Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

28 de març de 2017
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Charb ( Charlie Hebdo), assassinat al 2015 pels gihadistes i censurat al 2017 pels islamo-gauchistes

Presentint potser la seva mort, poc abans de la matança el director de Charlie Hebdo conegut pel seu renom “Charb”, va publicar un llibret titulat “Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes” (Lés Échappés, París, 2015) on denunciava la perversió dels moviments antiracistes a França per tal de convertir-los en agents protectors de la difusió de la religió islàmica tot qualificant-ne d’islamofòbica tota crítica que li és adreçada.

Dos anys després del seu assassinat l’adaptació teatral de la seva obra ha estat objecte de censura a la Universitat de Lille per temor a desordres provocats pels inquisidors de l’islamofòbia, tal com denuncia ahir Le Figaro en aqueix article titulat “La pamphlet posthume de Charb sur l’islamophobie censuré à Lille”:

Les mots du directeur de Charlie Hebdo, assassiné lors des attentats de janvier 2015, dérangent encore. L’adaptation théâtrale de Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes a été annulée par l’université Lille II. Le président de cette dernière évoque des «risques de débordements».

Une lecture spectacle du texte de Charb intitulée Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes a été annulée à Lille. Le spectacle qui devait être suivi d’un débat avec Marina Bret, DRH de Charlie Hebdo, devait avoir lieu mardi dernier à l’Antre 2, une salle appartenant à l’université Lille 2. Il a été déprogrammé. Le président de Lille-2, Xavier Vandendriessche, a justifié son choix dans La Voix du Nord, évoquant sa crainte de «débordements»: «Ce n’est pas ma philosophie, ma philosophie c’est d’ouvrir les portes. Mais j’ai craint les débordements, le climat et l’ambiance sont si lourds. Je sais qu’on est un peu complice en agissant de la sorte et ça m’emmerde, mais j’ai préféré annuler ou plutôt reporter. Ce qui est une facilité de vocabulaire, même si qui peut dire quelle sera la situation en septembre ou octobre?»

Malaise dans les milieux antiracistes. La Maison régionale de l’environnement et des solidarités (MRES) de Lille qui devait accueillir le spectacle le 2 mai, a décidé d’annuler aussi, car «la LDH et le MRAP (qui sont à la MRES) n’ont pas soutenu la tenue d’un tel rendez-vous», indique le directeur. «À la Ligue des droits de l’Homme, les militants craignaient de cautionner au final la ligne politique mise en avant par Charlie depuis Val [NDLR: Philippe Val, ancien directeur de Charlie Hebdo très critique envers l’islam] et dont les prises de position sur la religion musulmane ne correspondent pas à l’idée que nous nous faisons de la laïcité», explique à La Voix du Nord Gérard Minet, secrétaire de la section lilloise de la LDH. Cette polémique est l’énième témoignage de la fracture qui agite les milieux antiracistes entre les tenants de l’islamophobie et ceux qui se refusent à employer un terme qu’ils estiment piégé. Si la Ligue des droits de l’Homme dénonce régulièrement «l’islamophobie», SOS racisme et la LICRA y répugnent, dénonçant une instrumentalisation. Quant au MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), il est profondément divisé depuis longtemps sur cette question.

Le texte de Charb, publié trois mois après son assassinat par les éditions de l’Echappée, et désigné comme son «testament», démonte la notion d’ «islamophobie» et répond aux attaques incessantes que subissait Charlie Hebdo sur sa critique de l’islam. «Avoir peur de l’islam est sans doute crétin, absurde, et plein d’autres choses encore, mais ce n’est pas un délit», écrivait le caricaturiste. «Non, vraiment, le terme «islamophobie» est mal choisi s’il doit désigner la haine que certains tarés ont des musulmans. Il n’est pas seulement mal choisi, il est dangereux.»

Il n’y a pas qu’à Lille que le livre met mal à l’aise. Le spectacle de Marika Bret et du metteur en scène Gérald Dumont ne trouve pas non plus sa place au festival off d’Avignon. Deux théâtres, l’Entrepôt et la Manufacture, avaient donné leur feu vert pour l’accueillir cet été, mais ils répondent aujourd’hui «aux abonnés absents». Crainte d’actes terroristes ou peur de stigmatiser? Les auteurs évoquent une «censure sécuritaire» dans La Provence. «La parole de Charb,on ne l’entend plus car il a été tué. Si on n’entend plus ses mots, il sera mort deux fois. Ça me rend triste et en colère», dit Gérald Dumont, dans La Voix du Nord.

Cette frilosité à jouer ce texte de Charb a suscité la réaction de plusieurs personnalités, comme le polémiste Raphaël Glucksman, et les philosophes Bernard Henri-Lévy et Raphaël Enthoven.

