Jaume Renyer

per l'esquerra de la llibertat

3 de febrer de 2016
0 comentaris

Debat sobre l’adquisició i pèrdua de la nacionalitat a França, Espanya i … Catalunya ?

Aqueixa setmana s’ha intensificat el debat a França sobre la reforma constitucional que promou el primer ministre Manuel Valls per poder revocar la nacionalitat francesa als ciutadans que hagin comès delictes molt greus de terrorisme. Els termes definitius del projecte de reforma encara s’estan debatent en l’àmbit jurídic.

La dimissió de la ministra de Justícia, Christiane Taubira, al·legant la seva disconformitat amb aqueixa iniciativa ha estat orquestrada com una campanya del conjunt del progressisme abstracte i banal, inconscient de l’estat de guerra en que França es troba immersa arran de l’atac multidimensional contra el sistema republicà.

Ahir mateix, Le Monde publicava una lletra oberta d’un grup de prominents intel·lectuals que duia per encapçalament “Parlamentaires, rejetez ce texte au nom de nos libertés”, adreçada als diputats francesos per tal que no aprovin aqueix proposta:

“La France est une république parlementaire. Sous la Ve République, le président a certes des pouvoirs très étendus mais seuls le Parlement et le peuple français peuvent modifier la Constitution. Sur proposition de François Hollande, le gouvernement soumet au Parlement – donc à chacun des parlementaires – un projet de loi visant à introduire dans la Constitution une disposition qui légitime et autorise la déchéance de la nationalité française.

Parlementaires, ce projet de révision, ce sera sans doute l’un des votes les plus importants de toute votre vie politique. Nous demandons à chacun d’entre vous de réfléchir en conscience et, dans l’intérêt supérieur de la République et de la Nation, de le rejeter.

Quel message donneriez-vous en effet aux Français, d’aujourd’hui et surtout de demain, de ne  mentionner dans la Constitution qui s’ouvre par la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, symbole d’unité entre tous les Français, notre nationalité que pour affirmer l’éventualité d’en être déchu, notamment pour de simples délits politiques ?

Dans la version d’origine, la mesure de déchéance ne s’appliquait qu’aux Français possédant une autre nationalité, instituant dans le texte le plus fondamental de notre République une distinction peu compatible avec ses principes, qui a choqué.

Simple délit

Dans la version récemment amendée par le gouvernement, la déchéance s’appliquerait à tout Français condamné « pour un crime ou un délit constituant une atteinte grave à la vie de la Nation ». Le premier ministre s’est aussi engagé à faire ratifier une convention internationale de 1961 sur la réduction des cas d’apatridie.

La distinction entre Français – selon qu’ils possèdent ou non une autre nationalité – s’inscrira donc dans la loi plutôt que dans la Constitution. Un Français doté d’une seule nationalité pourra cependant aussi être déchu. Car la France, en signant la convention de 1961, s’est gardé la possibilité de transformer  un Français en apatride si son comportement a été « de nature à porter un préjudice grave aux intérêts essentiels de l’Etat ».

Depuis 1803, les règles relatives à la nationalité n’ont plus figuré dans aucune constitution de la France. Quand ces règles sont inscrites dans des constitutions étrangères, comme aux Etats-Unis, c’est seulement pour y affirmer de grands principes qui unissent, comme le droit du sol ou la naturalisation.

Enfin, cette dernière version du projet de réforme constitutionnelle prévoit non pas seulement qu’un crime mais qu’un simple délit « constituant une atteinte grave à la vie de la Nation » pourra conduire à une déchéance de nationalité. Etendre une sanction aussi grave à de simples délits, catégorie la plus vaste de notre droit pénal qui englobe notamment les délits d’opinion, c’est ouvrir la porte à ce qu’un jour, pour des raisons d’opinion politique, syndicale ou de divergence d’idées avec un pouvoir autoritaire, un Français puisse être déchu de sa nationalité. Le Conseil d’Etat s’y était donc nettement opposé.

Au total, le nouveau projet du gouvernement continue de traiter inégalement les Français, ouvre la voie à des situations d’apatridie, et surtout institue dans la Constitution une menace pour notre liberté politique, au fondement même de toute démocratie.

Mesures de circonstances

Depuis 1803, les règles relatives à la nationalité n’ont plus figuré dans aucune constitution de la France. Quand ces règles sont inscrites dans des constitutions étrangères, comme aux Etats-Unis, c’est seulement pour y affirmer de grands principes qui unissent, comme le droit du sol ou la naturalisation.

