Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

10 de març de 2017
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Judith Bergman: “L’Occident se soumet aux lois sur le blasphème”

El principi de laïcitat combinat amb el de la llibertat d’expressió han permès als estats democràtics occidentals bastir ordenaments jurídics en els quals no està tipificada la blasfèmia com a delicte. La pressió dels estats islàmics als organismes internacionals (cas de l’ONU) maldant per introduir resolucions instant als estats que en són membres a impedir les activitats que difamen les religions és creixent en els darrers anys. Els atacs a la laïcitat també s’intensifiquen fins i tot als mateixos estats europeus, (cas de França), quan allò que caldria per a preservar i incrementar les societats obertes és globalitzar-la.

Aqueixa campanya global per penalitzar la difamació de les religions impulsada per l’islamisme respon als objectius polítics d’aqueixa ideologia integrista que supera l’estricte àmbit d’aqueixa determinada creença, com encertadament va assenyalar ja fa anys Olivier Roy. Aqueixa qüestió hauria d’esser present en el debat pública a la Catalunya que es vol lliure i que sembla obviar que la laïcitat és a l’essència dels valors republicans.

Tot analitzant l’evolució de les iniciatives legislatives destinades a combatre la blasfèmia als estats occidentals, l’assagista política isrealiana Judith Bergman ha publicat el proppassat 3 de març al digital nordamericà Gatestone Institute aqueix punyent article titulat “The West Submits to Blasphemy Laws” que en versió francesa ha estat traduït com “L’Occident se soumet aux lois sur le blasphéme. Retour au Moyen Age !“.

L’Occident a commencé de se soumettre aux lois contre le blasphème. Le Danemark, par exemple, vient de décider d’exhumer une poussiéreuse disposition anti blasphème. Cette disposition était certes présente dans le code pénal danois, mais n’a été utilisée que trois fois. La dernière fois remonte à 1971, soit près d’un demi-siècle. Le Procureur général du Danemark l’a réactivée pour poursuivre un homme accusé d’avoir brûlé un Coran.

En Occident, la pénalisation du blasphème est considérée depuis plusieurs siècles comme une relique du passé. Dans une société majoritairement athée, peu de gens s’offusquent de réflexions ou d’actes blasphématoires. Les chrétiens ne sortent plus leurs fusils ou leurs couteaux pour punir de présumés blasphémateurs, et les éditeurs ne se formalisent pas d'”offenser” les chrétiens.

En 1997, le service public radiophonique danois a même financé la performance d’un artiste brûlant une Bible et a diffusé l’évènement sur une chaîne de télévision nationale. Personne n’a été inculpé, même si des plaintes ont été déposées et que le procureur de l’État a enquêté sur l’affaire.

Mais aujourd’hui, un Danois fait l’objet de poursuites judiciaires Il a brûlé un Coran qui lui appartenait dans le jardin qui lui appartient et a ensuite posté la vidéo dans un groupe Facebook, « Oui à la liberté, non à l’islam ». Le texte qui accompagnait la vidéo disait, « Attention à votre voisin, ça pue quand il brûle ». Le Procureur général Jan Reckendorff a déclaré : « Du point de vue de l’accusation, la mise à feu de livres saints tels que la Bible et le Coran implique que, dans certains cas, cela puisse être considéré comme une violation de la disposition sur le blasphème qui punit la moquerie publique ou le mépris affiché à l’encontre d’une religion. Nous considérons qu’en l’espèce, le cas exige des poursuites afin que les tribunaux prennent position sur la question. »

Le procureur général a sans doute mentionné la Bible par politesse. Personne n’a jamais été poursuivi pour l’autodafé d’une Bible au Danemark, même quand elle brûlait sur les écrans du service public de la télévision nationale. Le Coran pose clairement un problème différent. La décision a relancé au Danemark, le débat sur l’abolition des dispositions légales concernant le blasphème – un problème récurrent.

En Norvège, les dispositions contre le blasphème ont été abolies en 2005. Un sondage effectué en janvier a indiqué que 41% des Norvégiens musulmans pensent que le blasphème doit être puni, et 7% estiment que les blasphémateurs doivent subir la peine capitale.

En Grande – Bretagne, un homme a été poursuivi et condamné pour avoir brûlé le Coran (en 2011) et plusieurs autres ont été arrêtés en 2010 et 2014.

L’application de dispositions anti-blasphème dans une Europe en grande partie postchrétienne, ramène au Moyen Age, quand le blasphème était férocement poursuivi par l’Eglise. Est-ce vraiment à cela que la société européenne moderne aspire, après des siècles de lutte pour la liberté d’expression?