Post Scriptum, 5 de setembre del 2017.

Isabelle Barbéris, investigadora del CNRS, publicà el proppassat 1 de setembre a Le Figaro aqueix article denunciant l’anul·lació, un cop més, de la representació teatral de l’obra de l’autor assassinat pels jihadistes: “Annulations de la pièce de téâtre de Charb: l’ombre de la censure idéologique“:

Le 9 août dernier, l’adjoint au maire de Lormont (Gironde) informait Gérald Dumont, directeur de la compagnie Théâtre K, metteur en scène et interprète de Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes que son spectacle, préalablement invité par l’association Laïcité 33, faisait l’objet d’une déprogrammation de dernière minute de la part de la Mairie (PS). Motif invoqué: «Le contexte général actuel nous amène à privilégier des méthodes d’éducation constructives et dans la durée, pour défendre avec conviction notre si chère laïcité. L’analyse approfondie de la représentation que tu proposes, suite à notre brève rencontre de juin, ne va pas à notre avis dans ce sens d’une transmission apaisée.» Dans une réponse ultérieure, la Mairie croira bon de préciser que «malgré l’intérêt que peut porter le spectacle tiré des écrits de Charb, il ne représente pas l’unique entrée pour défendre les valeurs de la laïcité. (…) Si le combat pour la laïcité nous est commun, les outils et moyens pour le mener peuvent diverger et appartiennent à chacun (dans le respect des choix faits).»

Que comprendre derrière les méandres argumentatifs de cette double réponse pour le moins… circonvolutoire? C’est assez simple: la municipalité exprime qu’elle se désolidarise de la laïcité défendue par Charb (et le spectacle), en proposant ce qui serait, selon elle, une vision «alternative»: la «laïcité apaisée». De loin, un tel éloge de l’apaisement ne ressemble qu’à un énième plaidoyer, entendu mille fois, pour les accommodements raisonnables, la «résilience», le vivre-ensemble et le politiquement correct – mollesse, paresse dont on sait précisément qu’elles menacent la liberté d’expression si chère à Charb.

À s’y pencher de plus près, l’expression de «laïcité apaisée» fait directement référence à un ouvrage éponyme de Jean Baubérot, paru en 2016. Hasard sémantique? Le travail de Baubérot appartient au corpus idéologique régulièrement revendiqué par les associations (CCIF, ALCIR…) qui déguisent leur communautarisme derrière la lutte contre l «islamophobie» – cette cause des nouveaux «intouchables» qui ont «ringardisé le racisme», pour citer Charb… Comble de la brutalité, l’annulation de la représentation se fait donc explicitement au nom des imposteurs que le texte se charge de démasquer.

Ce revirement vient en fait prendre place au bout d’une liste déjà assez longue: créée fin janvier 2016 sous la forme d’une lecture, la mise en scène a d’abord connu une période d’embellie et trouvé son public de manière spontanée – outre de nombreuses invitations, elle s’est également vue décerner le prix de l’éducation citoyenne de Moselle. Succes story de courte durée cependant. Une première annulation, qui n’alerte pas encore l’équipe artistique, survient en décembre 2016. Le spectacle qui devait se jouer dans la médiathèque de Lomme (59) se voit alors «repoussé» pour raison de sécurité et manque de personnel. Le report va se transformer en silence radio, et restera sans suite. Puis, en mai 2017, c’est au tour de la Maison des associations d’Arras de déprogrammer une étape du spectacle (avant son passage au festival Colères du Présent). Mais cette fois-ci, les associations communautaristes s’en mêlent: l’annulation a lieu sous la pression conjuguée du MRAP et de la LDH. Puis, toujours au printemps 2017, l’université Lille II revient sur ses engagements, arguant là encore de problèmes de sécurité ingérables pour le lieu d’accueil.

L’épisode du Théâtre de la Manufacture se présente dans un contexte où le malaise a donc déjà grandi. Ce lieu, renommé, du OFF, va également faire faux bond au Théâtre K, mais sur un mode plus larvé. L’équipe de direction a en effet rencontré le metteur en scène en 2016 et lui a exprimé son intérêt, sans engagement définitif, en l’invitant à déposer un projet. Mais personne n’accusera réception du dossier dûment envoyé par Gérald Dumont, et contenant une «proposition ouverte» pour l’anniversaire des 25 ans de Charlie. Le metteur en scène devra en fait attendre mars 2016 pour se voir, et cela par voie de presse, crédité d’un refus cinglant et impersonnel, faisant valoir le manque d’intérêt artistique du projet. À la même période, l’Entrepôt, un autre lieu d’OFF, botte en touche et se désengage du projet déjà amorcé. Il s’agissait de diffuser la forme brève dans les quartiers d’Avignon… mais là encore, le lieu se dédit, en prétextant ne pas avoir eu le temps de «préparer la population». Le spectacle trouvera in extremis refuge au Théâtre de l’Oulle, proposant chaque soir au public une forme animée et originale. Chaque représentation est en effet suivie d’un débat entre l’équipe artistique, des militants laïques, des journalistes de Charlie et le public, nombreux et au rendez-vous – malgré l’heure tardive de programmation (23h30).

