Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

29 de març de 2017
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Anotacions a la crítica de Bérénice Levet sobre la teoria del gènere

El debat, a Catalunya, al voltant d’una matèria polièdrica com és la teoria del gènere està condicionat per prejudicis dogmàtics com es va poder comprovar fa poques setmanes arran de la gira per terres catalanes de l’autobús noliejat pels integristes catòlics espanyols promotors de la campanya “Hazte oir”. El rebuig d’aqueixa iniciativa desencertada va ser capitalitzat pel progressisme multidimensional que campa per casa nostra fins al punt que hom estigmatitza tota aproximació al tema que no sigui un suport sense fissures a la propagació de la teoria del gènere.

Per això m’he fixat en les opinions de filòsofs francesos com Finkienkraut o Bérénice Levet, doctora en filosofia i assagista, que ha publicat “La théorie du genre ou le monde rêvé des anges”, (Grasset, 2014) i un darrer assaig, “Le crépuscule des idoles progressistes”, (Stock, 2017). Molt activa mediàticament, el proppassat 4 d’octubre va ésser entrevistada per Le Figaro sobre aqueixa qüestió: “Le système scolaire tout entier est imprégné des fondements de la théorie du genre”.

Ahir mateix va tornar a ser entrevistada per Le Figaro que ha resumit les seves opinions en aqueix titular: “Mention “sexe neutre” à l’état civil: le Genre, dernier avatar de l’idéologie progressiste”:
La Cour de cassation se prononcera le 4 mai prochain sur l’inscription de la mention « sexe neutre » sur les papiers d’identités d’un intersexe. Pour Bérénice Levet, derrière ce militantisme se cache la volonté de mettre à bas toute idée de différence des sexes.

La France va-t-elle reconnaître l’existence d’un troisième genre? Mardi 21 mars, la Cour de cassation était appelée à examiner le cas d’une personne intersexe, comme il convient de dire, de soixante-six ans réclamant l’inscription de la mention «sexe neutre» sur ses papiers d’identité. Né avec des organes sexuels indéterminés (micro-pénis, vagin rudimentaire), déclaré de sexe masculin à sa naissance, celui qui porte un prénom masculin ne se sent ni homme ni femme.

Il s’est toutefois marié, a adopté un enfant. Son combat ne commence qu’en 2006: «Cette année-là, rapporte-t-il, j’ai découvert Internet. Les associations d’intersexes. Enfin, je me suis senti moins seul. J’ai compris que l’intersexuation était plus répandue que ce que je croyais. Et je suis devenu un militant actif». Donnée qui n’est pas indifférente.

En octobre 2015, il avait obtenu gain de cause devant le tribunal de grande instance de Tours. Un an plus tard, la cour d’appel d’Orléans rejetait sa demande. Aujourd’hui, le dossier est de nouveau sur la table. La décision sera rendue le 4 mai prochain. «Je suis serein, je sais qu’on va y arriver, a commenté Vincent Guillot, président de l’Organisation internationale des intersexes. Si ce n’est pas devant cette juridiction, ce sera devant une autre».

Il est capital de comprendre ce qui se joue ici dans la revendication de l’introduction de la notion de sexe neutre dans notre état civil. Ne soyons pas dupes, les transgenres ou intersexes ne sont qu’un prétexte, l’objectif poursuivi est ailleurs. L’ambiguïté sexuelle qui affecte ces personnes ne serait de toute façon une souffrance qu’à cause de ceux qui, comme nous, postulent des normes.

Le «neutre» est au cœur de l’anthropologie du Genre qui postule une neutralité première. La neutralité serait notre condition originelle: seule la chute dans la société qu’est la naissance nous en priverait. Par nature, nous ne serions ni homme, ni femme. Sans doute naissons-nous avec un corps doté d’attributs dit masculins ou féminins mais ce corps sexué ne serait sans aucune incidence sur l’être que nous deviendrons. Le Genre ne nie pas la différence anatomique, il nie toute continuité entre le donné biologique et l’identité sexuée et sexuelle. Le Genre est une philosophie de la désincarnation. Un matérialisme nullement enchanté, bien loin de celui de Diderot: le corps sexué n’est qu’une machine et n’entre pour rien dans l’identité sexuée et sexuelle qui sera la nôtre.