Au Canada, des motions anti-islamophobie qui visent à interdire progressivement toute critique de l’islam – et qui s’inspirent des lois musulmanes sur le blasphème – sont votées. En février, le Parlement provincial de l’Ontario a adopté à l’unanimité une motion anti-islamophobie. La motion appelle le législateur à « se dresser contre toutes les formes de haine, d’hostilité, de préjugés, de racisme et d’intolérance » ; elle appelle aussi à « blâmer la marée … croissante de la rhétorique et des sentiments antimusulmans » et à « condamner toutes les formes d’islamophobie. » Inutile de préciser qu’aucune de ces requêtes n’a été introduite pour protéger le judaïsme ou le christianisme.

En octobre 2016, le Parlement national du Canada, faisant suite à une pétition lancée par Samer Majzoub, président du Forum musulman canadien proche des Frères musulmans, a adopté à l’unanimité une motion anti-islamophobie. À l’époque, nul ne comprenait quel devait être l’objet de la condamnation : la critique de l’islam? La critique des musulmans ? Savoir si l’Etat islamique était une expression authentique de l’islam ? Personne ne savait, car personne n’avait pris la peine de définir le terme islamophobie.

Cette absence de définition n’a pas empêché Iqra Khalid, député du Parti libéral au pouvoir, d’introduire une nouvelle motion au Parlement canadien sitôt la précédente adoptée. Cette seconde motion, dite M-103, exige que « l’islamophobie » soit condamnée, mais aussi que le gouvernement élabore une approche globale pour réduire ou éliminer l’islamophobie. La motion M-103 ne définit toujours pas « l’islamophobie », ni ne fournit aucune statistique prouvant qu’un problème de ce type existe au Canada. Personne ne semble avoir été surpris que la motion condamnant l’islamophobie ait été si rapidement suivie d’une seconde motion exigeant des mesures concrètes.

Samer Majzoub, qui a été à l’origine de la première motion, a déclaré à l’occasion d’un entretien accordé au Forum musulman canadien : « Certes l’islamophobie a été condamnée, mais ce n’est pas une fin en soi, plutôt le début … Nous avons besoin de continuer à travailler politiquement et socialement et aussi avec la presse. Ils avaient pris l’habitude de mettre en doute l’existence de l’islamophobie, mais maintenant nous ne devons plus nous inquiéter ; tous les blocs et personnalités politiques représentés au sein de l’autorité législative suprême du Canada, reconnaissent son existence. Désormais, nous voulons que les décideurs politiques agissent, notamment les libéraux, qui ont montré une ouverture d’esprit particulière envers les préoccupations des musulmans et de toutes les ethnies … Nous allons tous devoir travailler dur pour maintenir notre lutte pacifique, sociale et humanitaire afin que cette condamnation soit concrétisée par des politiques globales. » L’Occident aurait-il entrepris de se charger d’une chimère inquisitoriale de type médiéval à nouveau?

Post Scriptum, 12 de setembre del 2023.

Dans le Charlie Hebdo de la semaine, ainsi que dans plusieurs médias scandinaves, il y a donc une tribune contre cette loi qui « ouvre la porte à toutes les censures », et va à « l’encontre de tout ce pourquoi se sont battus intellectuels, artistes et responsables politiques en Europe depuis deux siècles, à savoir affranchir la vie publique de la tutelle des religions et de leurs dogmes ». On peut admettre que ce n’est pas très malin de brûler des Corans. Moi, je n’aime pas qu’on brûle des livres, mais j’aime encore moins qu’on l’interdise.

Dans l’Europe des Lumières, la liberté d’expression, la liberté de critiquer, de détester ou de moquer une religion, le droit d’emmerder Dieu comme dit l’avocat Richard Malka, cette liberté est sacrée. Ce n’est donc pas malin de brûler le Coran, mais c’est encore moins malin de l’interdire. Si on interdit aujourd’hui de brûler des Corans, demain, on sanctionnera ceux qui critiquent l’islam. C’est un message aux fanatiques : la menace et la violence payent. C’est un bras d’honneur aux Iraniennes et à tous ceux qui risquent leur vie pour lutter contre l’emprise religieuse. « Le gouvernement danois devient le complice de ces régimes tyranniques et assassins, dont le pouvoir repose entièrement sur la soumission totale au Coran », résume la tribune. Enfin, pour nous, c’est une insulte à Cabu, à Charb, à Wolinski, une insulte aux 12 personnes assassinées le 7 janvier 2015 parce que Charlie Hebdo avait publié les caricatures de Mahomet en soutien aux dessinateurs danois de Jyllands Posten. Oui, comme le dit Shakespeare, il y a quelque chose de pourri au Royaume du Danemark…

Post SCriptum, 14 de setembre del 2023.