Depuis près d’un an donc, la compagnie doit essuyer une série d’annulations dont le caractère humiliant (et amateur) ne peut que sauter aux yeux. Servant parfois de paravents à des pressions plus organisées, deux arguments sont systématiquement objectés, celui de la «sécurité» – qui revient à laisser le dernier mot aux ennemis de Charlie et de la liberté d’expression; celui du «dossier artistique», agité sans tenir le compte le moins du monde du caractère revendiqué, pensé, élaboré de la sobriété formelle du projet.

Comment comprendre ces barrages qui, aujourd’hui, entravent si ce n’est compromettent la transmission de la parole laïque et humaniste de Charb, mort de rire trop tôt – et cela si l’on laisse de côté les pressions, déjà évoquées, provenant des lobbys communautaristes? Deux autres facteurs me semblent importants pour comprendre ce «chemin de croix» – à contre-emploi pour Charb! Le facteur économique, et le facteur idéologique.

Dans le cas de la Manufacture par exemple, l’argument artistique a bon dos et voile d’autres réalités. L’économie du lieu repose en effet sur le modèle de la location, sans mise à disposition de moyens. C’est donc «avantage aux grosses compagnies» (très subventionnées) qui non seulement ont les ressources financières pour louer le théâtre, mais aussi se déplacer, avec matériel, équipe artistique et technique, et les loger au plus cher de la vie avignonnaise. On comprend donc que la bien connue mais petite compagnie du Théâtre K ne fasse pas le poids face à un gros Centre dramatique national comme celui de Rouen, dépendant directement du budget déconcentré de la culture, et producteur de la pièce de Kacimi sur Mohamed Merah (Moi, la mort, je l’aime, comme vous aimez la vie).

Mais la grille de lecture économique ne suffit pas. À la Manufacture par exemple, le Charb s’est également vu écarté au profit d’une lecture d’Histoire de la violence dirigée par le metteur en scène Laurent Hatat en présence de l’auteur Edouard Louis. Or ce récit, assez similairement à la pièce de Mohamed Kacimi, procède à la réhabilitation du criminel (ici le violeur) présenté comme un damné de la terre et une victime de la société. Accueillie en même temps que Moi, la mort, je l’aime, comme vous aimez la vie, cette lecture laisse à penser qu’il y a bien un «choix artistique» assez peu pluraliste de la part de la Manufacture, qui accueille ici deux projets, deux formats différents – mais aux présupposés idéologiques assez similaires.

La lecture conçue et interprétée par Dumont est emblématique d’un théâtre de tréteau, populaire, qui, en abaissant les contraintes techniques, souhaite aller à la rencontre d’un public nombreux, jeune, sans élitisme esthétique, mais sans populisme non plus. Gérald Dumont a du métier ; il délivre une lecture-performance claire, habile, du texte de Charb qui a préalablement fait l’objet de coupes, et d’un remontage avec des projections de dessins. L’ensemble est, à l’image du dessinateur, très pédagogique, mais aussi léger, vivant. Le spectacle a été conçu pour s’adapter aussi bien à des théâtres qu’à des écoles, des médiathèques, des amphithéâtres d’universités, afin de rendre largement audible cette parole en voie de disparition. Parole d’autant plus dangereuse qu’elle n’a pas besoin, contrairement à d’autres, d’appuis idéologiques, de transfiguration esthétique, de torsion sémantique, de réhabilitation ou de plaidoirie victimaire, pour être audible. Elle touche droit au cerveau en passant par le cœur.

Les mésaventures de ce spectacle font donc symptôme, non seulement des tropismes idéologiques du monde du spectacle vivant, mais aussi de son économie et de la manière dont celle-ci contribue à faire disparaître les petites formes, en les écartant avec un paternalisme quelque peu méprisant.

Sinon, pour comprendre une bonne fois pour toutes que mettre en scène le racisme pour dénoncer le racisme, c’est non seulement le contraire d’être raciste, mais le meilleur apaisement qu’il soit, le mieux est d’essayer d’assister à une représentation. En priant Dieu, Allah, Yahvé pour qu’elle soit maintenue…

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