Ce petit vocable de Genre – en apparence inoffensif mais chargé de postulats redoutables, que je ne peux développer ici – a été forgé pour dire cette prétendue radicale dissociation. Le sexe renvoie à l’anatomie, au biologique, le Genre a la culture, à l’histoire, entre les deux, il n’y aurait aucune articulation. Le genre, c’est l’identité sexuée et sexuelle sans sexe.

L’ambition du genre est d’en finir avec cette idée que, du donné charnel à l’identité, la conséquence serait bonne. Il s’agit de rendre chacun à cette hypothétique neutralité originelle qui lui serait dérobée dès sa naissance et, on va le voir, à ce moment précis de la déclaration parentale à l’état civil. Afin d’illustrer les choses, on dira que, pour le Genre, avec sa célèbre formule, «on ne naît pas femme, on le devient», Simone de Beauvoir est demeurée comme en retrait de sa propre intuition. Si l’on ne naît pas femme (mais juste femelle), pourquoi le deviendrait-on? Au contraire, tous les possibles s’ouvrent à nous. Homme, femme, tantôt l’un, tantôt l’autre, les deux simultanément, homosexuel, hétérosexuel, bisexuel, bref toutes les combinaisons s’offrent à nous. La catégorie de «sexe neutre» est en parfaite congruence avec l’ivresse des possibles, l’hypertrophie de la volonté, l’exaltation de la fluidité – mot fétiche – des identités qui marquent de leur sceau le Genre.

La bataille du Code civil constitue ainsi une bataille majeure pour les zélateurs du Genre.

Selon eux, le processus d’ «assignation» à une identité sexuée et sexuelle commence à ce moment précis de la déclaration à l’état civil du sexe de l’enfant. Même s’il ne s’agit que de déclarer le «sexe» du nouveau-né, il n’empêche, les parents, et la société tout entière avec eux lorsqu’ils annoncent «un garçon/une fille nous est né(e)», en déduisent le «genre» qui sera le sien. La machine infernale se met alors en branle: en fonction des organes dont la nature l’a doté, le nouveau-né sera élevé comme une fille ou comme un garçon, voué à devenir une femme ou un homme. Autrement dit, dès la naissance, chacun anticipe sur l’identité du nouveau venu et scelle du même coup son destin, lui qui n’était que liberté, disponibilité. En réalité, met en garde Judith Butler, la grande théoricienne du Genre, – ainsi qu’elle-même se désigne, et fort pertinemment car, en dépit du déni généralisé, il y a bien une théorie du Genre -, l’ «immatriculation» de l’enfant commencerait, dès avant la naissance, au moment de l’échographie. Lorsque le médecin annonce aux parents qu’ils attendent une fille ou un garçon, c’en serait fini de cette virginité originelle postulée.

«Assignation», «immatriculation», ce vocabulaire commun aux adeptes du Genre vise à incriminer les parents: en déclarant leur progéniture, sous telle ou telle catégorie, ils décident de l’identité qui sera la sienne, et commettent rien de moins qu’un abus de pouvoir. Né libre, neutre, indéterminé, déjà le nouveau-né, le nouveau-venu est dans les fers!

On comprend dès lors quelle victoire représenterait pour les promoteurs du Genre l’introduction dans notre état civil de la notion de «sexe neutre» – laquelle devrait, à terme, en bonne logique, périmer les deux autres. Imaginons que cette catégorie de sexe neutre soit ajoutée à l’état civil, conçoit-on le dilemme des parents au moment de déclarer la naissance de leur enfant? Les «bons» parents se reconnaîtront-ils à ce qu’ils opteront pour la catégorie neutre et donneront un prénom épicène à leur enfant, lui ouvrant ainsi tous les possibles? Ces malheureux parents qui, déjà, sont accusés de se faire les collaborateurs de l’ordre sexué et les émissaires des stéréotypes sexistes quand ils s’obstinent simplement à voir dans leurs enfants des garçons et des filles, des êtres incarnés, non des anges éthérés, asexués, comment n’auront-ils pas le sentiment d’excéder leur pouvoir et de violer la liberté de leur progéniture, en lui attachant un sexe? Souvenons-nous du film plébiscité par le gauchisme culturel et l’Éducation nationale, Tomboy de Céline Sciamma. De quoi souffre cet enfant, sinon d’avoir été «assigné» à une identité féminine qui n’est pas son genre, et qui, le temps d’un été, loin de ce lieu d’assignation identitaire qu’est la famille, se fait passer pour un garçon, emprunte son prénom à Michael Jackson et, allant «au bout de la possibilité Michael», ainsi que l’explique la réalisatrice, se met alors à exister.