Avui mateix, el think tank Persuasion ha fet públic aqueixa crida: Stop Denmark’s New Blasphemy Ban: Freedom of expression—including the freedom to mistreat religious artefacts, however crude that may be as a form of protest—is a vital cornerstone of free societies. Below, we are pleased to publish an open letter featuring many prominent signatories denouncing the Danish government’s proposal to criminalize the “improper treatment” of religious objects. By drawing attention to this worrying case we hope to underline the importance of defending hard-won liberties wherever they are threatened.

We, the undersigned, comprising a broad coalition of artists, academics, public intellectuals, and activists, are deeply concerned about the Danish government’s newly proposed bill criminalizing the “improper treatment of objects of significant religious importance to religious communities” with up to two years of imprisonment.

Denmark, in 2017, followed in the footsteps of other democratic nations like Norway, the Netherlands, Iceland, Ireland, and New Zealand by repealing its laws against blasphemy and religious offense. This repeal signified an important step towards safeguarding freedom of expression and maintaining a pluralistic society. The proposed Danish bill, in essence, reintroduces a ban on blasphemy, and is so broad as to include even artistic expressions.

The bill aligns Denmark with the Organization of Islamic Cooperation (OIC), which has repeatedly called for international blasphemy laws that would severely undermine the protection of freedom of expression under international human rights law. The OIC includes states like Saudi Arabia, Pakistan, and Iran, where blasphemy is punishable by death. As recently as May 2023, two Iranian men faced such an extreme punishment for the alleged crime of burning the Koran, the very activity that the Danish government is seeking to prevent.

We are also deeply disappointed that the Danish government cites threats to national security as a motivating factor, in essence giving in to the Assassin’s Veto in the shape of OIC threats. This marks a sharp departure from the Danish government’s principled stand during the Cartoon Affair in 2006 and displays a lack of solidarity with other democratic countries who have chosen not to compromise their basic values despite threats to their citizens and institutions that have been an all-too-frequent feature of democracies since Ayatollah Khomeini’s Fatwa against Salman Rushdie in 1988.

We agree that the burning of books, or any other form of destruction of religious objects, is often a crude and ineffective means of expression and a poor substitute for reasoned debate. We also categorically distance ourselves from the anti-Muslim bigotry that has frequently accompanied such acts. Racism, religious hatred, and intolerance are grave issues that demand attention from all who are committed to freedom, democracy, and equality. Nonetheless, we argue that the values of freedom of expression and of tolerance are not mutually exclusive but are, in fact, mutually reinforcing. Laws that restrict freedom of speech in the name of preventing offense inevitably undermine the democratic ideals they claim to protect, and they legitimize oppression at home and abroad.

We therefore strongly urge the Danish government to withdraw this dangerously misguided bill and to reaffirm its commitment to upholding freedom of expression as well as the dignity of all individuals, irrespective of their religion, race, ethnicity, or nationality.

