Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

17 de desembre de 2016
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La batalla d’Alep vista des del Líban,Israel, França i el Kurdistan

Les síntesi més lúcides sobre el moment actual de la guerra de Síria després de la recuperació d’Alep per part de règim i els seus aliats em semblen: el balanç que ha fet el digital israelià Debka “Le role russe a Alep, pire revers de mandat Obama“, versionat ahir en francès per Jewish Forum.

També trobo rellevants l’anàlisi fet públic abans d’hir per Polat Can, comandant portaveu de les Unitats de Defensa Populars (YPG) kurdes reproduït per Kurdis.cat i titulat: “La caiguda d’Alep-Est“. Des d’un altre punt de vista totalment distant, la coronel (a la reserva) de l’exèrcit francès, Carolina Galácteros, ara analista geoestratègica, declaraca ahir a Le Figaro: “À Alep, sortons enfin des vues manichéennes”.

Però, el més lúcid és el del periodista Libanès Anthony Samrani titulat significativament “Assad après Alep: le roi est nu” publicat avui a L’Orient-Le Jour de Beirut:

“Bachar el-Assad a raison : il y aura un avant et un après Alep. La victoire des combattants pro-Assad dans la deuxième ville de Syrie est un tournant majeur de la guerre syrienne. Le quatrième, depuis 2013, qui contribue à consolider la position du président syrien. Ce dernier tournant est, quelque part, la résultante directe des trois autres : le renoncement de Barack Obama à intervenir militairement en 2013 après que le régime a fait usage d’armes chimiques dans la Ghouta, la montée en puissance de l’État islamique en 2014 et l’intervention militaire russe en 2015. M. Assad a davantage été spectateur qu’acteur de chacune de ces évolutions, mais il en tire aujourd’hui tout le profit.

Après Alep, le roi est désormais vissé sur son trône et il sera très difficile de le faire partir. Mais les vis sont russes et iraniennes et le roi est nu. Son règne ne repose plus que sur une chose : sa capacité à être le seul lien entre toutes les forces ayant réellement le pouvoir aujourd’hui dans la Syrie assadienne. C’est-à-dire les Russes et les Iraniens, mais aussi les puissants services de renseignements, les seigneurs de guerre, les milices étrangères et les milices syriennes, dont chacun a des intérêts différents, parfois même contradictoires.

Le royaume assadien est amputé. La majorité du territoire syrien échappe à son contrôle. Une partie est entre les mains des forces rebelles, une autre entre celles des Kurdes, une autre encore sous le contrôle des Turcs et une dernière, enfin, sous le joug de l’EI. Il a beau répéter qu’il souhaite reconquérir l’ensemble de la Syrie, la décision finale se prendra à Moscou et à Téhéran. Et ces derniers semblent, a priori, vouloir se contenter d’une domination totale sur la « Syrie utile ». Le royaume est en ruine et les deux parrains n’ont pas envie de payer les réparations. D’autant moins si leur obligé n’arrive pas à conserver les territoires récupérés, comme en témoigne la récente perte de la cité de Palmyre, reprise par l’EI.

Le roi n’a plus de légitimité. La majorité du peuple syrien est contre lui et la moitié de la population est constituée de déplacés internes ou externes. Il pourrait aujourd’hui remporter de nouvelles élections à condition qu’elles se déroulent uniquement dans les territoires qu’il contrôle et que les Syriens de l’étranger n’y participent pas. Il est la principale raison de la fracture entre les différentes composantes de la société syrienne. Entre ceux qui le soutiennent par conviction idéologique ou par peur du changement et ceux qui souhaitent son départ à tout prix.

 Un royaume isolé

Le roi n’a pas d’amis. Avec les Russes et les Iraniens, il est dans un rapport d’allégeance. Avec les Occidentaux, il n’a pas de rapport. Washington, Londres et Paris ont répété ces derniers jours que le président syrien, malgré sa victoire à Alep, devait partir. L’Assadistan est pour l’instant un royaume isolé. Mais l’année 2017, avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis et, peut-être, de François Fillon en France pourrait lui offrir une réhabilitation de facto. Ce qui n’est pas un mince exploit compte tenu de sa situation.