Les enfants finiront-ils par intenter des procès à leurs parents pour les avoir à la naissance «assigné» à une identité dans laquelle ils ne se reconnaissent pas quand leur père et leur mère auraient pu opter pour la catégorie «neutre»?

Dans une de ses chroniques de L’Express (14 novembre 2012), Jacques Attali suggérait de soumettre à la ratification des adolescents le prénom que leurs parents leur ont donné sans, et pour cause, les consulter. Devra-t-on y ajouter l’identité sexuée? Et en l’absence de consentement, autoriser les jeunes gens à changer de sexe, selon leur «vécu», leur «ressenti», quelle que soit leur apparence physique?

Il faut bien comprendre que la finalité de ce combat est d’affranchir totalement l’identité sexuée du donné naturel et de s’en remettre au seul «ressenti». L’identité ne doit plus dépendre que du «vécu intérieur et individuel du genre, tel que la personne le perçoit elle-même», ainsi que l’a énoncé le sénat argentin en mai 2102, ratifiant le projet de loi reconnaissant aux citoyens le droit de choisir leur sexe aussi bien que de n’en reconnaître aucun, une case «X» est prévue à cet effet. L’identité sexuelle n’est plus, ne doit plus être un «donné» mais une expérience purement subjective. Quelle que soit votre apparence, si vous vous vivez comme homme ou femme alors vous devez pouvoir être reconnu conformément à ce «ressenti».

La chose est passée inaperçue mais en octobre 2016, dans le cadre de la loi de modernisation de justice du XXIe siècle, l’article 61 du Code civil a été modifié: les transsexuels et transgenres peuvent désormais changer d’état civil sans subir les opérations nécessaires, en faisant valoir le seul vécu: «Toute personne majeure ou mineure émancipée qui démontre par une réunion suffisante de faits que la mention relative à son sexe dans les actes d’état civil ne correspond pas à celui dans lequel elle se présente et dans lequel elle est connue peut en obtenir la modification», stipule l’article 61, précisant que «le fait de ne pas avoir subi des traitements médicaux, une opération chirurgicale ou une stérilisation ne peut motiver le refus de faire droit à la demande».

Derrière ce militantisme en faveur de l’introduction de la catégorie du neutre dans notre état civil, se cache un autre combat encore. Il s’agit de mettre à bas un modèle de société structuré par la différence des sexes. Les avocats de l’intersexe de 66 ans sont sans ambiguïté: «Il faut sortir de notre système binaire, homme-femme, et être à l’écoute du ressenti de chacun» plaide Maître Mila Petkova. La notion de genre s’est imposée pour dénaturaliser les identités sexuées, or, en continuant de penser le genre sous le double registre du masculin et du féminin, nous témoignons de notre impuissance à nous libérer véritablement de la nature. La persistance de la dualité masculin/féminin serait le reliquat d’une pensée naturaliste. «Supposer que le genre est un système binaire revient toujours à admettre le rapport mimétique entre le genre et le sexe», dénonce Judith Butler. La reconnaissance du neutre parachèverait le processus de dénaturalisation. Tous les liens avec le donné charnel seraient rompus.

Rappelons que c’est dans le laboratoire d’équipes médicales spécialisées dans le traitement d’enfants nés hermaphrodites, intersexuels, et la prise en charge de transsexuels que le concept de Genre a été forgé. À partir de ces troubles de l’identification sexuelle, de ces cas pathologiques, marginaux des conclusions censées valoir universellement ont été tirées. L’exception fondera la règle. Et c’est encore sur ces cas que les partisans du genre s’appuient pour faire voler en éclats la norme.