Sincerely,

Jacob Mchangama, Executive Director of the Future of Free Speech Project, Research Professor Vanderbilt University, Aatish Taseer, author, New York, AC Grayling, professor, CBE, UK, Agustina Del Campo, Director of the Center for Studies on Freedom of Expression, CELE, Universidad de Palermo, Amna Khalid, associate professor, Department of History, Carleton College, Andrew Copson, Chief Executive of Humanists UK, Andrew Solomon, author, New York, Art Spiegelmann, author and cartoonist, New York, Article 19, international human rights organization, London, Åsa Linderborg, author, journalist, Stockholm, Sweden, Ayad Akhtar, author and President of PEN/America, New York, Caroline Fourest, editorialist, writer, filmmaker, and director of Franc-Tireur, Catalina Botero Marino, Commissioner of the International Commission of Jurist and former Special Rapporteur for Freedom of Expression-Inter American Commission on Human Rights. Organization of American States, Columbia, Cathrine Hasse, professor, Education, Aarhus University, Claire Fox, Director of the Academy of Ideas; Baroness Fox of Buckley, David Budtz Pedersen, professor, Science Communication, Aalborg University Copenhagen, Eduardo Bertoni, former Special Rapporteur for Freedom of Expression-Inter American Commision on Human Rights, Organization of American States, Uruguay, Eric Heinze, Professor of Law & Humanities, School of Law, Queen Mary, University of London, Eske Willerslev, professor, geneticist, University of Copenhagen; Cambridge University, Eugene Schoulgin, writer, Vice-President of PEN International, Oslo, Faisal Saeed Al Mutar, Founder and President of Ideas Beyond Borders, New York, Flemming Rose, chief editor, Frihedsbrevet, Copenhagen, Frederik Stjernfelt, professor, Aalborg University Copenhagen, co-director of the Humanomics Center, Gérard Biard, editor-in-chief, Charlie Hebdo, Paris, Glenn Bech, author, Denmark, Greg Lukianoff, President and CEO of the Foundation for Individual Rights and Expression, Washington DC, Hussain Abdul-Hussain, research fellow, Foundation for the Defense of Democracies, Washington, DC, Ioanna Tourkochoriti, Associate Professor of Law, Associate Director at the Center for International and Comparative Law, University of Baltimore School of Law, James Hannaham, author, New York, Jean Lassègue, professor, philosopher, EHESS, Paris, Jens-Martin Eriksen, author, Copenhagen, Jino Doabi, politician, Copenhagen, Joel Simon, Founding Director of the Journalism Protection Initiative, Newmark School of Journalism, CUNY, Johannes Riis, publisher, Copenhagen, Jonas Nordin, Professor of Book and Library history, Lund University, Sweden, Jonathan Israel, professor, History, Princeton Institute for Advanced Study, Kacem El Ghazzali, essayist and secularist, Kathrine Tschemerinsky, editor, Weekendavisen, Copenhagen, Kenan Malik, author, columnist at the Observer, London, Kerem Altıparmak, human rights lawyer, Turkey, Kjersti Løken Stavrum, CEO and board member, Tinius Trust, Norway, Knut Olav Åmås, Executive Director of the Fritt Ord Foundation, Oslo, Mansour Al-Hadj, founding member of the Clarity Coalition, Maria Alyokhina, member of Pussy Riot, Russia, Martin Krasnik, editor-in-chief, Weekendavisen, Copenhagen, Martin Zerlang, professor, Modern Culture, University of Copenhagen, Maryam Namazie, spokesperson for One Law for All and the Council of Ex-Muslims of Britain, London, Mehdi Mozaffari, professor, Political Science, Aarhus University, Michael Shermer, publisher, Skeptic magazine, California, Molly Molinette, author, New York, Nadine Strossen, John Marshall Harlan II Professor of Law Emerita at New York Law School, past President of the American Civil Liberties Union, Nicholas Christakis, Sterling Professor of Social and Natural Science, Yale University, Nina Shea, Director of the Hudson Institute’s Center for Religious Freedom, Washington DC, Øystein Sørensen, Professor of History, University of Oslo, Norway, Pascal Bruckner, author, Paris, Paul A. Cartledge, A.G. Leventis Professor of Greek Culture emeritus, University of Cambridge, Paul Cobley, professor, vice-dean, Semiotics, Middlesex University, London, Phyllis Chesler, author, emerita professor, City University of New York, Poul Erik Tøjner, CEO, Louisiana Modern Art Museum Denmark, Randall Kennedy, professor, Harvard Law School, Rens Bod, professor, Digital Humanities and History of Humanities, University of Amsterdam, Reza Aslan, author, Los Angeles, California, Richard Dawkins, emeritus professor, University of Oxford, Robyn E. Blumner, President and CEO of the Center for Inquiry, New York, Rune Lykkeberg, editor-in-chief, the Copenhagen daily Information, Sonja Biserko, Head of the Helsinki Committee, Belgrade, Serbia, Søren Ulrik Thomsen, author, poet, Copenhagen, Steve Fuller, professor, Philosophy of Science, University of Warwick, UK, Steven Pinker, Johnstone Family Professor in the Department of Psychology, Harvard University, Suzanne Nossel, CEO of PEN/America, New York, Svend Brinkmann, professor, Psychology, University of Aalborg, Tobias Wolff, author, Palo Alto, California, Uladzislau Belavusau, Senior Researcher in European Law, University of Amsterdam, Ulrik Langen, Professor of History, University of Copenhagen, William Nygaard, publisher, Oslo, Yascha Mounk, professor, Johns Hopkins University, founder of Persuasion, Washington DC, Yasmine Mohammed, President of Free Hearts Free Minds, Zuhdi Jasser, President and founder of the American Islamic Forum for Democracy.

Post Scriptum, 11 de març del 2024.

Avui, a Le Figaro: “Au Royaume-Uni, les islamistes radicaux font du «blasphème» une arme. Selon un rapport gouvernemental révélé par le Times, les manifestations condamnant les « actes de blasphème » sont de plus en plus fréquentes et se radicalisent.