Nous vous demandons, Mesdames et Messieurs les parlementaires, de laisser la déchéance de notre nationalité dans le domaine législatif, dans des dispositions qui pourront continuer  de varier selon l’alternance des majorités et les changements de contexte. La Constitution n’est pas destinée à être le réceptacle de mesures de circonstances, et c’est se tromper sur les fonctions d’une constitution que de vouloir constitutionnaliser la déchéance.

Face aux terroristes qui, cherchant à mourir en tuant, n’accordent aucune importance à leur nationalité, vous devez réaffirmer l’égalité devant la loi, les droits fondamentaux de l’homme et la liberté politique qui nous unissent et qui seuls nous feront triompher.

Jacques Attali, écrivain ; William Bourdon, avocat ; Stéphane Brabant, avocat ; Daniel Cohen, économiste, membre du Conseil de surveillance du Monde ; Marie-Anne Cohendet, professeur de droit ; Daniel Cohn-Bendit, ancien parlementaire européen ; Mireille Delmas-Marty, professeur émérite du Collège de France ; Luc Ferry, ancien ministre ; Pascale Gonod, professeur de droit ; Christine Lazerges, professeur de droit ; Henri Leclerc, avocat ; Pierre Mazeaud, ancien président du Conseil constitutionnel ; Thierry Marembert, avocat ; Thomas Piketty, économiste, chroniqueur au Monde ; Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France ; Dominique Schnapper, sociologue ; Patrick Weil, historien.”

Els signants d’aqueixa proclama aparenten ignorar que és una prerogativa de la sobirania pròpia només dels estats atorgar i retirar la condició política de ciutadà en funció de criteris ètnics, polítics o històrics. Així, la ja desapareguda República Federal Alemanya convertia als seus compatriotes fugitius de la RDA automàticament un cop saltat el mur de Berlin. Per motius de solidaritat ètnica Turquia va fer seus una minoria turcòmana instal·lada de feia segles a l’actual Geòrgia una vegada aqueix estat es va independitzar després de la dissolució de la Unió Soviètica. Per raons similars Israel acull com a conciutadans els jueus d’arreu del món que opten per viure-hi.

L’Estat espanyol acaba d’aprovar l’any passat una modificació del Código Civil a tall de reparació històrica amb efectes que es retrotrauen cinc segles enrera atorgant la ciudadania a aquells jueus d’arreu del món que demostrin ésser decendents dels expulsats al 1492.

La Constitució del 1978 és la primera en la tradició espanyola que no defineix qui té la condició de ciutadà espanyol i en canvi, també per primer cop, estableix la prohibició taxativa de llevar aqueixa qualitat als qui ho siguin d’origen (article 11.2). Així doncs és el legislador, mitjançant el Dret Civil a qui correspon regular l’adquisició i pèrdua (articles 17 a 28).

Un supòsit similar al que es planteja en el debat francès és el que preveu l’article 25.1.b) del CC quan disposa la pèrdua de la nacionalitat quan els espanyols que no ho siguin d’origen entrin voluntàriament al servei d’armes o exerceixin càrrecs polítics en un Estat estranger contra l’expressa prohibició del Govern.

A la Catalunya autonòmica la condició política de català està lligada a la condició d’espanyol empadronat en un municipi de les quatre províncies. L’adquisició i pèrdua de la nacionalitat catalana en una Catalunya independent és una qüestió oberta que haurà de resoldre’s segons com avanci el procés sobiranista en curs.

Post Scriptum, 27 de juny del 2020.

Abans d’ahir el TEDH va dictar sentència validant la pèrdua de la ciutadania francesa dictada per les autoritats envers cinc individus convictes de delictes jihadistes (cas Ghoumid contra France, nº 52273/16).

Post Scriptum, 18 de novembre del 2020.

Abans d’ahir el TEDH va declarar ferma la sentència del 25 de juny proppassat en el cas Ghoumid i quatre més contra França.

Deixa un comentari

L'adreça electrònica no es publicarà. Els camps necessaris estan marcats amb *

Aquest lloc està protegit per reCAPTCHA i s’apliquen la política de privadesa i les condicions del servei de Google.

Us ha agradat aquest article? Compartiu-lo!