Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

24 de setembre de 2016
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Txetxènia escenari d’una conferència islàmica políticament estratègica

Els proppassats 25 i 26 d’agost hi va haver a Crozny, la capital de Txetxènia, una conferència islàmica altament significativa que ha estat poc tractada pels mitjans nostrats però que mereix ser observada amb atenció per les implicacions geoestratègiques que pot tenir a mig termini.

L’amfitrió real ha sigut el president rus Vladimir Putin que ha actuat mitjançant el seu home fort a Txetxènia, el president Kadyrov que administra amb mà de ferro aqueixa república rebel emprant l’islam com a eina de submissió de la població autòctona. L’integrisme musulmà oficial arriba a l’extrem d’haver convocat la manifestació més nombrosa de totes les hagudes al món islàmic per blasmar els periodistes de Charlie Hebdo assassinats pels gihadistes ara fa gairebé dos anys. Significativament d’aqueix territori va sortir l’escamot que va liquidar a Moscú el líder opositor Boris Nemtsov amb el motiu aparent d’haver defensat la llibertat d’expressió dels periodistes francesos.

L’objectiu real de la conferència és afeblir el lideratge d’Aràbia Saudí al capdavant de la comunitat sunnita desqualificant el wahabisme tot titllant-lo d’herètic en favor d’altres corrents aparentment més ortodoxes susceptibles de ser instrumentalitzades per  estats rivals, com la mateixa Rússia que ja apadrina el règim xiïta iranià (exclós de la conferència). La novetat estratègica és la participació en l’operació dels màxims dignataris religiosos egípcis essent el règim d’Al-Sissi un dels subsidiats -ara per ara- pels monarques saudís.

L’advocat libanès Abdel Hamid El Ahdad ha publicat un punyent article sobre aqueixa conferència amb el títol “Grozny, une conférence politique tenue par des religieux”,   publicat ahir a L’orient-Le Jour de Beirut:

“Une conférence islamique a eu lieu dans la capitale de la Tchétchénie, Grozny, les 25 et 26 août dernier, sous le nom de «Conférence mondiale des ulémas musulmans». La conférence était quasiment sunnite et avait écarté les chiites, les frères musulmans et les extrémistes hanbalites et wahhabites. Elle était présidée par le cheikh d’al-Azhar, le Dr Ahmad al-Tayeb, et le grand mufti d’Égypte, le cheikh Chawki Allam, ainsi que par le conseiller du président Sissi, l’ancien mufti d’Égypte, Oussama al-Azhari.

Pour évaluer l’impact de cette conférence sur le mouvement de réforme religieuse, il nous faut nous interroger et réfléchir sur les besoins que l’islam voudrait voir satisfaits à travers un mouvement réformateur authentique. Quelles sont, en effet, les plus importantes questions que les savants et les sages de l’islam doivent examiner en ces temps où cette religion a dérivé vers une mouvance mécréante, barbare et arriérée qui nuit aux musulmans aussi bien qu’aux non-musulmans dans les pays de l’islam et ailleurs?

1. L’islam est un message et non un pouvoir. Le prophète Mahomet était le porteur d’un appel invitant à suivre une religion que ne ternit aucun désir d’omnipotence. Les versets du Coran sont nombreux qui le confirment: «Nous ne t’avons pas envoyé pour que tu sois leur protecteur » (verset 64 de la sourate du Voyage nocturne). «Fais entendre le rappel! Tu n’es que celui qui fait entendre le rappel et tu n’es pas chargé de les surveiller» (verset 21 de la sourate «Celle qui enveloppe»). L’islam est un message de foi et non une gouvernance de sultans. Mais Mou’awiya ibn Abou Soufiane l’a transformé, après le Prophète et les quatre califes rachidiens qui lui ont succédé, en une prépotence, un pouvoir aux mains de sultans!

2. Il faut restituer l’amour et la tolérance à la culture musulmane et au vocabulaire musulman, à l’éducation musulmane. L’islam est une religion dont le Dieu est «le Clément, le Miséricordieux » et non « Satan le maudit». C’est en prônant un culte de la clémence, de la miséricorde, de l’amour que la réforme pourra se diriger vers des relations empreintes d’amour entre les gens et entre les peuples. «Pour que revienne la paix dans les cœurs des musulmans et dans leur conduite» cinq fois par jour, le musulman répète dans ses prières : « Que la paix et la miséricorde de Dieu vous recouvrent. »

3. L’islam est une religion de paix: «Sur toi nous avons fait descendre pour les hommes le Livre, en toute vérité. Celui qui est bien dirigé l’est pour lui-même; celui qui s’égare n’agit qu’à son propre détriment; tu n’es pas responsable des hommes» (verset 41 de la sourate « Les groupes»). Il n’est pas de contrainte en religion…

Depuis que l’islam s’est écarté de sa réalité de message pour devenir une prépotence de sultans, un pouvoir d’État, la violence, le meurtre, la conspiration, la propagation du sang l’ont envahi. Les Constitutions du monde musulman ont disposé dans leur premier article que «la religion de l’État est l’islam». La Tunisie a été la seule dans l’histoire musulmane à indiquer dans sa Constitution que «la liberté de croyance est sacrée»!