État en faillite, souveraineté dynamitée, territoire morcelé, peuple divisé : le tableau est en tout point chaotique. Mais le roi s’en moque. Il s’est nourri du chaos depuis le début du conflit et en a fait son principal allié. Tout en faisant croire qu’il en était la victime. Le roi n’a pas gagné la guerre, mais il ne peut plus la perdre. Il a sacrifié son pays pour conserver un semblant de pouvoir. Lui a gagné, mais la Syrie a perdu. Il est encore là, mais son pays n’existe plus.”

Post SCriptum, 20 de gener del 2017.

Anthony Samrani publica avui a L’Orient-Le Jour de Beirut un altre excel·lent article titulat “Obama en Syrie: autopsie d’un renoncement”:

L’impuissance occidentale, qui était manifeste au moment de la reprise d’Alep par les troupes pro-Assad, est la résultante du choix de ne pas intervenir du président américain et non du génie stratégique de Vladimir Poutine.

Il a dû y penser pendant des heures et des heures, seul ou entouré de ses conseillers dans son bureau Ovale. En animal froid et rationnel, il a dû évaluer toutes les options possibles, mesurant les éventuelles conséquences de chacune d’entre elles, avant de prendre sa décision finale. En fonction d’un seul critère, selon ses dires : la sécurité nationale américaine.

Ces quelques jours d’août 2013 ont sans doute été parmi les plus difficiles de sa carrière politique. « Je pense que mes cheveux blancs sont dus à la Syrie », dira t-il quelques années plus tard, avouant également être « hanté en permanence » par ce qui s’y déroule.

À ce moment-là, Barack Hussein Obama s’est retrouvé pris dans son propre piège. C’est lui qui avait menacé le régime d’intervention militaire en cas d’utilisation d’armes chimiques. Mais ce dernier n’a pas pris ces menaces au sérieux, convaincu que le pays de l’Oncle Sam ne franchirait pas le pas. Le 21 août 2013, la Ghouta, place forte des rebelles dans la banlieue de Damas, est bombardée au gaz sarin. Pour l’administration Obama, cela ne fait aucun doute – et ses conseillers le confirmeront plus tard –, c’est le régime syrien qui est responsable de ses attaques et qui vient de franchir la ligne rouge. Le président américain ne peut pas revenir sur sa parole. Mais s’il intervient militairement, qui plus est au Moyen-Orient, il renie ce qui a constitué les fondements de sa politique étrangère depuis son arrivée à la Maison-Blanche en 2008.

Le 44e président américain a été élu pour arrêter les guerres, pas pour en commencer de nouvelles. Il ne croit pas que les rebelles modérés sont capables de gagner la guerre, même avec le soutien des États-Unis. « Ce sont d’anciens docteurs, paysans et pharmaciens, et ils ne pourront pas venir à bout d’un État armé, soutenu par l’Iran, la Russie et le Hezbollah », confiera-t-il en août 2014 dans une interview au New York Times. Il sait que s’il intervient, il devra probablement renoncer à passer un accord avec l’Iran, pourtant défini comme sa priorité stratégique au Moyen-Orient. Et la jurisprudence libyenne l’incite à la prudence: il s’est laissé convaincre par sa secrétaire d’État Hillary Clinton de la nécessité d’intervenir et a fini par le regretter. Barack Obama est tiraillé entre ce qu’il doit faire et ce qu’il veut faire. Alors il va chercher à gagner du temps.

« La décision dont je suis le plus fier »
Le revirement britannique, après que le Parlement eut refusé d’avaliser l’intervention militaire, le fait réfléchir. Le scepticisme de la chancelière allemande, Angela Merkel, seul leader politique qu’il estime réellement, renforce ses doutes. Le volontarisme du président français François Hollande, prêt à donner l’ordre à ses avions d’aller frapper les cibles identifiées, ne suffit pas à le convaincre. Barack Obama ne veut pas assumer seul une décision qui risque, selon lui, d’avoir de lourdes conséquences pour l’avenir. Il décide de faire appel au Congrès.