Intimidations et menaces contre des personnes censées avoir manqué de respect à l’islam sont en augmentation alarmante au Royaume-Uni. La dénonciation d’actes de « blasphème » serait une stratégie bien définie des islamistes radicaux pour faire pression sur la société britannique. Au point d’alarmer sérieusement les autorités.

Selon un rapport commandé par le responsable gouvernemental de la lutte contre l’extrémisme, dont le Times a eu connaissance, les manifestations condamnant les «actes de blasphème» sont de plus en plus fréquentes et se sont radicalisées. L’étude estime qu’une nouvelle génération de militants tente de faire du blasphème «un sujet de préoccupation majeur pour les musulmans britanniques». Et ceux qui sont perçus comme ayant insulté l’islam sont la cible de menaces de plus en plus violentes.

Le rapport montre aussi que ces militants, à la manœuvre lors des récentes manifestations au Royaume-Uni, cultivent des liens avec un parti politique islamiste extrémiste au Pakistan, qui a régulièrement appelé à la décapitation des blasphémateurs. Il juge ainsi « très inquiétante » l’émergence d’une branche britannique du Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP), qui a été un temps interdit au Royaume-Uni en raison de ses rassemblements violents et de son soutien aux exécutions collectives de «blasphémateurs». Des prédicateurs liés au TLP ont été accueillis dans des mosquées britanniques et des militants eux-aussi proches du parti extrémiste étaient en pointe dans nombre de manifestations de ces dernières années.

Le rapport cite aussi le Muslim Action Forum (MAF), qui s’est fait connaître en 2015 en organisant une manifestation contre Charlie Hebdo devant Downing Street. Le mouvement a depuis désigné à la vindicte populaire des soi-disant blasphémateurs.

Robin Simcox, «tsar» britannique de la lutte contre l’extrémisme, a commandé cette étude à la suite notamment de trois incidents relatifs à des accusations de blasphème. En 2021, des manifestations ont été organisées contre un enseignant de Batley, dans le West Yorkshire, menacé de mort après avoir montré à des élèves une caricature du prophète Mahomet. Il est toujours obligé de se cacher. L’année suivante, des militants ont aussi manifesté à Birmingham à l’occasion de la projection du film La Dame du ciel , qui raconte l’histoire de la fille de Mahomet. Enfin, l’année dernière, les esprits se sont aussi enflammés à Wakefield, également dans le West Yorkshire, après qu’un exemplaire du Coran a été légèrement abîmé dans une école secondaire. Deux meurtres liés au blasphème ont par ailleurs été commis au Royaume-Uni au cours de la dernière décennie.

L’étude estime qu’une telle rhétorique radicalise les esprits, aggrave les tensions communautaires et «augmente les risques de violence sectaire et terroriste» dans le pays. Ces militants font aussi pression pour des lois plus strictes contre le blasphème. Ils voudraient criminaliser les insultes contre l’islam, «qu’ils présentent comme faisant partie d’une guerre plus large contre la foi menée par les soi-disant ennemis de l’islam en Occident».

Ce rapport intervient alors que Michael Gove, secrétaire d’État aux Communautés, doit établir une nouvelle définition de «l’extrémisme», afin de mieux lutter contre ses manifestations. La notion devrait être élargie à toutes les personnes dont les actions «sapent» les institutions ou les valeurs du pays. La semaine dernière, le premier ministre Rishi Sunak a dénoncé le «poison» de l’extrémisme » à l’occasion d’une allocution exceptionnelle devant Downing Street.

Les actes antisémites et islamophobes ont fortement augmenté au Royaume-Uni depuis le début de la nouvelle guerre de Gaza entre le Hamas et Israël à Gaza. Fin février, le gouvernement a octroyé une rallonge de 54 millions de livres (63 millions d’euros) pour le Community Security Trust, dont le rôle est de protéger la communauté juive. Et ce lundi 11 mars, premier jour du Ramadan, il a alloué 117 millions de livres (137 millions d’euros) pour renforcer la protection des mosquées, écoles confessionnelles et centres communautaires musulmans au Royaume-Uni.

La classe politique subit de plein fouet ces tensions. Côté Labour, les députés se sont divisés sur la position à adopter face au conflit et un candidat s’est vu retirer l’investiture du parti lors d’une récente élection législative partielle après des propos jugés antisémites. Côté conservateurs, Rishi Sunak a suspendu le mois dernier un législateur après qu’il a déclaré que le maire de Londres, Sadiq Khan, était sous le contrôle d’islamistes.

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