4. Il existe une différence effrayante en pays d’islam entre la richesse exorbitante d’un tout petit nombre et la pauvreté atroce d’un très grand nombre. Cette différence s’amplifie gravement, surtout en ces temps de crise, et le gouffre énorme créé entre la richesse et la pauvreté crée à son tour un terreau pourvoyeur d’ignorance, d’arriération, de «takfir» et de violence visant à sortir de l’islam par l’islam !

5. Le monde musulman s’est transformé en un monde de violence, de terrorisme et de terroristes. Le philosophe français Jean-Paul Sartre disait: «Nous ne pouvons excuser le terroriste qui jette une bombe, mais nous pouvons le comprendre.» C’est pourquoi la violence qui ronge les musulmans en pays d’islam ne peut être traitée par la violence qui n’aboutit qu’à l’accroître. Il faut plutôt en rechercher les causes et ramener l’espoir, combler le gouffre de la misère et de l’arriération. N’est-ce pas là le moteur qui permettrait de sortir les musulmans de la violence? Celle-ci tourne le dos à l’espoir, à l’espérance. Retournons donc à l’espoir, à l’espérance !

6. Les mouvements réformateurs non violents ont «réparé» ce qu’ils ont pu dans le monde et ont mis fin à beaucoup de souffrances, de privations et d’avilissements humains. Gandhi a libéré l’Inde du fanatisme et de la haine. Nelson Mandela a libéré les Noirs, plutôt les esclaves, d’Afrique du Sud! Martin Luther King a libéré les Noirs d’Amérique et avec eux les Blancs. Mère Teresa a beaucoup allégé les souffrances, les maux des malades, des pauvres et des miséreux. La campagne de libération et la lutte en faveur de la dignité humaine dans le monde ont fait de grands pas depuis la chute de l’apartheid et du mur de Berlin, mais le grand problème dont souffre l’humanité se trouve en pays d’islam, en raison de sa mutation en pouvoir et sa mort en tant que message. La liberté a disparu laissant la place à l’oppression et à la pauvreté génératrice de violence, une violence qui réside aujourd’hui en terre d’islam.

Dans le monde arabe, de grands hommes comme Mohammad Abdou et, après lui, Abdallah al-Alalyli, Abdallah al-Qoussaybi, Nasr Hamid Abou Zayd (qu’on a tenté d’assassiner et qu’on a fini par annuler son mariage pour apostasie, en raison de son engagement pour la liberté d’expression et pour une lecture moderne du Coran ; ce qui le conduisit à fuir aux Pays-Bas et à y résider jusqu’à sa mort), Mohammad Arkoun, Sadek Jalal el-Azem, Farag Fouda, Adonis, Nawal Saadaoui et de nombreux autres ont brandi l’étendard de la réforme et de la libération en matière de religion ; mais la marche, elle-même, n’a pas commencé !

7. La femme dans l’islam. Ahmad Chawki disait : «La mère est une école. Si tu l’éduques bien, tu prépares une nation fondée sur de bonnes bases. » La femme en islam est la mère, la fille et la sœur. Pour que la nation soit fondée sur une bonne base, il faut restituer à la femme son rang et sa dignité humaine dans l’islam. Aussi, le premier sujet à traiter par le mouvement réformateur musulman est-il celui de la polygamie. Habib Bourguiba l’a traité légalement d’une manière radicale qui préserve la dignité de la femme. Il a été le seul à se risquer à traiter ce sujet. Abdel Nasser n’avait, lui-même, jamais abordé l’idée d’une réforme religieuse. Il s’était contenté de traiter le sujet à la télévision. En 1952, l’Égypte comptait 23 millions d’habitants. Ils sont aujourd’hui au nombre de 100 millions. L’accroissement démographique a résulté de la multiplicité des épouses et cet accroissement a eu pour conséquence de créer une pauvreté – qui ne peut plus être traitée – ainsi qu’à l’occupation des cimetières du Caire par une population de quatre millions de personnes qui vivent près des morts!!

8. La femme et le concept de l’honneur dans l’islam…

Il faut lire cette nouvelle publiée par le journal al-Akhbar le 6 septembre (numéro 2 978) : « Les deux frères A.M. (Syriens nés en 1998) ont assassiné leur sœur parce qu’elle avait quitté la demeure de ses parents dix jours plus tôt sans qu’ils en aient connaissance, dans le but de se marier avec un garçon avec lequel elle était liée sentimentalement. Un accord était ensuite intervenu entre les deux familles pour le retour de la fille au domicile de ses parents et la conclusion du mariage le lundi suivant. Une somme a été versée à titre de dot du mari «mahr» aux parents de la fille, mais les deux frères précités ont exécuté leur crime qui avait été prémédité! L’islam a besoin d’une définition du concept d’honneur. Les deux tueurs comparaîtront la tête haute devant la cour parce qu’ils ont lavé l’honneur de la famille… Nombreuses sont les lois arabo-musulmanes qui les exemptent de toute peine. Le concept d’honneur a besoin d’une pensée réformatrice profonde qui retrouve son sens et fait retrouver à la personne humaine sa dignité.

La conférence de Grozny n’a abordé aucune de ces questions. Elle a été une conférence politique plus qu’une conférence religieuse bien que des religieux y aient abondamment participé.”

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