se raviser. Finalement, le gouvernement a mis en place un accord sur les migrants très décrié à gauche, autorisant notamment la création de centres de rétention pour réfugiés.

Les positions de Sahra Wagenknecht sur l’immigration tranchent avec celles de son parti ; elle a d’ailleurs été désavouée et huée lors du dernier congrès de Die Linke, en juin. Mais elles réjouissent l’extrême droite, dont elle se distance pourtant à longueur d’interview. Déjà, en 2016, après les violences sexuelles survenues à Cologne le 31 décembre 2015, elle avait provoqué de sérieux remous en déclarant que «ceux qui abusent du droit d’hospitalité perdent ce droit à l’hospitalité», rhétorique typique de l’AfD – l’actuel chef du parti, Alexander Gauland, s’était d’ailleurs frotté les mains.

En 2016, après l’attaque terroriste sur le marché de Noël à Berlin, elle commentait, tout aussi tendancieuse : «Non seulement l’ouverture des frontières n’est pas contrôlée, mais la police en est réduite à être inefficace. Elle n’a ni les ressources humaines ni techniques pour affronter la menace actuelle.»

Un paysage politique en mutation

Que cherche Sahra Wagenknecht ? Elle est consciente que Die Linke ne cesse de perdre des voix au profit de l’AfD, surtout dans l’est de l’Allemagne. Qu’il ne parvient pas, lors des élections fédérales, à passer la barre des 10%. Elle constate enfin que ces nouveaux mouvements citoyens dont s’inspire Aufstehen parviennent à séduire en ratissant large. Elle a vu avec intérêt Jean-Luc Mélenchon récolter 19% des voix lors de la dernière présidentielle française. Ainsi tente-t-elle d’attirer des sympathisants à coups de punchlines percutante s: «Les lobbyistes ont beaucoup d’argent, nous avons des gens.»

Pour l’instant, son mouvement se résume à un site rempli de vidéos de quidams de gauche. Un manifeste est attendu pour le 4 septembre. Mais il semble déjà attirer l’attention des Allemands et aurait engrangé autour de 60 000 inscrits. En outre, un sondage commandé voici quelques jours par le magazine Focus indiquait qu’un tiers des personnes interrogées pourraient voter pour Aufstehen si le mouvement était un parti.

Signe que le paysage politique allemand en train de muter, certains membres de la CDU n’excluent plus des alliances locales avec Die Linke. Le débat a été lancé dans la torpeur de l’été par Daniel Günther, ministre-président du Schleswig-Holstein. La CDU, dit-il, doit agir «sans œillères». Une position surprenante, qui a poussé Angela Merkel à prendre la parole. «Je ne suis pas favorable à une coopération avec Die Linke depuis de nombreuses années» a déclaré, catégorique, la chancelière. A l’approche des élections régionales de l’été 2019 dans plusieurs Länder de l’est de l’Allemagne, ce discours pourrait bien connaître des inflexions avec la menace toujours plus tangible d’une victoire de l’AfD.

Post Scriptum, 1 de setembre del 2018.

Le Monde entrevista avui el sociòleg alemany Dieter Rucht que no augura bones perspectives al projecte Aufstehen:

Comment expliquez-vous l’apparition du mouvement Aufstehen sur la scène politique allemande ? De quoi est-il le symptôme ?

La principale raison, c’est le constat que le parti de gauche Die Linke [créé en 2007] n’a pas profité, autant que certains l’auraient espéré, de la crise du Parti social-démocrate (SPD). Ces dernières années, le SPD a perdu plusieurs millions d’électeurs mais Die Linke n’en a pas gagné autant en retour. Il y a donc une question stratégique pour la gauche allemande : comment ­espérer redevenir un jour majoritaire ?

A cela s’ajoute un débat interne sur la ligne de Die Linke. Il n’est pas nouveau. Dans ce parti, Sahra Wagenknecht a longtemps défendu une ligne marxiste « orthodoxe », n’hésitant pas à se faire l’avocate de l’héritage de la période communiste, au risque de se faire critiquer par ses camarades. Les contours idéologiques de son futur mouvement [Aufstehen] puisent dans cette histoire. Par rapport à la majorité de Die Linke, elle incarne une ligne intransigeante : défense assez nette des positions du gouvernement russe, critique radicale de l’Union européenne [UE], fermeté sur l’immigration, en porte-à-faux avec l’ouverture des frontières prônée par la majorité de ses camarades.

Voyez-vous des analogies entre Aufstehen et d’autres mouvements apparus ces dernières années, comme La France insoumise, Podemos, en Espagne, ou le Mouvement 5 étoiles, en Italie ? Et selon vous, Aufstehen a-t-il un avenir ?

Tous se présentent comme une réponse à la crise des partis traditionnels. Mais il y a aussi de vraies différences. Selon moi, le mouvement dont Aufstehen se rapproche le plus est La France insoumise. Il y a des contacts personnels entre Mme Wagenknecht et M. Lafontaine, d’un côté, et Jean-Luc Mélenchon et ses amis, de l’autre. Politiquement, leurs positions sont assez proches, que ce soit sur la Russie ou l’UE. Avec Podemos, je vois moins de parallèles : au départ, ce parti est issu d’un mouvement social et citoyen, les Indignados, alors que Aufstehen est fondé par des responsables d’un parti qui existe. Quant au Mouvement 5 étoiles (M5S), c’est très différent : la façon dont il s’est constitué, autour de multiples groupes locaux fédérés par Beppe Grillo, le rend très particulier, sans parler de son positionnement. Malgré leurs singularités, La France insoumise et Podemos s’inscrivent dans l’histoire de la gauche européenne, comme Aufstehen. Ce n’est pas vraiment le cas du M5S.

Pour revenir à Aufstehen, je crois peu aux chances de ce mouvement, malgré l’intérêt médiatique suscité par sa création. D’abord, parce que je ne vois pas actuellement d’espace à gauche pour une nouvelle structure. Ensuite, parce que l’initiative vient de professionnels de la politique qui n’ont guère d’ancrage dans le mouvement social. En cela, la création d’un mouvement « par en haut » contredit l’idée même du projet, celui d’une nouvelle forme d’action démocratique issue de la base des citoyens. En cela, j’observe surtout une campagne assez efficace sur le plan de la communication, mais sans contenu précis pour l’instant.

Enfin, pour que le succès soit au rendez-vous, il faudrait que le projet nourrisse, dans les partis de gauche, un certain intérêt. Or, ce n’est le cas ni au SPD ni chez les Verts, ni même au sein de Die Linke puisque, même dans son parti et malgré son charisme, Mme Wagenknecht est davantage clivante que rassembleuse.

En raison de son discours sur l’immigration, certains de ses détracteurs accusent Mme Wagenknecht de chasser sur les terres du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD). Ce rapprochement a-t-il un sens ?

Oskar Lafontaine ne s’en cache pas : l’un des objectifs du mouvement est de récupérer les anciens électeurs de Die Linke qui votent désormais AfD. De ce point de vue, il peut y avoir des points communs dans une certaine rhétorique populiste, une certaine vision du peuple contre les élites, une critique de l’Europe, etc. Mais sur l’immigration, je pense au contraire que cela n’a rien à voir. Certes, Mme Wagenknecht souhaite la limiter, mais elle ne prône ni une immigration zéro ni des expulsions massives des étrangers, contrairement à l’AfD. Par ailleurs, son discours n’est pas fondé sur une vision identitaire et culturelle. Enfin, il n’y a pas chez elle de critique de l’islam, point central du programme de l’AfD.

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