Les pressions qui s’exercent sur les États pour les convertir à ce nouvel ordre civil sont fortes. La liste des pays qui en sont venus à proposer, dans leurs documents administratifs, en plus des cases masculin, féminin, la case «neutre» que peuvent cocher tous ceux qui, quel que soit leur sexe de naissance, ne se sentent ni homme ni femme, ne cesse de s’allonger. Depuis 2011, les citoyens australiens ont la possibilité de se déclarer «neutre» sur leur passeport et depuis mai 2013, à l’état civil. L’Argentine, on l’a dit, a également introduit cette possibilité. L’Union Européenne finira bien par imposer à l’ensemble des États membres de l”introduire dans leur registre d’état civil. Autrement dit, de suivre l’exemple de la toujours bonne et zélée élève de l’Europe qu’est l’Allemagne qui, en 2013, a reconnu l’existence d’un troisième genre.

À l’instar de la Suède qui commence à rétrocéder, bannira-t-on dans les familles et dans les crèches, l’usage des pronoms personnels masculin et féminin au profit d’un terme forgé de toutes pièces, «hen», équivalent du neutre? Toujours à l’image de ce pays qui fascine certains de nos politiques, procèderons-nous à un grand ménage dans nos bibliothèques pour enfants, en écartant les histoires susceptibles d’entretenir la «fiction» du masculin et du féminin? Cendrillon, Blanche-Neige se trouvant ainsi bannis au profit d’histoires telles que Kivi och monsterhund (Kivi et le chien monstrueux) dont le héros porte un prénom asexué et où les pronoms masculin et féminin sont exclus au profit de ce fameux neutre (hen). C’est ainsi en effet, que, sous l’influence de l’idéologie du Genre, on ne brûle peut-être plus de livres – la barbarie procède avec douceur désormais, ainsi que l’a montré Jean-Pierre Le Goff -, mais certains sont réécrits, d’autres mis à l’index.

Naître, c’est nécessairement s’incarner dans l’un ou l’autre sexe. Nous avons un corps, mieux, nous sommes un corps. Un corps que nous ne choisissons pas, que personne au demeurant n’a choisi et qui nous commande autant que nous le commandons. Ce que semblent méconnaître les militants de la cause du Neutre, c’est le poids du fardeau dont ils chargent les épaules d’un enfant qui entrerait dans la vie sans identité sexuée. Kierkegaard jette une lumière très vive sur l’impasse que représente cet idéal d’une prolifération des identités. L’auteur du Traité du désespoir distingue entre deux formes de désespoir, l’un par absence de possible, l’autre, par défaut de nécessité. C’est à cette dernière forme de désespoir que le Genre accule l’humanité en exaltant une ivresse des possibles qui jamais ne se transforme en nécessité, c’est-à-dire en réalité. Le Genre est le dernier avatar de l’idéologie progressiste et de cette idole qu’est la liberté comme déliaison, désaffiliation.

Post Scriptum, 7 d’abril del 2017.

Le Figaro d’avui avança que el Tribunal Europeu dels Drets Humans ha condemnat França per denegar la inscripció de canvi de sexe al registre civil condicionada a una operació mèdica.

Post Scriptum, 8 de maig del 2017.

El proppassat 4 d’aqueix mes de maig Le Figaro publicava que el Tribunal de Cassació d’Orleans refusava la petició d’un ciutadà per inscriure’s al registre civil com a pertanyent al sexe neutre.

Post Scriptum, 14 de setembre del 2022.

Ahir, a Le Figaro, novament Bérénice Levet: «‘‘Stéréotypes de genre’’, la négation de la différence naturelle des sexes».

Post Scriptum, 29 de novembre del 2022.

Ahir, a Le Figaro:  “Céline Masson et Caroline Eliacheff, deux psychanalystes et auteurs du livre La Fabrique de l’enfant-transgenre (Éditions de l’Observatoire), alertent sur les dérives de la transition de genre chez les enfants. Elles ont vu trois de leurs conférences annulées en une semaine, sous la pression d’activistes trans. Elles demandent à tous les élus d’assumer leurs responsabilités pour que cesse cette censure de fait: «Sur la question trans, nous vivons un climat de terreur intellectuelle».

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