Et c’est à ce moment-là qu’intervient la Russie de Vladimir Poutine. Percevant le doute du président, le président russe va en profiter pour lui soumettre une autre solution: Washington renonce à intervenir en Syrie en contrepartie de quoi Damas accepte de placer sous contrôle international son arsenal d’armes chimiques. Le premier président noir des États-Unis ne va pas laisser passer l’occasion de se débarrasser des armes chimiques syriennes, qui inquiètent l’allié israélien, sans avoir besoin de recourir à la force. Il va accepter la proposition russe et ainsi abandonner les rebelles syriens. « C’est la décision dont je suis le plus fier », dira-t-il en 2016, avec un excès d’assurance qui ne suffit pas à cacher une gêne manifeste. « D’habitude, je suis plutôt bon pour examiner différentes options et prendre les décisions qui sont, à mon sens, les meilleures du moment en fonction des informations dont je dispose. Mais il y a des moments où j’aurais aimé avoir pu imaginer d’autres solutions », avouera-t-il quelques mois plus tard dans un entretien à Vanity Fair. Une façon de reconnaître, à demi-mot, son échec.

 

Syrie / Crimée
Barack Obama avait la possibilité de rééquilibrer le rapport de force entre les rebelles et le régime en Syrie. Il pouvait leur livrer des armes, dont des missiles antiaériens, accepter le plan turc de créer une zone tampon au nord de la Syrie, ou faire pression sur le régime syrien et ses deux parrains, l’Iran et la Russie. Le locataire de la Maison-Blanche a refusé de le faire. Ainsi, l’impuissance occidentale, qui était manifeste au moment de la reprise d’Alep par les troupes pro-Assad, est la résultante de son choix et non du génie stratégique de Vladimir Poutine. « Si les Américains étaient intervenus en Syrie, les Russes n’auraient pas envahi la Crimée », confiera à L’Orient-Le-Jour un diplomate occidental en 2015.

Barack Obama a fait le choix de l’impuissance, convaincu au fond – il l’admettra également quelques années plus tard – que la Syrie est le théâtre d’une guerre clanique et confessionnelle à résonance historique et que les États-Unis n’avaient rien à faire là-dedans. « Le problème en Syrie, c’est que les Américains n’ont pas de stratégie », confiera François Hollande dans le livre Un président ne devrait pas dire ça, de Fabrice Lhomme et Gérard Davet.

À partir de 2014, Washington va faire de la lutte contre l’État islamique (EI) sa priorité en Syrie. Quitte à bombarder les positions du groupe jihadiste et à faire ainsi le jeu du régime syrien. Quitte à se fâcher avec l’allié turc en armant et en finançant la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), pourtant considéré comme un groupe terroriste par Washington. Quitte aussi à former pour cela des rebelles syriens à condition qu’ils ne combattent pas le régime, ce qui aboutira à un véritable fiasco. L’administration Obama va continuer à réclamer le départ, à terme, de Bachar el-Assad. Elle va également dénoncer, avec virulence, les bombardements russes sur Alep à la fin de l’année 2016. Mais plus personne n’est dupe. Tout le monde a compris que les États-Unis ont laissé les Russes dicter le jeu et n’ont plus aucune intention de favoriser la victoire militaire des rebelles.

Toutefois, il serait injuste de tout mettre sur le dos du président américain. Le régime syrien, les Russes et les puissances régionales (Iran, Turquie, Arabie saoudite) sont les principaux responsables de la tragédie syrienne. Mais après plus de 6 ans de conflits, plus de 300 000 morts, plus de 11 millions de déplacés ou de réfugiés, après l’intervention de la Russie, de l’Iran et de la Turquie, après l’expansion des milices chiites et des groupes jihadistes sunnites qui s’alimentent les uns les autres, Barack Obama est-il toujours persuadé qu’il a pris la meilleure décision possible ? Pense-t-il vraiment que la sécurité nationale américaine – même si les États-Unis, au contraire de l’Europe, ne sont pas touchés de plein fouet par la crise des réfugiés et par les attentats terroristes – ne va pas être affectée, directement ou indirectement, par la crise syrienne ?

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