Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

4 de juliol de 2016
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Catalans a la batalla del Somme

Avui, finalment, ha tingut lloc l’acte commemoratiu del centenari de la batalla del Somme amb participació de la delegació del Govern de la Generalitat per tal d’homenatjar la memòria dels voluntaris catalans, malgrat els entrebancs del govern espanyol que  el periodista Romaric Godin publicà el proppassat 23 de juny en aqueix article al setmanari digital La Tribune titulat “Le débat sur la Catalogne  s’invite dans un hommage à la bataille de la Somme”:

La France a refusé que la délégation catalane participe à un hommage prévu le 4 juillet en l’honneur, entre autres, de combattants indépendantistes catalans morts au cours de la bataille de la Somme. Une maladresse diplomatique qui attise les rancœurs en Espagne.

C’est une histoire peu connue de la première guerre mondiale qui risque de se muer en une polémique diplomatique et politique en Espagne. Le 4 juillet prochain, en effet, une cérémonie d’hommage est organisée par la Communauté de communes de Haute-Picardie à Belloy-en-Santerre, une petite commune de la Somme qui a été le théâtre voici cent ans d’une bataille sanglante où 900 hommes furent tués. Cet hommage pourrait cependant être entaché par les tensions actuelles entre l’Espagne et la Catalogne.

La bataille de Belloy

Pour comprendre pourquoi, il faut revenir cent années en arrière. Le village, qui comptait avant le conflit 250 habitants avait été occupé en 1914 par les Allemands qui en avait fait un point fort du front. Le village avait été miné et fortifié. En juillet 1916, dans le cadre de la grande offensive de la Somme, les Français décident de reprendre la place. Après quatre jours de combats, souvent à la baïonnette, marqués par des tentatives furieuses de contre-attaques allemandes, le village est conquis. L’assaut a été mené par le 35e corps d’armée français et le 1er régiment de marche de la Légion étrangère.

Ce dernier est constitué de plusieurs nationalités, principalement des Américains (dont le poète Alan Seeger, très apprécié par John Fitzerald Kennedy), des Tchèques, des Luxembourgeois et des… Catalans. Or, ces Catalans ne s’étaient pas enrôlés dans la Légion étrangère sans but. Comme les Tchèques, ils luttaient pour l’indépendance de ce qu’ils estimaient être leur nation. Le raisonnement peut paraître étrange, car, à la différence de l’Empire austro-hongrois, dont les Tchèques entendaient se séparer, l’Espagne était et restera un pays neutre durant la première guerre mondiale.

Les volontaires catalans

Pourtant, près mille volontaires catalans vont rejoindre la Légion étrangère française avec ce but. Leurs espoirs se plaçaient dans l’idée qu’après le conflit, l’Europe serait redessinée selon le principe wilsonien du « droits des peuples à disposer d’eux-mêmes ». La France prétendait alors, malgré son alliance avec l’autocratie russe, lutter pour le démembrement des « Empires féodaux » et la libération des peuples. Les indépendantistes catalans d’alors ont cru à ce discours au point de lutter pour la France dans le conflit. A l’époque, l’indépendantisme catalan est encore une idée jeune qui s’est constituée à la fin du 19e siècle, mais il progresse. En 1907, les autonomistes et les indépendantistes ont formé une liste unique qui a remporté la presque totalité des sièges catalans lors des élections générales espagnoles et le Royaume a dû accepter une certaine décentralisation avec la création de la « Mancommunité » de Catalogne en 1910.

Les volontaires catalans auront leur propre organisation dans le régiment. Ils combattent sous « l’estelada », le drapeau indépendantiste créé en 1906 qui mêle celui de Cuba (symbole de la défaite espagnole de 1898) et le vieux blason catalan (la « senyera ») aux quatre colonnes rouges sur fond or. C’est ce drapeau que l’UEFA avait récemment voulu interdire dans les stades et que l’Eurovision a effectivement interdit. La France avait créé une « médaille des volontaires catalans », ornée de la senyera pour les récompenser.

Les liens entre la Catalogne et Belloy-en-Santerre

A Belloy-en-Santerre, ces Catalans, qui luttaient donc indirectement pour l’indépendance de la Catalogne, ont perdu 50 hommes dont un poète de langue catalane, Camil Campanya i Mas. La mémoire de la participation des Catalans à ce combat s’est maintenue en Picardie. Après la guerre, la Mancommunité de Catalogne et la ville de Barcelone ont financé une partie de la reconstruction du village, notamment la mairie et l’église. En reconnaissance, les deux principales rues du village ont été rebaptisées « rue de Catalogne » et « rue de Barcelone ». C’est encore le cas aujourd’hui.

L’accord sur une participation catalane

Logiquement donc, le gouvernement catalan avait souhaité être associé à l’hommage rendu à Belloy-en-Santerre. Selon les sources contactées par La Tribune, un « accord oral » avait alors été trouvé entre la délégation en France de la Catalogne et l’ambassade d’Espagne. Les autorités diplomatiques espagnoles avaient accepté de tenir un « rôle passif », acceptant que le délégué de la Catalogne en France, Martí Anglada, dépose une gerbe ornée du drapeau régional sur le monument aux morts. Cet accord permettait de respecter le combat des volontaires catalans sans créer de problèmes diplomatiques puisque les autorités du pays d’origine des volontaires, l’Espagne, étaient présentes.

La demande française

Mais cet accord a été rendu caduc par une demande du Quai d’Orsay selon laquelle les représentants des ambassades présents devaient « tenir un rôle actif » lors de la cérémonie. Cette demande aurait été acceptée par l’ambassade espagnole qui a, selon nos sources, proposé alors à la délégation de Catalogne de déposer une gerbe avec le délégué catalan, mais sous le drapeau espagnol. La version officielle serait alors que les volontaires catalans seraient « des Espagnols morts pour la France ». « Accepter cette version serait une inacceptable réécriture de l’histoire et une injure pour la mémoire des volontaires catalans », affirme à La Tribune une source diplomatique catalane qui estime que « le gouvernement français déshonore ceux qui sont tombés pour la république ».

Blocage

La délégation catalane en France a tenté de demander à la France de changer sa position, mais le Quai d’Orsay estime que c’est un problème interne à l’Espagne et qu’il faut que la délégation se mette d’accord avec l’ambassade espagnole. Or, aucun accord ne semble aujourd’hui possible car les autorités diplomatiques espagnoles s’en tiennent à leur proposition de gerbe commune et affirment que la France demande une « présence active » de toutes les ambassades. La situation en est là et pourrait soulever un tollé en Catalogne en juillet, alors que l’affaire commence à fuiter dans la presse locale.

Maladresse française

L’affaire pourrait paraître anecdotique, mais elle relève la très grande maladresse des autorités françaises face au problème catalan qui s’ajoute aux espoirs déçus il y a cent ans. En niant la spécificité des volontaires catalans, reconnu même par les autorités espagnoles, l’Etat français jette clairement de l’huile sur le feu sur un sujet symbolique et très sensible dans le contexte actuel. C’est le signe au mieux d’une grande méconnaissance de la situation catalane, au pire d’une volonté de prendre parti dans un débat déjà sensible en niant tout rôle à la Catalogne dans cet hommage. Alors que le débat catalan est au cœur des futures négociations politiques pour la formation du gouvernement, c’est décidément un choix très étrange de la diplomatie française. Car ce choix ne pourra que rouvrir les rancœurs entre Catalans et Espagnols sur des épisodes historiques douloureux pour les deux parties et alors même qu’un accord – chose rare entre Madrid et Barcelone – était possible.

Post Scriptum, 8 de novembre del 2019.

Martí Crespo, avui a Vilaweb, documenta el record persistent a la població de Belloy en Santerre dels catalans caiguts a la batalla del Somme.

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